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Pourquoi le Cabinet de curiosités?

Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

Vous trouverez donc ici un peu de tout, de ce qui fait ma vie, mes loisirs: musique, lecture, voyages, etc...
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vendredi 28 février 2025

défi "100 disques dans l'année" volume 2, piste 2: février

 alors que m'a proposé Bing pour le mois de février? Cette fois, il fallait me représenter avec un café et des crêpes, mais visiblement, pour Bing,crêpes et pancakes, c'est du pareil au même.

les écouteurs sont n'imp', mais le texte, qui n'aurait pas dû être là est juste Et j'aime l'idée que l'image soit une pochette de disque. Autres erreurs, les couverts, les écouteurs champignons et le.. la.. guitare en lamelles?

Bon c'est le mois de la culture afro-américaine, et forcément, en musique, il y a de quoi faire

Ecoutes (12)
Natalie Cole - Inseparable (1975, disco)
Natalie Cole - Natalie (1976, disco)
Rhoda Scott - Take a Ladder ( 1968, gospel, jazz, instrumental)
Thelonious Monk - The genius of modern music 1 (1951, jazz, instrumental)
Parliament - Up for the down stroke (1974 disco funk), ★coup de coeur monumental pour le très original The Goose, 9 minutes de kif hypnotique
Angelique Ionatos / Katerina Fotinakis - Comme un jardin la nuit ( 2009 folk grec)
Parliament - Chocolate City ( 1975, disco/ funk)
Parliament - Mothership connection ( 1975, disco/funk)
Desmos- Nerantzia (2022, instrumental, folk grec)
Stevie Wonder - The jazz soul of Little Stevie ( 1962, soul)
Stevie Wonder - Tribute to Uncle Ray (1962 Rythm and blues) 11ans, le gamin a 11 ans et sort 2 albums en une année
Meat Loaf - Bat out of Hell II ( 1993 rock)★ pour ceux qui ne connaissent de ce disque que " I would do anything for love", écoutez tout le disque. Je n'aimais pas trop cette chanson un peu nunuche à sa sortie, mais le clip de Michael Bay était original et travaillé. Mais sérieusement tout l'album est énorme, et  j'oublie parfois à quel point j'adore la voix du chanteur
allez, juste pour le plaisir, Bat out of Hell ( du premier album) mettez les sous-titres c'est drôlissime, de voir le décalage entre ( musique pleine d'entrain, douce et inspirante) et ce que racontent les paroles


Avec les 12 du mois dernier, j'en suis à 24, je tiens le rythme!

Podcasts / Livres audios: " Monk, quand un jazzman raconte un génie" (livre audio) de Laurent de Wilde (c'est long donc je continue), toujours les lives de Schkopi sur Twitch et un nouveau venu " loin du ciel", qui malheureusement diffuse le mardi matin, donc si je travaille sur ordinateur, je peux l'écouter en même temps, mais ce n'est pas possible quand il y a réunion... ce qui est le cas presque tous les mardis matins. Et le jeudi matin, mais là, c'est carrément impossible, je travaille en public le jeudi matin. C'est un jeune pianiste et saxophoniste qui propose des sessions d'impro sur twitch entre 9 et 11h00.

Pratique: vais-je faire mieux niveau basson, vais-je trouver l'occasion de chanter?
Piano 17h30, c'est moins bien qu'en janvier, mais j'ai eu beaucoup de choses à faire hors travail, des soucis de santé, et... février n'a que 28 jours au lieu de 31, ça joue!
Basson: 15h15, c'est mieux qu'en janvier, mais forcément comencer le 1° du mois par une grosse répétition + concert, ça dope les résultats!
chant: pas eu du tout le temps :(


autres images

cadrage sympa avec le centrage sur les pancakes

il a essayé de raconter un histoire, mais...je ne porte pas de pantalons troués et le 3 qui se promène, c'est parce que je lui ai dit 3X3cms ( donnée qu'il n'a pas non plus prise en compte).Ha, et ça ce sont plutôt des gaufres les gars... et on ne boit pas la pâte à crêpes industrielle dans une tasse en s'éclairant à la bougie!

j'ai failli sélectionner celle là, pas trop pleine d'erreurs

Mais je note que l'IA me voit toujours bien mieux roulée que je ne suis et quasiment toujours blonde européenne, par défaut. Je ne lui ai donné aucune instruction autre que " femme/ cheveux longs/ pantalon" concernant l'apparence et c'est déjà un problème de voir qu'elle sort une représentation stéréotypée d'étudiante blanche de 15 à 25 ans (une seule image me représente avec des tresses afro, en été). Oui, ça me chiffonne!

dimanche 23 février 2025

Noire , la vie méconnue de Claudette Colvin (BD) - Emilie Plateau

 Une lecture rapide, très rapide, car il s'agit d'une biographie en BD destinée avant tout à un public de jeunes lecteurs, adaptée d'un essai de Tania de Montaigne. Et comment parler à un jeune public français d'une époque , de lois, et d'un pays dont ils ignorent probablement tout?

C'est ce que cette petite bande dessinée ( format A5) tente de faire, de manière simple, avec un graphisme pertinemment en noir, blanc.. et nombreuses nuances de marron, tout comme le teint des gens que l'on appelle par abus de langage " noirs".




Et donc, il faut essayer de s'imaginer: qu'est-ce que ça fait d'être mis de côté à cause de son apparence, quand on est une lycéenne de Montgomery en Alabama, dans les années 50. De s'entendre dire qu'on ne pourra probablement pas faire des études de droit parce qu'on est née du mauvais côté de la loi et de l'american Way of life.
Qu'on n'a pas le droit d'aller au cinéma, de rentrer dans les mêmes magasins, de boire à la même fontaine, d'avoir accès aux même soins de santé que ceux , que par le même abus de langage on appelle les "blancs"

Et que lorsqu'on est assise tranquillement dans un bus, ces gens qu'on ne connait pas ont tout a fait le droit de vois faire lever et vous prendre votre place, simplement parce que la loi les y autorise. Et que le refus d'obtempérer, peut vous conduire en prison. Même une lycéenne.
Qui se voit accusé de fraude, de refus d'obtempérer, et d'agressivité envers les policiers pour avoir refusé. Adieu les études de droit quand on a un casier judiciaire mentionnant une agression envers les policiers.

Difficile de l'expliquer et même pour moi aussi c'est absurde. Et c'est pourtant ce qui s'est passé, une lycéenne a réellement été jugée et condamnée pour voie de fait sur les représentants de l'autorité simplement pour avoir résisté.
L'histoire est assez vite tombée dans l'oubli, malgré le soutien de plusieurs personnes envers Claudette, dont l'encore anonyme Rosa Parks.
Les femmes ont manifesté, boycotté les bus, et faute d'une action véritablement concertée, le boycott a tourné court. ce n'est que lorsque Rosa Parks a, à son tour décidé de se faire, volontairement arrêter, pour le même fait, que l'histoire a fait boule de neige.
Oui mais..
C'était sans compter sur la récupération du mouvement social des femmes par les hommes, qui ont décidé de mettre en avant celle qui leur convenait le mieux - mais sans la laisser s'exprimer. Si Claudette a été la première à s'élever contre une situation injuste, c'est Rosa que l'on a retenu, lui forgeant une image de pauvre couturière inoffensive, alors qu'elle était une militante engagée. Oui mais, Claudette, encore mineure, avait une relation avec un homme marié, blanc qui plus est, et était enceinte. Ce n'est pas l'image que les hommes d'église et politique voulaient donner de leur mouvement: on lisse l'image de la militante, et on cache la " fille dépravée" ( en oubliant commodément que beaucoup de mineures vivant dans la pauvreté devenaient les maîtresses d'hommes mariés, simplement pour pouvoir manger à leur faim)

Mais c'est bel et bien Claudette, effacée du mouvement, qui a été la première a initier la révolte contre des lois dont, ironie du sort, les édiles locaux prétendaient qu'elles étaient là pour éviter les désordres et la violence. En créant une inégalité inacceptable et en contradiction avec les lois fédérales (l'organisation des états-unis est un sacré sac de noeuds entre ce qui dépend de l'organisation fédérale et ce qui dépend de l'état au niveau local, et ce n'est pas rare que ce qui est interdit dans un état soit autorisé dans celui d'à côté, ce qui crée aussi des inégalités entre les citoyens de deux villes distantes de quelques kilomètres, mais situées dans deux états différents). Et s'il y a bien un terreau parfait pour la révolte, c'est l'inégalité.


Malheureusement la situation actuelle ne fait que rappeler que si la ségrégation a été abrogée sur le papier, elle existe encore dans les têtes, et certains mouvements politiques aimeraient bien revenir en 1950.
Et de ce point de vue là, je pense que ce petit ouvrage est un bon début pour expliquer à quel point les " acquis sociaux" sont d'abords des "conquis" sociaux , et toujours fragiles. Et à quel point les luttes doivent être perçues dans leur ensemble: on ne peut pas s'opposer au racisme sans lutter également contre le sexisme, et la pauvreté, et sans garantir aux mineurs le droit à l'égalité des chances. autant dire que dans le cas de Claudette, femme, noire, mineure et pauvre, il y avait de quoi lutter sur tous les fronts. Elle est toujours vivante, et a 85 ans cette année.

vendredi 21 février 2025

Documentaires Netflix blues, jazz, soul

L'été dernier (oui, j'ai pris de l'avance), j'ai profité d'avoir un accès gratuits à Netflix dans la location où j'étais pour mater quelques documentaires et films musicaux.
Il y a eu Rocketman, très bonne ( de mon point de vue) comédie musicale, sur, autour et avec les chansons d'Elton John, j'en parlais ici l'an dernier.

Mais aussi 3 documentaires sur le thème du blues, de la soul et du jazz, issus d'une collection intitulée " Remastered". Donc allons y, non dans l'ordre où je les ai regardés, mais dans l'ordre chronologique


- Devil at the crossroads, le plus court ( 40 minutes), évoque sans grande surprise, Robert Johnson, le prétendu pacte avec le diable, dont on prouve qu'il est un trope de la culture Hoodoo, variante USA du vaudou haïtien, et qu'on retrouve sous différentes formes dans plusieurs chansons de blues. donc Si Robert Johnson et l'enquête menée pour trouve des traces de ce mystérieux et néanmoins mythique bluesman à l'influence colossale, le documentaire évoque d'autres choses intéressantes. L'idée que le blues est "la musique du diable" ne vient pas uniquement des chansons aux thématiques "diaboliques" de Robert , ni de son habitude de s'entraîner à améliorer son jeu de guitare avec Ike Zimmerman dans un cimetière ( pour une évidente raison " ici, que tu joues bien où mal, personne ne viendra se plaindre"), mais de la rivalité entre blues et gospel, prêchée par les églises locales. Pour une question de gros sous. Les musiciens de gospel à l'église gagnaient peu, les bluesman qui animaient la taverne locale étaient payés, et bien mieux qu'en trimant aux champs. La population allait le samedi soir dépenser son maigre salaire au troquet pour boire, manger, faire la fête en écoutant de la musique et, souvent, n'aveient plus un sou à donner à la quête le dimanche matin. Les prêcheurs ont donc décrété que le blues qui leur " volait" leur pécule était une musique diabolique et qu'aller l'écouter ou pire, en jouer, c'était encourir la damnation éternelle.
Cette rivalité musicale entre deux courants pourtant jumeaux en matière d'origine, mais l'un parlant de vie éternelle dans la félicité, et l'autre des tracas du quotidien, a donc été montée de toute pièces pour une histoire de sous. Qui a perduré pendant des décennies, au point que des musiciens jouant des deux styles le faisaient en douce de l'église pour ne pas s'attirer les foudres des croyants.
Et leurs descendants, la soul pour le gospel, le rock pour le blues ont fini par se réconcilier lorsque des gens comme Ray Charles ont décidé de faire fi des barrières. Mais c'est bien Johnson qui est cité comme père spirituel du Rock par Taj Mahal ou Keith Richards.
Les seuls diables de l'histoire sont la misère, l'alcool, et l'exploitation dont ont été victimes les travailleurs pauvres et noirs des USA. Lorsqu'un bluesman se plaint dans une chanson de sa femme injuste qui le maltraite, le vire de la maison, garde l'argent pour elle, le tabasse, il faut comprendre qu'à l'époque de l'esclavage c'est le maître qui est désigné indirectement. Et à l'époque de la ségrégation, c'est la société dans son ensemble. Ce documentaire est un bon début pour appréhender rapidement  l'importance musicale et culturelle du blues et de Robert Johnson

Et j'ai  bien aimé la solution choisie, sous forme de séquences animées en ombres chinoises, pour pallier le manque de sources visuelles sur Robert Johnson ( 2 photos connues à l'époque du documentaire, une troisième a été trouvée depuis, prise le même jour ( voir les plis sur le rideau) que celle à la cigarette.  Elle nous présente cette fois un Robert souriant, fier de montrer sa guitare à l'objectif.


- The Two killings of Sam Cooke: Après Robert, mort empoisonné à 27 ans, c'est Sam, mort à 33 ans dans des circonstances très mystérieuses et probablement liées à son engagement politique, qui est à l'honneur. Officiellement tué en cas de légitime défense par une propriétaire d'hôtel, après qu'une prostituée se soit plainte d'avoir été enlevée par lui. Les deux femmes avaient des accointances avec la mafia, beaucoup d'argent a disparu ce jour là, mais l'affaire a été étouffée parce que Sam était un musicien, noir et commençait à faire un peu trop parler de lui.

Chanteur de Gospel qui s'était réorienté vers la soul, il commençait à développer des thèmes un peu trop politiques, et son amitié avec Martin Luther King posait problème au gouvernement. D'autant que Sam était riche, ultra populaire et influent, ça aurait pus donner à d'autres noirs l'envie de la suivre Raison1 de s'en débarrasser.
Il avait décidé de fonder sa propre société de production, dans une industrie de la musique noyautée par la mafia, et avait reçus des menaces très directes, dont plusieurs personnes ont été témoins, de la part de mafieux. Raison n°2.
Il s'était rendu compte que son associé dans la maison de production était en train de le doubler par contrat, et qu'il se serait retrouvé salarié de son associé s'il n'avait pas lu le contrat, il s'apprêtait donc  à licencier l'individu. Raison n°3.
Laquelle a été la principale? difficile à dire, car l'enquête a été bâclée, trop de gens bénéficiaient de sa disparition. Il en reste une triste histoire qui ne sera jamais élucidée, un poignée de disques  enregistrés par un chanteur à la voix magnifique qui était entrain d'obliquer vers une seconde partie de carrière encore plus passionnante, et la splendide chanson " A change is gonna come" devenue un hymne des mouvement civiques. Malheureusement, Sam, mort fin 1964, n'aura vu ni le succès de sa chanson, ni la fin de la ségrégation. Mais c'est aussi un moyen de rappeler que la lutte pour l'égalité ne se fait pas seulement via de longs meetings politiques, une lutte armée, aussi et tout autant par le "soft power" qu'est l'art, et en particulier, la musique, sont une fabuleuse manière de vaincre les résistances.


What happened, Miss Simone?: après le blues et la soul, place au jazz (encore que, on l'a dit, plus le temps avance, plus les genres sont poreux). Avec le paradoxe que Nina Simone est devenue une vedette précisément dans un domaine qui n'était pas celui qui l'intéressait.
Son truc c'était le piano, elle n'est devenue chanteuse que parce qu'on le lui a demandé, avec une belle augmentation à la clef, dans le restaurant où elle jouait. Sa voix de mezzo a fait le reste. elle est devenue pianiste de jazz, alors qu'elle se passionnait pour la musique classique et Bach en particulier, mais a échoué à un concours de musique classique simplement à cause de sa couleur de peau. Elle a donc joué ce qu'on attendait d'elle, du jazz et de la soul, mais en les infusant discrètement de sonorités et de techniques classiques.
Et comme Sam Cooke, elle a développé au fil du temps un militantisme social, influencé par les black Panthers et Malcolm X dans son cas. Mais si Sam penchait vers un côté pacifiste, Nina, plus rebelle et agressive, allait vers la lutte ouverte et la détestation des blancs en général.
Lorsqu'elle elle monte en scène pour un concert, c'est de la manière dont un boxeur entre sur un ring. Sa musique c'est son combat. Ce n'est que bien plus tard, après des années d'errance physique ( au Liberia, en suisse, en France, en Hollande) et médicale, qu'une psychose maniaco-dépressive qui lui pourrissait la vie ainsi qu'à ses proches, a finalement été diagnostiquée et soignée lui permettant de vieillir un peu plus en paix avec elle-même. Nina n'est pas une femme aimable, mais c'est une femme passionnante, au talent indéniable. en plus d'une illustration du plafond de verre auquel même une musicienne hyper talentueuse a pu se heurter, du fait d'être à la fois une femme, et noire aux USA dans les années 1950.

Donc trois documentaires, de durées diverses, sur 3 musiciens marquants, dans 3 genres différents. Je réfléchissais au paradoxe, et à l'ironie, que la musique crée par une communauté opprimée et muselée, déplacée d'un continent à l'autre, ait pu être à l'origine de TOUTE la musique actuelle mondiale: rock, hard rock, disco, funk, rap, électro... les genres majeurs actuels dérivent tous à divers degrés du blues et du gospel, et de leurs évolutions. Et trouver un écho jusqu'en Europe et en Asie ( le jazz au Japon, c'est vraiment un truc énorme), en se métissant (ironie, bis) aux cultures locales. Il est parfois difficile d'entendre à priori l'influence afro-américaine dans du rap russe, de l'électro d'Asie Centrale ou du metal d'Inde, et pourtant, c'est bien le cas, de manière de plus en plus imperceptible au fil des décennies, comme le métissage des populations devient de plus en plus complexe à retracer dans le temps d'ailleurs. et c'est quelque chose qui me fait plaisir. Plus les choses se mélangent, moins elles sont définissables et plus ça me convient. Nina a mélangé sa musique de prédilection avec celle de la communauté d'origine pour obtenir quelque chose de nouveau, et ça me parle.

Et là je me dis, vous imaginez ce trio? Robert à la guitare, Nina au piano, Sam au chant?


mardi 18 février 2025

Kiss the sky - JM Dupont et Mezzo (BD)

 Et hop, une trouvaille en rangeant les BDs: hoo une BD qui parle de Jimi Hendrix, mais ça tombe à pic!

Et c'est comme ça qu'une lecture non prévue s'est invitée dans mon programme.


Oui, le format carré est très original, et le graphisme particulier, mais rien de très étrange pour moi, il y a 10 ans j'avais déjà parlé de Love In Vain des mêmes auteurs, et du style très influencé par Crumb. Soit on aime, soit on n'aime pas. Pour moi c'est ok, à un détail près: le graphisme a tendance a être saturé de détail, qu'il faut prendre le temps de regarder.. mais le scénario va a toute vitesse, un peu trop, et on a à peine le temps de comprendre où on en est que déjà.. la case suivante passe à autre chose. Alors certes pour quelqu'un qui est mort à 27 ans les choses vont vite..
Mais c'est assez contradictoire avec la préface qui dit que Hendrix a accumulé des années de galère à jouer dans des clubs de seconde zone qui ont forgé à la fois son caractère et son jeu de guitare.
Or là, non, on a plutôt l'impression que même s'il va d'échec en échec, il rencontre très vite tout le gratin musical.
Et là, le graphisme n'aide pas la lisibilité.

Donc bon, ce premier tome , car il y en aura un second, non encore paru, couvre la période qui va de la naissance de Johnny , rebaptisé quelques temps après James, dans une famille pauvre et particulièrement dysfonctionnelle. Sa mère est alcoolique, son père est incapable de garder un emploi bien longtemps, les parents se disputent se battent se quittent, se réconcilient... Johnny et ses frères et soeurs sont placés, puis récupérés au fil des déboires économiques de la famille ( un peu comme le petit poucet que ses parents abandonnent quand ils n'ont pas d'argent, puis récupère, puis ré-abandonnent).
On évoque un peu trop brièvement sa grand mère, métisse cherokee qui lui donne la fierté de ses origines natives, alors que le gamin est moqué par ses camarades, à la fois pour son apparence métisse, le fait d'être gaucher, et son imagination débordante.
La découverte du blues, du rock et de la guitare va changer son destin, puisque partout on lui conseille de s'orienter vers la guitare, pour laquelle il a du goût, plutôt que pour des études ou une carrière à l'armée qui ne le passionnent pas. Une jambe cassée le rendant inapte au service orientera son choix.

Mais James a un problème, qui le met régulièrement hors-jeu dès qu'il trouve un engagement: il est incapable d'être à l'heure. Soit il arrive en retard, soit il loupe carrément le bus de tournée pour avoir trop traîné dans les quartiers louches en compagnie d'entraîneuses de bar. Et bien souvent sa guitare finit au clou pour payer des tournées, ou volée parce qu'il ne l'a pas surveillée. Son indiscipline ne le sert pas plus qu'à l'armée, puisqu'il ne respecte pas le dress code, à une époque ou pour tourner avec les Isley Brothers ou Little Richard, il faut se fondre dans un groupe. quand à se fondre dans la masse quand on a un tempérament de soliste, et qu'on aime faire beaucoup de bruit et imiter le son de l'hélicoptère à la guitare, c'est loin d'être gagné.
Et malheureusement pour lui, les gens qu'ils rencontre sont loin d'être tous honnêtes ou de bon conseil: producteurs mafieux qui lui font signer des contrats très peu avantageux, ou Linda, starlette anglaise, nana de Keith Richard et junkie notoire qui le pousse de plus en plus vers l'addiction au LSD ( en même temps, quand on connaît les penchants de Keith Richards...ce n'est pas une plaisanterie de s'étonner qu'il soit encore en vie)

Et donc ce tome 1 s'achève au moment où James, devenu Jimi pour la scène se voir offrir la possibilité d'aller jouer à Londres, avec pour objectif de rencontrer un guitariste dont les enregistrements lui ont fait forte impression: Eric Clapton. Et sans savoir qu'il ne lui reste que 4 ans à vivre. Et donc ces 4 ans, seront l'objet du futur tome 2. Et il va y avoir à dire puisque c'est là qu'il va devenir la star internationale encore régulièrement cité en premier place des tops de meilleurs guitaristes.

De mon point de vue ça vaut ce que ça vaut, puisque la musique n'est pas un concours et qu'on ne peut pas l'évaluer objectivement: le psychédélisme de Jimi peut dérouter certains, et je trouve inadmissible de ne pas avoir Rory Gallagher dans les meilleurs, alors qu'il est cité  comme influence majeur par Brian May, souvent.. placé dans les 10 premiers.
Et souvent je me demande si cette constante première place de Hendrix est réellement due à ses enregistrements, peu nombreux, ou a une forme d'autocensure: le mec est une star, il est considéré comme premier, on perdrait de la crédibilité en ne le nommant pas. Dans le fond, est-ce qu'il est n°1 juste parce qu'il est connu et que sa trajectoire ultra rapide a marqué les mémoire, plus donc parce qu'il est devenu une légende que pour sa musique.
Personnellement j'aime bien parce que c'est souvent presque expérimental, mais on sait aussi que les gens qui font ces classements n'aiment en général pas ce qui est expérimental.  Gros mystère là dedans, mais j'ai l'impression  que bien peu de ceux qui font ces classements l'écoutent réellement.
Un peu comme les "10 livres qu'ils faut avoir lu", toujours la même liste reproduite tous les ans dans les journaux, et .. que très peu de gens ont lus en fait. Une liste vernis, bien taillée au cordeau, et qui ne fait pas de vagues ( essayez pour voir de mettre Zappa ou Steve Vai, ou Joe Satriani n°1.. tollé général).
Et bizarrement, j'ai l'impression que cette "monumentalisation" n'est pas vraiment ce que cet électron libre recherchait dans la musique.

Donc une BD, pas mal, au graphisme ardu, à la narration parfois difficile à suivre ( surtout pour ceux qui connaissent peu les références, les néophytes auront peut être du mal a apprécier les références que sont Solomon Burke, Bobby Womack, Albert King... et leur réelle importance musicale). J'ai du mal a définir qui est le public visé: des gens déjà au fait de la musique, qui sauront de qui et quoi on parle, mais qui ne seront peut-être pas franchement tentés par une biographie d' Hendrix en BD? Ou des curieux qui connaissent de nom Hendrix, veulent en savoir plus et seront perdus ( si moi je l'ai trouvé confus, alors que je ne suis ni spécialiste, ni néophyte, c'est pas une très bonne nouvelle)
Mais je lirai quand même le second tome, parce que j'aime bien le style roman graphique et le parti pris visuel assez exigeant, et qui n'essaye pas d'enjoliver (la junkie n'est pas rendue jolie... elle a une tête de junkie, et s'il faut représenter quelqu'un en train de vomir sa gueule de bois, le dessinateur le fait). Et j'aime bien l'évocation de l'année au travers des couvertures de disques et des titres de journaux dispersés ici et là.

Votre Attention est votre superpouvoir - Fabien Olicard

 Petite pause dans le challenge afro-américain!

Voilà, je continue, après avoir lu le tome consacré à la gestion du temps, c'est celui sur l'attention que j'ai eu l'occasion de lire.
Les deux se recoupent d'ailleurs, puisque pour pouvoir s'organiser efficacement, encore faut-il être attentif.
Et l'attention c'est le fond de commerce de Fabien, ou plutôt savoir la détourner, puisqu'il est prestidigitateur de métier.
Tout part d'une constatation qu'il a faite au fil de ses années sur scène et des conférences qu'il donne: il est de plus en plus difficile de capter l'attention des spectateurs, et de la retenir. Le temps d'attentiond etout un chacun est de plus en plus court. Constat partagé par Bernard Werber ( qui préface ici), lequel s'est rendu compte que s'il avait du mal à s'organiser, c'est que son attention était happée par d'autre choses ( un casual game en ligne où il passait plus de temps qu'il ne le pensait en fait).




Donc leur idée à tout deux est de chercher d'où vient cette perte d'attention, quels sont les distracteurs...
Spoiler ça implique le système de récompense du cerveau, que des publicitaires particulièrement pernicieux savent utiliser à leur profit ( quand je disais précédemment que je vois ma mère des heures durant sur un casual game.. Ce ne serait pas un problème si elle n'avait pas un déficit chronique d'attention qui fait qu'elle arrive à la fin de la journée en disant qu'elle n'a pas eu le temps de ceci ou celà. Faux, elle l'avait... et l'a mal utilisé. Si c'est un choix ce n'est pas un problème, mais a partir du moment où on se plaint,  c'est un problème. Et pour y remédier, il faut d'abord y remédier et oui, ça peut être douloureux.
Fabien nous propose de commencer par passer 1 ou 2 minutes sans rien faire. Vraiment rien, juste en branchant un minuteur et en attendant. Puis de définir si ça a été agréable, normal, angoissant, exaspérant. Si l'adjectif est négatif, c'est mauvais signe, puisque le cerveau est en manque, drogué à la sollicitation au point de ne pas supporter une ou deux minutes de rien, c'est mal parti.
Il propose aussi d'observer, les autre set soi même: est-ce qu'on prend son téléphone au réveil, dans les premières minutes, est-ce qu'on délaisse parfois des tâches urgentes pour aller vers... un jeu, du scroll vide, quelque chose qui ne sert qu'a s'occuper les yeux et les mains? ( ouf je n'utilise jamais mon téléphone au réveil même quand je suis en vacances. Il y a d'abord le réveil, la douche.. et souvent je ne l'allume pas avant midi. Quand je m'en sers dans la matinée c'est 9 fois sur 10 pour écouter un podcast, répondre à mes mails. Oui il m'arrive de doom-scroller, mais pas quand j'ai autre chose à faire, et en tout cas, je ne remplacerai pas une session de musique par du surf vide, je le fais quand j'ai du temps, envie de faire une pause, et il est rare que ça dure très longtemps.
Mais ici il identifie des distracteurs, les pires étant les jeux casual et les sites de vidéos courtes, types Tik Tok, qui n'apportent pas grand chose, occupent l'attention avec des couleurs vives, des musiques agressives, des principes de jeu rapides et simples dans le principe mais qui demandent de revenir souvent, or.. 5 minutes multipliées par plusieurs fois dans la journée, ça peut devenir des heures. Et pareil le lendemain.
Le pire du pire étant les vidéos qui se lancent seules et s'enchaînent sans qu'on n'ait même a chercher quoi regarder ensuite ( que je déteste ce principe. Et je ne fous pas les pieds sur Tik tok qui est TOUT ce que je déteste). Car non seulement le contenu qui est mis en avant est celui qui est populaire, et non celui qui est pertinent, mais en plus le cerveau prend l'habitude de ne plus chercher, même si ça ne l'enthousiasme pas plus...

Je crois que dans ce domaine je suis sauvée par , précisément, mon manque d'attention. Mon cerveau déteste les sur sollicitations et fatigue vide lorsqu'il y a trop de bruit, de couleurs, de lumières, je fais très vite une saturation sensorielle et j'ai besoin de calme, de silence et d'être dans la pénombre à laisser divaguer mon esprit.
Sachant que je suis capable d'être distraite très rapidement par la moindre sollicitation si ce que je fais m'intéresse peu, mais paradoxalement de rester concentrée plusieurs heures sur quelque chose si ça m'intéresse beaucoup ( 3h00 de répétition d'orchestre? Même pas peur, s'il y a une pause pipi quand même!)

Mais même si je ne suis pas la personne la plus inattentive, j'ai quand même conscience de ce problème d'attention quand je ne suis pas très concernée (haaa, le juke box mental qui se met en musique d'attente pendant que le directeur s'autocongratule de ses résultats dans une réunion de 2h30 qui aurait pu être un mail. Mais pour moi c'est une chance)
Par contre si quelque chose m'intéresse, je ne suis là pour personne et capable de répondre assez impoliment aux gens qui me dérangent (je ne sais pas bien placer les curseurs des attentes sociales et des implicites, qui me paraissent souvent des conventions absurdes. Et si je ne comprends pas, je ne vois pas de raison de faire semblant pour "préserver la face". Oui, je suis ce qu'on appelle régulièrement une connasse, et je m'en fiche en plus. Les gens n'ont qu'a être clairs sur ce qu'ils veulent, et dire dans quel délai ils le veulent, il n'y aura pas de malentendu, mais c'est un autre débat)

Donc l'attention s 'amenuise, c'est.. je n'irai pas jusqu'à dire un complot, mais disons qu'il y a des gens qui trouvent leur avantage à avoir des inattentifs en face. Si c'est un prestidigitateur, pas de souci, on le sait. si c'est un publicitaire qui fait prendre des vessies pour des lanternes, c'est autre chose. Si c'est un politicien qui attire l'attention ailleurs pour faire passer en douce des lois qui l'avantagent lui, là, on s'approche de l'illégalité. et donc avoir conscience des pièges et de ce qu'ont à y gagner ceux qui les tendent, c'est important, au delà de grappiller quelques minutes ici ou là.

Et le plus drôle c'est que l'auteur sait doser son écriture, et s'adresse exactement...à des lecteurs qui ont déjà perdu le contrôle de leur attention, en proposant des chapitres courts qui se lisent vite.
Donc je maintiens l'avis qui était le mien pour la gestion du temps: je ne suis pas le public le plus visé, mais c'est intéressant, ça se lit vite et on peut trouver quelques idées ( je me suis rendu compte que j'avais 2 jeux à peu près les mêmes sur mon téléphone, qui m'envoyaient trop souvent des notifications de MAJ, et donc, j'en ai supprimé un, celui dont je me servais le moins, histoire de ne plus être sollicitée deux fois au lieu d'une juste pour voir " ha, c'est juste une MAJ du jeu". Je finirai par supprimer l'autre à un moment, quand je m'en serai lassée ce qui arrive toujours à un moment ou un autre, quand ils s'agit de jeux ouvert à niveaux.

lundi 17 février 2025

Thelonius Monk, quand un jazzman rencontre un génie - Laurent de Wilde

Thelonius Monk, pianiste de jazz décédé le 17 février 1982 est aujourd'hui à l'honneur.

Evidemment, j'aurais pu choisir un disque ou un concert, mais j'ai trouvé à la bibliothèque un livre de Laurent de Wilde et sa version audio, qui évoquent le musicien et sa carrière. Allons-y donc pour la version audio, lue par l'auteur.



Et au delà de simplement Monk et ses proches, l'auteur évoque aussi tout le petit monde du jazz des années 30/40/50 ( nécessaire pour mesurer justement l'apport de Monk et la révolution Be bop, c'est impossible si on ne présente pas ce qui se faisait avant).
Et donc au delà du be bop, c'est un ouvrage très complet, où l'auteur n'hésite pas à dériver de manière volontiers humoristique et lyrique, dans une déclaration d'amour au rythme, et à la paire de musiciens qui le font:  (contre)basse et batterie, dans un ouvrage pourtant dédié à un pianiste (qui certes d'après L de Wilde, a la particularité de jouer plutôt comme un vibraphoniste, donc un percussionniste, ce qui fait sa patte personnelle)
On y entend donc parler des nombreux musiciens avec qui Monk a travaillé longtemps ou brièvement: Dizzie Gillespie, Charlie Parker, Miles Davis, Art Blakey... ou Mary Lou Williams ( tiens  une musicienne que je ne connais pas, mais mentionnée comme excellente pianiste, j'en prends note, si j'ose dire)

Mais  il ne passe pas sous silence l'importance des non musiciens, du moins, non professionnels qui ont aidé les jazzmen à se faire connaître, pour la plupart d'ailleurs européens ou d'ascendance européenne et donc... enclins à écouter le jazz pour ce qu'il est de la musique dont les interprètes s'avèrent être noirs. Et non " de la musique de noirs".  Mécènes comme la richissime et savoureusement excentrique Pannonica de Koenigswarter, producteurs inspirés comme Alfred et Lorraine Lion, sans qui les musiciens n'auraient pas eu la possibilité d'être écoutés... ni les ingénieurs du son, d'ailleurs.

J'ai beaucoup aimé cette évocation, qui parlera non seulement à ceux qui veulent en savoir plus sur Monk en particulier, ou sur le jazz, ou même sur le panorama culturel des USA de l'entre deux guerres et des années 50. Je pense que je l'aurais même moins apprécié en simple lecture, car la narration lue par l'auteur, est haute en couleurs et en enthousiasme communicatif. LE gars est passionné par ce qu'il fait, ça s'entend, et c'est réjouissiant

Et comme Thelonious n'est pas forcément le jazzman le plus connu du grand public ou écouté de nos jours, quoi de mieux que de tenter?
Voilà de quoi compléter la lecture ou l'écoute du livre de Laurent de Wilde, d'autant qu'il mentionne certains des titres disponibles sur ces deux disques ( ici en playlist youtube).
Genius of modern music:
Disque 1
Disque 2
Evidemment en 2025, ça sonne plutôt familier, dans le sens où c'est presque devenu ce qu'on imagine par défaut du jazz, mais L De Wilde nous explique en long en large et en travers pourquoi Monk était particulièrement novateur et a révolution la pratique de son instrument au même titre que John Coltrane a révolutionné le Saxo et Miles Davis la trompette.

dimanche 16 février 2025

Black Far west / Black cowboys ( documentaires ARTE)

 On continue avec l'histoire. J'ai évoqué précédemment et rapidement les buffalo soldiers du fort Huachuca , on poursuit avec la même époque.

Bien dans la thématique de ce mois, ARTE repropose pour quelques jours deux documentaires qui remettent un peu de couleurs dans la mythologie un peu trop monochrome du western. Passé à la moulinette du cinéma, la représentation classique " héroïque cowboy blanc vs méchant indien" étant très très loin de la réalité.
Déjà parce que le travail de était un travail agricole bien peu glorieux, souvent dangereux et sous payé, dont on l'a dit dans le précédent podcast, le coeur du métier était de rassembler des troupeaux de bovins semi sauvages pour les diriger vers la filière bouchère. Des travailleurs agricoles, donc.
Ensuite que " la représentation des autochtones, vivants en tipis pourtant des plumes sur la tête nie la réalité tout aussi multiculturelle des différentes tribus. Que ce soit au niveau de la langue, de la nourriture, des vêtements, des conditions de vie, il n'y a pas grand chose de commun entre les Aléoutes d'Alaska et les Apaches du Texas, les Séminoles de Floride ou les Algonqins du Canada.
Et lorsqu'il s'agit de la représentation des afro-américains et des mexicains, là, les westerns semblent aux abonnés absents.
Ils sont dans l'angle mort. Il a déjà fallu attendre longtemps pour avoir un film centré sur les bataillons noirs ou mixtes de la Guerre de Sécession. Or s'il y avait des noirs dans l'armée en 1860, et des centaines de milliers d'ouvriers agricoles noirs dans tout le sud, le pays était déjà beaucoup plus mixte qu'on veut bien le dire.
Une fois la guerre finie, et l'esclavage aboli, tous ces gens nés esclaves ayant finalement peu d'autres choix que rester sur place et travailler exactement comme avant, pour un maître devenu employeur mais qui payait mal, ou partir vers l'ouest là où leur compétence pour les travaux agricoles leur permettait de proposer leurs services contre salaire en faisant jouer la concurrence, le choix a été vite fait: travail dur et mal payé sous les ordres de la même personne qu'avant ou travail dur et mal payé mais avec une relative indépendance?
D'autres ont mis a profit la possibilité de faire des études, d'opter pour des carrières administratives, d'intégrer l'armée.

On évoque donc dans ce premier documentaire quelques parcours: Henry Bibb, journaliste; James Beckwourth , trappeur:; Bass Reeves, marshall; Nat Love, cow-boy, Mary Fields, postière et conductrice de diligence;  et quelques autres trop nombreux pour être nommés, ou simplement rapidement mentionnés les nombreux Buffalo Soldiers de la guerre de sécession
Black far west ( environ 1H30)
https://www.arte.tv/fr/videos/102989-000-A/black-far-west-une-contre-histoire-de-l-ouest/

Ce qui est particulièrement intéressant est la mention, rarement faite, de la position entre-deux des natifs: certaines tribus ont collaboré avec les esclaves ou anciens esclaves en fuite, mais d'autres avaient déjà intégré un mode de vie blanc, " civilisé" dans lequel la possession d'esclaves était presque un passage obligé, un indicateur de civilisation. Henry Bibb a été esclave chez des blancs puis chez des planteurs natifs et a donc vu les deux côtés.. et précise que la seconde condition était incomparablement meilleure ( visiblement c'était la possession d'esclaves qui comptait pour gagner sa place en société, pas le fait de les faire travailler comme des bêtes de somme et de les maltraiter).
Inversement, les anciens esclaves n'étaient pas tous du côté des autres opprimés, puisque pour se "blanchir" aux yeux de la société, il fallait adopter les même coutumes que les blanc, parmi lesquelles la détestation des natifs. Certains étaient même probablement sincèrement persuadés que les natifs étaient des rivaux dans la posessions des terres, une situation que bien sûr les autorités blanches se sont empressées d'entretenir, de même que les dissensions entre différentes tribus
Imaginez seulement si une grande quantité d'anciens esclaves, très mobiles s'était alliée à une grande quantité de natifs très mobiles, tous fins connaisseurs de la région, expert dans le dressage des chevaux, et pouvant bloquer toutes les productions agricoles.  Ca aurait mené à une révolution , et probablement que le paysage politique actuel serait extrêmement différent.

Black cow-boys ( 25'): Et si on allait au far EAST?

pour situer, le Queens est en vert, le New-York touristique est en Rose


Et voilà qui complète parfaitement, puisque ce court reportage parle moins des légendes de l'ouest que des gens, tout à fait contemporains, qui tentent à la fois de faire connaître l'histoire méconnue des afro-américains qui ont fait l'ouest à une population contemporaine et urbaine qui n'a aucune idée de leur existence, et de conserver des reliques de ce passé. Alors qu'ils sont à New-York, donc dans une  région qui n'a absolument aucun lien avec le far west. Il s'agissait à l'origine d'un club équestre situé dans une district éloigné et assez rural de New-York, dans le Queens ( et oui, ça existe et c'est un plaisir de voir cette face bien plus vivable de la ville, pas un gratte ciel à l'horizon, des immeubles et maisons basses, des parcs), qui, devant la pression immobilière a dû quitter une zone devenue bien trop chère à louer. Le club existe encore, mais dans un espace bien plus petit et plus urbanisé, où ils ne peuvent plus avoir que quelques stalles et quelques chevaux, qu'ils font sortir dans les parcs.
Cette poignée de passionnés tous afro américains,  travailleurs sociaux, assureurs, employés de bureaux la semaine, deviennent cow-boys le week-end et pendant leurs loisirs, faisant découvrir l'équitation, les soins des chevaux, tout autant que l'histoire aux gens de leur quartier, mais pas que, ils peuvent parfois aller à cheval à Manhattan ou partir dans d'autres états. Une action culturelle et sociale, puisque le club est aussi un endroit de socialisation, où des gamins urbains, souvent de familles pauvres, peuvent se faire des amis de tous âges ( et il y a pas mal de retraités) se faire un  réseau de relations grâce à qui ils peuvent trouver un stage ou un petit job, parler de leur problèmes ( pas de jugement, l'idée est qu'en leur faisant connaitre autre chose dès leur plus jeune âge, ils voient une autre face de la vie que le quartier, la délinquance, la drogue...
Et ces cow-boys urbains sont très drôles, très sympathiques, et toujours partants pour parler de leur loisir, passion, mission avec les quelques touristes qui viennent leur parler dans ce coin peu touristique.

Je me disais que ce serait cool de les mettre en contact avec les gens de ma région (Camargue), où se trouvent peut être encore des descendants de Sioux, qui, de passage au début du XX° siècle avec la tournée de Buffalo Bill ont décidé de rester ici, dans une région alors sauvage qui leur rappelait probablement leur terre natale perdue. J'aimerais voir la rencontre des cow-boys de New York et des sioux de PACA.

Histoire africaine-américaine, un passé marginalisé ( podcast)

 Voilà un des podcasts que j'avais repérés l'an dernier, mais.. pas écoutés à ce moment-là, faute de temps ( il faut dire que j'ai fait fort l'an dernier pour ce qui était des écoutes, et beaucoup moins fort pour ce qui était de la lecture)

4 parties toutes aussi passionnantes les unes que les autres

1: exploiter les masses, exploiter la race, une histoire du capitalisme.

Axé autour du livre "Capital et Race" de l'historienne Sylvie Laurent, voilà un sujet général socio-économique passionnant. Elle est l'invitée de l'émission et détaille de manière précise les liens inextricables entre le capitalisme, et toutes sortes de -ismes dont il dépend, intrinsèquement: le racisme, l'antisémitisme, le sexisme.. et plus généralement l'exploitation des classes défavorisées ( qui, si on y réfléchit bien, ne le sont que parce qu'une classe autoproclamée dominante les défavorise!)

J'ai trouvé extrêmement intéressant de souligner la contemporanéité de l'expulsion des juifs d'Espagne (après avoir chassé les musulmans pendant la "reconquista" ( si vous cherchez l'origine du nom d'un certain parti d'un certain politicien, n'allez pas plus loin) justement achevée en 1492 et la conquête de l'Amérique: D'une part l'Espagne expulse de chez elle des gens identifiés comme indésirable, impossibles à assimiler, et en même temps, elle s'approprie un territoire immense dont elle expulse les légitimes habitants également considérés comme indésirable, un frein à l'appropriation de terres considérées comme vides.
Vides? alors qu'il y avait des millions d'habitants? L'analyse pertinente est que ce ne sont pas à proprement parler des habitants, mais des " naturels", et la nature est, dans la pensée capitaliste, une ressource à exploiter. Les indiens étant rétifs à travailler gratuitement pour les nouveaux" propriétaires", ben.. on les zigouille et pour cultiver ces territoires immenses, il n'y a plus qu'à prendre ailleurs une main d'oeuvre gratuite, considérée comme un matériau à exploiter au maximum. Le parallèle est parlant: les juifs, à qui l'on renie le droit à leur culture, les indiens à qui on renie le droit à leur bien historique, les africains, à qui l'on renie le droit à leur individualité. ( et évidemment plus tard, les femmes aussi, considérées comme des travailleurs gratuits, et cantonnées dans les limites qu'on leur assigne: production d'enfants et travail domestique. Ou de domestiques, c'est du pareil au même. A elles, c'est le droit de choisir leur propre vie qui est renié)
Je regarderai évidemment si ce livre est disponible à la bibliothèque, je le mets d'ores et déjà en PAL.

2 - il était une fois dans l'ouest, les Cow boys noirs: l'épisode est en lien avec la biographie ( pas mal romancée) de Nat Love que je suis en train de lire. Mais oui, c'est fort intéressant de voir comment des années de propagande à travers les shows de Buffalo Bill, les romans et les Westerns ont effacé jusqu'à la conscience que l'histoire du Far west est beaucoup plus multiethnique qu'on ne le pense. Malgré les recensements écrits, nombreux , des gens qui travaillaient en tant  que Cow-Boys ( littéralement , des garçons vachers, ou des bouviers, de suite ça sonne moins mythologie moderne).
Et là aussi la réalité du métier n'a pas grand chose avec le héros de Western.
On parle d'un travail difficile, mal payé, souvent dangereux, qui consistait principalement à rassembler des troupeaux de bovins élevés en semi liberté ( voire en liberté totale, vu les surfaces de plaines), afin de les faire monter dans des wagons à bestiaux, direction Chicago où se trouvaient les principaux abattoirs qui fournissaient les états du nord. Oui on voit le rassemblement des vaches et les wagons à bestiaux dans les westerns, mais il n'est jamais clairement dit que cette étape s'intègre simplement dans une chaine de production bouchère, où la vache de l'ouest va finir dans une assiette bourgeoise à New York ou Chicago. Chaîne agro-alimentaire dont les cow-boys sont un maillon ultra subalterne, et ultra mal payé, bien que le travail des connaissances agricoles très poussées et une excellent condition physique. C'était tellement logique et tellement évident qu'on aurait du y penser: qui avait l'expérience nécessaire, connaissait l'art et la manière de s'occuper des troupeaux, et acceptait un travail difficile même payé une misère, faute de mieux, sinon les anciens esclaves devenus quasiment par la force des choses employés agricoles? Qui avait une connaissance fie de l'élevage et du dressage des chevaux, sinon les peuples natifs et les mexicains? Donc oui, près de 20 à 25% des cow-boys étaient justement d'anciens esclaves affranchis ou leurs enfants, des métis, des natifs, ou des migrants mexicains, qui avaient déjà les qualifications nécessaires et contrairement aux prolétaires blancs qui pouvaient peut être se faire employer dans une usine, ou devenir petits commerçants, il n'y avait pas trop pour eux d'autre débouchés. D'ailleurs Nat Love a lui même troqué sa tenue de vacher contre un uniforme d'employé ferroviaire lorsque la compagnie Pullman a décidé d'employer exclusivement des afros américains (considérés comme ayant un profil naturellement soumis ET une endurance forgée par l'expérience agricole). Le cheval de fer plutôt que le cheval, un travail moins dangereux, plus stable, et malgré tout mieux payé.

3 - 1941, une armée noire dans le désert: Il est question ici du fort Huachuca, à la frontière mexicaine. Auparavant poste réservé aux Buffalo soldiers pendant les "guerres indiennes", il a été réutilisé pendant  les guerres mondiales comme lieu d'entrainement de garnison des soldats noir de l'armée américaine. C'est étonnamment en travaillant sur la ségrégation en milieu hospitalier que l'historienne Pauline Peretz en a entendu parler et a décidé de s'y intéresser. Car l'endroit était assez curieux et plus mixte que bien d'autres, alors qu'il est situé en plein dans le sud des USA.
Mais on y trouvait une médecine de pointe, le nec plus ultra de la médecine moderne lors de la seconde guerre mondiale, exactement à cause de la ségrégation. Ca parait étrange, mais...ce qu'elle explique c'est que les armées noires avaient des officiers noirs et des médecins noirs. Ceux ci ne pouvaient pas intégrer un corps blanc, car il était interdit à des noirs de donner des ordres aux blancs. Mais elles pouvaient être dirigées par des officiers et médecins blancs. Sauf que dans leurs cas, être affectés à un régiment noir était une punition pour les mauvais éléments. Tandis que les officiers et médecins noirs qui y étaient affectés étaient l'élite: ceux qui venaient de famille riches, ou avaient pu se distinguer par leurs résultats, et notamment pour les  médecins avaient été formés en Europe, où des spécialités comme la psychiatrie étaient ouvertes aux étudiants américains qui avaient de bons résultats.
Le paradoxe a été donc d'avoir côte à côte en plein désert, un hôpital vétuste avec des médecins blancs compétents, et juste à côté, une médecine de pointe, du matériel dernier cri, des médecins ultra compétents mais noirs.Les hôpitaux militaires en région isolaient soignaient aussi la population locale, et les autorités tablaient sur le fait que la population blanche préfèrerait être soignée par des blancs.
Erreur. Entre être opéré par un mauvais ou un bon médecin, le choix est vite fait à part d'être un raciste convaincu, et la population , les familles d'officiers blancs, et jusque aux officiers blancs.. ont choisi l'option la plus raisonnable !
Et l'historienne met en avant ce que cette armée, malgré des règles strictes a pu apporter, en formation de spécialistes ( outre les officiers et médecin, il y a tout le volet technique, qu'on laissait volontiers aux noirs.. les USA n'était pas très motivée à armer une population qui pensait-on pourrait se retourner contre la hiérarchie.. et donc qui sont devenus les mécaniciens d'élite? Et aussi les mécaniciennes, car l'armée s'ouvrant progressivement aux femmes, ça a aussi été l'occasion d'émancipation féminine par le travail, des femmes y voyant l'occasion de trouver un travail stable, d'acquérir des compétences qui leur étaient refusées dans la vie civile: devenir mécaniciennes ou conductrices de camions, de pouvoir être indépendantes économiquement sans devoir rendre des comptes à un mari ou à leur famille, et avec en plus l'aura de participer à l'effort de guerre. C'est super intéressant.

4 - Artistes et militantes, les anthropologues: Portraits de 3 femmes anthropologues, qui avaient également d'autres chapeaux:
Zora Neale Hurston, écrivaine, Eslanda Robeson, journaliste, Katherine Dunham, danseuse et chorégraphes avaient toutes trois une formation d'anthropologues et ont mis a profit leur statut de femmes noires méricaine et leur formation pour pouvoir aller.. voir si l'herbe était plus verte ailleurs. Et Revenir au pays avec une militantisme chevillé au corps. Dans l'idée générale, une anthropologue est forcément un homme blanc.. or non. Par contre il y a de fortes chances qu'il ne s'intéresse pas du tout à la condition féminine ou des minorités, soit qu'elle ne l'intéresse pas soit qu'il ne la voie pas par une forme de myopie culturelle.
Je suis très curieuse de voir les chorégraphie de Katherine Dunham, inspirées des danses antillaises et le film ou Eslanda Robeson et son mari Paul ( célèbre chanteur et acteur, dôté d'une voix de basse somptueuse) ont joué..à Marseille. Une adaptation du roman Banjo de Claude McKay que j'ai aussi mis sur ma liste " à lire" et qui se passe à Marseille.

4 fois 50 minutes absolument passionnantes, a écouter sans plus tarder!

jeudi 6 février 2025

6 février, on écoute Natalie Cole et Bob Marley

 ET aujourd'hui encore, deux anniversaire, donc deux personnes à mettre à l'honneur ( même si techniquement une seule relève du challenge afro américain)

Après avoir parlé de Nat King Cole l'an dernier, c'est sa fille Natalie, née le 6 février 1950, et elle aussi chanteuse, qui est mise en avant aujourd'hui. Pour le grand public elle s'est faite surtout connaître par le duo impossible qu'elle a fait avec son père, décédé alors qu'elle avait 14 ans. Et je ne m'en lasse pas, c'est adorable..




Mais avant ça, elle a débuté une carrière solo plutôt disco... et donc je vous propose ses deux premiers albums. Et oui, en étant la fille d'un célèbre chanteur/ pianiste et d'une chanteuse qui a travaillé avec Duke Ellington, elle a eu dès l'enfance de sérieux exemples musicaux.

Inseparable ( je ne peux pas m'empêcher d'y voir une référence à son père qui visiblement lui manquait beaucoup) Tous les titres, absolument tous les titres de cet albums et du suivant, simplement intitulé Natalie, qui sont semblent être  des chansons d'amour assez standards, pourraient aussi bien être dédiées à feu son père: Needing you, inseparable, everlasting love, I live him so much, your face stays in my mind, heaven is with you, mr Melody, Can we get toether again, good morning heartache.. ) la musique est souvent joyeuse, mais  j'ai quand même bien l'impression que c'est d'amour familial et que lorsqu'elle parle de fin d'une relation, c'est à mots couverts, la mort de son père qui est évoquée

Et Bob Marley.. je ne vous fais pas l'affront de le présenter, et vu son importance dans le monde musical, je ne voulais pas l'écarter non plus. On passe donc du jazz au reggae.
Bob Marley est né le 6 février 1945. Et bien qu'il ne soit pas américain, on s'écoute son album Confrontation. Parce qu'il y a dessus Buffalo Soldier, un de ses titres majeurs, et que je vais y faire référence d'en un futur très proche. Les Buffalo soldiers étant les membre des régiment noirs pendant la guerre de Sécession, ça me permet d'amener le prochain sujet..

mercredi 5 février 2025

Delta blues café ( BD) - P Charlot et Miras


 L'avantage de bosser ( en partie) à couvrir des livres en bibliothèque, c'est que je vois passer des ouvrages qui me tentent et que je peux me mettre de côté et lire avant même de les envoyer en circuit de prêt.
Telle cette BD.. Delta blues café,  hooo, une BD, sur le thème du blues... mais ce sera parfait pour le défi de février!

Et donc, là encore j'ai pris de l'avance en la lisant à l'automne dernier. Elle n'est pas exceptionnelle, mais très sympathique.

Je déconseille quand même de jouer de la guitare avec des ongles pareils. Déjà, parce que le vernis ne tiendrait pas plus de quelques minutes, que pour la main qui gratte les cordes passe encore ( mais pour celle qui appuie sur les cordes, c'est mort), mais aussi que les ongles longs c'est surtout pour la guitare classique - c'est même un fort indice qui signale un guitariste classique, longs d'un coté, courts de l'autre. L'idéal est même de les tailler en biais.

Sur le principe du road ^movie, on suit parcours de Laup Grangé (Laup, comme Paul à l'envers, il explique que c'est le prénom d'un ancêtre esclave que ses maitres n'ont pas daigné doter d'un prénom chrétien). Laup est guyanais, parfaitement bilingue, acteur et vient de tenir le rôle de Robert Johnson dans un film en noir et blanc, acclamé par la critique. Mais dénigré par la seule personne dont Laup espérait un commentaire positif: le professeur Moore, vieil érudit excentrique du Mississippi et spécialiste du blues. Moore déteste le film mais n'explique pas pour quoi, Laup va donc lui coller au train pour obtenir une explication: qu'est-ce donc qu'on pourrait reprocher à son film?

Moore est un fanatique de blues, collectionneur de vieux enregistrements, mais ce qui le chiffonne c'est la représentation figée du blues donnée par le film, l'image d'Epinal, le pacte avec le diable, le noir et blanc " pour faire authentique", alors que la couleur devrait être partout, elle faisait partie du quotidien des gens du Mississippi des années 20/30§40. Le refuser, c'est s'enferrer dans des clichés convenus, sacrifier son âme sinon au diable, du moins aux conventions du marketing.
Et le vieux dont la santé décline et qui va bien avoir besoin d'un acolyte jeune et solide, finit par l'embarquer dans sa quête: 60 ans plus tôt, une chanteuse alors célèbre a dédié au professeur, alors jeune musicien, une chanson d'amour. Il n'en y aurait qu'un seul exemplaire, un disque qu'il cherche infructueusement depuis tout ce temps. Or le professeur Moore a quelques raisons de penser que le disque se trouve dans la collection d'un vieil excentrique du coin, un redneck raciste, qui a hérité de son père cette collection d'une musique qu'il déteste, n'écoute jamais, mais se refuse à vendre. Il va donc falloir un peu le convaincre par la peur et la superstition. A ce duo se joint Miss Jezie, gérante du Delta Blues Café, qui conserve vivante la tradition des juke joints, et " assistante"  du professeur. De fait, Jezie est une vieille dame, aussi âgée que lui, aux allures de prêtresse vaudou, la seule personne qui puisse tenir tête à Moore ( la seule personne aussi têtue que lui donc). Il y a aussi Willie Mae, la jeune mère divorcée , serveuse du café, qui plaît bien à Laup.

Donc oui, histoire d'amour, d'amour de la musique, de passation aussi entre deux générations ( et même trois, puisque le fils de Willie grandit dans un café où il peut entendre du blues delta à longueur de temps). Et l'idée de parler de blues en couleurs est respectée, puisque la BD est dotée de couleurs très pimpantes justement.
J'ai vu ici où là des gens à qui elle a rappelé Bagdad Café.. il est vrai, un personnage étranger débarque à l'improviste dans un café au fin fond de l'Amérique Profonde, il y a de ça. Ca m'a aussi un peu fait penser dans l'ambiance à Arizona Dream (et c'est logique, tant Kusturica est lié à la musique, même s'il propulsait de la musique balkanique en plein sud des USA, de manière aussi décalée que son héros venu de la grande ville l'était)
Donc pas incontournable, mais ce qui est intéressant, c'est qu' il peut aussi bien rester un one shot qu'avoir une suite qui prendrait Willie comme personnage central et le café comme lieu de rencontre de personnages tous plus farfelus les uns que les autres. Même si c'est simplement un dyptique, centré sur la nouvelle génération des fans de blues. Je ne serais pas contre!

mardi 4 février 2025

4 février, on écoute Maurice White et Earth Wind And Fire

 Et là,  c'est loin d'être un inconnu, puisqu'on parle du batteur et fondateur de Earth Wind and Fire.

Et donc Maurice White nous a quitté  il y a 9 ans, le 4 février 2016. Ce n'était que le second après David Bowie d'une longue liste, qui fait que j'ai encore du mal à encaisser cette année là.

Un petit Let's Groove pour ne pas déprimer?


Quand j'étais jeune, avec zéro compétence d'anglais, j'ai fait une petite hallucination auditive dont je n'arrive pas à me défaire

Let this groove, set in your shoes
stand up, alright

J'entends toujours " let this groove, c'est quelque chose, un scandale". J'ai beau faire, j'entends toujours ça :D

Allez, pour ceux qui regardaient ciné Dimanche dans les années 80/90 ( les deux films du dimanche soir... Le truc le plus idiot du monde, puisque les gens bossaient/ allaient en cours le lendemain.. la raison en était la loi Leotard, interdisant la diffusion de films les mercredis,  Vendredi soirs , samedis toute la journée, et dimanche après midi, pour éviter que le public ne déserte les cinémas, préférant regarder les films gratuitement à la télé. N'empêche qu'une bonne partie de ma culture ciné classique vient de là et de la SDernière séance), ça va vous rappeler quelque chose: le générique de l'émission était emprunté à "In the Stone" titre d'Earth, Wind and Fire. Je suppose qu'en 1989,  les droits pour utiliser un tube disco vieux de 10 ans, alors que le mouvement disco était mort et enterré, ne devaient pas coûter très cher...

Et pourtant si on connait Earth Wind and Fire ( et donc, Maurice) pour leurs tubes disco, ils étaient déjà connus depuis le début des années 70, donc avant le disco. Et c'était du sacrément bon.. et sacrément barré.
J'aurais pu choisir une compil de leurs titres les plus célèbres, mais ce n'est pas trop mon objectif, on se risque sur du moins connu?

Hop, album intégral, Last Days and Time (1972), le disco n'est pas loin mais ça n'en est pas encore, on est dans un mélange soul/ funk/ jazz.. entrecoupé de mini pistes d'impros au saxo
C'est bizarre donc je kiffe!


lundi 3 février 2025

Lundi Soleil 2025 - Février: paysage hivernal

Une thématique qui est pour moi l'occasion de ressortir mes photos de l'hiver 2021/2022 à Saint Petersbourg.

LA photo dont je suis fière, elle avait servi il y a 2 ans pour "bleu" ou "doré", mais oui, j'en suis contente, église Baroque Saint Nicolas des Marins

Je vous emmène en promenade nocturne dans Saint Pétersbourg sous la neige. La ville est  splendide en temps normal, mais sous la neige, c'est digne d'illustrations de contes slaves:







Et cette année là, j'ai pu faire quelque chose qui ne faisait pas partie de ma bucket list, mais que je n'avais jamais eu l'occasion de faire, et .. probablement que je n'aurais plus l'occasion de faire: me promener à pieds sur un fleuve gelé, pour photographier la berge depuis ce qui est normalement l'eau.

Meessieurs dames, l'arrière de l'Ermitage, vu depuis la Néva gelée

et je n'étais pas la seule à m'y balader


3 février, on écoute Dennis Edwards et Johnny "Guitar" Watson

Je ne vous épargne pas, aujourd'hui il y a 2 anniversaires à fêter.

Dans la catégorie " encore plus oublié que Rick James" il y a Dennis Edwards, que j'ai clairement trouvé en cherchant la liste des gens nés en février. Et j'ai galéré pour trouver en ligne ses enregistrements solos. Né le 3 février 1943, mort le 1° février 2018, il n'a pas eu la chance de fêter son 75° anniversaire.
Et je dis bien solo, parce que l'ami Dennis a en fait été l'un des membres des Temptations à partir de 1968 et jusqu'à 1988. Haaa ben voilà!
Il n'a donc pas participé au tube soul "My girl" (1965) mais était là pour l'autre méga tube qu'est "Papa was a rollin' stone" ( 1972). Yep exactement ce qu'à repris George Michael quelques années après pour en refaire un tube en Europe. sa reprise était très bonne, mais l'original est fiouuu, trompette, basse, violons, et surtout le côté choeur gospel que peuvent donner plusieurs chanteurs et qui donne l'impression que c'est toute une famille qui se plaint de la désertion du paternel. Désolée George, la version des Temptations est quand même supérieure ( et pourtant c'était aussi une reprise du groupe Undisputed Truth)


Allez, on s'écoute tout l'album "All Directions" où se trouve justement ce titre.

Et pour ce qui est de Dennis en Solo, voilà son album "Don't look any further", et la chanson du même titre a été aussi un méga carton ( effet " haaaa mais ouiiiiii, je ne savais pas qui chantait ça", garanti)

Et le second du Joue c'est Johnny "Guitar" Watson, nettement moins inconnu de la fan de blues que je suis.  Je bous laisse deviner à son surnom de quel instrument il jouait. Tiens, il entre dans la liste de janvier dernier, où il y avait comme un étrange lien entre guitare et chapeau.

Et à une époque, années 60, où les emprunts et francisations de tubes blues et soul se faisaient sans vraiment en avoir l'autorisation, un de ses tubes " Cuttin' in", a été disons "popularisé mais en oubliant de citer la source" par Johnny Halliday. Oui, ça fait mal. et je ne suis pas sure que Johnny Watson ait touché le moindre droit d'auteur, ou alors probablement des clopinettes.

Mieux vaut le titre d'origine

Et hop, une playlist pour tenir jusqu'au prochain sujet musical pas plus tard que demain ( et là, c'est quelqu'un qui fait partie des disparus de l'année maudite 2016)

dimanche 2 février 2025

Avoir et se faire Avoir - Eula Biss

 


Curieux titre qui m'a interpellée, il s'agit d'un faux roman/ récit, composé de minis chapitres qui ont plutôt la forme de chroniques qui pourraient être publiées dans des journaux, chacune étant une piste de réflexion de l'autrice. Jusqu'alors locataire dans un quartier pauvre et assez mal famé de Chicago, elle son déménagement dans une maison qu'elle vient d'acheter dans un quartier même pas riche ni bourgeois, mais disons " classe moyenne" est l'occasion de réflexions variés sur la consommation, le fait d'être propriétaire ( c'est encore un graal social aux Etats Unis), d'avoir des objets pratiques ( machine à laver, voiture, meubles..) mais non vitales, choses qu'elle n'avait jamais eu auparavant - moins par moyens que par choix de vie - est l'occasion de diverses réflexions sociales. Parfois basées sur une discussion avec un voisin, un objet vu en vitrine ou chez des amis, une lecture,  un slogan absurde vu dans un catalogue, etc...

Et bien que l'autrice soit une américaine blanche de Chicago, sa réflexion l'emmène souvent à interroger, mentionner les conditions de vies des afro-américains, donc je l'intègre dans le mois afro américain en marge des auteurs pleinement afro-américains, d'autant que beaucoup de ses références sont féministes et antiracistes. En tout cas j'ai découvert quelques noms d'auteurs et d'autrices à chercher.

Consommation:

Le quartier pauvre était le royaume de la débrouille et de l'entraide, le nouveau quartier, où tous sont propriétaire, est beaucoup plus froid, humainement.. Est-ce que le gain de confort n'a pas été la perte d'une plus grande richesse, humainement. Est-ce que je vais devenir une connasses en convoitant des objets. Eula analyse donc les changements que cause chez elle ce nouveau statut de propriétaire;: habituée à la précarité, elle n'arrive pas à se décider pour du durable, passe des heures à choisir une peinture murale parmi des centaintes de teintes quasiment pareilles aux noms si absurdes qu'ils en deviennent poétiques, réfléchit aux sens des mots " consommation", au surnom du liseron " possession vine", qui enserre et étouffe les autres plantes, s'intéresse aux théories de l'économie et du capital et se découvre - avec pas mal d'angoisse - des désirs futile autant qu'irrépressible pour la possession d'objets absolument inutiles. De plus ou moins marxiste, elle se découvre un penchant capitaliste, et ça la met très mal à l'aise. Quelle est la part du gôut personnel et celle du conformisme social dans ce virage?

"Dans l'appartement de son père il y avait sur la table de chevet un bol rempli de magnifiques cerises en verre, que j'ai secrètement convoitées.Molly les trouvait ridicules, emblématiques de la richesse: des fruits qu'on ne peut pas manger"

 
Elle évoque aussi une de ses connaissances, qui a développé une rancoeur face à des membres de sa familles, parce qu'ils ont un joli tapis ancien, qu'elle aimerait avoir sans jamais le leur avoir dit, qu'elle estime que le tapis devrait être à elle, et donc que sa famille, sans rien en savoir, la "spolie" de "son" tapis, qui pour eux n'est qu'un objet.
A travers ces réflexions, c'est tout le rapport ambigu de la société américaine envers la possession et le capitalisme qui est passé au tamis du sarcasme: sa maison est vide car elle n'a pas encore acheté de meubles, un grand magasin veut la louer en y mettant ses meubles, pour reconstituer un "intérieur de grand mère afro-américaine" pour une campagne de publicité. Un intérieur fantasmé par l'Amérique blanche. A côté habite une authentique grand mère noire qui aurait bien besoin de cet argent, mais qui ne correspond pas au cliché souhaité. Car oui, on parle beaucoup de racisme, de sexisme, de luttes des classes: la possession est finalement encore et toujours un marqueur social, donnant l'illusion de prendre un ascenseur social en panne, quitte à s'endetter. Acheter des choses dont on n'a pas l'utilité juste pour épater ses invités pour un dîner lui donne mauvaise conscience, mais c'est presque obligatoire. De fait, la précarité existe, souvent masquée sous l'opulence acquise à crédit.
Evidemment certains points ne sont absolument pas transposables en Europe: nous n'avons en général pas besoin de nous endetter pour faire des études ou aller chez le médecin, et même si le racisme existe, il n'est pas si endémique qu'aux USA (un sujet dont nous débattons souvent avec une copine noire Américaine qui revit littéralement depuis qu'elle habite la moitié du temps en France, voyant la possibilité que sa fille encore mineure, puisse faire un jour des études sans avoir à rembourser ensuite pendant 20 ans ses frais de scolarité). Car si le crédit, et son cortège de dettes, sont aussi répandus en Amérique, c'est parce que toute la société est bâtie autour de la vie à crédit. Le mode de vie frugal et exempt de dettes de Eula est plutôt l'exception.

Travail
Quelle est la différence entre le travail et le labeur, et me donne une piste expliquant pourquoi je suis à peu près inapte à avoir un travail vraiment lucratif: le déguisement. La nécessité de se déguiser, de jouer le rôle qu'on attend de l'employé, du cadre modèle. Je suis une très très mauvaise actrice, et ça me met hors-jeu dans Monopoly social. Ce qui ne me dérange pas, pour moi la richesse est ailleurs que dans l'accumulation d'objets ou la validation sociale.
De manière très intéressante, un parallèle est tracé entre l'apparition des chasses aux sorcières en Europe au moment où le droit de gagner de l'argent avec son travail a été réduit pour les femmes, leur tâche se restreignant à être domestiques de leurs maris et à produire des enfants ( des vieilles femmes, des célibataires, des insoumises.. considérées comme improductives au sens où elles ne produisaient pas de nouveaux travailleurs mâles), au même moment où à commencé la colonisation de l'Amérique; la spoliation des autochtone, et l'emploi d'une main d'oeuvre esclave importée d'Afrique : femmes, esclaves africains, amérindiens expulsés: les laissés-pour-compte d'un capitaliste pensé par les hommes blancs pour les hommes blancs, en se reposant sur le travail gratuit et l'appropriation de tout jusqu'aux corps et à l'esprit des individus.
Bon, suivant ce principe en tant que célibataire sans enfants, je suis aussi une sorcière. Pas grave, je m'en accommode aussi. Et milite ouvertement contre le sexisme, le racisme, l'homophobie et autres -ismes ou -phobies inacceptables. Si on regarde la proportion de riches et de pauvres, on en arrive à la conclusion que oui, les luttes pour légalité sont indissociables les unes des autres, les laissés pour compte sont bien plus nombreux que les dominants. Mais le problème est que pour renverser les dominants, il faut s'allier... mais ne pas créer ensuite un nouveau rapport de domination*

Investissement
: Là encore, Eula se retrouve un peu coincée entre ses opinions marxistes, la nécessité d'avoir un compte en banque, et la conscience de ne pas savoir vraiment à quoi sert l'argent qu'elle y laisse, de ne pas vraiment pouvoir choisir: soit il est investi par la banque dans des actions de pétrochimie, soit on peut demander qu'il ne finance pas les énergies non renouvelable, mais dans ce cas il risque de servir à des entreprises qui ne respectent pas le code du travail, etc... Et ça la met mal à l'aise. C'est un problème pour moi aussi, bien que je n'aie pas un tas d'argent digne de crésus. Et comme elle j'ai un profil d'investisseur le plus bas possible, avec le moins de risques possible ( au grand dam de la conseillère bancaire qui n'a jamais réussi à me convaincre de risquer plus.
Mais en même temps impossible de se passer de banque, et Eula a mauvaise conscience, puisqu'elle veut avoir à la fois des vacances, du temps pour écrire et une retraite un jour lointain (ce n'est clairement pas la nana qui veut être riche, juste vivre décemment. Mais ce décemment ne peut se faire qu'en transigeant avec sa conscience, surtout en étant devenue propriétaire.
J'ai choisi: je refuse d'être propriétaire tant que je peux l'éviter. Malheureusement avec les lois en France, il est parfois plus simple d'acheter un logement que de le louer ( le fameux " gagner 3X le montant du loyer". Je touche 1600 euros par mois, ce qui est très confortable, tant que je partage un loyer avec ma mère. Mais si je devais me loger, je ne pourrais pas dépasser 530 euros, et dans ma région, ça signifie pas vraiment plus qu'un studio au ixième étage dans ascenseur. Donc j'économise, tant que je peux

Comptes: ici, elle fait un peu le bilan de tout le reste, de l'activité d'écrivaine, de sa tentation de démissionner, pour vivre en accord avec ses principes. Mais il est difficile de renoncer au confort quand on s'y habitue. De retourner au vélo quand on a une voiture. Mais il y a aussi tout une réflexion intéressante sur le bénévolat, la gratuité et les femmes. Précisément sur le fait que beaucoup d'activité sont un don ou un échange, des participations bénévole dans des associations, et que , comme par hasard, les bénévoles des associations sont presque toujours des femmes, qui font donc don de leur temps pour le bien commun, temps qui est souvent plus précieux que l'argent ( d'expérience, je dirais qu'en Europe, c'est peut être 75% de femmes, à la totalité selon le domaine d'action de l'association: sport, musique: il y a des hommes. Aide aux gens et animaux, nettement moins. Et lorsqu'il s'agit du bureau qui fait marcher l'association, alors là, les gars se défilent très souvent). Les femmes gagnent moins d'argent que les hommes, MAIS on attend d'elles qu'elles investissent aussi leur temps dans des activités qui bénéficient à d'autres.


Que voilà un ouvrage inhabituel et intéressant, car non seulement il part de réflexions quotidiennes qui peuvent tous nous arriver, mais aussi, explore avec presque gourmandise le vocabulaire et le sens, y compris dans plusieurs langues. Et ponctue son discours de références musicales. Etymologie, linguistique et musique, je ne pouvais que kiffer.
Est-ce qu'un livre peut avoir une bande son? Oui, car certains titres sont mentionnés directement; et donc, la voilà!
Elle convoque autant les Beatles que des comptines ( y compris frère Jacques - en français- tâtonné sur un piano), Dire Straits que RuPaul

Mentionnés sans titres précis
Sade, Genesis, Chaka Khan, Human league, Wu-Tang Clan

Quelques points culturels qui méritent précision:
Kudzu: plante asiatique devenue invasive en Amérique, particulièrement au Canada
culture shaker: sous-branche des quakers, prônant la frugalité et entre autres l'égalité de genres dans le travail, mais aussi le célibat volontaire qui a entraîné in fine leur inévitable disparition. Ils sont connus pour leur design qui rappelle le design épuré scandinave en Europe
culture haïda, culture kwakwaka'wakw: peuples autochtones canadiens
Graphiques du NY times sur la mobilité sociale:  très bien fait, on peut comparer  en choisissant les  catégories sociales d'origine, le genre et les origines ethniques.
The landlord's game
: prototype du Monopoly, inventé par une femme ( qui n'a pas touché un rond de droits d'auteur) et dont ironiquement l'objectif était d'apprendre aux gens à gérer raisonnablement son argent dans une optique socialiste. Double ironie, il est basé sur un jeu du peuple kiowa, et dénonce la spoliation des terres, dont les amérindiens ont été les premières victimes.
Mierle Ukeles: artiste qui s'est intéressée aux tâches de maintenance et en fait le coeur de ses oeuvres.
Marianna Mazzucato : économiste qui prend partie pour le secteur public et non le secteur privé dans le domaine de l'innovation
spy vs spy: comics présentant deux espions, similaires, aux allures d'oiseaux.
The americans : série D'espionnage où des espions du KGB infiltre les USA et doivent apprendre à vivre dans l'american way of life pour passer inaperçu, malgré leur culture soviétique
Toni Cade Bambara: réalisatrice de documentaire , activiste sociale
peuple uduk: ethnie du Soudan
Danica Phelps: Plasticienne et dessinatrice qui représente visuellement ce qu'elle  gagne et dépense sous forme de dessins et de barres.

* J'y repensais en écoutant des podcasts sur la ségrégation aux USA. L'un mentionnait que la plupart des textes de lois stipulaient que les mariages étaient interdits entre un noir et une blanche. Et quasiment jamais l'inverse. Qu'un noir pouvait être lynché pour avoir parlé à une blanche, mais il n'était pas non plus relaté de lynchages de noires qui aurait parlé à des blancs (au contraire, ils allaient s'encanailler auprès des prostituées des quartiers noirs).
Je pense que ça vient d'un clash de domination qui faisait bugger le cerveau des législateurs blancs: pour eux home> femme et blanc> noir. Qu'un homme blanc domine une femme noire, c'est normal , puisque les deux dominations sont cumulées et vont dans le sens choisi un homme blanc est deux fois supérieur à une femme noire.
L'inverse en revanche devait les faire vriller, puisque si homme> femme et blanc> noir, les deux dominations s'annulent, on ne peut imaginer une femme supérieur à un homme ou un noire supérieur à une blanche, diablerie! Une union blanc + noire allait malgré tout dans le sens de l'ordre social, alors qu'une union noir+ blanche le défiait ouvertement. Et comme on supposait les femmes comme inaptes à décider pour elles-mêmes, il fallait légalement les "protéger" de la convoitise de gens considérés comme inférieurs. Supposer qu'elles puissent choisir elles-même consciemment leurs conjoints pour leurs qualités, sans tenir compte de leur origine ethnique était probablement même impensable.