Une série que je m'étais promise de commencer un de ces jours, bonne nouvelle, une copine ( coucou Lauriane) m'en a offert un tome le mois passé.
En 668, le juge Ti est nommé dans la ville ( imaginaire) de Pou-Yang, pour prendre la suite du magistrat local muté ailleurs. Il doit donc prendre également en cours de route les affaires que sont prédécesseur n'a pu clore avant sa mutation: un viol suivi de meurtre sur la personne de Pureté-du-Jade, fille d'un boucher des quartiers pauvres de la ville.Le coupable est tout trouvé pour l'opinion publique: il ne peut s'agir que de son petit ami secret, mais le juge est finaud et se rend vite compte qu'un étudiant plutôt chétif n'aurait pas vraiment pu étrangler une femme solide rompue au travaux manuels sans attirer l'attention. Le coupable est donc ailleurs, quoi qu'en pense la ville. Il y a aussi cet enrichissement suspect d'un temple bouddhiste, passé en moins de 3 ans de la pauvreté la plus extrême à une opulence tout aussi extrême, et la rumeur commence à parler d'extorsion de fonds aux fidèles, de trafics louches, des choses comme ça, sur lesquelles il va falloir enquêter discrètement. Racontars de jaloux, ou réelle arnaque? Car le culte bouddhiste, tout nouveau en chine au VII° siècle, connaît une prospérité qui lui attire pas mal d'inimitiés d'une part, mais un soutien quasi total de l'empereur et de ses proches, rendant toute enquête épineuse, même en cas de crime avéré.
La dernière affaire est celle de Madame Liang, vieille dame venue de Canton pour accuser Monsieur Lin, commerçant également cantonais, d'avoir causé du tort depuis des décennies à sa famille. Là encore, tout le monde s'accorde à dire que la vieille dame est dérangée et que le commerçant est au dessus de tout soupçons, mais pour le magistrat nouvellement arrivé, toute affaire mérite d'être considérée sans a priori.
Quel mélange! un roman policier qui se passe en chine ancienne, écrit en anglais par un auteur hollandais, sinologue réputé et fin connaisseur de la littérature classique chinoise.
J'ai beaucoup apprécié cette histoire. D'abord pour son côté historique ( les enquêtes menées par le juge local qui est aussi chef de la police sont une des bases du système juridique chinois ancien), plutôt réaliste ( j'ai toujours trouvé le roman policier - ou la série policière- qui s'articule sur une seule enquête par tome ou par épisode un peu artificiel, si on pense 5 minutes à l'organisation de la justice: il n'y a jamais une seule enquête en même temps, ni par policier), et enfin du fait que le juge, s'il est le personnage principal n'est pas le seul à être approfondi. Ses collaborateurs, Ma Jong et Tsiao Taï, anciens " chevaliers des vertes forêts" ( comprendre bandits de grand chemin) repentis et Tao Gan, escroc revenu dans le droit chemin, et qui mettent leurs anciens talents au service de la justice - car qui de mieux placé qu'un arnaqueur pour flairer une arnaque, ou qu'un bandit costaud pour se glisser incognito dans les milieux interlopes? - tous sont soignés et ont droit à leur moment de gloire. L'humour discret aussi, le passage avec la fameuse cloche est assez drôle.
Enfin, et c'est appréciable, la préface et la postface, qui amènent des précisions, sur le système judiciaire chinois, la tradition de littérature policière chinoise antérieure à celle d'Europe, que le roman pastiche jusque dans sa construction en chapitres titrés, les histoires dont l'auteur s'est inspiré, faisant de son roman autant un hommage qu'une adaptation de cette littérature, les illustrations signées de l'auteur lui même qui décidément faisait partie de ces gens trèèèès énervants qui sont doués en tout..
Donc première lecture de cette série, mais surement pas la dernière!
Et puis tiens comme l'auteur était né le 9août 1910, je garde cette critique pour le 9 août, voilà!
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