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dimanche 8 mars 2020

Taras Boulba - Nikolai Gogol

En Février, le challenge classique met à l'honneur les romans et histoires d'aventure (oui, bon j'ai du retard, je suis en train de déménager)

Après vérification sur mes étagères, j'ai trouvé comment concilier challenge classique, aventure et mes études (puisque mon fil rouge cette année est l'ami Niko, célèbre auteur dit russe qui était en fait ukrainien. Petit-russien comme on disait à l'époque. Mais d'expression russe. Rendons donc à l'Ukraine son auteur le plus connu.

oui je ne m'en lasse pas, je kiffe de voir ces vieilles photos
Kolia est né en 1809. Il y a donc plus de 2 siècles.
On a le privilège de voir la tête de quelqu'un né il y a PLUS de deux siècles.
Et franchement la coiffure un peu bizarre passe mieux en photo qu'en peinture.

(Anecdote:si vous vous demandez pourquoi le tsar était appelé " Tsar de toute les Russies", j'en avais déjà parlé au sujet du Musicien aveugle de V.Korolenko, voilà l'explication, il y avait 3 Russies à l'époque, la "grande" ( l'actuelle Russie, on comprend pourquoi vu sa superficie), la "petite" ( Ukraine ) et la Russie blanche ( Bielorussie, Беларусь  dont le nom signifie en russe et en biélorusse " Russie blanche" très précisément)

Partons donc à dos de cheval dans les plaines ukrainiennes, au milieu des cosaques.Je pense que oui ça peut entrer dans la catégorie " aventure"

Pour situer les gaillards à qui on va avoir affaire, des durs-à-cuire:

Ilia Repine " les cosaques Zaporogue écrivant aune lettre au sultan Mahmoud IV de Turquie ( oui, c'est le titre du tableau)

Par Ilia Répine — The Yorck Project (2002) 10.000 Meisterwerke der Malerei (DVD-ROM), distributed by DIRECTMEDIA Publishing GmbH. ISBN : 3936122202., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=158198


Donc que se passe-t-il dans cette histoire?
Tout commence lorsque Ostap et Andry, la vingtaine, les deux fils du cosaque Taras Boulba, rentrent chez leurs parents après avoir fini leurs études au séminaire. non qu'ils se destinent à une carrière religieuse, mais c'est le seul endroit au XVI° siècle où recevoir une instruction de base. Et même si leur père ne tient pas spécialement à ce genre de culture, il est nécessaire, même parmi les guerriers du fin fond de l'Ukraine,d'avoir quelques gens instruits, surtout en matière religieuse d'ailleurs car ils se veulent très chrétiens. malgré leur incroyable propension à se bagarrer entre eux pour tout et rien.
Et voilà à quoi ressemble le retour des deux étudiants chez papa...

ceci représente une part non négligeable de l'histoire
Et donc, ils sont instruits, certes mais il leur manque l'essentiel de l'éducation cosaque: la guerre.
Problème, les ennemis du moment sont les tatars, les turcs et un peu les polonais. Mais il y a un traité de paix en cours avec les turcs, les tatars sont alliés aux turcs et les cosaques n'ont pas la puissance militaire pour affronter deux armées ennemies en même temps. La situation avec les polonais est plutôt tranquille, mais ce sont les ennemis de toujours,ils ne sont alliés à personne et on raconte que... après tout peu importe du moment qu'on crée de toutes pièces une guerre pour permettre aux fils de Taras de gagner leurs premiers points d'XP  découvrir le sel de la vie de cosaque:la baston.

Bref sur la foi d'une rumeur, Taras fait évincer le chef militaire, placer comme chef un ami à lui, un vieux de la vieille nostalgique des conflits... et en avant pour la Pologne.
SAUF QUE.
Sauf que c'est le début de la fin: pendant ses études, Andry est tombé amoureux de la fille d'un chef militaire polonais, et passe rapidement à l'ennemi pour pouvoir ravitailler la ville assiégée où elle se trouve.
Sauf que, contrairement à ce qu'on croyait, la Pologne a des alliés, et les cosaques aventureux essuient une défaite cuisante.
Ca finira mal pour tout le monde (on pourrait dire moralité: qui cherche les ennuis les trouve)

Petite information qui a son importance ( pour moi): la traduction classique est mentionnée comme étant de Louis Viardot. Ce qui est faux. Louis Viardot était traducteur de l'anglais et explique lui-même comment il s'y est pris en ne parlant pas un mot de russe. La vraie traduction a été faite par "I T, jeune auteur russe", Viardot indiquant qu'il s'est contenté de retravailler le français pour le rendre plus français. il n'est donc que le correcteur.
Rendons-donc à Ivan ce qui lui appartient: traduction d'Ivan Tourgueniev ( quand-même!), correction de Louis Viardot.
(regardez donc comment ces deux là en sont venus à travailler ensemble, c'est très drôle. Un ménage à trois. Ca aurait pu mal tourner, mais au lieu de se battre, le mari et l'amant de madame Viardot ont également partagé leur travail et leur cercle d'amis. Ivan écrivant des livrets d'opérettes pour Pauline, chanteuse, et co-traduisant du russe avec Louis. Un excellent arrangement au final!)

Ceci étant dit, la traduction est vieillotte et a un défaut qui n'est plus acceptable: laisser les termes d'origine en italique pour les traduire entre parenthèses est possible, mais très lourd.. Surtout s'il y a des équivalents en français ( ce n'est pas extrait du texte, mais des choses du genre " il portait des valenki ( bottes d'intérieur en feutre) et une roubashka ( chemise russe). Il se servit un verre de thé au samovar ( théière russe typique) " → "il portait des chaussures d'intérieur en feutre et une chemise russe, il se servit un verre de thé". j'exagère le trait, mais à peine.

Parfois c'est l'inverse " ils avaient des armes et des fouets ( nagaïkas)" (mais tu as déjà traduit le terme pas son équivalent, Loulou, on se fiche du mot en russe!)

et on arrive à des absurdités:
Il y a un passage où on nous dit que " [le cheval] fit un écart en sentant sur son dos un poids de 20 pouds(1), car Taras était très grand et très gros, "
"le poud vaut 40 livres russes, environ 18 kilogrammes, N.D.T"
si Loulou avait pris le temps de faire la conversion, il aurait constaté " un poids de 360 kilos, car Taras était.. ha mais non c'est impossible, il doit y avoir un souci, il ne pourrait même pas se lever de sa chaise, alors monter à cheval..."
encore plus drôle donc:
adaptation des années 60 avec le très peu rond Yul Brynner en Tarass.
J'aime beaucoup Yul Brynner et son physique atypique, mais.. ici, il en fait pas très ukrainien. Il aurait été idéal en Genghis Khan ou en ennemi tatar.

Ce qui a pu d'ailleurs entraîner une confusion dans l'idée des gens: les cosaques, en tout cas ceux d'Ukraine sont ethniquement rattachés aux slaves et par proximité et histoire, peuvent avoir un peu de métissage avec les peuples turcs ... qui sont aussi caucasiens. Donc des bruns, des blonds, des roux.. probablement bronzés par la vie au plein air. En tout cas, pas la Horde d'Or non plus.
Ceci dit au XVI° siècle, avec les principes religieux, les métissages devaient être encore plus rares.

Exemple: Kozma Kryuchkov, authentique cosaque ukrainien, héros de la première guerre mondiale ( donc bien plus tard). C'est donc plutôt comme ça qu'il faut imaginer les gens qui gravitent autour de Taras.



Cependant les compétences des cosaques pour la guerre et en cavalerie font qu'ils ont été régulièrement employés militairement par la Russie, en troupes militaires organisées. Et ce jusqu'à la 1° guerre Mondiale où ils étaient encore une cavalerie d'élite. Par suite la Makhnovshina ( armée révolutionnaire insurrectionnelle ukrainienne)s'est placée dans la droite lignée des cosaques "hommes libres". autant dire que ça ne s'est pas très bien passé avec Staline


Pour en savoir un peu plus sur la culture cosaque,ici, Benjamin Brillaud parle en partie de la Makhnovchina ici:



avec un peu de retard, le classique de  février - aventure

Auteur dépressif devenu fou qui s'est laissé mourir de faim et achevé par les médecins estimant que les bains glacés en février et les saignées étaient un remède adéquat pour soigner la dépression. Ca compte comme mort particulièrement particulière.

2 commentaires:

  1. J'aime beaucoup l'illustration du retour des deux jeunes à la maison. Et la photo de Kozma Kryuchkov m'a fait penser à Charlie Chaplin ! J'adore aussi l'anecdote sur les deux traducteurs...
    Au début, tu m'as donné envie de le lire, ça avait l'air plutôt drôle toutes ces bastons, mais ce que tu dis ensuite de la traduction m'a un peu refroidie... Y'a pas une traduction plus "moderne" ?

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    1. C'est vrai que les frisettes leur donnent un air de ressemblance assez étonnant (et la manière de porter la casquette " à la cosaque" me fait me demander s'il y a des pinces, des élastiques ou des barrettes pour la faire tenir :D)

      Oui je vois qu'il y a des re-traductions, mon édition est une "pas chère", de celles à 2euros, qui prennent souvent les vieilles traductions tombées dans le domaine public)
      J'essayerai aussi de le relire un jour dans une version moins " Yolo, mon pote afait le boulot, je le corrige et je me fais créditer seul, tout en disant que je ne parle pas un mot de russe"
      Je vois en ligne celle de Michel Couturier,qui est un vrai traducteur de russe.Donc en gros, juste vérifier que ce ne soit pas celle de Viardot. Après je ne lui jette pas hâtivement la pierre, il a contribué à faire connaitre la littérature slave "contemporaine"(de son temps) en Europe et en particulier son célèbre copain, premier auteur russe à avoir eu un lectorat en France, et qui a beaucoup influencé et été influencé par Maupassant.

      Comme quoi, j'insiste sur l'importance de la traduction, mais une mauvaise traduction peut rendre la lecture laborieuse et faire injustement accuser l'auteur étranger d'être soporifique.

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