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lundi 28 octobre 2013

contes fantastiques tome 1 - ETA Hoffmann

et pour continuer sur les nouvelles fantastiques allemandes ( et finir le challenge littérature allemande par la même occasion), voilà le tome 1 des "contes fantastiques " ( attention l'édition ebook québécoise que j'ai sur ma tablette n'est pas tout à fait la même que celle papier française du même titre, et ne correspond pas non plus tout à fait aux éditions allemandes)
Autoportrait d'ETA Hoffmann

On y trouve donc: le violon de crémone (initialement pièce isolée), le Majorat (extrait des contes nocturnes tome 2), la vie d'artiste (extrait du "point d'orgue"), le bonheur au jeu (les frères de saint Sérapion tome 3)  , le sanctus (contes nocturnes tomes 1), plus un autre texte " la nuit de sabbat", que je ne mentionnerai pas ici, car il n'est pas d'Hoffmann, il s'agit d'une attribution erronée, d'un auteur dont l'identité est contesté ( j'ai vu que certains avançaient Polidori ou d'un nommé Zschokke inconnu de moi. Donc dans le doute, je ne le critiquerait pas ici, mais probablement à part). C'est un peu dommage d'avoir d'une part ajouté un texte qui n'a rien à voir, et d'autre part d'avoir mélangé des textes issus de recueils d'époques différentes.

Le violon de Crémone: on y découvre l'extravagant conseiller Crespel, homme riche au loisir étrange: il achète sans cesse des violons de prix, pour les démonter tous pièce par pièce, dans l'espoir de trouver le secret du meilleur son possible. Tous, sauf un, au son exceptionnel. Le narrateur, curieux, réussit à entrer dans ses bonnes grâces et à faire la connaissance d'Antonia, l'étrange femme qui vit chez lui, et dont la ville entière prétend qu'elle chante magnifiquement.. bien qu'on ne l'ait entendu  qu'une fois devenue quasi légendaire. Et de fait Antonia est la fille du conseiller, et d'une chanteuse lyrique, qui souffre d'une maladie respiratoire. Chanter encore mettrait sa santé et sa vie en danger, c'est pourquoi elle a renoncé à chanter à tout jamais, en échange de la " grâce" du violon de crémone, dont le son lui rappelle le son de sa propre voix, à l'époque où elle pouvait encore chanter. Mais évidemment tout va finir par tourner mal, c'est du fantastique allemand...
Pour les connaisseurs en musique, cette histoire est celle qui constitue le III° acte des contes d'Hoffmann de Jacques Offenbach .

Le Majorat: dans un château plus ou moins délabré au fin fond du duché de Courlande ( Lettonie), un vieux justicier ( notaire) et son petit neveu vont découvrir comment de vieux secrets de famille continuent à perturber la vie des actuels occupants. Sans compter les bruits inquiétants et les manifestations étranges qui se produisent la nuit, et indiquent la présence d'un revenant dans la vieille bâtisse.
Sans être inintéressant, je l'ai quand même trouvé long: toute une première partie sympathique plante le décor: un châtelain grognon, sa trop jolie femme sujette aux attaques nerveuses, les bruits et les manifestations mystérieuses. La suite est plus confuse, lorsque le récit bifurque sur les complexes histoires d'héritage du baron Roderick, des ses fils, de son petit fils, car malheureusement, il y a dans la généalogie Deux Roderick, deux Hubert, un Wolfgang.. on s'y perd - en en fait, c'est même tellement bizarre parfois que j'ai l'impression que le traducteur s'est emmêlé les pinceaux dans les noms. On saura au final qui est le fantôme et pourquoi il hante les lieux, mais au bout du comte, l'histoire d'héritage prend le pas sur le fantastique, et c'est dommage. Ha oui, et comme on est chez Hoffmann, il y est quand même question de musique: car la baronne qui s'ennuie à mourir ( comme toujours ou presque, chez les femmes d' Hoffmann, elle est de de santé fragile et surprotégée par son mari) se trouve une passion commune pour la musique avec le neveu du notaire et improvise des duos avec lui.

La vie d'artiste: Et je vous le donne en mille: de la musique! On y suit les déboires d'un musicien amateur d'une petite ville, qui découvre un jour ce qu'est vraiment la musique, incarnée par deux musiciennes italiennes itinérantes, deux soeurs qui représentent chacune une approche différente, quasiment une philosophie musicale. il y a Lorette, la soprano colérique, qui ne jure que par les chansons légères et les fioritures, jusqu'à en mettre trop, partout, tout le temps ( j'ai envie de dire qu'elle représente un peu la conception de la musique au service du musicien, pour faire valoir sa virtuosité son talent, etc..) et à l'opposé, Térésina, l'alto et guitariste, qui préfère la musique sérieuse, et la pureté d'une note à l'afféterie ( l'interprète au service de la musique cette fois). Mais les deux sont aussi fausses l'une que l'autre et méprisent le musicien qui les accompagne, et les plante là, lassé de leurs tocades.. n'optant ni pour l'une ni pour l'autre au final. Je pense qu'il faut voir cette nouvelle presque comme une leçon de philosophie musicale, plus que par les femmes, le narrateur explique qu'il est d'abord attiré par le brillant , j'ai presque envie de dire le côté tape-à-l'oeil du chant de Lorette, et qu'il n'arrive pas à apprécier la musique sobre de Térésina,  chose qui se produira peu à peu, quand il aura plus de maturité musicale.  Donc, j'ai apprécié cette nouvelle surtout parce qu'elle me parle en tant que musicienne amatrice, mais je ne sais pas du tout ce que peut en penser quelqu'un qui n'est pas concerné. Peu de fantastique, sauf si on considère la musique, l'inspiration comme un principe surnaturel?

Le bonheur au jeu: ça alors. pas de musique! Pas une note n'est mentionnée cette fois. Il y est juste question d'un homme particulièrement chanceux, qui sombre peu à peu dans la passion des jeux de cartes, auxquels il gagne invariablement de grosses sommes.Avant qu'il ne soit trop tard pour lui, il est abordé par un vieux monsieur qui vient le mettre en garde et lui raconter l'histoire d'un autre joueur du passé, à qui la chance souriait, qui ruinait littéralement ses adversaires jusqu'au jour fatidique où la chance à tourné... Là le surnaturel est plutôt dans cette chance insolente et capricieuse qui s'attache successivement à plusieurs génération de joueurs, qui semblent se la passer comme un mauvais rhume, et qui fait leur malheur plutôt que leur bonheur.

Le Sanctus: un mauvais rhume, c'est justement la catastrophe qui s'abat sur le choeur d'une petite ville. La soliste vedette, Bettina est aphone depuis plusieurs mois, et le médecin perplexe en vient à se demander si elle pourra un jour chanter à nouveau. En effet, elle est tout à fait capable de parler normalement, mais sa voix disparaît mystérieusement dès qu'il s'agit de chanter. Et l'angoisse de devoir abandonner le chant ne fait qu'empirer son état. Un des choristes finira par comprendre ce qui se passe: choc psychologique. La veille de son aphonie, alors qu'elle quittait la messe pendant le sanctus, dès la fin de son solo, afin d'aller honorer d'autres contrats, un plaisantin lui a suggéré que partir avant la fin de la messe lui attirerait surement la colère divine. Plaisanterie que Bettina a pris pour argent comptant. Et pour la guérir, une fable racontant une histoire similaire à la sienne, mais où la chanteuse retrouve sa voix, suffira à lui rendre confiance en quelques jours ( J'ai envie de dire, personne ne se rend compte qu'outre le choc psychologique, elle souffrait de surmenage, avec 4 ou 5 engagements à honorer par jour, et qu'elle avait besoin de repos vocal.. que son organisme l'a forcée à prendre.. mais bon). Une histoire plutôt drôle, même si le conte andalou destiné à rendre confiance à Bettina me gêne aux entournures - puisqu'on y parle d'une maure convertie au catholicisme et qui a enfin embrassé la vraie foi, etc...

En conclusion, un lecture plutôt sympathique, même si je soupçonne quelques bizarreries de traduction ( celle que j'ai trouvé en ligne est la toute première qui date du XIX° siècle), une seule vraie histoire fantastique ( avec fantôme), qui est celle que j'ai le moins appréciée, même si les autres ne sont pas dénuées d'"inquiétante étrangeté" selon la formule consacrée. En fait je pense que le souci c'est d'avoir compilé des nouvelles extraites de différents recueils, qui n'ont pas du tout le même objectif: La vie d'artiste et le sanctus sont plutôt légères et volontiers humoristique, tandis que le violon, le majorat et le bonheur on une ambiance plus mystérieuse. L'objectif de l'auteur n'y est pas du tout le même, et c'est maladroit de les avoir mélangées ainsi. Ceci dit, je le disais déjà ici à propose de l'homme au sable, j'apprécie bien l'humour discret volontiers cynique de l'auteur ( un peu moins sa manie de faire de ses personnages féminins des êtres faibles, à la santé délicate, sur lesquels un père, un mari.. voire même un fabricant exerce une emprise totale. Une fois de temps en temps, pourquoi pas, mais là, c'est un peu trop récurrent)
5° lecture: challenge réussi!
lecture commune: un auteur classique
et de 16!
première lecture pour ce défi.. pour la place que tient la musique dans 4 des 5 nouvelles d'un écrivain qui était aussi musicien et compositeur :)


3 commentaires:

  1. J'ai lu le tome 1 des éditions Phébus Libretto mais me rends compte que j'ai complètement oublié ces nouvelles. Je les relirais bien volontiers car je sais que j'avais beaucoup aimé l'atmosphère.

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  2. Contente de découvrir en résumé quelques-unes des inspirations d'Offenbach !

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  3. J'ai étudié les nouvelles d'Hoffmann, j'aimais bien le côté extravagant ( opéra bouffe / Les fantoches) mais je ne connaissais pas ces nouvelles-là

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