Comme quoi ce challenge afro-américain me pousse à découvrir des choses et à élargir mes horizons, je n'aurais peut être pas pensé à écouter tout un podcast sur Quincy Jones sans ça. Disons que ce n'est pas forcément le premier nom qui me serait venu en tête, au moment de chercher quelque chose à écouter.
Aujourd'hui c'est son anniversaire et on va donc parler de cet incontournable de la musique des... peut-être pas 100 dernières années, mais presque puisque bon pied, bon oeil, il fête aujourd'hui ses 91 ans. Joyeux anniversaire Mister Q!
En fait, je ne dirais pas que je ne le connaissais pas, lui et son influence colossale sur la pop des années 1980 et suivantes, mais c'est surtout qu'à part une poignée de titres (les collaborations avec Frank Sinatra, Soul Bossa Nova, et les musiques de films évidemment!) c'est principalement en tant que producteur, découvreur de talents et chef d'orchestre que je le connaissais.
Pour ça, je n'avais pas tort, voilà le chef en pleine action! |
Et donc j'avoue avoir découvert que sa spécialité était la trompette ( pour une obscure raison, je le pensais saxophoniste en fait). Apparemment, je ne suis pas la seule à le méconnaître, si j'en crois cet article ( "ce nom ne vous dit rien?", heu si, quand même!)
Et donc je me suis écouté tout ce podcast retraçant sa carrière, 20 épisodes de 11 à 18 minutes, c'est plutôt facile à caser.
Ici pas de longues explications, juste quelques jalons, abondamment illustrés musicalement, que ce soit de ses oeuvres ou des celles des gens avec qui il a collaboré.
Et quand un de tes meilleurs potes n'est autre que le grand Ray " The Genius", on peut dire que dès l'adolescence il s'est entouré des meilleurs ( les deux se sont rencontrés par hasard Quincy avait 14 ans et Ray 16 ans, donc oui, ça a été une amitié profonde et durable.. Ray a composé un morceau intitulé My buddy ( I love you Quincy), Quincy a composé un morceau intitulé The Ray)
Mais il n'a pas collaboré qu'avec Ray Charles, il a également travaillé avec Lionel Hampton, Count Basie, Duke Ellington , s'est fait piquer des ronds par Charlie Parker ( hé oui, il s'est fait rouler!)...
C'est d'ailleurs Ellington qui l'a poussé à composer des pièces plus ambitieuses pour orchestres symphoniques, et à construire des ponts entre les différents styles. Il ne se l'est pas fait dire deux fois, puisqu'il a vite intégré, au gré de ses rencontres, des influences caribéennes et latines au jazz, a composé des musiques de films, produits des artistes pop ou hip hop, sans pour autant renier ses origines be-bop et jazz.
D'ailleurs, dans la liste des morceaux proposés dans ce podcast, outre ceux de Quincy, je ne résiste pas à partager l'extraordinaire "Battle Royale" de Count Basie et Duke Ellington. Après le Prince du funk, après les Kings du blues et en attendant d'ici très peu un autre King (plus jazz cette fois) je continue à faire la tournée des têtes couronnées ( avec le grand duc et monsieur le comte, donc). En plus dans la distribution de ce titre , il y a un saxophoniste nommé Marshal Royal, c'est parfait
Ho que ça fait du bien aux oreilles ce genre de choses!
Mais aussi Dizzy Gillespie, Dinah Washington.. et de manière plus étonnante, Nadia Boulanger et Michel Legrand
On y apprend des trucs assez inattendus je dois reconnaître, par exemple que Dinah Washington était une excellente cuisinière dont la spécialité était les tripes.. et aussi qu'elle avait tendance à se marier et divorcer très rapidement. Ou que Ray Charles était capable de bricoler et réparer un poste de radio aussi bien que s'il avait vu. Que Charlie Parker n'était pas le type le plus honnête du monde lorsqu'il s'agissait de se procurer un joint.
Donc peu d'explications mais de la musique, de la musique et encore de la musique, c'est tout ce que je demande! Et je ne résiste pas à joindre "my buddy", en l'honneur de cette fabuleuse amitié. Ray Charles en 2001 devant Quincy profondément touché de cet hommage par son pote Ray ( et on voit brièvement George " deubeuliou" Bush dans les spectateurs, qui a l'air de s'ennuyer comme un rat mort, autant attendre d'un bulot qu'il comprenne quelque chose à l'amitié)
Et allez, profitons des oeuvres de Quincy compositeur, je ne peux pas éviter sa très festive Soul Bossa Nova ( 1962), son plus gros succès avec ses trombones " éléphantesques" ( et oui, avoir joué ce morceau en orchestre d'amateurs est un bon souvenir, je m'éclate avec ce genre de titres même si je ne joue pas de flûte ou de trombone)
Kingfish ( Lionel Hampton), ici avec une pochette signée du regretté Cabu
Grasshopper (la sauterelle, non pas à cause de l'insecte, mais d'un cocktail de ce nom, qu'il aimait bien). ambiance Big Band en 1955. C'est probablement de morceaux comme ça que je tenais l'idée erronée qu'il était saxophoniste
The pawnbroker (1963), musique de films où se sent l'influence des cours de Nadia Boulanger, la parenté avec Michel Legrand ( aussi ancien élève de N; Boulanger).. et une ambiance qui m'évoque carrément la musique du début du XX° siècles, j'y trouve des échos autant de Shéhérazade de Rimsky-Korsakov, de L'oiseau de feu de Stravinsky, que du prélude à l'après-midi d'un Faune de Debussy, ce qui n'est pas rien pour une musique de film et témoigne de sa maîtrise de l'orchestration classique. Il fait en fait partie du petit cercle de gens qui savaient prendre des influences partout pour peu qu'elles leur paraissent intéressantes à exploiter, et les adapter à leur style pour en faire leur propre pâte sonore. Ce qui le place, j'ose le dire, dans le même cercle que Leonard Bernstein* qui bien que musicien et compositeur classique a intégré le jazz et les musiques latines à ses compositions. Une vraie réussite.
(* j'ai écrit ça avant d'entendre le 19 épisode du podcast, où truc marrant, on apprend que Leonard Bernstein lui a envoyé une coupure de journal anglais chroniquant "Quincy Jones est le Leonard Bernstein de la musique noire" annoté " Cher Q., j'aimerais bien être le le Quincy Jones de la musique blanche, signé Leonard". Si Leo lui-même le dit, c'est que mon point de vue était pertinent)
Il a aussi en commun avec d'autres grands compositeurs de musiques de film ( John Williams, Lalo Schifrin, Ennio Morricone, Nino Rota, Danny Elfman, Philip Glass, Joe Hisaishi..) le fait que la musique est essentielle au film dont elle soutient l'action ( le film serait moins réussi sans elle), mais aussi la conscience qu'elle doit pouvoir être écoutée et appréciée même par les gens qui n'ont pas vu le film, sous forme de suite orchestrale.
In the Heat of the Night ( 1967).. je disais que la musique doit pouvoir être appréciée indépendamment du film.. ça peut être aussi sous forme de chanson de Ray Charles, hooo que ça fait du bien aux oreilles! En même temps quand ton meilleur pote est l'un des meilleurs chanteurs et pianistes de l'époque, autant collaborer.
Ironside (1971): Le gars est capable de faire ça pour un simple générique de série TV ( l'homme de fer), c'est dire s'il a pris le travail au sérieux, hooo cette ligne de basse et ce solo de saxo, un bonheur! Je ne me souviens plus vraiment du détail de la série - si ce n'est dans ma mémoire que ça avait été diffusé dans les années 80, que ma tante, grande fan de série policières, n'en ratait pas un épisode, et rétrospectivement, je pense que c'est une des premières séries dont le personnage principal était handicapé.
Summer in the City ( 1973). J'ai du mal à le situer... cool jazz peut être? La partie d'orgue hammond me paraît avoir pas mal inspiré Riders on the Storm des Doors. C'est une reprise d'un titre de 1966, mais réarrangé à la sauce Quicy
Et à l'écoute de tout ça je me rends compte qu'imperceptiblement, il a fait partie de ma culture musicale, sans que je sache forcément que c'était lui qui était aux manettes que ce soit pour ses arrangements, son travail avec Frank Sinatra ( Fly me to the moon était le plus marquant, mais pas le seul), ses musiques de films, de séries (Je palais de l'Homme de fer dans les années 80, et dans les années 90, j'étais au collège lors de la diffusion du Prince de Bel Air) et évidemment, c'est lui qui a propulsé Michael Jackson sur le devant de la scène en solo et le succès d'Off the Wall doit autant à l'interprète qu'à son compositeur. Je surkiffe Don't stop till you get enough, forcément, une section cuivres pareille, c'est jouissif! Et donc Michael Jackson ET Will Smith n'auraient pas eu la carrière qu'on sait sans lui... (du moins la carrière d'acteur pour le second, qui serait peut-être resté cantonné à la scène rap)
Donc oui, il faisait partie de ma culture musicale, plus que je ne le pensais en fait. Et c'est donc un nouveau nom sur ma liste d'écoutes systématiques.
Et voilà de quoi commencer, une émission spéciale de RTL dédiée à ses musiques de films.
Et deux fois 2h00 sur France musique, consacrées à sa carrière de musicien et producteur (partie 1) et à ses musiques de films ( partie 2)
Et je dois avouer que je ne serais pas contre une programmation de ses titres à jouer en orchestre, il faudra le suggérer au chef d'orchestre...
En dehors du mois officiel, mais il y a des anniversaires et des dates à ne pas rater en mars et Avril |
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