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Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

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jeudi 28 novembre 2013

L'élixir de vie - Jules Lermina

J'avais dit il y a peu que je ne tarderais pas à lire un autre texte de cet auteur, après avoir tenté et apprécié la Deux fois morte, mon choix s'est porté sur l'Elixir de vie, pour la raison essentielle que le titre est quasi le même que la nouvelles de Balzac, contenue ici. Je n'avais pas spécialement apprécié la version de Balzac, essayons donc avec Lermina.

Pas de références littéraires ici. Le narrateur médecin est appelé par une dame paniquée au chevet d'une petite fille mourante. Elle semble comme anémiée, sans avoir eu ni blessure ni hémorragie.. vidée non pas de son sang, mais de son énergie vitale. impossible de définir sa maladie. La fillette meurt sous les yeux du médecin, de la mère.. et d'un étrange locataire, un vieux monsieur d'environ 75 ans surnommé Monsieur Vincent, un homme robuste qui parait plus jeune que son âge, et qui prend la fuite sitôt l'enfant mort. Chose étrange, Monsieur Vincent semble vieillir à vue d'oeil, et 2h00 plus tard, on le jurerait centenaire. Personne ne semble au juste s'accorder sur son âge L'événement étrange sort de la tête de notre héros jusqu'à ce qu'il soit amené, quelques 20 ans plus tard, à croiser à nouveau la route de monsieur Vincent, qui avoue maintenant 115 ans et semble dans une forme incroyable pour un homme de son âge, pensionnaire d'un asile d'aliéné. Celui -ci se dit fou, auteur de nombreux crimes non élucidés et pour cause: il est un vampire psychique, qui a découvert comment absorber à son propre profit l'énergie vitale des enfants ( qui en "produisent" plus qu'ils n'en usent...Oui la théorie est étrange, basée sur l'idée que l'énergie produite disponible décroit avec l'âge, tandis que les personnes âgées consomment plus d'énergie qu'elles n'en produisent pour rester en vie, un théorie basée sur le magnétisme de Mesmer, dont Monsieur Vincent se clame disciple). Il pourrait se contenter d'en prélever un peu sans nuire , mais la griserie de se sentir à nouveau jeune est telle qu'il n'arrive jamais avant d'avoir épuisé la totalité de l'énergie de sa victime.

Bon alors le match Balzac/ Lermina?
Chez Balzac, il est question d'un élixir qui, contrairement au titre, ne rallonge pas la vie, mais ressuscite les morts. Chez Lermina, pas d'élixir en fait. Au niveau respect du titre:  Balzac+1.

Mais l'écriture plus concise de Lermina me plait plus: Lermina+1

Balzac revisite de manière pas très intéressante le mythe de Don Juan. Lermina revisite celui du vampire en le transformant en vampire psychique, tout en s'appuyant sur les théories de son époque, un peu tirées par les cheveux, sur le magnétisme. Adaptation d'un mythe: Lermina +1.
Avec le bonus " théorie scientifique fumeuse mais intéressante" +0.5


Un don Juan haïssable et anticlérical vs un savant fou cynique haaaaa là on a un bon  50/50  Balzac +1 Lermina +1.

Conclusion de l'histoire: J'ose: celle de Balzac est ridiculement grandiloquente, et m'a plus fait rire qu'autre chose. Celle de Lermina est ouverte et laisse planer une menace. Lermina +1
Nous avons donc: Balzac + 2/ Lermina +4.5


Désolée Honoré, c'est Jules qui gagne!
alchimie et recherche d'immortalité, c'est presque de la sorcellerie non?
n°23
1890

mercredi 27 novembre 2013

3 nouvelles de H. P Lovecraft

que j'ai artificiellement réunies, parce que chroniquer une seule nouvelle à la fois, ben, c'est difficile si on veut éviter d'en dire trop.
J'ai donc compilé la maison de la sorcière ( 1932), le monstre sur le seuil (1933) et celui qui hantait les ténèbres (1935) - parfois titré "la chose des ténèbres" ( the haunter of the dark, pour être sûrs qu'on parle du même, car il existe aussi " celui qui chuchotait dans les ténèbres" - the whisperer in darkness) . Et ça tombe bien parce que les trois se passent au même endroit, du coup les rassembler m'a paru cohérent.
En effet, deux des récits, la ville imaginaire d'Arkham ( qui hormis moi a rajouté mentalement " Arkham asylum! Le Joker!, avouez?), et les trois font également référence aux mêmes ouvrages fictifs ( le nécronomicon, unaussprechlichen Kulten... des livres de magie, mais ne les cherchez pas, ils n'existent que dans l'imagination de Lovecraft)

Dans "la maison de la sorcière", Gilman, un étudiant en mathématiques passionné de folklore et de légendes, vient habiter une vieille maison où a résidé quelques siècles plus tôt, une vieille femme jugée pour sorcellerie. Or il en est certain, ce que les gens de l'époque appelaient sorcellerie devaient être surtout des aptitudes en avance sur leur temps en physique quantique. Pour lui la vieille Keziah Mason, qui s'est échappée de manière mystérieuse de sa prison devait avoir eu l'intuition des mathématiques quantiques et suite a ses recherches , avoir trouvé un moyen de voyager à travers l'espace. Mais au fur et à mesure qu'approche la nuit de Walpurgis, Gilman tombe malade et commence à voir en rêve la vieille sorcière et son serviteur Brown Jenkins, une sorte de petit animal monstrueux mi-rat- mi-singe, des paysages inconnus dans d'autres dimensions.. rêves qu'il met sur le compte de la fièvre jusqu'à ce qu'il se réveille en possession d'un objet venu d'un autre monde qu'il a cassé... dans son rêve. Gilman le mathématicien aurait-il percé le secret de la sorcière et des voyages interdimentionnels?

Dans "le monstre sur le seuil", Daniel  qui vient de tuer son meilleur ami, Edward,  explique qu'il a en fait tué le monstre qui avait pris possession de celui-ci. Et nous raconte comment Edward, très intelligent mais mou et sans volonté est tombé dans les griffes d'Asenath Waite, une femme.. bizarre, vaguement sorcière, qu'il épouse. Asenath, toujours insatisfaite, passe son temps à se plaindre d'être une femme, qu'elle aurait plus de pouvoir si elle avait été un homme, des choses comme ça. Or, de plus en plus souvent, Edward semble victime d'un dédoublement de personnalité, le caractère faible devenant soudain intraitable et ambitieux. chose qu'il explique par " ma femme a trouvé le moyen de me voler mon corps, c'est elle qui le pilote et pendant ce temps, ma conscience est enfermée dans le sien". Tout le monde pense évidemment à un délire de persécution tandis que le pauvre Edward, terrifié,  en est persuadé: un jour, elle trouvera le moyen d'échanger définitivement leurs personnalités.

Dans "celui qui hantait les ténèbres", Robert Blake ( la nouvelle est dédiée à Robert Bloch, autre important auteur fantastique et ami de Lovecraft, et cette fois se passe dans la ville réelle de Providence, où résidait Lovecraft), écrivain amateur d'Esotérisme, est fasciné par une sorte d'église néogothique abandonnée qu'il voit depuis sa fenêtre. Il entreprend d'aller la visiter et découvre qu'elle terrifie les habitants du quartier. En effet, le bâtiment désaffecté a autrefois habité un culte secret démantelé depuis une vingtaine d'année, et on prétend que les nuits d'orage, de drôles de bruits se font encore entendre dans les combles. Evidemment, Robert veut aller y voir de plus près, et découvre plusieurs objets ayant servi aux rituels: statues, sièges, boîte gravée contenant un polyèdre qui ne ressemble à rien de connu et qu'il va toucher, bien sur. L'objet en question semble lui envoyer des visions, un peu comme une boule de cristal, mais des visions d'autres mondes. Et il trouve également un squelette, celui d'un journaliste venu enquêter des décennies plus tôt sur la secte et que personne n'a jamais revu. Assassinat, ou crise cardiaque causé par une terreur intense? Toujours est-il que depuis qu'il a touché les objets magiques, Blake a des visions de plus en plus fascinantes et angoissantes. Il en est sûr: sa visite a libéré une entité monstrueuse qui était enfermée dans le cristal et n'attend qu'une occasion pour s'échapper.

J'ai trouvé ces trois histoires très intéressantes, vraiment très bien menées, surtout la 3° qui instille peu a peu son climat malsain, le fantastique est d'autant plus réussi que le montre libéré par Blake n'est jamais défini, or on le sait l'horrible, c'est ce qu'on ne peut pas voir. Ici seules ses manifestations sont repérables: une trace dans la poussière, une marque de griffure sur un banc, des bruits, une odeur...ha punaise, j'adore ce côté mystérieux. Les 2 autres sont bien menées aussi: les rêves qui se mêlent à la réalité dans "la maison", la situation constamment su le fil entre folie et possession dans" le monstre", mais j'ai quand même une préféré la 3°, que je trouve plus aboutie, car voilà, contrairement aux autres, rien n'y est vraiment décrit , ça laisse plus de loisir pour que le lecteur travaille du chapeau. Donc une légère préférence pour la 3° ( enfin, rien que des titres comme " le monstre sur le seuil", "je suis d'ailleurs" ou " celui qui hantait les ténèbres", pour moi, c'est du tout bon question mystère)

J'avais eu un aperçu de Lovecraft avec " je suis d'ailleurs" que j'avais également trouvé très bien mené, et quelques autres non chroniquées ici. Hé bien, je confirme, 3 nouvelles de plus, et 3 réussites. je vais donc continuer ponctuellement avec cet auteur, que je découvre par la petite porte ,avant de m'attaquer à Dagon , Cthulhu et les autres, mais voilà, j'accroche bien. Et je confirme une fois de plus, la nouvelle est bien le format que je trouve le plus efficace en matière de fantastique, d'autant que là, même issues de publications différentes, il y a beaucoup de cohérence entre les 3, donc...A suivre!

parce que sorcières, monstres et tout
Parce que Lovecraft fait partie du panthéon geek quand même
personnellement, je n'irais pas en vacances à Arkham
années 30
N°22!

mercredi 20 novembre 2013

Sleepy hollow (film)

Un peu de ciné thématique en ce mois des morts? Les gentilles fossoyeuses du challenge Halloween nous proposaient fin octobre une séance spéciale "film de (ci)trouille" et le choix s'est porté sur Sleepy Hollow, en voilà enfin le billet qui va bien, avec juste 3 semaines de retard..

Ceux qui me connaissant savent que j'aime énormément Tim Burton en général, hormis quelques films plus dispensables, et coup de bol Sleepy Hollow fait partie des films que d'une part j'ai beaucoup appréciés à la sortie, d'autre part je n'avais pas revus depuis, et que j'avais en DVD en attente ( non parce que l'ayant vu au ciné en VOST, je ne pouvais pas me résoudre à le revoir en VF lors d'une diffusion TV)

Bon, je ne vais trop rentrer dans le détail de l'histoire, la plupart d'entre vous l'ont vu. donc: novembre 1799, une série de meurtres particulièrement violents ont lieu dans la petite bourgade de Sleepy Hollow, sordide bourgade peuplée de colons néerlandais , quelque part au fin fond de la Nouvelle Angleterre. L'inspecteur Crane, progressiste et pionnier des méthodes scientifiques, qui commence à gêner sa hiérarchie - pensez, il met en doute les bienfaits de la torture sur les suspects, des choses de ce genre- y est envoyé pour mettre fin aux agissements de ce qu'il estime être un serial killer. Pour les habitants superstitieux du lieu , l'affaire est claire: les cadavres ont eu la tête coupée et emmenée, les meurtres ne peuvent être que le fait d'un fantôme, le spectre d'un mercenaire allemand particulièrement violent qui écumait la région quelques 20 ans plus tôt, mort décapité et qui revient se venger.

Et là, je ne parlerais pas de Tim Burton réalisateur que presque tout le monde connait, mais de toute l'équipe qui l'accompagne. Parce que déjà le scénario ne sort pas de la tête de Burton, mais est tiré d'une nouvelle de Washington Irving, et surtout parce que peut être encore plus que sur les autres films, c'est vraiment patent sur celui là, puisque justement, c'est sur l'esthétique qu'il se différence:

 - la musique: de Danny Elfman. Le complice de toujours. L'alliance Burton/Elfman fait merveille (  je n'ai pas vraiment accroché à Sweeney Todd, qui justement a une BO signée par euh.. quelqu'un d'autre. Il manquait quelque chose, et ce quelque chose c'était l'ambiance sonore, que dis-je, la signature sonore d'Elfman)

- la photographie/ les décors : Le directeur de la photo, Emmanuel Lubezki qui a bossé aussi sur le tut récent Gravity que je n'ai pas vu, et toute l' équipe de décorateurs ont fait un travail proprement énorme sur les décors, l'emploi de la couleur et de la lumière ( façon tableau hollandais, dans le décor du village ou même l'éclairage, je ne sais pas si c'est un clin d'oeil visuel à la nationalité des colons?), avec un emploi intelligent de la couleur, le rouge sang en priorité qui ressort d'autant plus dans cette ambiance neutre. Et l'arbre des morts est superbe avec son allure de monstre griffu.

- Christopher Walken. Oui je sais, c'est totalement subjectif, mais j'adore cet acteur. Ici il n'a pas une ligne de dialogue, on le voit peu, mais il réussit à être comment dire, palpable même sans être à l'écran. Et ça c'est fort. Nota: ce type est flippant. Quoi qu'il fasse;Je me demande même si dans sa longue filmographie il a déjà joué un rôle de type sympa. Bon ok, dans Dead zone, il jouait un type banal un peu paumé. Mais sinon des mafieux, des phsycopathes, des mafieux psychopathes..
Enfin, si, j'ai souvenir d'être tombée une fois sur un téléfilm diffusé genre à Noël, avec Glenn Close ET Christopher Walken. sacrée affiche hein? Prometteur et tout. sauf que c'était du genre "petites annonces du chasseur français et petite maison dans la prairie "et c'était mauvais, mais mauvais, et zut je l'ai retrouvé!
Donc oublions ce désastre et récupérons notre cavalier de l'enfer ( ça marche bien question trouille, les cavaliers, depuis au moins l'apocalypse! et celui là en vaut bien 4!)

 et pour le plaisir je conclus avec quelques esquisses préparatoires , toutes images trouvées sur le site francophone le plus exhaustif dédié à Burton et son univers

Model (7 tomes) - Lee So-Young

oui bon, je suis en retard d'une semaine et quelque pour la semaine coréenne et j'ai loupé 2 mercredis BD..Je n'ai hélas pas encore trouvé de machine à voyager dans le temps, hélas..

Donc, voilà, la BD fantastique du jour est donc un manwha, BD coréenne, l'équivalent du manga. en fait, le seul manwha que j'ai chez moi, quelle chance, il s'agit d'une histoire de vampire.

Donc, prologue: Jiyae, étudiante en art, passionnée de peinture, coréenne expatriée on ne sait où (probablement aux USA bien que ça ne soit jamais précisé) a un gros problème. Sa meilleure amie, dragueuse invétérée vient de débouler chez elle avec un type au look gothique ivre mort sur les bras. elle l'a dragué dans un bar, mais visiblement le gothique tient mal l'alcool et Melissa a rendez vous avec un autre gars. Solution: laisser le gars cuver sur le canapé de Jiyae. Des amies comme ça.. autant dire que Jiyae passe une nuit très stressante, avec un inconnu plutôt bizarre dans le salon, elle cauchemarde, et voit en rêve l'inconnu la vampiriser. sauf qu'au matin, gloups! Il s'avère que les deux traces de morsures sur son cou prouve que ce n'était pas un cauchemar, et d'ailleurs le fait qu'il ne se réveille pas avec le jour est un autre indice. Là, n'importe qui de normalement constitué courrait chercher de l'ail, un épieu, et ouvrirait tout grand les volets, mais Jiyae semble avoir l'instinct de survie qui se déraille, et pense u'elle a un coup de pot inoui. Quéééé?
oui, un vampire qui porte une croix au cou, c'est un excentrique..

Oui car elle traverse une période de manque d'inspiration et se dit que peux d'humains auront l'occasion de faire le portrait d'après nature d'une créature surnaturelle. Et que donc, c'est une manière de se faire payer le prix du sang qu'elle a versé. Evidemment lorsque le vampire se réveille, les choses vont se compliquer un peu, mais bref, Muriel , c'est son nom, accepte au final de passer un pacte un peu bizarre avec Jiyae: il accepte de poser pour elle à la condition expresse qu'elle vienne chez lui, le réaliser dans son domaine. Car bien sur il a une idée précise en tête qu'on va découvrir peu à peu.

Alors oui, j'ai bien dit "un" vampire et qui s'appelle Muriel, mais malgré ce nom, et son look complètement androgyne, ce n'est pas une femme. C'est bizarre, mais on s'y fait. J'ai vu que dans la version anglophone il a été nommé " Michael", et mine de rien, je trouve ça dommage, car ce nom ambigu colle finalement très bien au personnage.
Je ne sais pas pourquoi dans la version anglophone, ils ont choisi une police "gothique" pour Muriel, ce n'est pas le cas dans l'édition français, mais c'est idiot ça me fait penser à LA MORT de Pratchett, donc ça perd beaucoup en sérieux

Ca c'était le prologue, il y a 7 tomes en tout, qui développent l'étrange aventure de Jiyae chez le vampire. Car surprise, celui-ci ne vit pas seul, mais héberge deux humains sous son toit. Des gens aussi bizarres que lui, mais deux humains quand même: Eva la très rigide gouvernante, liée à Muriel par un pacte qu'on ne découvrira que beaucoup plus tard, et Ken, un jeune homme qui joue vaguement le rôle de serviteur et semble détester Muriel autant qu'il est possible.
Et Muriel? Au début insolent, frimeur, orgueilleux, Jiyae découvre que finalement, son nouveau modèle n'est pas si antipathique que ça. Lui aussi est peintre, et lui aussi est confronté à un problème d'ordre créatif: depuis qu'il est devenu immortel, ses tableaux ne restent plus fixés, mais s'effacent. Il s'est donc spécialisé à peindre des portraits idéalisés de gens qui vont mourir, malades, suicidaires peu importe. Et se nourrit comme ça, en abrégeant en quelque sorte l'existence de ceux qui de toutes façons y avaient renoncé. Un vampire doué de compassion au lieu du monstre assoiffé de sang qu'elle pressentait, comment Jiyae va-t-elle réussir à concilier tout ça pour son portrait, comment rendre fidèlement un modèle plus complexe que prévu. Et qui dévoile peu a peu des buts altruistes: s'il a passé ce marché étrange, c'est surtout afin de changer les idées à ses deux compagnons humains, en espérant que le jeune Ken, qui vit dans une ambiance finalement malsaine, puisse se faire une amie vivante, et même plus si affinités.
insulter un vampire qui vient de se réveiller.. pire meilleure idée au monde

Voilà pour l'argument. A ce quatuor de bric et de broc qui cohabite tant bien que mal, se joint un peu plus tard un fantôme, qui est lié de diverse manières à Muriel, Ken et Eva, et vient compliquer beaucoup, mais alors beaucoup l'histoire. C'est la 3° fois que je lis le tout, et pourtant j'ai toujours du mal à suivre à partir de son arrivée, parce que la narration devient très très complexe, avec une temporalité brouillée, des visions du passé qui se mèlent à l'action, etc.. On aime ou pas. J'ai dit que c'est complexe comme trame, mais moi, j'aime bien les narrations inventives, donc ça va. Bien que la fin soit un peu précipitée, d'autant que le reste de l'action est assez contemplative.

Graphiquement, c'est spécial. Pas un graphisme européen, pas vraiment un graphisme manga non plus, des personnages très étirés, avec dans les premiers tomes des têtes trop petites et des cous trop gros ( mais ce défaut se tasse au fil des tomes pour devenir un style, donc là aussi, ça passe ou pas... tout ou rien!)

juste parce que j'aimerais bien voir la colo originale de ce genre de pages
Après je disais que c'est la 3° fois que je le lis , je l'ai acheté vers 2005, à sa sortie, et relu un peu plus tard, alors que je faisais du tri dans le but de revendre des choses. Et même chose là, à chaque fois je me dis: le dessin n'est pas exceptionnel, en tout cas au début,  la narration est compliquée, je le revends ou je le garde. et au final je le garde, parce que même si ça finit par virer à l'histoire d'amour ( mais plutôt bien amenée, donc je ne râle pas, ça n'est pas trop relou), parce que Muriel Ken et Eva sont des personnages plus complexes qu'il n'y paraissait au premier abord, que leurs histoires se dévoilent par petites touches, et qu'au final, cette Bd a une ambiance très particulière qui marche bien sur moi. Un titre que je reconnais comme imparfait, mais qui s'attire à chaque coup toute mon indulgence.

Et ce d'autant qu'elle doit être à peu près introuvable maintenant: l'éditeur (Saphira) qui s'était spécialisé en BDs coréennes a coulé, le catalogue a été repris par Samji, qui a coulé à son tour. Je me demande même s'il reste encore des éditeurs pour des BDs asiatiques autres que japonaises en fait.  Xiao Pan, qui faisait de la bd chinoise a fermé aussi. La faute à je pense au mauvais ciblage de lectorat, à un mauvais marketing qui s'est concentré sur les lecteurs de manga " standard", évidemment on ne pouvait pas espérer faire autant de chiffre sur ces titres que sur du shonen de baston, les tirages sont resté confidentiels, les grandes enseignes ont préféré vendre des milliers de tomes d'un rouleau compresseur éditorial qu'essayer de faire connaître les titres plus confidentiels ( c'est d'ailleurs pareil en manga, la plupart des titres que je suivais on été arrêtés parce que pas assez rentables)
Enfin voilà, pour ceux qui sont intéressés, il n'y a pas trop de solution, la version en ligne en anglais par ici par exemple, en pensant à ce que j'ai dit sur le nom, sur la police bizarre, ou croiser les doigts et espérer le trouver d'occasion. Ou me demander gentiment de le prêter, mais je suis du genre à ne prêter mes livres qu'à un nombre restreint de copains triés sur le volet :)
'credi BD

mardi 19 novembre 2013

Le Vampire - John Polidori

MMM mi-novembre.. on a dit que le challenge Halloween survivait jusqu'au 30, et le challenge nouvelles se termine quand à lui le 11 décembre. Héhéhé, il me semble que je vais réussir, à le terminer à temps contre toute attente!

Donc le Vampire de Polidori. Une nouvelle qui a mon avis vaut plus par la petite histoire qui lui est rattachée que par son intérêt littéraire, car elle est résolument classique: Un homme de la bonne société londonienne, Aubrey, fait la connaissance de Lord Ruthven, un curieux personnage, à la fois distant et courtois, singulier  sa réputation de morale stricte  -son air détaché et glacial pousse les coquettes à le courtiser, un peu comme un concours entre elles, sans résultat. au contraire il fréquente surtout des dames à la moralité irréprochable. en apparence. Car lorsqu'Aubrey décide de partir en voyage avec Lord Ruthven, il se rend vite compte que les apparences sont trompeuses, et que rien ne l'amuse tant que ruiner les meilleures réputations et les meilleures fortunes. L'incompatibilité d'humeur se fait jour entre les deux camarades, et Aubrey part en voyage en Grèce où il s'intéresse à Ianthe, jeune paysanne grecque superstitieuse qui croit aux revenants et aux vampires. Evidemment, Aubrey n'y croit guère.. mais va devoir se faire une raison lorsqu'il trouve un soir Ianthe morte, vidée de son sang par un vampire. C'est à ce moment que Lord Ruthven réapparait, meilleur ami que jamais. Mais Aubrey ne voit aucune corrélation entre les deux événements.
Le lecteur du XXI° siècle, oui . Même si au final ne ne sait pas trop  pourquoi Ruthven semble s'attacher spécialement à nuire à Aubrey en particulier.

Celui du XIX°, peut être pas, c'est une des premières histoires de vampire non pas monstre sanguinaire, mais chasseur raffiné et calculateur. Donc rien de novateur vu de maintenant, mais au moment où la nouvelle a été écrite, oui, c'était clairement une idée neuve. Dans le fond en tout ça, parce que la forme n'est pas très originale. Mais la nouvelle se laisse lire sans déplaisir et vu qu'elle est un des classiques du genre avec Carmilla, beaucoup plus réussie d'un point de vue narratif à mon sens ( mais là encore, du temps à passé, la nouvelle de Polidori date de 1817, celle de Le Fanu de 1871, donc ça s'explique aussi), il serait dommage de s'en priver. Et le voilà, gratuit une fois de plus . (et puis oui, je vous entends d'ici, alors je confirme: même court, même imparfait, ce sera toujours meilleur que Twilight et ses vampires qui clignotent au soleil. C'était l'instant dénonciation!)

et la petite histoire? Ha oui, en 1816, un groupe d'écrivains anglais (Lord Byron, Percy et Mary Shelley et Mr Polidori) en vacances en suisse s'ennuyait fermement et décidèrent de se lancer un défi d'écriture fantastique. Le sujet du vampire était un brouillon abandonné par Byron que Polidori a récupéré et terminé. Tricheur! Par contre, de cette session de travail/ jeu est issue une autre histoire, bien plus célèbre et marquante, qui a fait la renommé de son auteur et a jeté les bases de la SF, rien que ça: Frankenstein de Mary Shelley.
N°21
1817
encore un anglais, promis le prochain est américain

lundi 11 novembre 2013

La vénus d'Ille - Prosper Mérimée

Hop hop, je continue dans les classiques fantastique. après Dumas, voilà Mérimée. Et, c'est ballot, mais je n'avais jamais lu la Vénus d'Ille jusqu'à présent. Je suis passée au travers pendant toute ma scolarité, alors qu'apparemment, c'est une des marottes des profs de français.

Il était temps de corriger cette erreur, et c'est facile et gratuit ( maintenant que j'ai une mini tablette à planquer dans mon sac, je ne vais pas me priver). Une lecture rapide, un billet, tout aussi rapide
une des nombreuses couvertures possibles, je trouve le rapprochement avec la vénus de Cranach intéressant, au niveau de l'expression

Au XIX° siècle à Ille ( petite ville tout à fait réelle au pied du mont Canigou). Un archéologue amateur vient rendre visite à Monsieur de Peyrehorade, un sympathique et volubile vieux monsieur passionné d'histoire, dans le but de se faire indiquer les curiosités de la région. Il s'avère que Monsieur Peyrehorade a mieux à lui montrer: une magnifique statue romaine de la déesse Vénus trouvée peut de temps auparavant. La statue, dotée d'un visage à l'expression étonnamment cynique, chose surprenante pour la statuaire romaine, semble douée sinon de vie, du moins d'une volonté maligne. Elle met mal à l'aise les villageois superstitieux et semble causer du tort à ceux qui la méprisent ou l'insultent. Et le fils de la famille va faire une gaffe fatale: lui confier un bijou ( ou plutôt s'en servir comme d'un porte-bijou) et essayer de reprendre ce qu'il lui a donné.

Bon, je n'irais pas plus loin, l'histoire est célèbre, la plupart d'entre vous l'aura lue.et je n'avais pu échapper aux spoilers, à cause si je me souviens bien, d'un prof de lycée qui nous l'à racontée (pour nous épargner de la lire? ce qui explique que j'aie attendu aussi longtemps de mon côté). Ceci dit, c'est une nouvelle agréable, rapide à lire, fantastique, je comprends pourquoi elle est utilisée en classe. Et du cynisme comme j'aime ( quand Mérimée souligne que le plus sordide de l'histoire, c'est qu'un type clame haut et fort qu'il va se marier, pas seulement, mais quand même beaucoup parce que sa future femme va hériter).

Donc je tenterai d'autres nouvelles du même auteur à l'avenir, peut être Carmen, pour le challenge musique.

une statue animée et violente
n°20
1837

dimanche 10 novembre 2013

Les mille et un fantômes - Alexandre Dumas

Haaa encore une histoire de fantômes. Et pour l'occasion je retrouve un auteur que j'apprécie particulièrement, dans un registre qui lui est moins habituel: les nouvelles fantastiques. Et on le trouve gratuitement ici

Et même pour un recueil de nouvelles, le format est inhabituel: tout commence comme un récit classique de partie de chasse qui en fait va servir de "support" aux différentes nouvelles.

En effet, tout commence classiquement, un héros, nommé Alexandre Dumas ( tiens, tiens), écrivain ( tiens  donc!), raconte comment un automne, il partit à Fontenay-aux-Roses pour une partie de chasse qui s'avère décevante. Et comment, préférant rentrer avant les autres chasseurs, il arrive en ville et se retrouve témoin de l'arrestation d'un homme qui vient se constituer prisonnier: il vient de tuer sa femme en la décapitant, et raconte que la tête coupée lui a parlé. Dumas est invité, après la déposition, à venir dîner chez le maire de la ville, avec les autres témoins et le commissaire, pour signer sa déposition dans un cadre confortable. Et Evidemment la conversation va rouler sur ce qui divise la population: une tête coupée est-elle encore vivante, et peut-elle parler? Les morts vivants existent-ils?..A partir de là, chacun y va de sa petite histoire, espérant prouver au médecin, le seul sceptique de la compagnie que oui, les morts vivants existent.et chaque récit constitue une nouvelle, liée aux autres car chaque fois quelqu'un enchaîne du genre " ha mais c'est comme moi, il faut que je vous raconte ce qui m'est arrivé..."

Tout commence par le maire, monsieur Ledru (le soufflet de Charlotte Corday): celui ci entend prouver que oui, une tête coupée garde sa sensibilité , au moins quelques temps. Plus jeune il a assisté à l'exécution de Charlotte Corday, et a remarqué que la tête coupée avait réagi à une claque assenée par le bourreau. Il commence alors des expériences sur les têtes des condamnés, jusqu'à ce qu'un drame se produise, qui lui permettra d'affirmer que oui: une tête coupée garde sa sensibilité et peut même parler, il l'a vécu.

Deuxième récit, celui du Docteur robert (le chat, l'huissier et le squelette), qui entend prouver que vu les circonstances dramatiques, le maire a été victime d'une hallucination causée par ses nerfs à vifs.. et d'ailleurs, celui lui rappelle l'histoire d'un juge, qui sombre dans la folie après avoir été maudit par un condamné: pensant un mois tous les soirs, il voit apparaître un chat, à l'heure où le condamné a lancé sa malédition. Puis le mois suivant, un huissier, qui le suit partout. Et enfin, le mois d'après un squelette, que personne d'autre ne voit. Ce que le médecin attribue à une sorte d'autosuggestion. Et que les autres convives bien sûr, considèrent comme un récit de hantise.

C'est aussi l'idée du chevalier Lenoir, ancien responsable des fouilles de Saint-Denis, lors de la destruction des tombeaux royaux, pendant la révolution (les tombeaux de Saint-Denis): suite à l'exécution de Marie Antoinette, la foule enragée vient pour vider les tombeaux royaux et se débarrasser des anciens rois, unanimement détestés.. sauf Henri IV. Aussi lorsqu'un type raille et ridiculise son cadavre (parfaitement conservé), il manque se faire lyncher. et lorsqu'on le retrouve moitié mort dans la fosse commune où on été jeté les rois, pour tout le monde, c'est clair: Henri IV s'est vengé.

Sur quoi le brave curé Moulle enchaîne (l'Artifaille): oui un mort peut survivre et se venger. D'ailleurs lui même a connu autrefois un bandit de grand chemin, qu'il a ramené à grand-peine à la religion en lui donnant une médaille bénie. Or lorsque le bandit a été arrêté et pendu, et que le bourreau a tenté de venir récupérer la médaille,  comme la loi l'y autorisait, le pendu ne s'est pas laissé faire.

Arrive ensuite le récit du convive le plus étrange du dîner: monsieur Alliette, écrivain, qui pour le civil est âgé de 75 ans, mais clame à qui veut l'entendre qu'il en a en fait 275 ans. En effet, pour lui la mort n'est que temporaire, et que tout ou partie du corps peut survivre et même garder la mémoire( le bracelet de cheveux) C'est ainsi qu'il raconte comment il a autrefois rencontré en cure thermale une dame qui avait eu la prémonition de la mort de son mari, mais qui n'avait pu, à cause de son état de santé, revenir à temps pour l'enterrement. A son retour, et conformément aux dernières volontés du défunt, elle se fait faire un bracelet avec les cheveux du mort, qui dès lors l'avertit en lui serrant le poignet à chaque danger qu'elle court.

Récit qui fait réagir la dernière convive, Madame Hedwige, une polonaise très pieuse et très pâle, qui y voit diablerie et vampirisme, car elle même, alors qu'elle fuyait la guerre entre la Pologne et la Russie, fut victime d'un vampire( les monts Carpathes) Arrêtée dans sa fuite par des bandits de grand chemin, elle est sauvée par un châtelain moldave, qui s'avère être le demi-frère du chef des bandits. Bien sûr, les deux frères vont se disputer la femme, jusqu'à ce que le mauvais meure, et revienne se venger d'Hedwige et de son frère. Elle a survécu, mais est resté très pâle depuis lors.

J'ai beaucoup apprécié ces histoires. Un peu moins, toutefois, la dernière qui manque de subtilité: le bon frère est blond aux yeux bleus, calme, ressemble à un saint Michel, un vrai seigneur, le mauvais est brun aux yeux sombres, caractériel, ressemble à un démon, un vrai saigneur.. dès la description des deux frères on devine qui est le gentil, qui est le méchant.. j'ai vainement espéré un retournement de situation, à la Alexandre Dumas, mais.. non. Du coup elle est planplan et attendue.
Mais à part ça, j'apprécie énormément l'idée d'une série d'histoires enchâssées dans un récit plus vaste, ça donne du liant aux nouvelles, et l'ensemble paraît plus homogène qu'un recueil de nouvelles sans lien les unes avec les autres.
J'avais déjà parlé par ailleurs du talent narratif de Dumas, qui pour moi, compense tout les petits défauts qu'il peut y avoir par ailleurs - une nouvelle plus faiblarde, un personnage ennuyeux dans Le comte de Monte-Cristo. C'est exactement ça: les nouvelles s'enchaînent l'une à l'autre exactement comme une conversation, où chacun rebondit sur le récit précédent, c'est très agréable à lire.

Fantômes, morts-vivants, vampires...
N°19
1849
parce qu'il y est question de l'exécution de Charlotte Corday, et de l'ouverture des tombeaux de saint Denis.
Même si on sait depuis qu'Henri IV n'a pas eu de traitement de faveur, et que sa tête fait beaucoup parler d'elle encore ces jours -ci

j'ai failli oublier ce Challenge là!

mercredi 6 novembre 2013

Démons - Royce Buckingham

Un roman que j'avais repéré et pris lors de l'opération " 300 ebooks" à 99cts chez Bragelonne (et ses filiales, ici Castelmore. Nota: déjà un éditeur qui prend comme noms de collections des noms de personnages d'Alexandre Dumas a droit à toute ma considération). Bonne occasion pour moi de faire connaissance avec l'éditeur, et d'enrichir ma bibliothèque virtuelle.

et donc Démons m'a tentée, déjà par sa couverture, un  petit dragon rouge marrant, son résumé qui laissait présager quelque chose de sympa qui ne se prends pas trop au sérieux. Et c'est le cas.

On va donc assister au week-end catastrophique de Nathaniel, dit Nat, un adolescent pas tout à fait ordinaire. Orphelin passé de famille d'accueil en famille d'accueil, est finalement recueilli par Daliwahl, vieil hindou étrange. Et pour cause: Nat a le don de voir les démons, Daliwahl est gardien de démons à la recherche d'un apprenti. L'histoire commence en fait peu de temps après la mort de Daliwahl. Nat, livré à lui même, doit donc  garder des démons tout seul ( car son mentor l'a toujours mis en garde contre le danger qu'il y a à simplement fréquenter des gens, rapport à cette situation très particulière). Une tâche ingrate,répétitive et fastidieuse, qui consiste principalement à nourrir les démons à base d'une pâtée de déchets de poissons, bien écoeurante, et à essayer de survire dans une grande maison où la moindre lampe peut abriter un esprit farceur, et où le sous-sol abrite " la bête", entité malfaisante particulièrement dangereuse, enfermée à quadruple tour, et qui ne songe qu'à s'échapper pour dévorer les humains qui passent à sa portée.
Un quotidien somme toute plat et fait de corvées, enfin, si on peut dire plat, lorsque vos animaux de compagnie , outre un gros chien noir sont trois petits démons facétieux: Pernicieux la gargouille polymorphe, Nikolai, la bestiole minuscule dotée d'une force colossale, et Tourbillon, le mini dragon pas plus gros qu'un perroquet. enfin, ce sont des familiers, plus que des animaux de compagnie, mais leur curiosité sans borne les rends plus apte à causer des catastrophes qu'à aider Nat.
Or, ce samedi là, Nat se rend à la bibliothèque pour chercher un livre sur les démons. Erreur fatale, car justement, Sandy, l'assistante bibliothécaire, après la lecture d'un passionnant test psychologique d'un magazine de fille s'est lancé le défi d'inviter à dîner le premier garçon qui entrera.. et c'est Nat. Qui commence à se dire que les démons, c'est une chose, mais sortir un peu de temps en temps, ça ne lui ferait pas de mal.
Qui oublie de fermer sa fenêtre avant de partir.
Qui ne sait pas que deux gamins des rues rodent dans le coin, à la recherche d'une babiole à voler, et qui par accident vont libérer La Bête...

Alors évidemment, ça n'est pas le livre du siècle, mais cette histoire qui joue sur les enchaînements de circonstances catastrophique m'a bien accrochée, alors que je ne suis pas le public visé. Mais voilà, c'est enlevé, ça ne se prend pas au sérieux, ça dégomme à tout va mais toujours avec un sens du second degré qui use avec finesse des clichés du cinéma d'horreur - les parquets qui couinent, les ennemis qu'on croit esquiver mais qui arrivent par la porte du fond, etc... (ça aussi, c'est une bonne surprise, une roman jeunesse qui ne fait pas dans la dentelle , avec pas moins de 5 morts violentes en 200 pages Haaa sang et tripaille!). Et les trois familiers de Nat sont assez irrésistibles.

et en plus je le note: une littérature jeunesse avec une traduction sérieuse, je n'ai pas trouvé de grosse erreur  de syntaxe, ou de phrases qui ne veulent rien dire comme c'est parfois le cas.
Donc une très bonne surprise, et un éditeur que je vais surveiller

dimanche 3 novembre 2013

Château hanté - Maurice Renard

Il y a quelques jours, c'était "visite d'une demeure hantée" avec le challenge Halloween. Je croyais ne rein avoir sur ce sujet, mais en fouillant les ebooks en réserve sur ma tablette, j'ai déniché "château ghanté, une nouvelle de Maurice Renard, que je ne me souvenais même plus avoir téléchargée.
C'est ici qu'on la trouve

Le château hanté, c'est le château de Sirvoise, splendide demeure Renaissance sur les bords de la Loire, devenu récemment la propriété du Duc de Castièvre, un homme au tempérament mélancolique, d'autant que le château est prétendu hanté, et que les mauvaises langues prétendent que le duc lui-même aurait fait courir ces bruits afin d'obtenir un prix cassé.

Son seul plaisir, au grand dam de sa famille et de ses amis, est de déambuler au milieu de sa collection d'armure, mais hors de question d'organiser la moindre fête, qui "dénaturerait" le château à ses yeux.Jusqu'à ce que son ami et médecin trouve un solution qui satisfasse tout le monde: organiser un bal costumé sur le thème de la Renaissance, qui donnera un peu de vie à la demeure, sans en trahir l'histoire. une très bonne idée.. enfin, jusqu'à ce que l'armure de François I°, le clou de la collection, se mette à bouger et à danser seule. Serait-ce le fantôme du roi, ou un simple plaisantin?

Et c'est une bonne première découverte de cet auteur que je ne connaissais que de nom, avec une nouvelle agréable à lire, bien écrite,  une ambiance fantastique qui se met en place peu à peu, et une fin ouverte comme j'aime.
et puis il y a cette collection d'armures qui me rappelle ma visite au musée des armées de Paris, ou on peut justement voir la très impressionnante armure de François I°, qui a du impressionner aussi Renard, car elle est décrite presque trait pour trait.
demeure hantée!
N°18
un duc, une duchesse et un compte.. en plus de l'armure du roi!
écrite en 1920

samedi 2 novembre 2013

Ôke no monshô tome 2 - Chieko Hosokawa

Souvenez vous, c'était il y a une dizaine de jours, je vous parlais du tome 1 de cette série qui m'avait fait plutôt bonne impression, ce qui n'est pas trop difficile lorsqu'on en attend rien. Je me posais aussi la question existentielle: " combien de tomes faudra-t-il à ce manga pour sombrer dans le portenawak rose bonbon"? réponse: 2! Comme je le craignais, dès le 2° tome, ça part en sucette.

Visiblement l'auteur s'est souvenue qu'elle devait faire un manga pour fifille, et que peut être, les momies animées de mauvaise intentions, les peintures qui prennent vie et les sacrifices humains, c'était un poil too much pour le lectorat visé par l'éditeur?
oui, le rose était un mauvais présage

Et donc voilà, nous avions laissé notre blonde héroïne en fâcheuse posture, emmenée par la vindicative reine Isis 3000 ans en arrière. Et elle ne va pas faire mentir la réputation que les mauvaises langues attribuent aux blondes, car elle va vraiment faire connerie sur connerie, c'est même miraculeux qu'elle reste en vie. jugez -vous même:
A peine arrivée dans l'Egypte antique, elle est découverte inanimée au bord du Nil par Séti, un jeune esclave du chantier de construction royale et sa mère Séphora ( alors là oui, petite précision, souvenez-vous: on est dans les seventies, époque où l'idée était largement répandue que les pyramides avaient été construites par des esclaves sans nombre que l'on tuait à la tâche, et non par des ouvriers ultra-spécialisés triés sur le volet...). Deux esclaves donc qui, bien que la prenant pour une dingue lorsqu'elle jure arriver du XX° siècle, décident de la cacher des gardes royaux qui auraient tôt fait de la repérer avec ses cheveux blonds, et de la  grimer en esclave.
et c'est d'autant plus rageant avec ce genre d'effort de décor
première boulette: sitôt sur le chantier ( de la tombe qu'elle a aidé à excaver), Carol la fana d'histoire qui voit l'occasion de faire de l'archéologie en direct perd toute prudence, pose plein de questions,  tente de réformer le statut des esclaves et attire l'attention du général Minue, qui repérant une mèche blonde, garde l'information pour lui, ça peut toujours servir.
Evidemment, elle fonce dans le tas, espérant entrer en contact avec Isis en espérant qu'elle la renvoie au XX° siècle ( Carol, sérieux, cette femme veut ta mort, et uniquement ça!). Mais Isis ne sort jamais du palais, hormis ax grandes occasions, et justement, c'est bientôt le couronnement du nouveau pharaon Memphis. Idée lumineuse de Carol, attendre ce jour là,  se mettre au premier rang, et gueuler bien fort "Isis, houhou, je suis là". Excellent, maintenant elle sait que tu te planques chez les esclaves, elle va venir te faire buter et tes protecteurs avec...
Mais évidemment, elle est repérée aussi par le pharaon. 17 ans. Des hormones en ébullition. Qui n'a jamais vue une blonde de sa vie. Réaction immédiate: fifiiiiiiiille! attraper fifiiiiiille! Non, tu m'auras pas! haa je te tiens, je vais te faire mettre sous clef! Pas grave, je m'enfuis. Zut! je suis repérée.

Et à partir de ce moment là, ce passage va se reproduire tellement souvent que je vous jure que c'est vrai, j'ai lu mon manga avec CA comme bande son à chaque fois qu'un personnage essaye de fuir ou qu'un autre le poursuit
essayons:
la tronche du pharaon sur la vignette du haut + la musique. Ca colle à mort!
Car oui, à partir de ce moment, il n'aura de cesse que de l'attraper et en faire son esclave personnelle, au grand dam d'Isis qui voit sa manigance se retourner contre elle: elle qui se voyait déjà reine, en épousant son frère à la bonne vieille mode égyptienne doit d'une part écarter les prétendantes du célibataire le plus en vue de tout l'orient, mais aussi composer avec la nouvelle tocade du frangin. Et au passage remettre à sa place le sympathique général Potdecolle qui la convoite, elle en dépit des conventions sociales.
Et quelque part je plains Isis, parce que son frère est vraiment un gamin capricieux, un casse-burette autoritaire dont les sautes d'humeur se soldent le plus souvent par la mort de quelqu'un. Mais Carol est courageuse, et résiste. Ok, veut résister. Ok, cède devant l'argument " j'ai mis en prison le type qui t'a aidé, alors tu obéis bien sagement à mes caprices sinon je le fais exécuter". Mais là coup de théâtre et tentative d'assassinat: le pharaon est mordu par un cobra. Or, on apprend incidemment que Carol, depuis le tome1, a toujours sur elle un contre poison, depuis qu'elle a failli y rester de la même manière. Hoo comme c'est commode, n'écoutant que son bon coeur, elle sauve la vie à celui qui la brutalise depuis des mois, menace de la tuer à chaque instant et dont elle n'a d'autre espoir que de rester l'esclave toute se vie, s'il ne met pas ses menaces à exécution. Mais mais! espèce de blonde!!!! Laisse le crever, c'est un emmerdeur, un obsédé et un violent.
Sérieusement le pharaon stalker me fait mourir de rire: "houhou frangine, regarde ce que j'ai ramené, mon nouvel animal de compagnie". Je ne peux pas prendre ce personnage, supposé être flippant,  au sérieux, impossible!

Donc elle sauve son tortionnaire qui nous fait un bon gros fantasme de l'infirmière: je la veux, je suis le roi, je me fous des convenances, je la veux, trépigne, rage, bave, tempête.
Donc la sorcière envoie le chasseur enlever blanche-neige pour la tuer. Ah non c'est pas du tout ça, Isis envoie le fabricant de momies enlever Carol pour la buter et en faire un saucisson sec. Mais le pharaon, n'écoutant que sa maniaquerie, part la sauver.

Comment dire. C'était tellement du gros n'importe quoi, que j'ai bien rit en fait. Les quelques passages de trouille du tome 1 on fait place à des dodécaèdres amoureux (oui le triangle est insuffisant à ce niveau), car bien sûr, une blonde est une denrée rare à l'époque et à cet endroit, et tout ce qui porte un pagne se met à convoiter Carol , tel des loups de Tex Avery devant une rouquine ( pour diverses raisons d'ailleurs: le pharaon, parce que  fifiiiiiiiiille!, Séti parce que "tu as sauvé ma mère de la mort, je te suivrais jusqu'au bout du monde", Le général Minue, parce que finalement, elle est moins snob que la reine, le prêtre Kapta parce qu'il collectionne les objets dorés et que ses cheveux feraient bien sans se collection... sisi..)

Mais c'est tellement outré, tellement exagéré que ça en devient très très drôle: le roi caractériel, la soeur jalouse, l'héroïne irrésistible, le prètre vénal, le second rôle sympa qui ne sert pas à grand chose...
Après avoir bien rit sur la kitscherie du scénario, il y a un détail graphiquement qui m'ennuie énormément: le réemploi de personnages. Le pharaon est le portrait craché du grand frère -un peu trop ambigu d'ailleurs! - de Carol, Séti ressemble comme 2 gouttes d'eau à Jimmy, l'amoureux transi de Carol à l'époque contemporaine...alors soit c'est pure flemme, et bof bof. Soit c'est voulu, mais alors là, je vois arriver le truc de la réincarnation avec des sabots tellement XXL que je ne vois pas comment on pourrait tenir 58 nom de dieux de tomes avec ça. Soit on va avoir droit à " hoo tout ça n'était qu'un rêve, c'est pour ça qu'ils avaient la tête de mes proches" et rhaaaaaaaaaa!

Enfin, il faut aussi que je dise du mal de l'équipe qui a fait la traduction. Cette fois il y a une référence très claire à la légende d'Isis, épouse d'Osiris son frère. Très très directe. Mais depuis le début l'équipe continue à écrire: Ashisu, Osirisu, Anubisu, Menfuisu, et même Tebe, capitale de l'Egypte antique. Juste: non! La mangaka a transcrit les noms comme elle a pu en katakanas, d'après la prononciation anglophone qui fait d'Isis " Aïzis". Et l'équipe à gardé la transcription approximative en revenant des kanas à l'anglais. Sérieux, est-ce que c'était un effort surhumain d'aller juste vérifier l'orthographe d'Isis ou Memphis ( d'autant que c'est un site américain, je suis sure qu'ils ont déjà entendu parler de Mamphis Tennessee, quand même!), avant d'éditer? Même quand on est amateur, faut bien se dire que l'auteur n'a pas sorti tout ça de son imagination. Même le peuple Hittite ( hitaïte en anglais donc) devient Hitato.  Minute, je vais mourir et je reviens!

Ceci dit, j'avais gueulé tout pareil en France, pour une traduction officielle - ce qui est pire- d'une référence au Léthé, qui était devenue " rété le fleuve des enfers".

juste parce que c'est la suite du précédent billet
Enfin voilà, on finit ce tome avec Carol revenue par miracle à son époque lorsqu'un petit bout du sceau magique se décolle, elle retrouve sa famille, ouf, tout est bien qui finit bien, on en restera là, hein...à part si vraiment j'ai envie de me refaire à un moment ou un autre une lecture à la Benny Hill, mais je pense que je trouverais autre chose à lire. C'est quand même rageant, un potentiel pareil, et le voir partir en cacahouète en seulement deux tomes.




n'importe quoi, mais n'importe quoi égyptien malgré tout
Isis Osiris, patati, patata
Pharaon, reine et princesse hittite