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jeudi 15 octobre 2015

Shining ( film)

Pour cette journée spéciale "grille rouillée", l'idée était de lire un livre/ voir un film qui nous a spécialement fait peur.et comme je ne suis pas spécialement une trouillette, j'ai eu du mal à trouver.

Alors je suis plutôt partie sur l'idée d'isolement, de folie, tout ça, et il se trouve que j'avais très envie de revoir shining.
Pour la petite histoire, je ne l'avais vu qu'une fois il y a très longtemps. Si ma mémoire est bonne je devais être en cm1 ou cm2, mes parents l'avaient regardé et je l'avais regardé avec. Le lendemain on était seulement 2 sur toute la classe à l'avoir vu. Les autres  avaient plutôt regardé autre choe, plus adapté.
Mais voilà, une des qualités de ma famille c'est de ne pas censurer, mais d'expliquer, donc à 10 ans je savais déjà ce que c'était un film, et que le cinéma c'est "pour de faux, c'est des acteurs, c'est leur travail" etc..
Donc j'en avais surtout gardé l'impression que l'acteur principal est excellent dans son travail de faire peur.

et à l'avoir revu?

Ben c'est exactement la même chose. Depuis j'ai suivi plus ou moins la carrière de Nicholson ( en fait je me demande si ce n'est pas à peu près à la même époque que j'ai vu "vol au dessus d'un nid de coucous".. donc je ne me souviens pas très bien non plus), que j'apprécie énormément, dont je connais le talent dans les rôles de barjot, donc ça m'a moins marquée forcément.

Par contre j'avais oublié cette séquence d'ouverture, avec de grands plans larges sur la montagne, et moi qui adore la montagne, ouaaaah, c'est beau.
Maintenant, je suis à même d'apprécier aussi la maîtrise de cadrage, de mise en scène de Kubrik.

Car dans le fond qu'est-ce qu'il se passe dans cette histoire? Jack Torrance, écrivain qui cherche le calme pour finir son prochain livre accepte un travail de gardiennage dans un hôtel de luxe, perdu au fond des rocheuses. Et dès le départ on sait ce qui va se passer, la question est " comment est-ce que ça va se passer", dès l'entretien d'embauche
- Vous savez que le précédent gardien est devenu fou d'ennui à cause de l'isolement et qu'il a tué toute sa famille à la hâche
- pas de problème ça ne m'arrivera pas.

même là, il est vaguement zarb...
Tu parles... dès les premières minutes Kubrik nous annonce ce qui va se passer, déjà, Jack"normal" est douteux, le genre de type à prendre des décisions pour tout le monde..

On sent qu'il ne tourne pas rond. et que donc, il va se passer quelques chose, exactement la même chose que 10 ans plus tôt.
Son fils non plus ne tourne pas rond. Le petit Danny parle avec" Tony", qui est plus qu'un simple ami imaginaire: il dit que Tony est le garçon qui habite dans sa bouche, et il discute avec lui en parlant à son doigt avec une voix bizarre censée être les réponses de Tony. Ce gosse est bon pour une analyse! ( au passage, souvent les enfants au cinéma ne sont pas très bons, mais lui l'est...)

Donc on sait que Danny ne tourne pas rond, on sait que Jack ne tourne pas rond, il reste Wendy, la mère, embarquée un peu de force dans ce coin pas très rassurant : les tempêtes de neiges y sont courantes et peuvent durer des mois, au siècle précédent un convoi de pionniers resté boqué dans les montagnes a eu recours au cannibalisme pour survivre, l'hôtel a été construit sur un cimetière indien ( coucou le grand classique.. mais ce n'est qu'un détail en passant dans le film, qui je crois a plus d'importance dans le livre, que je n'ai pas lu. Mon avis se borne au film)
Donc tout ce qui peut rendre l'endroit glauque y est..
Quand au " shining" du titre, c'est la capacité qui rend Danny un peu étrange, capacité partagée par M. Halloran le cuisinier de l'hôtel qui l'explique au gosse et au spectateur: un don médiumnique, qui fait que Danny peut avoir des prémonitions, ou au contraire, voir des événements passés, et une aptitude télépatique avec M. Halloran qui est lui aussi doué de la même particularité.

Et tout ça n'a AUCUNE importance, si ce n'est de justifier les visions fantomatiques: Danny voit des flots de sang sortir de l'ascenseur, est invité à jouer par des jumelles bien flippantes ( les filles du précédents gardien qu'il voit parfois vivantes, parfois mortes) mais M. Halloran lui a dit comme mes parents " tu vas voir des choses bizarres, mais ce ne sont que des images, c'est comme au cinéma". Et il lui a aussi conseillé de ne jamais, jamais entrer dans la chambre 237, sous aucun prétexte. Vous connaissez l'histoire de Barbe-bleue? Pareil: il suffit d'interdire à quelqu'un de faire quelque chose pour qu'il le fasse. Le meilleur moyen d'éviter que l'idée ne lui vienne c'est de ne rien dire ( je n'aurais jamais mis mes doigts dans une prise quand j'étais gamine, si on ne m'avait pas précisément dit de ne pas le faire, ça ne me serait jamais venu à l'idée. Véridique!)
Mais autant les visions de fantômes de Danny et ses capacités finalement peu exploitées ne m'intéressent pas vraiment autant j'aime beaucoup la manière dont la montée en tension jusqu'à la folie meurtrière entre les parents est amenée.

là, il commence à péter vraiment un câble...
Jack ne tourne pas rond c'est un fait.  Jack tourne EN rond. Lui aussi a des visions, mais jamais expliquées: lorsqu'il prend part à une fête des années 20 dans l'hôtel vide, ou discute avec un barman qui n'existe pas... Fantômes ou créations d'un cerveau un peu trop surmené porté à ses limites par l'isolement? Kubrik ne prend aucun des deux partis et sème des indices pour les deux pistes.

J'ai adoré sa mise en scène qui rend l'idée d'enfermement ( longs couloirs que le gosse parcourt en tricycle. Entre celui là et Damien dans la Malédiction, les gosses en tricycle me fichent la trouille maintenant!) dans une endroit immense: l'hôtel est immense, impossible de s'en faire une représentation mentale. Il dispose d'un jardin-labyrinthe immense aussi. La montagne est immense, mais isolée. Partout des coins et des recoins aussi tordus que le cerveau de Jack.

profondeur de champ, leçon 1: un basique du film de trouille
Et Kubrik joue à merveille de la profondeur de champ et de la répétition ( ces ^$ù*)=^$ de motifs hideux sur la moquette rendraient n'importe qui barjot), du son ( justement, le bruit agaçant, lancinant du tricycle, alternativement assourdi par la moquette, répercuté par le plancher, ou le silence causé par la neige), les jeux de miroirs partout.. du grand art de mise en scène. J'y reviendrais dans quelques jours avec Carpenter.
rien que la moquette me fiche les jetons..
Apparemment Stephen King n'a pas aimé l'adaptation de son roman.
C'est sûr, malgré quelques scènes un peu fantastiques ( dont le générique de fin, et cette photo très très étrange) ce n'est pas un film d'horreur, encore moins un film d'horreur récent: l'amateur de massacres et d'hémoglobine au litre passera son chemin.

sisi, c'est bien le même qu'au début.. qui s'est un peu transformé en ogre entretemps.
Ce qui intéresse Kubrik c'est la folie, et c'est bien plus intéressant de mon point de vue: un fantôme est une idée, quelque chose d'impalpable, un fous dangereux armé d'une hache est quelque chose de possible, de probable (et qui me parle d'autant plus qu'il y a quelques années, un meurtre à la hache, insensé et gratuit à eu lieu pas loin de chez moi, par un échappé de l'hôpital psychiatrique de la ville). Les fantômes ne me font pas peur, je ne sais pas s'ils existent ou pas. Mais il y a peu de chance d'en voir un de toutes façons. Les fous dangereux existent, et c'est beaucoup plus flippant.
ho que c'est crédible.. (la suite de la phrase c'est, "je veux juste t'éclater la tête")

Alors oui, Nicholson est excellent ( il y a juste sa tête lorsqu'il gèle, vers la fin qui me fait beaucoup rire), certains diront qu'il surjoue, mais c'est sa patte personnelle (voir .. presque toute sa filmographie en fait), mais quoi qu'il en soit, je le vois non comme un film sur le fantastique, mais comme un film sur la folie. Qui par principe n'a pas de limites. Et ça c'est crédible ET flippant. J'avais oublié cette scène dans l'escalier qui suit le moment ou Wendy découvre que son mari écrit encore et toujours la même phrase - rien que ça, ça en dit long sur son état mental. Je pense que c'est ce qu'il en ressort pour quasiment tout spectateur qui le voit.


Si je lis le roman un de ces jours, il faudra juste que je garde en mémoire qu'il s'agit de deux choses bien distinctes ( peut être comme Blade Runner qui n'a au final pas grand chose à voir avec Les androïdes êvent-ils de moutons électriques) de P.K.Dick.

allez, juste pour le plaisir de casser l'image de LA scène flippante, parce que je suis sadique
"je ne vais pas te faire de mal, je vais juste t'éclater la tête"... non, ça le fait moins là.

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