Bienvenue amis curieux!

Pourquoi le Cabinet de curiosités?

Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

Vous trouverez donc ici un peu de tout, de ce qui fait ma vie, mes loisirs: musique, lecture, voyages, etc...
Bonne lecture

Qui passe par ici?

Flag Counter

lundi 13 juin 2022

Les neuf milliards de noms de dieu - Arthur C. Clarke

 Ho, mais que voilà une trouvaille en boîte à livres qui tombe à point nommé pour le mois anglais. Car l'ami Arthur, à la carrière internationale ( né dans le Somerset, mort au Sri Lanka) est bel et bien anglais.
Sa fiche wikipédia m'apprend aussi que par une incroyable ironie du sort, cette pointure de la SF est mort il y a moins de 15 ans, à l'age respectable de 90 ans à l'hôpital... Apollo. Et que son nom a été donné à un astéroïde (c'est souvent le cas pour les auteurs de SF, mais pas seulement: Brian May a aussi un astéroïde à son nom - moins en tant que guitariste - star du rock qu'en tant qu'astrophysicien de métier, hé oui. Et son pote Freddy aussi , mais lui, c'est encore mieux, il avait déjà une planète à son nom :D)

Revenons à nos moutons spatiaux...

Arthur, c'est l'auteur du cycle "l'Odyssée de l'espace" dont le premier tome " 2001" à été adapté au cinéma par Kubrick, rien que ça. auteur également du cycle de Rama, que je me suis promise de lire un jour, quand même. Mais ce grand amateur de cycles littéraires s'est également illustré dans les nouvelles, et même souvent assez brèves.
D'ailleurs je conseillerais de commencer par ça pour le découvrir. En effet, il s'est plutôt spécialisé en Hard SF ( comprendre celle des sciences dures), la branche de la Sf qui s'appuie sur les découvertes de son époque et entend garder la plus grande vraisemblance possible via la rigueur scientigfique. Personnellement je trouve la démarche très intéressante. Elle fait en général moins rêver que les délirants spaces opéra, la SF mélancolique de Bradbury ou l'humour absurde de Brown. Mais elle vaut quand même qu'on s'y penche.

Et donc " Les neufs milliards de noms de dieu et autres nouvelles" ( 8 en tout), publié chez librio est un recueil de nouvelles un peu artificiellement rassemblées. L'une d'elle " l'étoile", figurait déjà au sommaire du 2° tome d'une histoire de la SF, je n'y reviendrai donc pas ici.

A l'époque où les librio ne faisaient que 10 francs...


- Les neufs milliards de noms de dieu: Un lama du Tibet s'adresse à une société américaine ultramoderne, spécialisée en calculatrices de pointe pour avoir une machine un peu modifiée: il faut que la calculatrice suive un programme bvasé non sur des chhigffrss mais sur des lettres, pour composer des mots à 9 lettres maximum. Toutes les combinaisons possibles à 9 lettres possibles et imaginables, avec comme seconds critères que, en fonction de l'alphabet tibétain, la même lettre ne soit pas répétée plus de 3 fois d'affilées. AAABBBCCC, AABBBCCCD.. etc, vous voyez le genre. Les moines planchent sur ça depuis des siècles, mais ça prend trop de temps,de tout écrire à la main, forcément.
Leur objectif: trouver toutes les combinaisons possibles, environ neuf milliards, car parmi elles il y aura TOUS les noms possibles de leurs dieux.

Les américains les prennent pour des fanatiques religieux, mais du moment qu'ils payent, on peut bien leur louer la machine et deux techniciens pour la faire fonctionner. Au fil du temps, les techniciens qui s'ennuient à mourir dans les hauts sommets du Tibet s'interrogent sur l'objectif. Il est simple: les lamas sont persuadés que lorsque tous les noms seront trouvés, sans exception, leur dieu sera satisfait et arrêtera le temps: trouver les noms revient à signer la fin du monde et de... tout en fait. Les américains les considèrent donc comme complètement barrés, mais ça les met bien mal à l'aise quand même. Plutôt en se disant " quel va être notre sort et celui de la compagnie lorsque le programme sera arrivé en fin d'execution, avec des kilomètres de mots de 9 lettres sur des kilomètres de papier et qu'il ne se passera rien.. est- ce qu'on ne risque pas d'être rendus responsables et lynchés par les croyants déçus?".. ou bien est-ce que la prédiction va se réaliser?
Vous savez ce qui m'est venu en tête? Que maintenant, à l'époque des supercalculateurs à je ne sais plus combien de pétaflops par seconde ( ça augmente sans cesse, on planche sur des supercalculateurs en exaflops maintenant), ce que demandent les moines n'est ni plus ni moins qu'un banal craquage par force brute que n'importe quel hacker peut programment les doigts dans le nez. Quelque part, je trouve supetr intéressant d'avoir prédit cette technique en 1953. Ce serait maintenant réglé en quelques heures.

Vous pouvez la lire en anglais ici

- l'étoile: je vous renvoie au lien sur le tome 2 de l'histoire de la SF.

-Supériorité: Un général rendu responsable de la défaite cuisante infligée à son peuple lors d'une guerre spatiale plaide son innocence face à sa condamnation. Le problème n'est pas venu selon lui de négligence mais de l'infériorité technique des ennemis. Comment peut on perdre une guerre alors qu'on a une supériorité technique écrasante?
La réponse est extraordinaire de simplicité: vouloir à tout prix transformer du tout au tout l'armement pendant le déroulement d'un conflit est une très mauvaise idée. Suivant les conseils désastreux d'une équipe scientifique, qui leur a fait miroiter qu'il ne faut plus se contenter d'améliorer des armes existantes , mais qu'il faut en créer de nouvelles auxquelles l'ennemi ne pourra résister. Tout miser sur la supériorité technique. Sauf que ce qui paraît une bonne idée sur le papier, est en pratique une impasse: - - Les nouvelles technologies ne sont pas adaptables aux anciens vaisseaux > il faut en construire de tout nouveaux.
- Les nouvelles technologies demandent une grande quantité personnel hautement qualifié > il faut le temps de le former > il faut un vaisseau civil pour le transporter > si le vaisseau civil ou se trouve les techniciens est perdu l'arme est inutilisable.
- Les nouvelles technologies sont expérimentales, c'est sur el terrain que se révèlent les erreurs > il faut le temps de les réparer ou .. de développer une nouvelle technologie expériementale pour les corriger. Et pendant ce temps, l'ennemi, en infériorité technique, continue à améliorer les armes anciennes et à en fabriquer de telles quantités, qu'il se trouve en supériorité numérique écrasante.
Sous estimer son ennemi, c'est aussi prendre le risque de perdre alors qu'on a la supériorité technique théorique. Sarcastique et efficace. J'ai adoré la chute aussi, tellement anglaise.

-Le mur de ténèbres: Une nouvelle totalement philosophique. Clarke postule un multivers composé de bulles. Dans l'une de ces bulle, un seul système stellaire, composé d'un seul soleil et d'une seule planète. Sur cette planète, vit un jeune garçon dénommé Shervane, qui va partir à la conquète du plus grand mystère: le mur de ténèbres. En effet, dans son monde, il y a au sud de tous les pays, une limite infranchissable, au sujet de laquelle courent toutes sortes de légendes, le mur de ténèbres. Un mur sombre, d'une hauteur gigantesque, d'une matière inconnue, froid que personne n'a jamais pu franchir. Qu'à celà ne tienne, du jour où il apprend son existence Shervane n'a plus comme unique obsession que d'aller voir derrière le mur. Et si on ne peut pas le traverser, ni le percer on peut essayer de passer au dessus. Devenu riche, avec le concours d'un ami architecte, il vont mettre au point un projet colossal: construire un escalier le long du mur, jusqu'en haut et aller voir ce qu'il cache.
Et ce qui les attend est une sur surprise et une énorme déception/ leur monde a bien une limite, mais pas celle qu'ils croyaient. Et liée à l'un des plus fascinants objets géométriques. Attention spoiler: Le mur est un gigantesque anneau de Moebius. Infranchissable, puisque s'avancer au delà, c'est revenir à son point de départ: l'univers n'a pas de limite, il est sa propre limite, sans interieur ni exterieur. Les héros sont condamnés à rester avec une soif inextinguible d'ailleurs, de découverte... et ne pourront jamais quitter leur univers minuscule.Le projet de leur vie est ironiquement tourné en dérision par l'univers même/ spoiler.
Ce genre d'histoire n'est pas nouvelle, on en trouve des exemples dans toute la littérature antique, mais elle a une portée philosophique qui me parle: la curiosité est bien plus souvent déçue que satisfaite, mais l'envie de lointain, de découverte, de défi, de nouveauté est intrinsèque à l'humanité. La frustration aussi. Qu'on soit sur une île, sur un continent, sur une planète, dans un système solaire, dans une bulle d'univers... il y a toujours une limite. La technique permet peu à peu de les repousser, mais il y en aura toujours une autre derrière.  Et là, on touche du doigt la SF que j'aime: ironique, mélancolique, philosophique. De la bien belle SF qui n'a pas que pour vocation de divertir, mais aussi de faire réfléchir.

Avant l'Eden: Une expédition humain se trouve sur Vénus. Ils sont venus vérifier une théorie, selon laquelle de l'eau a l'état liquide a coulé, voire coule peut être encore sur Vénus.Et qui dit eau liquide, même chaude, dit possibilité de vie.
Alors déjà, la nouvelle date de 1960, soit avant l'exploration réelle de Venus: la planète n'a été survolée qu'en 1962, les missions Venera en ont étudié l'atmopsphère au cours des années 1962 à 1969 et les premiers atterissages , les premières photos par les missions Venera datent de 1975, j'en parlais un peu là. Donc contrairement à ce que nous dit Arthur, la température moyenne  sur Vénus n'est pas de 250°C mais de 462°C. Donc au pôle de la planète comme ailleurs, pas moyen d'avoir de fait une température permettant l'existence d'eau liquide et ce qu'elle suppose. Le principal problème outre la température démente est l'atmosphère hautement corrosive d'acide sulfurique et surtout la pression de plus de 90 bar qui écraserait un sous-marin ( la sonde Venera 13 y a vaillamment résisté 2h00, c'est dire la robustesse de l'engin!). Donc bon prière de ne pas prendre pour argent comptant la description d'explorateurs en scaphandre metallique réfrigéré qui parcourent 5 kilomètres à pieds ( ha, j'ai oublié de parler de la densité de l'atmosphère, qui teinte ici étonamment tout de vert émeraude..). Lhistoire d'Arthur est simplement devenue obsolète par les découvertes qui ont été faites 15 ans plus tard.
Et en fait l'histoire pourrait se passer n'importe où: sur une autre planète, dans une autre système solaire, sur Terre dans une vallée éloignée de tout, au fond des océans.. l'important n'est pas qu'elle se passe sur Vénus, mais.. le fait que les explorateurs découvrent effectivement une forme de vie végétale " d'avant l'Eden", une forme de vie qui pourrait être une de celle qui a amené de développement la vie sur Terre, des millions d'années plus tard.
Ey là ironiquement la nouvelle est on ne peut plus d'actualité: cette découverte qui fait dire aux savants que la vie est précieuse, qu'il faut absolument la protéger où qu'elle soit correspond exactement au moment qui va condamner la future vie sur la planète entière. Les germes terrestres involontairement amenés par les terriens contaminent la plante qui n'a pas les moyens de résister à des pathogènes étrangers qui ont, de plus, pu survivre au voyage spatial. Arthur nous précise même d'où ils viennent: les mégots, les verres en plastique (lol) et détritus divers laissés sur place par les humains.
Transposez un peu la chose au sommet de l'Everest. La conclusion est que l'être humain, est doué pour pourrir n'importe quel endroit où il met les pieds, que ce soit volontairement parce qu'il s'en fout, par manque de réflexion à long terme, ou insconsciemment.
On commence à peine à se soucier des microbes terrestres amenés sur Mars, qui peuvent annihiler une potientelle vie locale.
Une fois de plus, de la SF qui si sa forme est dépassée, reste incroyablement d'actualité sur son fond philosophique.

Un été sur Icare: L'ingénieur Colin Sherrard a un gros un très gros problème: il est coincé sur Icar, un astéroïde qui porte bien son nom, surnommé " le bout de terrain le plus ensoleillé du système solaire", et ce n'est pas peu de le dire. Il s'agit d'un caillou de 3 kilomètres de diamètre en orbite à immédiate proximité du soleil, sur lequel une équipe procédait à des prélèvements du côté nuit". Problème, au moment de rentrer, sherrard a eu un problème et son module s'est écrasé au sol, heureusement, côté nuit. Mais pas pour longtemps. Icare tourne sur lui même en 4 heures, et, sa radio étant endommagée, impossible de prévenir, Sherrard doit ramper avec son module insecte tant qu'il lui est possible pour rester côté nuit, jsuqu'à ce qu'on s'aperçoive de son accident et qu'on revienne le chercher. Si l'aube le rattrape, il est foutu, et va griller sur place.
A ma connaissance, Clarke n'a pas écrit de scénario pour la génialissime série "la  4° dimension", et pourtant on est totalement dans cette idée là, celui -ci comme " avant l'Eden" auraient tout à fait pu être des scénarios d'épisodes: angoisse, danger mortel et inélucatable, ironie (et chute " so british"), avec en plus une variation sur le mythe d'Icare et l'aventure au risque.. d'y laisser des plumes et d'être grillé.
( Nota: le roman "les enfants d'Icare" écrit en 1953 ne fait pas mention du mythe dans son titre original " Childhood's end". Qui est aussi celui d'une chanson de Pink Floyd, très influencée par Clarke. Mais aussi de Iron Maiden, je n'ai pas trouvé d'information pour savoir si c'est aussi une référence à Clarke, mais ça ne m'étonnerait pas vu les liens entre Maiden et la littérature en général.  )

Le réfugié: Evénement historique! l'angleterre vient de se doter d'un spatioport et pour marquer l'événement, le capitaine Sanders, texan pur jus qui doit être le chef de la première mission anglo-américaine vers Mars ( une simple mission de ravitaillement de colonie martienne, déjà bien établie), reçoit la visite protocolaire de Henry, prince de Galles, futur roi d'Angleterre. Henry est un fanatique de techonologie, qui rêve d'aller dans l'espâce, chose que son rang lui interdit. donc cette visite d'un vaisseau est , pour une fois, quelque chose qui l'intéresse beaucoup plus que les ennuyeuses mondanités que doit subir à longueur de temps un futur monarque. Pour cet intérêt sincère, pour son intelligence et sa simplicité Henry gagne la sympathie de Saunders. Echange de situation: Saunders le baroudeur, qui dispose de 3 jours libres à Londres se dit qu'il va profiter de cette aubaine pour visiter Londres. Il est allé sur Mars, sur La lune, mais n'a jamais mis les pieds à Londres. Las, Saunders ne peut pas profiter de ses vacances, qu'il va passer en interview et invitations télévisés où on finit toujours pas lui poser la même question " que pensez-vous du futur roi". Saunders comprend que la vie d'une tête couronnée n'est pas de tout repos et espère vite regagner l'espace et l'anonymat. Sauf qu'il se passe exactement ce qu'on devine: Henry ne va pas laisser passer une occasion pareille de mettre en douce un peu de distance entre lui et sa royale famille. Un peu, c'est à dire, la distance Terre-Mars.

La sentinelle: Après Mars, la Lune. Là encore pour la petite équipe d'exploration qui est est, ce n'est pas si exceptionnel... mais la lune récèle cependant bien des mystères. Lorsqu'on est est un humain , qu'on voit de loin une anomalie brillante en pleine mer des Crises, il est bien naturel d'aller y voir de plus près. Par contre la petite équipe s'attendait à tout .. sauf à y trouver une petite pyramide. qui l'a construite? Quand? et pourquoi? Elle semble être là depuis au moins l'époque du carbonifère terrestre, y aurait-il eu des sélénites? Est-ce un repère pour voyages spatiaux ou un poste d'observation pour surveiller l'évolution de la vie sur Terre?
(si c'est le cas, les extra-terrestres doivent être bien déçus par nous)

Que c'est bon, mais que c'est bon: par le ridicule et l'humour Arthur pourfend les militaires. Par l'ironie et la philosophie, il pointe les travers humains bien contemporains ( et encore d'actualité 60 ans polus tard)

13/06: le jour des nouvelles

yep, de temps en temps, il y en a un. Le challenge n'avait officiellement pas de fin et je n'ai pas trouvé d'information pour savoir s'il existe encore de fait ou pas.

Liban-> USA-> Grèce-> Israël -> Grande-Bretagne

et au niveau des langues d'origine:
arabe du Liban -> anglais des USA-> grec ancien-> hébreu ancien-> anglais brittanique

3 commentaires:

  1. Clarke fait parti de ces auteurs de SF qui me laissent assez froide....mais lala je viens de lire lumiere des jours enfuis ecrit avec Baxter....et ta critique me donne envie de m'y pencher plus serieusement...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. L'avantage, c'est que ce sont des nouvelles, donc on voit vite si on accroche ou pas :)

      Supprimer
  2. je ne suis pas certaine d'accrocher mais à ton article, oui!

    RépondreSupprimer