voici ce que dit la 4° de couverture:
"Tout commence lorsqu’on exhume le squelette d’une jeune femme emmurée vivante en sacrifice au XIIe siècle. Découverte archéologique, mais dans ce village de la lointaine île tropicale d’Okinawa, loin, bien loin du Japon métropolitain, le chamanisme est très puissant et les morts cohabitent avec les vivants. Aussi chacun a-t-il son idée sur ce squelette et sur ce qu’il conviendrait d’en faire. Et lorsque s’en mêle un jeune naïf tout frais débarqué de la préfecture, les rancoeurs et les vanités familiales pourraient bien venir perturber une histoire d’amour qui avait pourtant bien commencé, à l’ombre des banians et des énigmatiques ossements d’une jeune vierge.
Lire Matayoshi Eiki, c’est découvrir un pan méconnu de la littérature japonaise. L’île d’Okinawa n’a été rattachée au Japon qu’à la fin du XIXe siècle, et sa littérature y a une saveur plus proche de la littérature créole que de Kawabata ou Mishima. Autour de la découverte de ce squelette, c’est toute une communauté villageoise qui se dévoile à nous, avec ses coutumes, ses rivalités, ses personnages hauts en couleur, décrits avec beaucoup de drôlerie par l’auteur qui nous initie au passage à maintes traditions de son île natale.
Né en 1947, Matayoshi Eiki, premier auteur d’Okinawa lauréat du prestigieux prix Akutagawa (l’équivalent du Goncourt au Japon), ne s’est jamais absenté plus de trois semaines d’affilée de son île natale et y a le statut de héros national. Il vit aujourd’hui de sa plume et poursuit une oeuvre originale imprégnée des croyances et de la culture okinawaïennes."
rempart d'un gusk à Okinawa |
Sitôt après avoir conclu avec elle ( au bout de deux jours), il rencontre les anciens propriétaires du terrain ou se trouve le gusk, les aubergistes Masanobu- le père- et Sayoko - la fille, qui se targuent de descendre des habitants du gusk, peu importe que le squelette soit du XII° siècle et le gusk du XVI°, dans leur idée, c'est arrêtés, le squelette est une aïeule lointaine. Bien évidemment, ils se dépêchent d'embobiner Meitetsu le naïf, afin de le rallier à leur cause, à grand coups de verres d'awamori, le saké local. Sayoko, surtout, sous ses airs de gentille fille mystique se révèle une redoutable manipulatrice, qui sit parfaitement user des ses charmes. Et hop.. deuxième conquête en deux jours. Et Meitetsu se retrouve tiraillé entre Kotono, la scientifique entêtée qui espère prouver que les habitants d'okinawa, qu'elle déteste bien que son père soit du patelin, descendent tous de pirates Wakô qui écumaient la mer de Chine au moyen âge. Et Sayoko, qui entend prouver que ses ancêtres, elle en est sûre, sont descendant de nobles familles indigènes et de prêtresses animistes. Meitetsu s'empresse de prendre le parti de Sayoko ( parce qu'elle est une meilleure affaire au plumard, ce n'est pas dit clairement, mais..), et la suit dans son délire, entreprend de transformer avec elle l'auberge en "musée du squelette" dans le but de redorer le blason de Masanobu et Sayoko.
Mais on ne s'improvise pas directeur de musée du jour au lendemain, et sans rien à exposer, ni projet précis, autour d'un squelette sur lequel tous les avis divergent, c'est bien sûr un échec. Là dessus arrive l'ex-mari de Sayoko, acteur du nô, spécialisé en rôle onnagata ( voir sujet sur "la mort en été").. et Meitetsu va encore se faire plumer en beauté sans rien voir venir, obnubilé qu'il est par son musée et la confusion qu'il fait plus ou moins entre Sayoko et le squelette.
J'ajouterai qu'en plus de donner une foule de renseignements sur Okinawa, ses coutumes, ses traditions - et son mysticisme, ce livre est drôle: des personnages tous plus ou moins allumés, des situations absurdes et cocasses (mention spéciales aux visiteurs tous cinglés, qui viennent visiter le "musée du squelette", en espérant tous tirer la couverture à eux: groupes religieux, politicards, manifestants pacifistes.. un grand moment). Le traducteur a pris le parti de garder les termes japonais qu'il explicite brièvement, on apprend donc pas mal de choses sur l'histoire et les traditions locales ( j'ai donc découvert que les perles de collier en forme de 9 ou de griffe qu'on voit parfois sur les peintures japonaises s'appellent des magatama, ou que la société traditionnelle d'Okinawa est organisé en munchû, un cercle de famille élargi qui rappelle un peu les clans écossais), tout un tas de choses fort intéressantes et qui donne une vision d 'un autre Japon que celui des cours impériales ou des mégalopoles. Drôle, absurde, et instructif, que demander de plus.
Il va me falloir chercher de la lecture en provenance d'Hokkaido maintenant!
Et un squelette pour Halloween, un!
J'ai failli lire ce titre aussi, attiré par le squelette. Mais je n'ai guère aimé la couverture de cette édition-là. Je la trouve ridicule. Or, d'après toi, si les persos sont déjantés, la couv' va de paire. Et si la vie dans ce patelin est si différent de l'ile principale, autant remettre ce livre dans ma liste de lecture.
RépondreSupprimerDisons que ce n'est pas un livre inoubliable, mais qui a le mérite de changer un peu de la littérature japonaise habituellement disponible en France. Et plutôt divertissant. Et en effet, l'illustration de couverture n'a pas grand chose à voir avec le sujet, c'est dommage.
SupprimerDans un tout autre registre j'ai vraiment vraiment apprécié le Bateau Usine, qui nous donne à voir les conditions de vie dantesque des ouvriers de l'île d'Hokkaido dans les années 20.
Je conseille les 2, le Squelette pour une lecture détente, le Bateau pour une lecture qui donne a réfléchir sur un plan politique.