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mardi 5 octobre 2010

La Planète des Singes - Pierre Boulle

Voila un auteur que j'avais envie de lire depuis longtemps. Un auteur de SF français.. un auteur de SF français qui a écrit le scénario de ce qui est l'un des plus gros cartons du cinéma de SF également.. et pour finir un auteur de SF à succès et originaire de ma ville.. je ne pouvais pas continuer de l'ignorer plus longtemps
Rue des études - Avignon
 Je me souviens avoir bien aimé le film ( celui des années 60, bizarrement, celui de Tim Burton ne m'a laissé aucun souvenir particulier hormis les dernières minutes), il faudrait d'ailleurs que je le revoie à l'occasion, mais je peux d'ores et déjà dire que  j'ai adoré le roman, largement plus que sa version ciné.

un roman inclus dans le Recueil "Etrange planète" chez Omnibus
Déjà, grosse différence avec le film de Shaffner, ici pas d'accident de navette sur une lointaine planète. Tout commence en fait par un prologue, assez poétique, qui rappelle les romans d'aventure, de pirates. Deux spationautes nommés Jinn et Phillys, vacanciers en croisière stellaire qui voguent à la voile au sein d'un système tri-stellaire - une voile poussée par les particules des "vents" stellaires, j'adore cette idée- découvrent une bouteille à l'espace. Celle ci contient le récit des mésaventures d'Ulysse Mérou, terrien ayant quitté notre bonne planète en direction du système de Bételgeuse en compagnie de deux autres terriens, le savant Antelle et le physicien Arthur Levain.
Il est bien dommage que ce prologue ait été supprimé des deux versions filmées, car, si a priori il ne paie pas de mine, on retrouvera nos vacanciers spatiaux dans l'épilogue. Un épilogue à chute, un peu le genre qu'affectionnait Fredric Brown, d'un humour cynique totalement réjouissant et dont il est vraiment dommage de se priver, car il apporte un autre regard sur l'ensemble du roman.

Après la trame varie peu, par rapport à ce qu'on a pu voir à l'écran: Mérou ( déjà, quel nom, tout y est: un prénom d'aventurier condamné  à errer des années durant, associé à un nom ridicule. Tout un programme! Le dénommé Taylor du film perd quand même beaucoup en saveur parodique) et ses acolytes accompagnés d'un petit singe arrivent tranquillement sur une planète tellement semblable à la Terre qu'ils la baptisent Soror, la soeur . Par une ironie du sort assez savoureuse, les premiers habitants qu'ils vont croiser sur Soror sont très semblables aux humains, sauf qu'ils ne savent ni parler, ni rire, ni quoi que ce soit qui ait été défini comme "le propre de l'Homme". Ils ont la caractéristique d'avoir peur des singes - et le petit singe terrien en fera les frais- et des objets manufacturés, ce qui vaudra à nos piteux héros de se retrouver tous nus sur une planète perdue au fin fond de l'espace, avec leur  chaloupe ( une mini navette qui permet de rejoindre le vaisseau spatial principal) réduite en miettes, au milieu d'autochtones particulièrement agressifs. Agressifs, mais beaux.. et surtout belles. Et bien sûr, les malheureux terriens commencent à en pincer sérieusement pour une beauté sororienne au cerveau reptilien.

Et ne tardent pas a découvrir la raison pour laquelle les humains de Soror craignent les singes: ce sont les maîtres de la planète, qui partent régulièrement à la chasse à l'humain, pour le sport, la science ou pour remplir les Zoos. Toute ressemblance avec un comportement terrestre n'est bien évidemment pas fortuite. Et à partir de là, Boulle va s'en donner à coeur joie avec les détournements savoureux qui épinglent les agissements de nos congénères.

Ulysse enfermé nu comme un ver, dans un labo, va devoir prouver qu'il n'est pas le primitif que tous les singes croient, subir des batteries de tests dégradants avant d'attirer l'attention de la guenon Zira, éminente scientifique du monde de soror, avec qui il réussi a communiquer, et qui va lui apprendre le langage des singes, leur mode de vie, l'organisation politique. Et là encore c'est particulièrement réjouissant, les politiciens, la science, la bourse en prennent pour leur grade. Lors d'une démonstration publique, Ulysse prouve qu'il n'est pas qu'un "humain savant" habilement dressé par un singe, mais un véritable être pensant, et gagne le droit de vivre dans la société, de se rhabiller, découvre à quel sort il a échappé en visitant les zoos humains ( tiens, y'avait pas des zoos humains au XIX° siècle, ou les soi-disant primitifs étaient exhibés pour le plaisir des "civilisés".. toute ressemblance, blabla..), et collabore avec Zira et Cornélius, l'autre chimpanzé scientifique, qui recherche les origines de la civilisation simiesque, le pourquoi de l'émergence de la pensée complexe chez une espèce et pas chez l'autre.

 Et les découvertes qu'ils vont faire sont surprenantes, et vont conduire à l'éviction pure et simple d'Ulysse de la planète des singes, flanqué de Nova - l'humaine primitive de Soror au cerveau en berne qu'il a mise enceinte à l'occasion de sa captivité, et de leur rejeton- direction la terre à 800 années lumières ( Boulle trouve une solution, un peu tirée par les cheveux mais très relativiste, et finalement acceptable, pour que le voyage, tant aller que retour, ne dure que 2 ans, tandis que 1600 années terrestres se seront écoulées). Ce qu'il y trouveront, vous vous en doutez si vous avez vu le film.
Mais là encore il vous manquera l'épilogue , j'insiste, il est absolument nécessaire à l'histoire.

Mon avis..
Un grand bravo pour ce court roman, qui mérite largement son qualificatif de culte. Le style est simple, Boulle ne cherche pas à développer un univers super original, mais axe tout son récit sur l'ironie, en retournant comme un gant les situations terrestres et les travers de la société humaine. Ce qui nous vaut des pages absolument extraordinaires, surtout celles sur la politique et la bourse, dignes d'un conte philosophique, et qui rappelle pas mal les voyages de Gulliver ( lorsqu'il est emprisonné comme une bête curieuse au pays des chevaux, il faudrait que je le relise pour me le remettre vraiment en mémoire). Ainsi que les passages ou Mérou ( décidément, crédibilité zéro), s'imagine en envoyé de la providence, afin d'être le sauveur de l'humanité déchue de Soror, dans la mesure ou, c'est un signe, il a fait un enfant à une autochtone au QI limité ( qui d'ailleurs finira par développer un semblant d'intellect, histoire de conforter Mérou dans ses rêves de gloire.. lequel espère d'ailleurs qu'on l'accueillera sur terre avec son souvenir de voyage, tel les explorateurs des temps anciens, fiers de présenter la "primitive "à qui ils avaient inculqué la civilisation. Moralement contestable, n'est-ce pas? heureusement il va vite devoir se rendre compte que la Terre ne l'a pas attendu pour évoluer).

et comme tout m'a globalement plus, je passerai sur quelques pages moins convaincantes d'exploration de la psyché d'une cobaye sororienne, qui serait détentrice de la mémoire collective de son espèce et retrace assez artificiellement l'évolution des habitants de la planète des singes. Mais c'est vraiment un bémol mineur, tant le niveau du reste est réjouissant. Pas de trace dans le roman de l'angoisse de l'arme nucléaire, ni de la guerre froide, mais beaucoup d'autres thèmes intéressants: le statue de l'animal et celui de l'homme, au sein de l'écosystème, et de la société, l'expérimentation sur être vivant, la science, officielle ou officieuse, la recherche de l'origine de l'espèce et le futur de l'évolution...

Une lecture du Défi SF.. et aussi en Bonus pour le challenge ABC

2 commentaires:

  1. je suis tout à fait d'accord, à propos de la supériorité du roman, de sa richesse et sur l'importance des prologue et épilogue
    je n'ai pas lu ce Gulliver et il faudrait que je le fasse

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  2. Bonjour, un roman culte en effet que je devrai relire. Je me rappelle que je n'avais pas deviné qui était Jinn et Phyllis. Bon après-midi.

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