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jeudi 15 février 2024

Les mots et la chose - Jean-Claude Carrière

 Ah, 14 février, tout ça, le genre de fête dont je me fous ( mot particulièrement choisi) mais alors totalement.
Par contre ça m'a toujours beaucoup amusée que le 15 février, soit le lendemain soit le jour de la Saint - Claude.
Or Saint Claude, petite ville du Jura , la spécialité est la pipe. En bois.
Ce qui donne sur les sites dédiés des phrases absolument réjouissantes du genre (trouvé sur un forum dédié)
"- Le vocabulaire doit être précis : on dit polisseuses et non tailleuses.
- Ce sont deux métiers différents, qui ne demandent pas les mêmes qualités.
- C'est vrai. En matière de pipe il faut être précis. Polir et tailler requièrent des talents très différents.
- Pourtant en matière de fiscalité, le terme employé était bien tailleuses. En fait, plus précisément c'était "tailleurs de pipes de Saint-Claude". Ce métier faisait partie des quelques dizaines de métiers bénéficiant d'un abattement fiscal supplémentaire lorsqu'existait le forfait de 20%pour frais professionnels, supprimé depuis quelques années. "

Un échange qui est absolument hilarant de par ses sous entendus involontaires et donc en ce jour de Saint Claude, j'ai donc décidé d'épicer un peu ce blog, en ressortant un ouvrage qui m'avait été offert il y a plus de 20 ans.

la couverture de la neutralité absolue :D


Les mots et la chose, sous-titré " le grand livre des petits mots inconvenants " de Jean-Claude Carrière ( mort le 8 février 2021, donc, in memoriam Jean-Claude, à quelques jours près.) par ailleurs auteur de La controverse de Valladollid est une réflexion autour du vocabulaire érotique en français.
Accrochez vos ceintures, on va (lexicalement) s'envoyer au septième ciel, sous la forme d'un roman épistolaire, échange entre un professeur de lettres auteur d'une thèse sur le vocabulaire érotique, et une dame, spécialisée dans le doublage de films érotiques étrangers. La femme ( dont on n'aura ni les questions ni les réponses, seule la partie " écrite" par le professeur est relatée et permet de suivre l'échange") regrette que le dialogues mis à sa disposition pour ces doublages soient si banals, si usés, toujours les mêmes et demande au professeurs quelques conseils de vocabulaire un peu plus recherché pour agrémenter un travail par ailleurs assez ennuyeux.
Le professeur va se faire un plaisir d'honorer cette demande et de combler les désirs de cette interlocutrice, lui fournissant une grande quantité de synonymes, dispersés au fil des pages, et concernant toutes sortes de pratiques, générales ou spécialisées.

Et il y en a pour tous les goûts, du plus vulgaire au plus recherché, du plus régional au plus vague. Evidemment ce n'est pas un livre à lire tout d'une traite, pour éviter de saturer par le côté " nomenclature" du texte, mais sur quelques jours, lettre par lettre, c'est pas mal du tout. La créativité lexicale dans ce domaine est sans limite, alors que bon, comme le fait remarquer l'auteur " rien n'est plus limité que le vice", et c'est en effet dommage de se contenter d'une poignée ( ou d'une veuve poignée?) de mots.
J'ai toujours adoré l'expression " aller voir les feuilles à l'envers", évoquant une partie (fine?) de campagne. Dès la première partie , il y a des pépites du genre entrer dans la vieille danse, jouer à la joie du monde, faire de la balançoire, faire une partie de traversin, jouer de l'orgue... Tout un tas d'expressions artistiques ou qui mettent en avant le côté plaisant, amusant de l'activité considérée, au contraire du sobre et technique vocabulaire religieux, pour qui les mots sont aussi plats que la chose est interdite.

Et je vois que le texte a été adapté sur scène avec l'excellent Jean-Pierre Marielle et Agathe Natanson ( que je ne connais pas). Ca ne m'étonne pas, le texte est tout à fait adapté à ce genre de format.
Et avec Marielle, ça avait l'air particulièrement jouissif . En voilà quelques extraits.


Petit souvenir personnel de fac, il y a plus de 20 ans, que cette lecture a fait rejaillir: Un certain Frédéric se prenait pour un écrivain d'avenir, poète romantique et tout et tout, à la consternation générale des gens qui l'avaient lu (et l'avenir nous a donné raison, il n'a jamais rien publié), et sa copine de l'époque nous avait un jour de cuite raconté qu'elle aimait passer sous la table pendant qu'il écrivait et...
Honnêtement je ne me souviens même plus de son nom à elle, mais toujours est-il que cet aveu lui a fait gagner le surnom de "taille-crayon" pour les quelques années suivantes. Frédéric n'a jamais su qu'il était lui parfois nommé entre nous " Frédéric Cholapin".

Après, bon, ce n'est pas non plus le livre incontournable de la fin du XX° siècle, il faut vraiment étaler la lecture pour ne pas saturer avec la liste de synonymes, mais certaines expressions sont savoureuses, et ça reste une lecture plutôt sympa pour ma thématique  habituelle anti-valentinienne et pro-claudienne

Auteur du mois de février : Jean Claude Carrière
Peut être un second bientôt, soyons fous.

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