Cette semaine, il y avait une opération de collecte pour "bibliothèques sans frontières" chez moi il me restait encore cette Métaphysique jamais lu. J'ai hésité à l'ajouter à mon paquet à donner, et puis.. ben c'est le mois belge, alors je vais lui donner une chance, une ultime chance.
......
et le résultat est
......
Portenawak! Là aussi, le livre est court, et c'est une chance, mais même là j'ai rarement trouvé que 150 pages pouvaient être aussi longues.
Déjà, on commence avec des considérations sur Dieu, sa nature de tubes. Puis on comprend que le "dieu " de l'histoire est un enfant, qui vient de naitre et qui comme tous les enfants, ne fait que manger et dormir. La différence c'est que celui-ci, surnommé "la Plante" par ses parents, ne fait vraiment rien d'autre: il ne braille pas, ne bouge pas, ne tente pas de se lever.. et ça dure ainsi jusqu'à l'âge de 2 ans. La plante n'est qu'un tube digestif. Bizarremment les parents s'en inquiètent un peu, mais pas franchement plus que ça. enfin, je ne sais aps, j'aurais quelqu'un dans ma famille d'aussi inerte, je le ferai quand même examiner sous toutes les coutures jusqu'à ce qu'on trouve ce qui cloche. Mais là, non : "votre enfant est un légume" .. ha bon, très bien, les deux aînés sont remuants ce n'est pas plus mal.
Puis "la plante" se réveille, et devient l'inverse : une chose braillarde et intraitable, insupportable pendant 6 mois, jusqu'à ce qu'une grand-mère trouve le remède miracle: du chocolat ( oui, je le souligne car c'est le seul passage à peu près sympathique de l'histoire, je suis aussi adepte de la chocolatothérapie en cas de rogne!).
S'ensuit une description minutieuse de la vie de "la plante", devenue vivante, qui philosophe dans sa tête: il s'agit des souvenirs d'enfance d'Amélie, petite belge née et élevée au Japon, exactement comme Amélie l'auteur, qui prétend se souvenir de tout, raconter SON histoire, tout en disant que la vraisemblance n'a pas d'importance. Et en effet, il faut vraiment mettre le bon sens au placard arriver à accepter qu'entre février et Avril de la même année, Amélie qui n'a jamais dit un mot choisisse soigneusement dans sa tête les premiers mots qu'elle va dire, puis parle couramment japonais et français, qu'elle apprenne à marcher , à nager, à jouer à la toupie et encore d'autres choses.. en 2 mois. Honnêtement, je me fous totalement de savoir si une histoire est vraie ou pas ou en partie, je m'en fiche totalement, du moment qu'elle est crédible. Or là, ça ne l'est pas.
J'ai trouvé: en fait Amélie doit être un des gamins du "village des damnés", je ne vois que ça. D'ailleurs sa photo de couverture le confirme! Trêve de plaisanteries, si ça passe a peu près bien dans une récit de SF, ça devient carrément ridicule dans une " autobiographie" même très romancée. Non, parce qu'entre temps on a droit aux monologues intérieurs métaphysiques d'Amélie, 2 ans et demi, qui se prend pour dieu, puis pour Jésus, puis pour une déesse, qui nous explique pourquoi elle déteste les carpes qu'elle trouve moches. La 4° de couverture nous parle d'un récit incisif lucide et drôle, je le trouve pour ma part creux, autosuffisant et ridicule. Alors oui, je sais je vais avoir droit à des "haaa mais t'as rien compris, c'est génial en fait". Ben non, voilà mon ressenti. Et pourtant j'ai quand même trouvé ce récit ultra nombriliste légèrement plus intéressant qu'Attentat ou Cosmétique, parce que ça se passe au Japon et qu'il y a quelques mots japonais, que ça fait référence à des endroits que j'ai vus, donc au moins sur ces passages j'ai pu entrer dans l'histoire. En fait, ça devient à peu près intéressant quand elle arrête enfin de se regarder dans le miroir pour parler des autres, car la petite Amélie a finalement une relation très proche avec sa soeur aînée, alors qu'elle a du mal à s'entendre avec son frère, et une relation très mignonne avec la domestique japonaise ( on est quand même dans une famille riche, le père est consul), qu'elle a pris en affection. Alors pourquoi faut-il qu'elle casse ces passages agréables par des considérations gonflées de vanité et d'orgueil? Est-ce qu'elle cherche réellement à se faire passer pour une espèce de monstre? C' aurait pu être intéressant, si ça avait été fait avec plus de subtilité, là c'est juste très pénible.
Au tout début du roman, elle se décrit comme un tube, au travers lequel tout passe, sans lui créer la moindre réaction, la moindre émotion ou le moindre plaisir. Et c'est exactement comme ça que j'ai ressenti le livre: pas difficile à lire, mais creux au point que demain, la semaine prochaine u le mois prochain, il ne m'en restera rien.
Donc malgré l'ambiance japonaise, désolée Amélie, j'en resterait là, je n'aime vraiment ni ton style, ni tes procédés narratifs, tu ira donc rejoindre la prochaine collecte, peut-être que quelqu'un d'autre saura apprécier, si j'en crois les commentaires ici et là, il y a un gros noyau dur de fans, mais pour moi, dorénavant je passerai mon tour.
auteur belge |
Je n'ai lu qu'un livre d'elle et je ne suis pas très tenté.
RépondreSupprimerWaouw j'adore ton billet ! Ca c'est fait, c'est dit ! Ce titre doit être un des derniers que j'ai lus il y a longtemps donc, avant de réessayer avec le tout dernier, La nostalgie heureuse (où la nounou japonaise réapparaît, tiens !) Et j'ai été déçue aussi. Mais on pourrait dire que la vérité, l'angle que choisit Amélie sont sa vérité de romancière, même si elle est tordue... (je me fais l'avocat du diable, je sais, et savais-tu qu'il s'habille en Amélie Nothomb ??) (oups, je sors)
RépondreSupprimerha donc le diable a un grand chapeau bizarre :D
SupprimerDommage j'aurais vraiment aimé apprécier cette écrivaine, mais visiblement son "trip " ne colle pas à mes gouts
Ouf ! Je me sens tout d'un coup soulagé : je ne suis pas le seul qu'Amélie Nothomb laisse de marbre. A lire les éloges dithyrambiques qui fleurissent dans la blogosphère, je commençais à me prendre pour un extraterrestre, ou à tout le moins un esprit inculte. Pourtant, chauvinisme oblige, je me suis acharné. Si certaines de ses premières œuvres m'ont intéressé (Hygiène de l'assassin, Mercure,Stupeurs et tremblements), le reste de sa production me laisse perplexe quant à son succès...
RépondreSupprimeroui, j'ai eu aussi cette impression, j'ai fini par me dire que ça devait être moi qui passait à côté de quelque chose, mais j'ai beau essayer, rien n'y fait. Je m'attendais presque à une levée de bouclier suite à cet avis, mais finalement non...ça rassure :)
SupprimerJe n'ai jamais été très fan d'Amélie Nothomb (qui a tendance à m'agacer par l'image qu'elle véhicule et par son statut d'"arbre cachant la forêt" de la littérature belge) et n'apprécie pas du tout ses textes autobiographiques : je ne comprends pas le succès que rencontre Stupeurs et tremblements. Mercure m'avait au moins semblé original et vraisemblable dans l'atmosphère onirique de l'île, tandis que Les combustibles abordait une question susceptible de toucher les lecteurs. En ce qui concerne Stupeur et tremblements, je n'y ai trouvé aucun de ces éléments et ai été dérangée par le même problème de vraisemblance.
RépondreSupprimerpour le petite histoire: au sujet de stupeur et tremblement ( que je n'ai pas lu, donc je n'en parlerai pas niveau qualité d'écriture), ça me fait toujours penser à un gars que je connais, et qui habite et travaille au Japon. chaque fois qu'il en parle c'est "le bouquin de la mytho", dans le sens ou d'après son expérience, elle donne une image faussée du monde du travail japonais, mais calibré pour correspondre au cliché que peuvent avoir les occidentaux sur l'entreprise japonaise. De même , je ne l'avais pas développé ici, mais dans métaphysique, le passage où les deux servantes japonaises ( une d'origine riche et d'un âge avancé, l'autre jeune et d'origine modeste) se disputent ouvertement dans la cuisine de leur employeur, et notamment, le fait que la plus jeune se permette de répliquer vertement à la plus âgée - surtout dans les années 70 - me parait bizarre...enfin, ça ne colle pas.
Supprimer