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lundi 6 juin 2022

Leto ( film 2018)

 Difficile de trouver du temps pour regarder des films depuis quelques semaines.

Mais les vacances approchent, et je vais pouvoir peu à peu rattraper mon retard de visionnage.

Donc, nouveau film russe dans la liste , Leto de Kirill Serebbrennikov. Je n'avais pas pu le voir à sa sortie ( j'étais en Belgique, il a avait été présenté en VO un seul jour, un lundi dans l'après midi dans le cadre d'un festival, et j'avais cours à cette heure là...)
Pour ceux qui sont tentés,, il est visible gratuitement sur le site d'ARTE, jusqu'au 28 juin 2022. visionnable en VF, ou VOSTfr ici 

Après il faudra aller le voir en VOD sur universciné, ici 


Ce film raconte les débuts et l'accès à la notoriété de Viktor Tsoï et de son groupe de rock " Kino", à Leningrad dans les années 80, avec l'appui de Mikhaïl " Mike" Naoumenko, chanteur et guitariste du groupe " zoopark", un autre groupe majeur de l'époque. Mike est un musiqien aguerri, chanteur et guitariste mais qui pour survivre pratique aussi un autre métier: gardien d'usine. Il traduit aussi des paroles de chansons de Bowie, Blondie, Lou reed, le Velvet underground , les Sex Pistols, les stooges, les Rolling stones.. en russe, pour que son groupe ou d'autres puisse les interpréter ( ce qui serait maintenant considéré comme du plagiat, mais a été le seul moyen de faire découvrir le rock au public soviétique, de manière détournée. Il est aussi illustrateur et le soir copie les pochettes d'album en dessisn, puisqu'il faut bien que ces réinterprétations aient des jaquettes. a une autre moment, on verra Tsoï vendre des affiches, c'est à dire des dessins qu'il a fait, des copies de posters représentant les vedettes internationales, telles que Marc Bolan, dont il est impossible de trouver des posters en URSS.
au moment où commence le film, Mike est un peu en panne d'inspiration, la rencontre avec viktro et Liona, les deux membres fondateurs du futur groupe Kino, va lui donenr une idée: ces deux là ont un talent certain, une envie de composer du rock authentiquement russe, mais n'ont pas encore trouvé leur style. Mike peut ajouter à ses multiples activités celle de mentor et producteur, et aider à lancer leur carrière. Et c'est cette histoire qui va être racontée.

Tsoï est encore, plus de 30 ans après sa mort, immensément populaire dans les pays russophones. On peut sans problème le considérer comme le symbole du rock soviétique.
Et lorsqu'on étudie le russe , impossible de passer, à côté, il y aura forcément un moment où on se retrouvera à écouter les chansons de Kino. Autant dire qu'avec le statut de superstar du chanteur, un tel film biographique était attendu au tournant.
Et c'est moins au final une vraie biographie des début de Tsoï et Kino qu'un portrait global de la scène rock et alternative russe des années 1980, des aspirations au changement ( et d'ailleurs " changement" sera l'un des titres phares de Kino)

Et la suprise sympa pour moi a été de revoir dans un petit rôle (en durée) mais marquant, l'excellent Alexandre Kuznetsov découvert dans Лучше, чем люди, où je l'avais trouvé vraiment au dessus du lot.
Ici il joue le rôle du " Sceptique", le narrateur en quelque sorte. Qui lorsque le film part dans l'esthétique clip et la fantaisie, vient 
commenter que l'acteur principal " n'est pas ressemblant" ou nous dire que  "Ca ne s'est pas passé comme ça... mais on aurait bien aimé" . Or qu'est-ce qui ne s'est pas passé comme ça? Par exemple , un concert rock où les spectateurs auraent simplement pu se lever, taper des mains, taper des pieds, chanter ensemble. Une bagarre dans un train, entre les punks et les rockers d'un côté et les  bons communistes de la génération d'avant les accusant d'antipatriotisme pour avoir chanté une chanson des Sex Pistol ou de Lou Reed. Ce personnage là vient donc nous rappeller que la réalité de la jeunesse rock en URSS en 1980, ce n'est pas la réalité de la jeunesse rock occidentale de la même époque.

Tout doit être approuvé par un comité qui valide les textes ( qui pour les auteurs à les faire passer pour des textes satiriques, raillant la jeunesse désoeuvrée, quand le vrai sens est plutôt la jeunesse raillant un système politique sclérosé qui les limite au désoeuvrement et à l'inaction en les empêchant de s'exprimer. Mais qui en 1980 aurait seulement pu imaginer que 10 ans plus tard, ce système là volerait en éclat, pas toujours avec des effets positifs d'ailleurs. Le dégel a amené la liberté de parole et la disparition de la censure, mais les effets pervers de la libéralisation de sont aussi faits sentir au niveau économique ( corruption à grande échelle, apparition des oligarques...). Les concerts rocks sont proprets, on s'y assoit bien sagement, brandir une banderole à la gloire du groupe est considéré comme du hooliganisme, il y a un service de sécurité qui veille à ce que la bienséance soit respectée...
On est dans un pays où certaines denrées sont si compliquées à trouvée, qu'une femme peut acheter une tasse de café avec le café dedans à un type qui tient un stand sur une foire aux disques, et ramener en tram la tassse pleine de café qui refoidit, dont elle renverse la moitié dans les transports, à son mari pour lui en faire cadeau, parce qu'il aime le café corsé et que c'est hyper difficile à trouver. Une société où on habite encore dans des appartements communautraires, où tout le monde se rassemble dans la cuisine pour écouter un concert improvisé, pendant que les enfants sont gardés par une voisine.

Le film n'est pas parfait, son esthétique n'a pas mis tout le monde d'accord, certains passages sont un peu longs, mais globablement je l'ai bien aimé. J'ai trouvé les rajouts d'illustrations dans l'image - on aime ou on n'aime pas -utilisés de manière intéressante et pertinente, et suivis en général du commentaire du Sceptique  "tout ça évidemment , ne s'est jamais passé comme ça" ou " on aurait bien voulu".. ce qui rappelle que oui les gens auraient bien voulu agir de manière spontanée, plus libre, voire carrément désordonnée, être punks, se rebeller contre le système.. mais que ça n'était pas possible aussi facilement que d'incruster des dessins dans une image.
Mais que la volonté était quand même là en germe ( des passages où les quidame lambda va commencer à citer en anglais, avec un accent parfois à couper au couteau, des textes de Lou Reed, Bowie ou Iggy Pop... qui pour moi, indiquent la portée universelle de la musique et des aspirations auxquelles elle correspond, mais aussi au fait que quoi qu'on fasse, la cuture rock arrivera tôt ou tard et s'incrustera même malgré les plus rétifs des quidams.)
Le film a d'ailleurs gagné le prix de la meilleure bande son au festival de Cannes, et je confirme, c'est un plaisir à entendre.
J'ai aussi trouvé intéressant d'avoir glissé des allusion au destin de Tsoï: Mike veut qu'il enregistre rapidement: ce gars à la voix si étrange est un ovni, et on ne sait pas ce qui pourrait arriver: arrêter sa carrière pour travailler, se marier et avoir des enfants, être mobilisé en Afghanistan, avoir un accident...
il s'est effectivement marié et a eu un enfant (sans toutefois arrêter sa carrière), l'une de ses plus célèbres chansons parle de mobilisation forcée pour la guerre ( "j'ai mon groupe sanguin inscrit sur ma manche, souhaite- moi bonne chance, souhaite- moi ne pas rester couché sur l 'herbe) , et il est effectivement mort tragiquement jeune (28 ans) dans un accident de voiture.

Une autre chanson, plutôt folk, au titre étrange " concombres en aluminium" me semble parler de travail absurde dans les usines , ce genre de travail dont on disait qu'il était vital pour la patrie ( " je plante des concombres en aluminium dans un chant de bâches, trois sages tchouktches me disant sans cesse " le metal ne pousse pas , le jeune n'en vaut pas la chandelle, le résultat n'est que de la fatigue") Je pense que ces concombres poussent dans une usine d'armement...
Je ne connais pas Zoopark par contre, je vais donc m'y pencher aussi. Mike est lui aussi mort brutalement assez jeune (apparemment d'une hémorragie cérébrale, juste un an après son copain Viktor) et c'est un petit détail assez triste à la fin du film: présenter le premier concert de Kino, avec Mike dans le public, et incruster à côté des deux principaux personnages leurs dates de mort, moins de 10 ans plus tard.

Film avec une chanson que j'aime ( plein en fait)

 

1 commentaire:

  1. Très chouette film musical ! Et bravo pour cette nouvelle catégorie du Movie Challenge !

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