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samedi 24 août 2013

Le congrès - Ari Folman

Voilà, j'ai enfin eu l'occasion d'aller voir le Congrès, qui me tentait depuis que j'avais vu la bande annonce. Sci-fi, plus mélange film et animation, voilà qui promettait..


Et au final, je suis sortie perplexe de la salle. La copine qui m'accompagnait aussi d'ailleurs.
Je ne sais même pas dire si je l'ai aimé ou pas.

Le sujet de départ est pourtant bien intriguant: une actrice nommée Robin Wright, qui a commencé sa carrière sur les chapeau de roues avant de d'enchaîner les navets, se voit proposer un contrat un peu spécial: être scannée des pieds à la tête, toutes ses expressions digitalisées et conservées par le studio auquel elle est affiliée. En acceptant le contrat, elle renonce également à toute apparition publique: plus de films, plus d'interview, plus de publicité. son image sera entièrement la propriété du studio, qui pourra en faire ce qu'il veut: films d'auteur ou navets, publicités ou même dessins animés pourquoi pas.. Elle perdra tout contrôle sur son image contre un énorme paquet de fric qui la mettra à l'abri pour le restant de sa vie, elle, sa fille,  et son fils malade. Et si je vous dis que Robin Wright, le personnage, est joué par Robin Wright, l'actrice, qui a justement eu une carrière en dents de scie, là, ça devient vraiment alléchant. Alléchant comme l'était  le synopsis de Being John Malkovich, film que j'avais beaucoup aimé soit dit en passant.

Et de fait la première demi-heure est vraiment brillante, la pauvre Robin se prend dans les dents des remarques très très vachardes sur son âge ( 47 ans à Hollywood, l'âge de la retraite ou presque quand même les personnages de vieille dames doivent être lisses et botoxés), il y a une piste fichtrement intéressante qui s'amorce sur : qu'est-ce qu'être actrice? quelle est la liberté de choix d'un acteur? quelle est sa marge de manoeuvre? Qu'est-ce que c'est qu'être acteur ou actrice? quel est le statut des femmes au cinéma?
Parce qu'à côté d'elle, dans le rôle de son manager il y a Harvey Keitel. vieillissant, ridé, mais toujours charismatique.. viendrait-il à quiconque l'idée même de lui reprocher ne n'être plus esthétiquement correct?
Leur duo fonctionne terriblement bien, la scène où Robin n'arrive pas à jouer correctement pendant qu'on la scanne et où Keitel lui raconte une histoire pour la faire rire, puis insensiblement la déprimer pour passer d'une expression à l'autre est un superbe moment de réflexion sur l'envers du décor, le jeu,  l'actors studio, tout ça..

Et là, paf, changement de ton brusque.

20 ans plus tard, l'actrice retraitée est invitée par son studio à faire sa réapparition.. sous forme de dessin animé: le studio a bien géré sa carrière, elle est redevenue une star, sans même savoir dans quels navets sont double numérique à joué. Mais l'industrie du cinéma à changé: tout un chacun peut maintenant s'immerger dans un monde onirique, via des capsules de drogue à respirer, qui vous font voir le monde tel que vous le voulez, et vous font voir aux autres tels que vous voulez qu'ils vous voient. En l'occurrence, dans la zone "dessin animé", tout le monde verra tout le monde sous forme de personnage de cartoon.

Et c'est là que j'ai envie de dire: il y a un problème. Le passage du monde réel au monde animé est brusque, très brusque, sans explication ( le coup de la capsule de drogue se comprend peu à peu, mais pendant pas mal de temps le spectateur est laissé à lui même). et par la même occasion, les pistes lancées dans la partie "prise de vue réelle" sont complètement éludées, pour laisse place à quelque chose qui est intéressant en soi: comment passer d'un univers à l'autre, comment retrouver un proche qui s'y est engouffré sous une apparence peut être méconnaissable? ( Robin qui a laissé ses enfants du côté du monde réel, se retrouve suite à une révolte, coincée dans le monde animé pendant une vingtaine d'année, et donc, n'a de cesse que de vouloir retrouver sa famille). On passe brutalement d'une réflexion sur le monde du cinéma à une quête personnelle sur le thème de la disparition, qu'on n'avait pas vraiment vu venir.

Et c'est dommage: parce qu'on se retrouve avec ce qui aurait pu être un bon film d'un côté, ce qui aurait pu être un bon dessin animé de l'autre (mention particulière aux décors de la New York onirique, avec plein de références à l'univers de Jérôme Bosch, notamment au Jardin des délices.. et là, c'est presque dommage de ne pas plus s'y attarder pour profiter de tous les clins d'oeil. Ou au fait que l'avenir soit représenté par un style proche des cartoons des années 30, ).. et une transition pas très bien amenée entre les deux, narrativement parlant. Après, la narration du monde onirique est complètement farfelue, ce qui s'explique si on prend en compte le côté "trip sous LSD", mais pose un problème de cohérence avec la première partie. Le film aurait probablement gagné à ne pas changer totalement de sujet ( au point que je me suis même demandé s'il s'agissait du même metteur en scène du début à la fin), et à broder sur les pistes qu'il lançait au début, ou à amorcer au départ ce qu'il développe par la suite. Par exemple en s'épargnant la mini histoire d'amour sans intérêt qu'on voit venir avec ses gros sabots à la seconde même où on aperçoit "le type qui fait la gueule au milieu du public enthousiaste". Ou alors lui trouver une conclusion intéressante ( a partir du moment où le gars dit " ne cherche pas à me voir tel que je suis dans la vie réelle", évidemment, on attend un développement.. qui ne vient pas, grrrrr. Tu lances une piste et tu ne la suis pas, mais grrrr, scénariste sadique!) Mais telle quelle, non, elle ne sert pas vraiment à grand chose. Juste à avoir une scène de d'amour animée ultra guimauve sur fond de " forever young", qui donne plutôt envie de rire qu'autre chose - franchement cette séquence casse tout ce qu'on pouvait avoir d'empathie pour les héros tellement elle est cliché.
parce que c'était un film de science fiction, à la base, même s'il perd un peu son objectif de vue

Du coup, oui et non. Oui parce qu'il y a de très bonne idées , et ce dans les deux parties. Et non, parce que le montage ne m'a franchement pas convaincue. Je n'ai pas vu Valse avec Bachir du même réalisateur, donc, je ne jugerais pas sur un demi échec ( qui est aussi un demi succès, car si Robin Wright se lance dans des rôles de ce type, assez culottés, elle y est vraiment bien, bien plus intéressante que lorsqu'elle jouait les jeunes premières en fait). Pareil pour le livre de Stanislas Lem que je n'ai pas lu, je lui donnerai aussi sa chance à l'occasion. En fait, je sens qu'il va devenir comme ces films qu'on a trouvé imparfaits, voire parfois carrément ratés, mais qu'on apprécie quand même avec indulgence parce qu'il y a par moments de très bonnes choses.

3 commentaires:

  1. Salut!!
    Pour te rassurer, Valse avec Bachir est aussi un animé en demi-teinte : le scénario s'essouffle et c'est au milieu du film qu'on décroche alors que le début et la fin sont plutôt scotchants...

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  2. Ton billet est très intéressant, l'affiche me disait vaguement quelque chose mais je ne suis pas trop allée au ciné ces derniers mois et je n'en savais pas plus que ça. La première partie m'intrigue beaucoup et j'aime bien Robin Wright (découverte quand j'étais toute petite avec Santa Barbara, justement !!!), par contre je suis un peu étonnée effectivement de ce que tu dis de l'évolution du scénario, ça a l'air d'aborder tellement de thèmes que ça en devient confus. Ceci dit j'irai peut-être le voir, tu as éveillé ma curiosité !

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  3. J'avoue que je ne suis pas trop tentée. Dommage en tout cas que ça n'ait pas bien fonctionné.

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