Ca commence à faire beaucoup de sujets musicaux, mais je vais quand même continuer à les lister!
17 mars, un autre anniversaire que je ne voulais pas louper, dans la continuation du mois dernier, c'est celui de Nathaniel "King" Cole, célèbre chanteur de jazz et de swing, mort bien trop jeune (à 45 ans, à une époque où on ne savait pas vraiment que cigarette, santé et chant ne font pas bon ménage). Dont je viens d'apprendre que le surnom de King vient du trio qu'il a fondé le "King Cole Trio ", nommé d'après une comptine.
the King Cole Trio, |
Et quand je dis célèbre, c'est un euphémisme... on estime qu'il a vendu 50 millions de disques en 30 ans de carrière. Replacé dans le contexte des années 1940 à 1960, c'est un succès colossal, au point d'avoir une émission télévisé musicale à son nom, le Nat King Cole Show.
"On November 5, 1956, The Nat 'King' Cole Show debuted on NBC. The variety program was one of the first hosted by an African American."
Le programme n'a duré qu'un peu plus d'un an faut de sponsors, mais c'est quand même important de le signaler.
Et ce n'est pourtant pas en tant que chanteur qu'il a débuté mais en tant que pianiste, doté d'une réelle formation musicale comprenant autant Bach et Rachmaninoff que du jazz et du gospel.
Et apparemment il est aussi un des premiers à avoir enregistré des disques de jazz entièrement en espagnol qui ont fait un carton en Amérique latine autant qu'en Amérique du Nord, et des albums entiers de chants de Noël (misère, il a poussé une porte où beaucoup d'autres se sont depuis engouffrés!)
Il est également apparu dans des séries et films, soit en tant que figurant avec son trio, soit parce qu'il fallait un pianiste, des musiciens ou un chanteur dans telle ou telle scène, mais oui, c'est pas peu de dire qu'il était une vraie de vraie vedette. Et quelle voix, à la fois charmeuse et enjouée, drôle et sympathique! Le genre de voix qui vous remettent de bonne humeur en quelques instants en cas de coup de blues. Apparemment, il n'était pas trop sur qu'elle ait de l'intérêt la première fois où on lui a demandé de chanter, mais en fin de compte, sa qualité vocale a même fait oublier ses compétences de pianiste.
Et, évidemment qui dit être noir en Amérique dans les années 50 et avoir un succès populaire, dit aussi jalousies, campagne de dénigrement et même en 1956 une tentative d'enlèvement au motif qu'il a... posé en photo avec des admirateurs blancs et pire encore, des admiratrices blanches ( parce que oui, les femmes étaient des petites choses à protéger malgré elles d'actes aussi scandaleux que, au pif, d'aller à un concert et prendre une photo souvenir avec la vedette?). Qu'est-ce que cette attaque a entraîné? Le musicien qui jusqu'alors ne s'était pas engagé, ni exprimé ouvertement sur la ségrégation, qui n'avait jamais cherché l'affrontement s'est demandé pourquoi il avait été victime de cette agression absolument gratuite, a compris que même la neutralité politique ne mettait pas à l'abri du racisme, et est devenu militant. D'autant que la presse noire lui a reproché ce manque d'engagement et ses concerts pour le public blanc (puisque le public ne pouvait alors pas être mélangé), au point qu'un journal a imprimé qu"écouter ses disques, c'est soutenir ses idées traitres et sa manière de penser étroite", ouaip, carrément. Ces critiques hallucinantes sont citées ici.
Il parait que la musique adoucit les moeurs mais visiblement en 1956, même la musique était un champ de bataille où tout le monde était à couteaux tirés. C'est absurde. Dites, les gens, regardez les touches du piano, elles ne sont pas séparées les blanches d'un côté et les noires de l'autre, hein... on a besoin de toutes pour faire quelque chose d'intéressant, ce n'est pas un piano apartheid. Bande de... non je ne vais pas écrire de gros mot, mais je le pense très fort, libre à vous de choisir celui que vous préférez dans ce cas.
D'ailleurs je trouve assez intéressant de voir les pochettes de disques d'époque: même là, les personnages représentés sont peu mélangés et... on représente des blancs dansant, s'amusant ensemble ou s'embrassant et dans ce cas là, le plus souvent, l'artiste n'y figure pas. Ou alors à part, surtout pas au milieu des autres, même si c'est simplement un dessin de gens qui se promènent dans un parc, mais là, évolution! Il y a déjà timidement, des personnages blancs et noirs sur une même pochette. Incroyable!
Mais oui, curieusement sur beaucoup, l'artiste y est invisible, au profit de personnages quelconques. Ce n'est pas rare, dans les disques de mes parents, il y en a des paquets comme ça, mais c'est un concept qui m'a toujours paru étrange, remplacer l'auteur/ interprète, etc.. par un pinpin assis près d'une platine vinyle. C'est tellement anodin, anonyme et peu vendeur, on voit que la pochette n'était pas encore vraiment perçue comme support créatif qui doit attirer l'oeil pour donner envie d'écouter le disque.
Sur les autres, il est toujours représenté seul, ou en compagnie d'autres minorités, mais, et c'est à noter, dans des situations " de classe supérieure", dans un salon cossu avec des clubs de golf, d'une élégance impeccable assis à une table, en voyage avec des valises (la pochette " A mis amigos" me fait marrer, on dirait une publicité vintage pour une marque de valises ou une agence de voyages), en touriste sur un marché probablement bolivien. La seule pochette où il est représenté sur le même plan avec un blanc est un disque en duo avec George Shearing, pianiste anglais que je ne connais que de nom (mais qui aurait été de toute façon bien incapable de faire de la discrimination sur les apparences puisqu'il était aveugle de naissance).
Mais oui, il y a une évolution dans les années 50, le jazz, du moins un certain jazz, est devenu une musique " classe" (tant qu'on ne mélange pas les torchons et les serviettes, les musiciens qui rentrent par l'arrière-cour et le public, qui passe par la grande porte, on l'a vu avec Billie Holiday), ce n'est déjà plus seulement la musique de clubs louches, fréquenté par les mafieux, et joué par des gens musiciens le soir - ouvriers le jour. Ou plus probablement, c'est ce genre de jazz dansant, avec musique et voix suaves, qui a pu arriver jusque dans les grandes salles. Clairement pas celui aux paroles revendicatives ou racontant les difficiles conditions de vie des classes populaires.
Je me suis trouvé à écouter une série d'enregistrements chronologiques, l'éditeur ayant eu la bonne idée de les éditer par périodes, de 1936 à 1950, 14 CD, Mais voilà déjà de quoi écouter le premier, de 1936 à 1940 puis
1940 - 1941
1941-1943
1943 - 1944
1944- 1945
1945
1946
1946- 1947
1947 (partie 1)
1947 (partie 2)
1947 ( partie 3)
1947-1949
1949
1949-1950
Je vais fouiller ce site et pas qu'un peu, il y a du très bon :D
Et la proximité des dates aidant, entre le 14 et le 17 mars, j'étais un peu dépitée de voir que Radio France avait programmé il y a quelques années un concert entier de Nat King Cole et l'orchestre de Quincy Jones, et que malheureusement il est maintenant inaccessible!
Mais quelques titres sont trouvables sur Youtube et donc cadeau, dans la droite ligne du précédent sujet.
The continental - Nat King Cole & the Quincy Jones Band , Paris 1960 ( audio seulement, mais il y a un photo où on le voit signer des autographes à des fans blancs et je me demande si c'est celle qui lui a causé beaucoup de problèmes)
Et Route 66
Faut que je cherche si ce concert entier est trouvable quelque part.
Ha et je ne résiste pas, même si c'est super connu, à vous ajouter le duo impossible entre Natalie Cole, la fille de Nat, et son père.
Impossible car, il est mort en 1965 alors qu'elle avait 15 ans. Devenue adulte et elle aussi chanteuse professionnelle, elle a rendu un hommage absolument adorable à son père en chantant "avec lui" un duo virtuel, sur un de ses plus grands succès, qui est aussi devenu un de ses titres les plus marquants, à elle aussi. Situation étrange où le père et la fille chantent en duo... et ont à peu près le même âge, si elle n'est pas de fait, plus âgée que lui. La musique peut même rassembler des gens au delà du temps, et c'est magnifique.
Inoubliable, c'est le mot:
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