Une fois n'est pas coutume, un hors défi... il s'agissait cette fois de donner une deuxième chance à un livre qui en m'avais pas emballée à première lecture, il y a quelques années. Et, si vraiment ça ne collait pas non plus cette fois, définir pourquoi..
Je tiens à préciser que je n'ai pas encore lu Dracula, donc, mon avis restera circonscrit à celui là, et que donc, je n'ai pas pu comparer les deux au détriment de La dame.
Mais voila autant le dire de suite, malgré les commentaires plutôt élogieux lus ici et là sur les blogs littéraires, même à la seconde lecture , je le trouve irrémédiablement raté. Comme si l'auteur avait voulu, en 170 pages, faire à la fois un roman fantastique, un roman d'amour, un histoire d'aventure sur fond d'agitation politique, un roman exotique ( les Balkans, leurs paysage sauvage,; leurs habitants fiers..). Bref, ça part un peu dans tous les sens, et au final, on ne sais pas trop ce qu'on vient de lire, sinon qu'aucune des pistes n'est exploitée de manière satisfaisante.
Ça commençait pourtant bien: une apparition fantomatique du côté de l'Adriatique, un jeune aventurier qui fait un héritage faramineux comprenant, justement, un château sur la côte serbe, une tante écossaise et médium, un pays en pleine crise politique.. si, si, il y avait de quoi faire.
Seulement premier problème: dès la première apparition du "fantôme" aux yeux du héros, on voit venir gros comme une maison l'histoire d'amour cousue de fil blanc: elle est jeune, elle est belle, elle est en détresse, elle a l'air noble - et un peu morte aussi...Donc il en tombe amoureux aussi sec, sans se poser plus de question, prêt dix pages plus loin à mourir pour une femme dont il pense qu'elle est au mieux un fantôme, au pire, un vampire. A partir de là, tout passe au second plan:
La guerre entre les serbes et les turcs, qui ne sert qu'à valoriser le Héros, fier, courageux, serviable, patriote, galant même avec les fantômes.. bref, l'hagiographie de l'Anglais idéal, avec un petit côté colonial assez déplaisant ( j'arrive, je fais ami-ami avec les indigènes, je vais essayer de les amadouer et de les aider à gagner leur guerre.. pour me faire une place en tant que Seigneur local).
Le fantastique, l'ambiance qu'il aurait pu y avoir, sacrifiés sur l'autel d'une série de scènes guimauve " je t'aime, oui moi aussi, mais je dois partir avant le lever du jour.. gnagna", avec roulage de gamelles sur les créneaux la nuit. On attend une scène un peu flippante amorcée par " ne venez que si vous êtes prêt à subir une épreuve terrible", qui au final, retombe comme un soufflet, car déjà annoncée plus tôt, quasiment en intégralité, dans un rêve de la fameuse tante médium. Le "destin effroyable" de l'héroïne n'est évidemment pas très drôle, mais franchement, à dire " effroyable" ou "épouvantable", on attendait quelque chose d'un peu mieux que la solution retenue, particulièrement banale.
Et le tout de s'achever de manière assez plate, avec un enlèvement, une course poursuite, et une victoire du héros, quasiment sans rien faire..+ un épilogue qui tombe comme un cheveu sur la soupe. Donc bref, de l'action, point, du fantastique: à peine..
L'autre gros problème, c'est le style roman épistolaire, peut être dans la foulée de la mode de l'époque, je crois que Dracula en est un aussi. Mais là, sur un récit court, ça pêche. On commence par une coupure de journal, puis par une page de journal intime d'un dénommé Edward, cousin du héros Rupert, qui nous retrace par le menu une fastidieuse généalogie - qui ferait ça dans ses notes personnelles? - dont finalement seuls trois personnages seront utiles. Puis l'héritage, là aussi par le menu, avec les lettres notariées, les lettres du notaire à untel, puis Edward disparait entièrement pour laisser le champ libre à Rupert.
La première partie, une quarantaine de pages, est donc très fastidieuse, puis ça s'arrange un peu avec l'arrivée de Rupert en Croatie, on se contente alors de ses notes, et des lettres envoyées à sa tante.. plus quelques nouveaux personnages vers la fin. Mais l'auteur s'emmêle quand même un peu, car à côté de ça, on a une narration très omnisciente, qui donne parfois des choses assez drôles:
"lettre de l'archimandrite de Spazac à Lady Janet, château de Vissarion".. qui commence certes comme une lettre " chère Madame, c'est sur ordre du Vladika et avec la permission de l'archevêque que je vous écrit..." relate la course poursuite finale entre Rupert et des bandits, et termine par : "Il prit [sa]main [..] et entreprit de remonter avec elle le sentier par lequel nous étions arrivés. en haut de la colline où ils se trouvèrent bientôt, ils pouvaient maintenant apercevoir le château dans toute sa farouche beauté"..
Et la lettre finit comme ça!
Oui, je sais, je pinaille, mais j'imagine mal un archimandrite écrire comme ça à une lady, lui décrire le lieu où elle habite et qu'elle connaît, et finir sans même une formule de politesse. Ce n'est qu'un exemple, mais des bizarreries de ce style, il y en a sans cesse, et ça alourdit la lecture énormément. Et il y en a vraiment trop pour que la faute en retombe sur le traducteur.
Donc pour résumer: un fantastique qui ne tient pas ses promesses, un roman qui part dans tous les sens sans vraiment se décider pour un genre, une fin en queue de poisson, des scènes gnangnan en-veux-tu-en-voilà, une narration lourde, lourde, lourde, pleine de détails sans intérêts, un personnage masculin héroïque à en bailler d'ennui, un personnage féminin purement décoratif, une tante, un grand oncle et un cousin qui ne servent pas à grand chose.. tout ça donne un bouquin raté.
Deuxième lecture spécial Halloween, même si le côté fantastique est raté..
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