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dimanche 12 juillet 2015

Genre et jeux vidéo - collectif



Reçu dans le cadre de Masse Critique  la promesse d'une étude sur le genre et les jeux vidéos était alléchante. Et de fait, cet ouvrage l'aborde sous deux angles, avec 5 chapitres à chaque fois: la représentation du genre dans les jeux vidéos et la problématique du genre du côté des joueurs hommes ou femmes. Mais, car il y a forcément un mais...

Je dois dire que je ne m'attendais pas tout à fait à ça en lisant la présentation. Car en fait il s'agit d'articles d'universitaires, assez pointus. D'une part ça fait plaisir de voir le jeu vidéo considéré comme une production digne d'être étudiée autant qu'une autre, mais d'autre part.. c'est parfois assez ardu à suivre. Et quand je dis parfois, c'est plutôt, la plupart du temps

En fait, plus que d'une étude dur les problématiques de représentation du genre ou des phénomènes de sexisme de la communauté geek comme le laissait entendre la 4° de couverture, il s'agit d'une série d'articles, écrits dans le style universitaire, avec parfois du jargon, et tout le temps la prose caractéristique des actes colloque ou des interventions de séminaire. Je viens de voir qu'en effet, le livre fait suite à un colloque. Présentation du sujet, intro, développement , conclusion, et cette bonne vieille distanciation à la 3° personne du singulier que je trouvais déjà artificielle quand je devais le faire dans mes copies d'examen. Peut-être du fait de connaître les ficelles, je les vois encore plus et.; elles me paraissent même encore plus artificielles qu'avant: " d'abord nous allons voir.. puis nous étudierons.. en enfin nous aborderons ..."
L'autre gros problème de cette manière décrire ( vraiment je jurerais qu'il s'agit d'une compilation d'actes de colloque), c'est qu'un grand nombre des articles fait référence à d'autres écrits.; qui ne nous sont pas communiqués, juste une note de bas de page nous indique où trouve la référence.. parfois dans d'autres actes de colloques, ou mémoires impossibles à se procurer hors du circuit universitaire ( publication de machin, université de chose, telle année).
La plupart des articles s'adressent à des spécialistes sinon du jeu vidéo, du moins de la sociologie qui pourront éventuellement se référer à d'autres écrits. Le lecteur lambda comme moi manque de point de référence ( plusieurs articles par exemple prennent comme base la préconnaissance supposée de l'article de Laura Mulvey " Visual pleasure and narrative cinema" de 1975) Une étude donc, déjà ancienne, qui a heureusement été traduite, du cinéma au prisme de la psychanalyse et du féminisme militant de ces années là. Certes. Pourquoi pas. Un étudiant ou une étudiante en cinéma pourra éventuellement en avoir entendu parler, sans forcément l'avoir lu. Pareil pour quelqu'un qui étudie le féminisme d'un point de vu sociologique. Mais ne serait ce que quelqu'un qui étudie l'informatique? Ou la programmation?
(enfin, du temps où j'étais étudiante en linguistique, j'étais loin de lire tous les articles mentionnés dans tous les cours.; 24h/ jour n'y auraient jamais suffi! C'est à peu près pareil dans tous les domaines si j'en crois mes camarades d'autres sections...)

 Je suppose que le public visé est étudiant ( je ne connaissais pas la maison d'édition PUM. Il s'agit des Presses universitaires méditerranéennes).  Ca n'est pas inintéressant, ça m'a donné des pistes de jeux, certains un peu anciens à tester si je les trouve ( Braid, qui me tente énormément non pas pour son approche de l'idée de genre, mais bien plutôt parce que l'article met en avant sa narration très originale et ses références inattendues à mille lieues de ce qu'on pourrait attendre d'un sujet a priori classique de princesse à sauver. Ou Portal que j'ai toujours cru être un simple FPS.. Bayonetta a l'air bien drôle aussi dans son délire poussé au maximum)

Après au niveau de mon ressenti personnel hé bien.. assez souvent ça me passe au dessus: d'une part parce qu'ayant commencé ma vie de joueuse avec des choses comme Pong ou Pac Man ( qui malgré son nom ne m'est jamais apparu sous une autre apparence que celle d'une tranche de fromage,ou d'une part de gâteau jaune ). D'autre part parce que si mon état civil indique bien que je suis une femme, je ne me définis pas en tant que telle à a priori. Là en général j'ai droit à la question ultra-prévisible:
"mais alors tu te définis comme un homme?"..
Non, comme un être humain, comme un individu, et c'est plus important que de se définir par ses chromosomes. J'aurais une nette tendance à être neutre ( je ne pense pas qu'il existe même un équivalent à l'anglicisme Gender Neutral). Le marketing genré me donne des boutons vu que je ne me reconnais jamais dans les clichés proposés, quand à savoir si telle ou telle qualité est supposée être féminine ou masculine, je n'en ai strictement aucune idée. Donc quand un des articles prétend que le jeu vidéo est une activité typiquement de sphère féminine parce qu'il sollicite une utilisation fine de la main  j'ouvre des yeux ronds en disant "QUOI???" Je me demande où ils ont pêché ça. Je travaille dans un musée de peinture médiévale, il n'y a pas une seule peintre exposée, et pour cause, les femmes ne faisaient pas de peinture. Qui requiert une utilisation fine de la main pourtant. Et que je sache, il n'y a aucune preuve que tailler des silex au paléolithique était réservé aux femmes.

J'aimerais bien en fait qu'on m'explique,, mais sérieusement, comment les sociologues en sont arrivés à cette conclusion. De sphère humaine, oui d'accord, parce que je ne vois pas comment faire sans pouce opposable. Et ça n'est qu'un exemple, mais il y a d'autres choses du même acabit, que je ne comprends simplement pas. Je n'arrive pas à y voir le typiquement féminin ou typiquement masculin, j'ai plutôt l'impression que c'est une question d'affinités et d'aptitudes personnelles, de goût. Mais encore je le répète, je me considère en priorité comme être humain, et j'ai tendance à considérer les autres comme ça aussi, probablement une question d'éducation assez neutre, du coup les référentiels qui vont paraître peut-être évidents à d'autres m'échappent vraiment, et je galère à mort sur certains articles en me disant que ça doit être moi qui aborde le truc de manière faussée.

Donc un livre pas inintéressant, mais d'un niveau un peu trop ardu pour moi, pour diverses raisons.

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