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vendredi 19 août 2016

Les déceptions de l'été

Parce que c'est rarissime, mais je suis tombée sur une série de mauvaises pioches cet été ( qui donc m'ont fait louper une semaine du challenge RAT a Week), donc je vais en parler aussi.
D'abord, il y a eu le Malheur indifférent, que je n'ai pas spécialement aimé, mais que j'ai fini. C'est déjà une frustration.

Mais aussi plusieurs autres tentatives de lectures pour lesquelles, impossible.. pour diverses raisons la sauce n'a pas pris. Et c'est rarissime que je m'arrête en cours de route pourtant, même pas uen fois par an, mais là, paf! 4 coup sur coup.

-  Les Machines à Bonheur - Ray Bradbury. Et ça me fait mal de dire ça parce que j'aime beaucoup cet auteur. 
Mais là, c'est une édition qui date un peu et on sent que ça a été fait à la va vite. Alors qu'en général Présence du Futur se débrouille bien même si les traductions sont parfois datées.Et cette fois, non seulement la traduction est vieillotte mais en plus, la mise en page est à hurler.
Sincèrement c'est la première fois  que je vois une chose pareille: les passages de narration sont inclus dans le dialogue précédent. Sans aucune raison valable, autre que " gagner de la place" on dirait: le livre fait 317 p, et est imprimé tout petit, sans séparation nette des paragraphes, ça demande un effort soutenu de lecture, rien que parce qu'il faut sans cesse mentalement revenir à la ligne lorsqu'on se rend compte que non, ce n'est pas le personnage qui continue à parler, c'est revenu à la narration sans prévenir.
Exemple? Exemple.

(trois curés sont en train de discuter de la conquête spatiale et l'un d'eux vient de citer William Blake)
- Ca colle très bien ajouta le prêtre italien avec l'Âge de l'espace. Le père Brian considéra de son regard sévère l'homme scandaleux et immodéré.
- Je vous serais reconnaissant de ne pas nous renvoyer notre Blake à la figure.
-Votre Blake? dit l'homme pâle et fluet dont les cheveux noirs avaient de doux reflets. C'est étrange, je l'avais toujours pris pour un anglais.

Pas de guillemets, rien. C'est épuisant de lire une phrase comme ça et de devoir repartir en arrière sans cesse pour vérifier ce qui fait partie du dialogue, et ce qui n'en fait pas partie.
Une mise en page logique serait quelque chose comme

- " Ca colle très bien" ajouta le prêtre italien" avec l'Âge de l'espace. "
Le père Brian considéra de son regard sévère l'homme scandaleux et immodéré.
- "Je vous serais reconnaissant de ne pas nous renvoyer notre Blake à la figure."
- "Votre Blake?" dit l'homme pâle et fluet dont les cheveux noirs avaient de doux reflets. "C'est étrange, je l'avais toujours pris pour un anglais."

Donc peu lisible graphiquement.
Et c'est encore plus rageant que pour le coup, ce n'est pas un problème du à l'auteur, mais bien à l'édition française.
Est-ce que je le reprendrais? Tel quel, probablement pas, ce manque de lisibilité me fatigue les yeux. Mais si je le trouve dans une édition plus récente, sans problème.


- Le temps de la sorcière  - Arni Thorarinsson.
Autre livre autre problème
Emprunté dans la pile " libre service " au travail, je ne savais pas trop de quoi il s'agissait, et en fait, c'est un 3° tome qui fait sans cesse référence aux deux précédents même s'il est indépendant et devrait être lisible seul, sauf que c'est un peu ennuyeux de sentir qu'on est supposé connaître les personnages et leur passé (type  " avec ce qui lui est arrivé l'an dernier, je pense que si c'était mon cas, je puisse réagir aussi bien" Euh, ça serait sympa d'inclure les lecteurs qui vous rejoignent seulement maintenant dans votre groupe en fait! )
Mais aussi qu'il a des thématiques communes avec Meurtriers sans visage que j'ai lu en début d'année. Sauf qu'elles sont moins bien exploitées et qu'au bout de 30 pages le héros m'insupporte. Deux raisons de ne pas accrocher.
Et il y a LE problème: c'est un roman policier, donc le héros et enquêteur principal est journaliste. Et c'est quelque chose que je déteste, j'ai été échaudée par Le Poète de Connelly. Le coup du journaliste qui arrive à démêler l'intrigue là ou la police piétine, qui arrive à obtenir des renseignements ultra secrets, ça fait vraiment trop artificiel pour moi.certes ça a l'air moins naïf et grand-guignol que le Poète, mais.. non.


Est-ce que je le reprendrais. Non. Je l'ai laissé attendre depuis 2 semaines, et je n'ai en fait aucune envie de savoir ce qui va se passer. Et là, pour le coup, c'est bien un problème lié aux choix de l'auteur.




- Canyon street - Pierre Pelot
Un roman de SF plus complexe que ce à quoi je m'attendais en réalité. Et là, c'est moi le problème: à cause de la canicule, je dors très mal la nuit, et je pique souvent du nez en journée, en pleine lecture. Quand je commence à relire 4 fois le même paragraphe sans comprendre, c'est que ça n'est pas le bon moment. d'autant que je lis au travail quand il n'y a personne, et la pleine saison touristique, il m'est presque impossible de lire d'une traite ne serait-ce qu'un article de magazine sans être interrompue. Hors Canyon street n'est pas le genre de livres dont on peut lire 3 lignes, le reposer, en lire 3 autres le reposer, etc...

Est-ce que je le reprendrais? Oui, mais quand je serais lus fraîche et dispose, je sens qu'il a un potentiel auquel pour le moment, je ne suis pas en état de faire suffisamment attention


- Café Nostalgia - Zoe Valdès
Trouvé dans un jardin de lecture, en libre service, j'ai voulu tenter un livre cubain. et ça n'est pas une bonne pioche.
La 4° de couverture laissait présager une alternance entre le rêve et les souvenirs cubains de Marcela , l'héroïne expatriée en France, son intégration, ses difficultés quotidiennes.
et il y a des passages comme ça, intéressant, mais noyés dans les digressions de cette Marcela qui est vraiment tout ce que je déteste comme personnage et dans la vie: une femme assez orgueilleuse, nombriliste qui geint beaucoup ( ha j'ai refusé l'héritage faramineux de mon vieux mari super riche pour ne pas devoir quelque chose à qui que ce soit, mais enfin, je le regrette un peu. L'héritage, hein, pas le mari!), se plaint de ses aventures sentimentales sans avenir mais retombe sans cesse dans les mêmes travers.
Et puis c'est une fille indécise, au point d'être chiante. Une qui dit aimer se faire bronzer jusqu'à choper des coups de soleil ( preuve qu'elle vit intensément :D), et plus loin dire qu'elle n'est pas fan du soleil et de la chaleur, mais qu'elle aime ça quand même. Ferme-là! Juste, si c'est pour dire des âneries pareilles tais-toi!, nous casser les pieds avec ta liaison imaginaire avec ton voisin, ça va un moment , mais en reparler toutes les 2 pages, non.
Ca se complaît dans l'anecdotique à longueur de pages. Et je n'ai pas trop envie de lire un livre où on nous passe en revue des trucs comme " en prenant le métro pour rentrer chez moi après mon travail, j'ai vu des bottes aux pieds de la personne devant moi, elles ressemblaient à celles que portait mon ex avant que je ne lui en offre d'autres, qu'on lui a volées depuis en l'attaquant à main armée. et bien c'était bien mon ex en fait, avec ses vieilles godasses moches, dites donc. On s'est revus, blablabla, puis deux pages plus loin, je ne vais pas entrer dans les détails, blabla, mais enfin, on s'est quittés en mauvais termes parce qu'il était toujours aussi possessif et on ne s'est jamais revus depuis, peut-être qu'il s'est marié chez lui à Narbonne et qu'il a une fille qui s'appelle..."
Tu sais quoi? Je m'en fous. De toi, de ton ex, de la raison pour laquelle vous vous êtes frités, de ses godasses de sa ville, de sa famille imaginaire. Ca n'a aucun intérêt.

Et puis les clichés. La fille qui épouse à 19 ans un vieux de 70 ans pour fuir son île. Le galant français, ruiné mais qui dépense une fortune pour envoyer un bouquet de fleurs géant, la photographe qui réussit une carrière exceptionnelle qui l'emmène dans les milieux de la mode à New-York ( forcément dégueulasses, forcément peuplés de junkies, de putes, etc..) alors qu'elle part d'un concours local de photo qu'elle a gagné avec ses clichés de la misère du périphérique parisien. Le millionnaire qui la prend sous son aile parce que comme par hasard, Marcela ressemble comme deux goutte d'eau à sa défunte fille , qui comme elle était une passionnée de photo dotée d'un talent certain, l'ex SDF devenue riche qui sanglote sur la vanité de sa vie dans son 120m² du Marais..
Stop!
Pourtant j'aime bien l'idée des titres de chapitres: 5 comme les 5 sens, et un 6°intitulé " à mon seul désir" , en référence à la tapisserie de la dame à la licorne,justement sur le thème des 5 sens. Mais c'est tout ce que je sauverai.

Mais c'est snob, vindieux, c'est snob. Bourré de références à la "bonne culture": Proust ( dont Marcela dit que c'était mieux de le lire avant, parce que maintenant il est à la mode, alors c'est moins bien parce qu'elle doit partager son plaisir perso avec plein de gens), Prospero's Book de Peter Greenaway, Casablanca, Saint Germain des Près, les bouquinistes des quais Parisiens, et je ne sais plus quoi d'autre, même si je le lisais cet après midi, mais voilà, la citationnite aiguë a fait une victime de plus.

Et , cerise sur le gâteau, il y a ce que je déteste absolument chez un auteur. Mais pire que tout: les citations de marques. Probablement pour ancrer dans le réel, mais qu'est-ce que j'en ai à secouer de la parfumerie où elle va, sur quelle rue, plus dans quel grand magasin elle achète quoi, quel bain moussant elle utilise, de quel cinéma elle fréquente. Même si ce n'est pas le cas ( et sur un livre de 1998, ça ne l'est probablement pas)  j'ai l'impression que l'auteur fait du placement de produit.

Est-ce que je le reprendrais? hahahaha. Héroïne que j'ai envie de baffer, péripéties téléphonées, anecdotique sans grand intérêt, marques et clichés snobs. Dès demain il part au troc de livres le plus proche, je n'irai pas plus loin que le premier chapitre. Tant mieux s'il trouve son public, il n'est clairement pas pour moi.

Même si j'ai parfois des scrupules, m'obliger à lire jusqu'au bout un livre auquel je trouve zéro intérêt, c'était bon pour la fac, lorsque les partiels risquaient de tomber dessus, mais c'est fini (enfin, j'ai quand même fait une impasse magistrale sur Sanctuaire de Faulkner à l'époque, coucou sylvain , je sais que tu me lis et que tu ricanes)
Maintenant, je vais faire comme Michel Tremblay et les câlisser contre un mur.

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