Et là, moi qui suis en général plutôt pondérée, je vais d'emblée le dire: ce livre est un bijou! Un bijou de fantaisie ( écrit pourtant par un banquier, ça donne de l'espoir!), d'humour et de bonne humeur.
En fait j'ai eu envie de le lire lorsque je suis tombée, récemment et par hasard, sur le générique d'une série animée de marionnettes des années 80 qui en était adaptée, je me suis immédiatement dit que je l'avais vu, que j'avais beaucoup aimé, mais impossible de me souvenir de l'intrigue.
Et alors je ne regrette pas ma lecteur, amis alors pas du tout: c'est enfantin, mignon mais pas mièvre. Dans la préface, Grahame est présenté comme seul rival crédible de Lewis Carroll, et bien, quitte à m'attirer les foudre de certains, j'ai largement préféré le Vent, moins connu de notre côté de la Manche, à Alice, que j'ai trouvé assez surfait à la lecture.
A la réflexion, j'aimerais beaucoup revoir la série, j'avais 9 ans à l'époque, et c'est sur je ne l'ai pas appréciée à sa juste valeur, je pense que je n'aurais pas autant apprécié le livre à cet âge là d'ailleurs. Non, là , c'est exactement ça, le Mr Crapaud de la vidéo est exactement fidèle a sa version papier, cette taupe et ce rat sont adorables, et connaissant le talent des anglais pour l'animation image pas image, je me dis que j'ai vraiment raté quelque chose.
Non là tout y est, des bestioles anthropomorphes qui caricaturent gentiment les travers humains, tout en gardant leurs caractères animaliers ( on se serre la patte ou on se lisse le pelage, on ne dérange pas un blaireau en hiver pendant qu'il hiberne), de l'amitié, des aventures en forêt ou sur la rivière, le goût du voyage, et le tout au rythme des saisons. Avec en plus un petit vent libertaire qui fait plaisir: car au final, ces petites bêtes ont une philosophie assez hédoniste, et rien ne vaut un pique-nique entre amis au bord de la rivière, avec célébration de la bonne chère en prime et des plaisirs de la glandouille. Tout est prétexte à de joyeux dîners et ça fait plaisir!
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Et la chose totalement inattendue, inespérée et qui fait plaisir: on est dans un monde païen ( ce qui me fait l'intégrer aussi aux adaptations de mythologie grecque): même si ça n'est pas le centre de l'histoire, il y a un clin d'oeil assez savoureux à l'Odyssée au travers des aventures de Mr Crapaud. Mr Crapaud qui après avoir volé une voiture et insulté les représentants de l'autorité se retrouve condamné à 20 ans de prison. Il s'échappera et va errer quelques temps (mais pas les 20 ans annoncés, rassurez-vous), et découvrir à son retour que son domaine a été pris d'assaut par les belettes qui pillent ses réserves et se comportent en maîtres des lieux. Mais Crapaud est un Ulysse bien piteux qui ne parviendrait à rien sans l'aide de ses amis, même si son orgueil et sa vantardise valent l'hubris démesuré de son modèle. Pour le coup, c'est plutôt le discret Mr Taupe qui serait plutôt la taupe aux mille ruses.Vous n'êtes pas convaincus, Pourtant le dernier chapitre est clairement intitulé " le retour d'Ulysse".
D'autre part, l'autre référence clairement mythologique est celle du "joueur de pipeau aux portes de l'aube" ( titre du chapitre 7, et accessoirement, je suis ravie de savoir d'où est tiré le titre mystérieux et que je trouvais magnifique du premier album de Pink Floyd: the piper at the gates of dawn). Ce chapitre est un délice, Mr Rat et Mr Taupe font du canot sur les marais à l'aube, entendent une musique mystérieuse et rencontrent une créature fantastique. Pour ceux qui veulent garder le secret et ne pas se gâcher le moment le plus fantasmagorique de l'histoire, je le mets en blanc, tiens, à vous de surligner si vous connaissez ou si ça ne vous dérange pas!
Une créature fantastique donc: des cornes, des pattes de bouc, qui joue de la flûte au pied d'une cascade. Son nom n'est pas dit, mais c'est visiblement le dieu Pan - ou Cernunos? mais non, à cause de la flûte, je penche plus pour Pan. Yep..
Du paganisme!! Youpiiii! (juste pour le plaisir, j'ai visualisé ce passage, et.. ben, il s'est imposé à moi illustré façon Miyazaki, peut-être à cause de l'ambiance forestière qu'il y avait avec les sylvains dans Mononoké et qui me parait assez proche. En fait, je ne vois pas d'autre style qui conviendrait, Disney en ferait à tous les coups un massacre)
Un bijou je vous dis, et qui est bien parti pour être classé dans mon top 20 , si jamais un jour j'en faisais un. En plus, vu mon moral flageolant ces temps-ci c'est exactement ce qu'il me fallait pour commencer l'année de bonne humeur.
Ton enthousiasme débordant me donnerait presque envie de le lire ! Je dis presque, parce que la litté jeunesse ce n'est pas du tout pour moi ;)
RépondreSupprimerUn pur moment de bonheur ! Qu'est-ce que j'ai aimé "Le vent dans les saules", j'y repense toujours avec tendresse. Je l'ai découvert grâce aux éditions Phébus que je ne remercierais jamais assez d'avoir sorti ce texte en français. Pour moi aussi, "Le vent dans les saules" fait partie de mon top 20.
RépondreSupprimerOh ben Phébus j'adore!
RépondreSupprimerMieux que Carroll je signe.
Cette vidéo me dit vaguement quelque chose, des souvenirs flous...
Et je vois qu'on a en commun l'amour de la mythologie et de Miyazaki dont je viens de faire une cure, pendant les Fêtes et jusqu'à hier avec mes enfants!
Bref, noté, noté et renoté ;))
Tu me rappelles un souvenir qui me remonte à mes toutes premières années d'existence là, je suis sûre que j'ai écouté cette émission lorsque j'étais toute jeune ! Merci. Je crois bien que je vais me laisser tenter.
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