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mardi 19 avril 2016

Entre chien et louve - Anne Duguël

Encore un livre acheté un peu par hasard lors d'une revente des déclassés de la bibliothèque municipale. Bah, à 50 centimes pièces, si ça n'est pas terrible, ça n'est pas bien grave n'est-ce pas?
Anne Duguël, jamais entendu parler.

Et le livre a attendu jusqu'à l'an dernier, lorsque j'ai appris la mort de l'auteur, car Anne Duguël c'était Gudule, le nom sous lequel elle publiait des albums illustrés et des romans jeunesse, et signait parfois des interventions dans les marges de Fluide Glacial, une de mes lectures régulières de la période lycée.

Donc je connaissais Gudule, principalement de nom et pour ces petites interventions en marge t nouvelles fluidesques, mais, c'est tout. Et lorsque j'ai appris sa mort l'an dernier, juste après le mois belge, et fait la relation entre l'auteur et ses différents noms de plume j'ai décidé de la mettre au programme de cette édition...

Entre chien et louve est une histoire fantastique et de magie.
Il y a des années, lors de l'époque coloniale, Jean, Belge Wallon chef de chantier est parti travailler au Congo Belge ( actuelle République démocratique du Congo. Surnommé Congo Kinshasa. Le Congo Français est devenu l'actuel Gabon, je les confondais toujours, je pense que c'est réglé). De cette expérience africaine, il est revenu avec dans ses valises ( l'image est ignoble, mais c'est exactement ça) astrid, sa " négresse".
Car oui, Jean de son vivant était un porc: non seulement il convoitait la petite Astrid, 12 ans, mais pour l'avoir rien que pour lui, il a fait appel à un sorcier, qui lui a promis qu'Astrid setrait à lui jusque par delà la mort.

Et voilà que Jean est mort, après plusieurs décennies de vie commune;  pas de mariage, non, " on préfère l'amour libre" a-t-il dit à sa famille en revenant en Belgique avec cette compagne même pas majeure. Or dans les années 50, les unions libres et mixtes n'étaient pas franchement bien vues, et Jean, coupant les ponts avec ses proches est parti avec Astrid s'enterrer au fin fond de la campagne. une vie de Rêve pour Jean, qui ne s'est jamais vraiment préoccupé de savoir ce qu'Astrid en pensait
Donc Jean est mort, mais de porc, le voilà réincarné en chien (ou plutôt, sa conscience mélangée à celle d'un chien qui traînait par hasard dans le cimetière au moment de ses funérailles), obsédé par l'idée de retrouver celle qui n'a même pas vraiment le droit d'être appellée sa veuve.

Astrid n'aime pas spécialement les animaux, et en particulier n'a pas d'affinité avec les chien, mais va quand même prendre avec elle ce corniaud qui squatte son jardin, moitié pour dissuader le rodeur qui tourne autour de chez elle depuis la mort de Jean, moitié pour se sentir moins seule. Ignorant évidemment tout de l'identité de son nouvel animal de compagnie.
Un chien, c'est bien: ça écoute ce qu'on lui raconte, et sans vous couper ni vous juger. Sauf que Jean, tout chien qu'il est ( il ferait d'ailleurs bien son affaire à la chienne-louve de son unique voisin!) a gardé ses souvenirs du temps où il était un humain.
Et Astrid se confie à lui, lui raconte sa vie...celle que Jean- le chef de chantier ignorait, les raisons qui l'ont poussée à céder aux pulsions de l'homme blanc, à le suivre dans un pays qui l'a en fait beaucoup déçue. Jean-le chien va découvrir la triste vérité d'une vie qu'il croyait idyllique. Astrid qui n'en peut plus de ce pays, regrette son Afrique natale, pleine de rancoeur à l'égard de celui qui l'a entraînée là ( elle ne sait rien non plus de l'envoûtement dont elle a été l'objet), et à l'égard d'elle-même, qui , trop jeune et naïve, a cru aux promesses..

Donc, le livre se lit facilement, j'ai bien aimé l'écriture, mais franchement, j'ai eu du mal a adhérer. Parce que personne n'est vraiment sympathique dans cette histoire. Si on peut passer à Astrid ses erreurs de jeunesse qu'elle paye d'une solitude intenable dans un pays qui lui est hostile ( elle avait12 ans), en revanche je déteste Jean, mais vraiment ( elle avait 12 ans, bordel!). Et c'est ça le gros gros gros souci. J'ai vraiment du mal avec tout ce qui traite de détournement de mineurs et de pédophilie ( oui parce qu'à l'époque Jean avait 29 ans.. )
Donc ses grandes idées sur l'amour absolu, l'amour de sa vie, blabla.. c'est juste un ^ù*$$ de pervers qui aurait du finir en taule. Et en plus fier et content de lui, qui ne s'est jamais posé une seule fois la question de ce que voulait Astrid.
Donc un héros, que personnellement je trouve à vomir. J'ai envie de dire " bien fait pour toi"
Après le livre est bien, hein, c'est juste le héros qui me donne des envies de meurtres.
Les autres ne sont pas vraiment mieux: les quelques autres personnages ne valent pas grand chose... tous des salauds dans ce coin de campagne: des parents venus se terrer loin des yeux dans les années 50 pour cacher leur fils trisomique à la société, la mère qui l'abandonne un jour, le père qui ne s'en occupe pas vraiment...

Voilà, il manque quand même d'un personnage un peu moins antipathique que la moyenne auquel se raccrocher. Même si Astrid ne méritait pas vraiment de payer aussi cher..
Après c'est aussi mon ressenti qui fait que si le roman ne me marque pas forcément pour ce qu'il est ( un simple roman fantastique avec des héros pas franchement sympas)  j'aurais du mal à l'oublier pour une raison très très personnelle.

C'est le moment de l'anecdote dont vous vous fichez, mais qui m'a fait réfléchir.

Un parent éloigné de ma mère était marié avec Hilda, une dame que beaucoup de gens dans la famille détestaient, je n'ai jamais compris pourquoi quand j'étais petite. Leur excuse c'était " Hilda est trop pénible, on ne peut jamais aller la voir à l'improviste, elle déteste ça, faut toujours prévenir plusieurs jours à l'avance". Ca ma toujours paru léger comme raison surtout que les autres étaient exactement pareil, et moi même je déteste qu'on déboule chez moi sans prévenir. Ou " elle est faux-derche, on ne sait jamais ce qu'elle pense" - mouais, pas plus que ceux qui disent ça dans son dos....
Parce que ma mère et moi allions voir tonton Dédé et Tata Hilda - en prévenant!- et je les ai toujours trouvé sympathiques, avec juste les mêmes manies que tous les retraités de ma famille.
Mais voilà, j'ai compris le jour où j'ai su qu'Hilda était née à Brazzaville: elle était métisse. L'horreur pour les bien pensant péquenauds auvergnats. L'horreur pour moi de découvrir des blaireaux racistes dans ma parentèle.

Mais du coup dans ma tête, j'ai superposé l'Astrid du livre avec tata Hilda, et je commence à me demander " pourquoi est-elle venue? Pour quelle raison a-t-elle quitté son pays? Réellement par amour ou pour une vie qu'elle espérait meilleure?" ( je vous rassure, et je me rassure par la même occasion,ouf, tous deux avaient à peu près le même âge). Tout ça, je ne le saurait jamais, tata Hilda est morte il y a quelques années d'une mauvaise chute dans l'escalier, et je n'aurais jamais probablement osé aborder ce sujet avec elle, trop personnel. Mais voilà, en commençant le livre, je ne m'attendais vraiment pas à me trouver face à un questionnement à la fois aussi personnel et insoluble!

Mais je retenterai probablement un autre livre du même auteur, son style m'a bien plu.

4 commentaires:

  1. Le fantastique semble se limiter à la réincarnation, ou est-ce qu'il se manifeste aussi d'autres façons dans le roman ? Dans le premier cas, il fait un peu prétexte, non ?

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    1. Disons que la réincarnation est causée par une pratique de sorcellerie africaine, donc oui, d'une part c'est un prétexte pour que le héros apprenne indirectement le point de vue de sa femme, mais malgré tout, il est quand même lié à l'histoire du fait de l'origine de la vieille dame. Il y a aussi le rodeur qui est un élément un peu angoissant et le cadre isolé de l'histoire. Mais ça reste du fantastique au sens strict dans la définition de Todorov, c'est à dire l'irruption de l'inhabituel dans une situation "presque" classique. Donc un peu plus qu'un simple prétexte au final, puisque la magie quasiment vaudoue y est évoquée. Mais je ne peux pas en dire plus, parce que la conclusion est pleinement fantastique.

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  2. Jamais lu Gudule... (pas grave ?)

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