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mercredi 15 mai 2013

Godard & Ribera - Le vagabond des limbes t1 à 3

Voilà une BD dont j'avais envie de parler depuis longtemps, mais d'une chose à l'autre, j'ai laissé traîner. Et justement aujourd'hui, c'est le jour "BD geek" dans le challenge Geek, or une bande dessinée SF rentrant tout à fait dans les critères, c'est donc l'occasion où jamais.

Le vagabond des Limbes, je l'ai découvert il y a quelques années à la médiathèque, et sais pas, j'ai tout de suite été séduite par cet univers Space Opéra complètement foutraque aux couleurs flashy en provencance directe des années 70.
Premier Tome en 1975, et le succès aidant , 30 autres ont suivi, le dernier paru en 2003, une série de longue haleine.
Or de quoi est-il question? rien que de très classique comme point de départ, Car on s'en rend compte au fil des albums, les références convoquées sont nombreuses.Déjà rien que dans le titre, les Limbes étant en gros dans la tradition chrétienne le séjour des âmes des sages morts avant l'ère chrétienne et des enfants morts sans baptême. Donc, de la référence biblique, il y en a... mais plutôt dans le genre déboulonnage en règle. Des références mythologiques aussi, pas mal. Et à la chanson de geste médiévale. Pas mal pour une BD qui est peut être l'une des première destinée à un public adulte.. Car oui, clairement, ça n'est pas pour les enfants.

Tome 1 - Où l'on fait la connaissance de notre héros, Axle Munshine, grand conciliateur de la guilde, l'entité qui gère rien de moins que le cosmos. Il occupe en gros une fonction de diplomate de haut rang, promu à un avenir brillant, probablement le prochain Médiat ( chef suprès de la guilde), en attendant, il revient de mission sur la planète des Eternautes qui accepte de se rallier à la Guilde, traînant à ses basques l'héritier du royaume éternaute venu témoigner de la loyauté de son peuple.
Sauf que Axle a un secret. Un gros secret. Le genre à vous faire condamner à mort ou au mieux dégrader et bannir, s'il venait à être connu: il a transgressé la 13 règle de la Guilde " il ne faut pas chercher à franchir les portes du sommeil", c'est à dire, ne pas chercher à savoir ce que sont les rêves. En bon héros Casse-cou, il s'est dit qu'évidemment, si les rêves n'étaient que des divagations sans intérêt, une telle interdiction n'aurait pas lieu d'être, et donc il y a forcément quelque chose là derrière. Et le voilà qui a donc monté en douce une équipe scientifique pour se faire construire un "translator", machine destinée à enregistrer intégralement les rêves du dormeur pour les projeter ensuite à la manière d'un cinéma personnel. Car il en est persuadé, les rêves sont des émissions provenant d'un univers parallèle que le dormeur cpate à son insu.
Sauf que Axle est quand même assez perturbé mentalement ( et dès le tome 1 on comprend pourquoi: élevé dans un isolement quasi total par son père savant fou, qui estimait que "l'amitié est une chose trop importante pour être confiée à des humains" et Musky, l'Eternaute est en fait son premier ami vivant; le paternel avait eu l'idée "géniale" de construire les amis-robots à son fils qui se sont chargés de son éducation). Ce qu'il fait que s'il s'en sort bien comme diplomate en connaissant le protocole par coeur, dès qu'on arrive aux vraies relations avec de vrais êtres vivants, ça coince, il est tellement dérangé qu'il ne voient pas les vrais gens autour de lui et ne cesse de poursuivre une folie, une chimère vue en rêve: une femme de rêve nommée Chimeer sur laquelle il fait une fixation obsessionnelle, car il en est sûr elle existe, quelque part aux confins du cosmos, il " suffit" de trouver la porte qui même à elle ( et hop, le chevalier qui cherche la tour ou est enfermée la princesse). Voilà c'était long, mais il le faut bien, car ce tome plante le décor: notre héros banni pour avoir commis un sacrilège ( au départ, on pense à Adam, forcément, d'autant que son vaisseau spatial contient une vraie forêt, avec rivière poissonneuse, arbres fruitiers etc, mais au final, c'est plutôt je pense une résurgence des mythes de Lucifer ou de Prométhée - qui n'en font qu'un - en révolte contre l'ordre établi, qui souhaite apporter à tout un chacun), désormais poursuivi par la garde pourpre, milice d'élite de la Guilde qui veut sa tête, va consacrer les prochains tome à la poursuite de son rêve et de sa Chimeer.

Tome 2- Là commence l'errance d'Axle et Musky, des bas fond d'une planète sordide où Axle espère trouver une lingalilith, créature visqueuse et informe capable de prendre l'apparence de la personne à qui l'on pense , afin d'obtenir plus de renseignement sur le monde où se trouve Chimeer, et évidemment, c'est un échec, car toute solution " de remplacement" ne peut être qu'insatisfaisante au regard du rêve. Mais bien vite repéré par la garde Pourpre, les voilà contraints de fuir.. en traversant un trou noir - oui je sais, mais conventionnellement, le vaisseau spatial est supposé si bien conçu qu'il y résiste! - qui les amène dans un univers étrange et incompréhensible, où il vont errer.. un certain temps. De planète en planète, tombant toujours sur des mondes plus fous les uns que les autres: le premier étant une planète extrêmement bureaucratique dirigée par "le bon prophète"dont les habitants reçoivent à leur naissance un mémodestin, sorte de boite contenant toute leur vie, y compris la date, le lieu et les circonstances de leur mort, à eux de s'y conformer.  La milice des "petits anges" (en fait des soldats d'élites munis d'ailes amovible) se charge de vérifier que tout le monde obéit à son destin, car "tout ce qui n'a pas été prévu n'existe pas".les dissidents  nommés les "defs" (pour défunts) sont pourchassés par des chasseurs de prime, peu importe puisqu'ils n'ont pas de vie administrative, il est légal de les tuer. et il y à les "disp" (comprendre les disparues), les jolies filles dont le destin indique simplement " disparue sans laisser de traces" qui servent on va dire de " compagnie" au anges de la milice, jusqu'à ce qu'ils s'en lassent. Evidemment un révolté contre toute forme d'ordre et d'autorité qui tombe là dedans va vitre mettre une pagaille monstrueuse dans cet enfer bureaucratique en libérant les esclaves des anges - héhé, les femmes meneuses de a Révolution quand les hommes sont trop poltrons pour réagir, j'aime! On apprend aussi dans ce tome quelques détails sur les Eternautes qui vont avoir de l'importance par la suite: un éternaute est immortel et peut choisir de bloquer son évolution physique jusqu'au moment où il trouvera une bonne raison de finir sa croissance. De même, il peut, à l'adolescence, choisir son sexe. Ainsi Musky avoue-t-il avoir 13 ans depuis plusieurs centaines d'années, et n'avoir pas encore décidé s'il préfère être un garçon ou une fille, les choses ne pressent pas. Ce qui en fait paradoxalement à la fois un gamin surexcité et mal embouché, mais dans les moments de crise, un personnage beaucoup plus mature et sensé que le héros à qui il remonte souvent les bretelles, car ce grand dadais d'Axle a une forte tendance à osciller entre la la monomanie dangereuse et la neurasthénie la plus totale.
Tome 3: on continue le parcours sur une planète au moins aussi bizarre que les précédente: bienvenue sur Horla, la planète- église qui promet à tous une heureuse résurrection, et où moyennant une somme d'argent faramineuse les vieux riches peuvent venir faire transférer leur identité dans un nouveau corps plus jeune, plus résistant plus sain.. Il va sans dire que tout ce business cache surtout un énorme trafic de corps sur lequel la guilde, censée légiférer, ferme les yeux, car ses membres vieillissant auront, tôt où tard recours à la technique de pointe développée sur Horla. et après la révolte de femmes du tome 2, c'est cette fois une révolte de vieux pauvres, outrés non pas par le procédé, mais par le fait qu'il coûte trop cher- qui sème la panique.Et par un retournement de situation, Musky, devient presque le personnage central en fait ( car un éternaute, virtuellement immortel, est une denrée ultra précieuse et lucrative pour un trafiquant de corps)

Alors oui, dison le d'emblée, c'est spécial: graphisme réaliste aux couleurs flashantes, costume médiévo-futuristes ( années 70 en fait!), volontiers irrévérencieux envers les religions de tout poil, les dictatures, l'argent, etc...et chaque planète visitée (et ça continuera dans les tomes suivants) dans l'Odyssée d'Axle et Musky est un prétexte à montrer une facette des plus noires,et  même des plus sordides de l'esprit humain. Les références, il y en a partout ( chaque tome commence par une brève présentation du plus pur style chanson de geste "oyez oyez").
Et malgré quelques bizarreries ( du genre un type en train de se faire gober tout cru par un monstre des sables qui débite une longue tirade "ha au secours, quelle est cette créature venue du fond des abysses , je vais me faire manger!" oui, c'est parfois assez kitsch dans les dialogues), j'adhère bien à ces délires bariolés volontiers psychanalytiques. Axle aurait besoin d'une bonne thérapie - ou d'un coup de pied au cul-  avec son complexe du chevalier errant, mais je ne peux m'empêcher d'aimer cette série. Grâce à Musky, pour une bonne part, et à son langage plus que fleuri. Grâce aussi à la galerie complètement dingue d'extraterrestres qui semblent sortis de tableaux de Jerôme Bosch. Après comme je le disais ça n'est pas vraiment pour les enfants:
Merci Musky pour cette intervention qui résume bien l'éternel problème ( quand je vous disais que ce petit avait un langage... particulier). Et vous pouvez en plus admirer le costume traditionnel éternaute :D

De plus, il y a des filles sexy par -ci par-là, avec plus ou moins de jambes, de bras, de pattes, d'antennes, donc gaffe aux sensibles, car sans être pornographique ni même cochon, il y a quand même pas mal de sous entendu,  ( et de l'alien sex ou de la drogue sous-entendus dans les tomes suivants), le héros est eut être amoureux d'une femme qui n'existe pas, ça ne l'empêche pas de s'intéresser aux autres. Disons qu'on est à une période ou la BD adulte est toute récente, et qui ose peut être plus que des productions plus résentes
Mais, apparemment, l'inattendu s'est produit: la BD a bien marché et les auteurs ont eu la surprise d'attirer un lectorat féminin dès le début. Enfin, ça marche sur moi qui suis aussi un produit des seventies, ceci explique peut-être celà :D

et donc une lecture à la fois pour le challenge geek
Et le challenge "classic' BD" de Yaneck

Et j'ai même envie de l'ajouter en réécriture mythologique, pour le côté Adam/ Lucifer/Prométhée/Ulysse du héros

5 commentaires:

  1. aaaaahhhh j'ai découvert cette BD dans les recueils de Pilote de mes parents (j'ai donc lu quelques tomes mais découpés en petit bout sans savoir trop quel tomes c'était) et elle m'a pas mal marquée. C'est dérangeant et super intelligent. Ça me fait pas mal penser a un petit prince sous acide dans l'idée...
    Je n'avais jusque là pas dans l'idée de l'acquérir (trop de tomes, difficile de se motiver) mais tu relance mon envie avec cet article !

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  2. C'est pas si éloigné en fait..
    Avec aussi un zeste de "belle au bois dormant", où la belle serait le grand dadais de héros et le prince, ben.. le gamin qui vient le sortir de sa torpeur. Oui j'avoue que cette idée d'un antihéros benêt qui en plus se fait régulièrement sauver la mise par des enfants, des vieux ou des femmes, c'est assez savoureux.

    bon évidemment, il faut adhérer au principe d'un scénario qui part régulièrement ( et volontairement) en sucette car il suit la (non)logique des rêves.. ou des cauchemars, et comme il s'agit d'une série , tous les tomes ne sont pas du même niveau, mais si tu peux les trouver dans une bibliothèque, c'est une bonne solution pour te faire une idée je pense.

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  3. Un univers particulier qui a l'air intéressant et original ! Merci ;)

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  4. Je suis née trop tard pour apprécier ce genre de BD, c'est vrai que je ne connais pas du tout les BD en provenance des années 70, je fais partie de la génération Y (la bonne excuse)!
    Néanmoins, merci pour cette découverte... interesting!

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    1. Ho je ne suis pas siiii vieille que ça quand même.. mais comme les parents étaient abonnés à Spirou dans les années 80, j'ai un peu baigné dans cette ambiance, et j'ai surtout redécouvert par moi même cette période ( BD et musique) au cours de mes longues séances de surf sur le net :)

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