info: cette chronique a d'abord été publiée en 2008 sur le site Peppermint-blues, pour lequel j'ai chroniqué également concerts, CD et plusieurs autres BDs. Avec pour consigne de ne pas les publier ailleurs. Le site n'existe plus, l'association a été dissoute, je reprends donc mes textes afin de les publier chez moi, considérant la consigne comme caduque. Ce n'est en aucun cas du vol, puisqu'il s'agit de ma production à la base.
Un petit bond en arrière cette fois, pour parler d’un album sorti fin 2004 et passé plutôt inaperçu. Le dessinateur Renaud Dillies ,lauréat dans la catégorie « premier album » du festival d’Angoulême 2004 pour « Betty Blues » - qui, malgré son titre, dégageait une ambiance plutôt Jazzy – continue sur sa lancée et se penche sur le blues avec « Sumato ».
Autant le dire tout de suite, le graphisme volontairement naïf et la représentation animalière risquent de ne pas plaire à tout le monde, d’autant qu’il n’est pas a priori un album estampillé « jeunesse ». En effet, le format et le style de narration font plutôt penser au roman graphique avec beaucoup de planches muettes. Un album hybride assez difficile à définir.
Donc, la trame en quelques mots. Elle est simple comme bonjour : C’est l’histoire de Sumato, un chat bassiste et son inséparable copain Herbie, le lapin harmoniciste, qui font le bœuf ensemble après une journée de travail sans grand intérêt, trouvant dans la musique leur seule raison de vivre. Jusque au jour où l’occasion se présente pour eux d’aller jouer dans un festival. Pour Herbie, c’est l’occasion de tenter sa chance. Pour Sumato, c’est l’occasion de partir à la recherche de Sally, jolie minette chanteuse qui l’a fasciné un soir dans un bar. On y croise également des chiens policiers bornés, un loup pianiste répondant au nom de Sonny… Sonny Wolf Williamson, très précisément, et tout un tas d’autres bestioles plus ou moins poissardes.
Il y a de l’humour, on sourit souvent, c’est poétique et joliment tourné, mais les thèmes abordés restent graves .Il est question de maladie, de mort, de perte d’illusions, de solitude. Et les dernières planches sont à ce niveau là, de l’esprit blues à l’état brut, splendidement déprimantes. Au final, l’ambiance est plutôt triste, donc, à éviter peut-être avec un public trop jeune.
Mais, en dépit d’une colorisation un peu trop criarde, et même s’il on est rétif aux mignons petits animaux, l’album mérite qu’on y jette un regard, ne serait-ce que pour cette planche magnifique d’une terre transformée en disque de Sonny Boy Williamson, splendide allégorie du voyage.
A noter que Renaud Dillies, en bon amateur de musique, a également par la suite rendu hommage à sa façon à Django Reinhardt dans « Mélodie au Crépuscule », son troisième album. Un auteur à suivre...
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