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samedi 14 janvier 2012

les tribulations d'un mage en Aurient - Terry Pratchett

Fin du mois anglais, et pour la fêter dignement, quoi de  mieux que de finir comme on avait commencé: par un Terry Pratchett de derrière les fagots.

Et donc, ayant commencé l'exploration du disque-monde par les calamiteuses (més)aventures de Rincevent, le mage qui ne connait aucun sort ( le seul qui s'était introduit de force dans sa cervelle l'ayant abandonné dès le é° tome), je continue sur cette lancée. Les tribulations est donc le 17 volume de la série du disque monde, et le 5° de la saga Rincevent, juste après Eric.
On l'avait laissé quittant précipitamment l'Enfer au grand dam des démons, on le retrouve prenant un repos bien mérité et un ennui salutaire en compagnie de son bagage à pattes,sur une île déserte où rien ne manque, excepté quelques patates ( son obsession solanacée est telle que pour lui, une femme qui propose des plaisirs dignes d'un roi parle forcément de pommes de terres). Or donc, pendant ce temps à Ankh-Morpork, un message déposé par albatros (je suis presque sure qu'il y a là un clin doeil à ce sketch) express du Continent Contrepoids - le coin d'où venait Deux Fleurs, le touriste ahuri des tomes 1 et 2 - réclame la venue immédiate du "grand Maje".  Or, QUI est le seul à orthographier "Maje", et même à l'arborer inscrit sur son chapeau flétri, afin que tout le monde le sache? Bravo! Rincevent gagne donc un voyage par téléportation en Aurient, ou il va réussir comme toujours à se mettre à dos une partie de la population sans même le faire exprès, et se faire exploiter par l'autre moitié.
En l'occurrence, l'armée rouge, qui fomente un coup d'état et compte bien se faire aider par le grand Maje dont il est question dans un petit livre rouge publié et distribué sous le manteau, au titre ô combien séditieux de " ce que j'ai fait pendant mes vacances".
Au même moment et par un de ces bon tours qu'affectionnent les dieux, Cohen le barbare décide justement de conquérir la riante cité de Hunghung, capitale du continent contrepoids.

Ce tome là est plus long, et aussi plus politique que les précédents, avec pas mal de remarques bien senties sur le totalitarisme, le communisme, des clins d'oeil à l'histoire de la Chine ( notamment l'armée de terre cuite et l'art de la guerre) et au Japon ( les guerriers en pyjama noir que Cohen appelle des nin-jaunes).
Très drôle aussi, grâce à Cohen et sa bande "la horde d'argent", rapport à la couleur des quelques cheveux qui leur reste. Un horde de 7 barbares arthritiques, ayant largement dépassé l'âge de la retraite: le vieux Vincent ( pyromane, mais qui n'arrive pas à se rappeler si on doit tuer les gens ou les incendier), le gars Popaul ( le jeunot de la bande, il n'a que 80 ans), Hamish le fou ( sourd comme deux douzaines de pots et qui planque un véritable arsenal dans son fauteuil roulant), Flagorne le malpoli ( et ses fameuses béquilles gravées " love" & "hate"), caleb l'éventreur ( pousseur du fauteuil de Hamish) et Ronald Cervelas dit "prof", rapport à son passé d'enseignant de géographie mais reconverti dans la barbarie, car à tout prendre, c'est moins risqué que la fréquentation d'une classe de 3° standard.
Et ces 7 là sont un grand, un très grand moment: quand Prof essaye de leur faire comprendre la civilisation avec des exercices ciblés ( la découverte des bains et du savon, l'achat d'un poulet au marché sans détruire la devanture et voler la marchandise, l'infiltration par les égouts pour les nuls, l'emploi d'euphémismes pour Flagorne afin de parler comme un civilisé), mais entre la franchise des barbares aux langage fleuri et la subtilité d'un bureaucrate qui demande qu'on vous coupe la tête en usant de métaphores sur les chrysanthèmes, mais qu'on vous la coupe quand même, finalement, je préfère Cohen et ses vieux de la vieille!

D'autant que grâce à eux, on a droit a des passages surprenants, même un peu mélancoliques et philosophiques, lorsqu'ils font le bilan de leur vie pour se rendre compte qu'ils sont les derniers représentants d'une espèce en voie de disparition: les héros légendaires. Ou qu'ils comparent leurs conceptions de l'autre monde. Inattendu, et plus profond qu'on pouvait s'y attendre d'un bouquin ou, par ailleurs on se marre à toutes les pages ( en fait, bizarrement, j'ai pas mal pensé au film " space cowboys" de Clint Eastwood, pour ce côté " on fait ce qu'on  sait faire, parce que sinon, ça ne vaut pas la peine de s'accrocher", j'ai eu un peu le même sentiment à la lectures de ces passages).

On a même du cynisme assez noir, d'un point de vue politique: à un moment Rincevent  s'arrête dans la campagne et demande à un paysan qui mène un buffle par une corde " certains veulent que vous restiez esclaves et d'autres que vous dirigiez le pays, ou du moins que vous les laissiez diriger eux en disant que c'est vous. On va se livrer une bataille terrible. Je ne peux pas m'empêcher de me demander... qu'est-ce que vous voulez, vous?"  réponse du paysan: " une corde plus longue, ça serait bien"
Et il faut que cette illustration cinglante de la politique soit donnée dans un roman de fantasy.

Donc voilà, un très bon tome, des références à la pelle, des remarques futées sur le gouvernement, sur ce qui fait la civilisation ( une barbarie déguisée et joliment maquillée), sur le totalitarisme, sur la métaphysique.. Pratchett ne prends pas ses lecteurs pour des ignares et se permet d'être à la fois drôle et profond. J'aime de plus en plus!

petit Bac spécial Pratchett. catégorie Métier: le mage

1 commentaire:

  1. J'ai beaucoup apprécié la lecture de ce dix-septième tome. C'est toujours bourré de références et d'humour. Comme tu dis, c'est plus profond que ça n'y paraît.
    En tout cas, avec Rincevent dans les parages, c'est le grand délire assuré! Il est passé pro dans l'art de la fuite celui-là. ;)

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