Oui,j'ai du retard et je n'ai pas encore chroniqué Taras Boulba, promis,ça vient.
Mais en plus de Griboiédov que j'avais prévu, je suis allée un peu à l'improviste voir hier une représentation de 3 courtes pièces de Tchékhov.
Et le théâtre, c'est toujours mieux sur scène.
Je ne sais pas s'il s'agit d'une troupe amateur ou professionnelles, mais ils étaient très bons et j'ai passé une excellente soirée.
Les deux premières pièces sont humoristiques, la dernière est plus tragique.
Première pièce, une demande en mariage:
Ivan Vassilievitch, propriétaire terrien de 35 ans, et d'une nervosité extrême, décide qu'il est tant de se marier et va donc demander la main de Natalia Stepanovna, la fille de son voisin Stepan Stepanovitch, également propriétaire terrien.
Après un moment d'angoisse, croyant qu'Ivan endimanché vient lui demander des sous, Stepan accepte volontiers, et semble presque soulagé à l'idée de se débarrasser de Natalia.
On comprend vite pourquoi, à peine a-t-il laissé Natalia et Ivan seuls, qu'avant que celui-ci ait pu lui faire directement sa demande, Natalia cherche la dispute, au sujet d'un pré aux vaches qui est en litige entre les 2 familles depuis 300 ans. Stepan attiré par les cris entre à son tour dans la dispute, et Ivan s'en va, sans avoir fait sa demande, en menaçant ses voisins de faire appel au cadastre et au tribunal. Car tous les 3 sont des querelleurs particulièrement irascibles
Lorsqu'enfin Natalia comprend qu'elle a cherché une bagarre idiote, et qu'elle a peut- perdu le seul homme qui veuille bien d'elle et de son épouvantable caractère, elle tente de rattraper le coup auprès d'Ivan,s'amendant, lui reconnaissant les droits sur le pré.. mais la réconciliation dégénère bien vite en nouvelle dispute au sujet des mérites de leurs chiens de chasse respectifs.Saque personne n'ai un seul instant l'idée de pointer l'absurdité de la dispute: s'ils se marient, dans le fond, le pré comme les chiens appartiendront bien aux deux.
Khirine essaye en vain de travailler, et, lui qui déteste qu'on l'interrompe, est d'abord empêché par Tchépoutchine, qui se mèle de sa vie privée, puis par madame Tchépoutchine, bavarde et vaine qui entreprend de leur raconter sa semaine de vacances chez sa mère et ses manoeuvres pour dissuader sa soeur de se marier avec un homme pas assez riche de leurs points de vue, en passant par son trajet en train et les gens av qui elle a parlée...son mari essaye de la mettre dehors. A peine son maria-t-il pu la faire sortir, qu'ils sont à nouveau interrompus par une vieille dame: son mari a été licencié de l'armée, et elle s'est mis entête que le directeur de la banque pourra , en tant que notable, le faire réintégrer, ou , a défaut, lui verser le reliquat de salaire que l'armée a oublié de lui verser.
Ce qui va dégénérer en bagarre générale, pile au moment où la délégation arrive, pour se retrouver au milieu de l'empoignade.
Le chant du cygne: Vassili Vassilievitch, 68 ans, acteur, assume très mal son âge. Il e retrouve par hasard enfermé seul un soir au théâtre, après s'être endormi dans sa loge.constatant qu'on l'a oublié, au sens propre, il fait le bilan amer de sa vie: il a été adulé du public et l'est encore, mais a perdu depuis longtemps la foi dans son art, et ressent donc terriblement ce décalage, cette sensation de tromper le public.
Mais il n'est pas seul:il y a là Nikita le souffleur vieillissant, son compère de toujours.Tous deux vont se remémorer la gloire passée, et pour Nikita, Vassili va rejouer quelques extraits du roi Lear, de Boris Godounov, de Hamlet.. dans une interprétation où il va, pour un instant, retrouver le sommet de son art.
J'ai beaucoup aimé ces 3 pièces, plus accessibles pour découvrir les différentes facettes de Tchékhov comique, cynique, tragique, que ses longues pièces. Le salle n° 6 est aussi un bon choix pour découvrir les oeuvres non théâtrales de l'auteur.
Petite note: la troupe est du sud-est, et par moment, les acteurs ont un fort accent provençal. Ce n'est pas une critique, d'autant qu'ils ont eu la bonne idée d'en jouer pour renforcer le caractère comique de la demande en mariage. Ce sont donc des péquenauds russes, mais du sud de la Russie vé! Disons que ça se passe vers Odessa.
Je ne sais pas si le spectacle sera repris au festival d'Avignon, en tout cas je le conseille.
en l'occurrence, je vais voir des classiques. |
Super ! Je crois qu'on n'avait pas encore eu de pièce de théâtre. Bon pour moi par contre, ça fait un peu loin...
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