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samedi 9 juin 2012

Starters - Lissa Price

Voilà un titre que je n'aurais fort probablement pas lu, si une collègue de travail ne me l'avait prêté en me disant " pas mal, mais sans plus, je vais le revendre, si tu veux le lire avant, pas de soucis". Et donc, je confirmece qu'elle dit. Pas mal mais sans plus.
L'idée de départ est pourtant alléchante: Dans un futur indéterminé, en Californie, une guerre bactériologique a tué tous les adultes de plus de 20 ans et de moins de 90 ans. L'ironie étant que seule les enfants et les personnes âgées, considérés comme potentiellement à risques ont été vaccinés. Nous voici donc dans une Los Angeles peuplées uniquement d'enfants, d'adolescents et de centenaires. La deuxième ironie du sort étant que la médecine a fait de tels progrès (on suppose avant la guerre), qu'il n'est pas rare de vivre jusqu'à 150 voire 200 ans. Des vieux en bonne santé, mais qui manquent quand même de souplesse pour continuer à faire tout ce qu'ils faisaient avant. E donc, une entreprise propose donc a des jeunes miséreux , mais doués en sports de "louer" leurs organismes à des centenaires en mal d'action. Un petit transfert de conscience via une puce implantée dans le cortex et voilà l'aïeul qui se retrouve à faire de la planche à voile dans un corps d'adolescent. Oui, je sais c'est bizarre, mais c'est de la SF donc pourquoi pas.
Le problème c'est que Lissa Price n'est pas Orwell ou Huxley, et que même si le livre se laisse lire sans déplaisir, il y a quand même des bugs scénaristiques assez perturbants.

On nous raconte à longueur de pages que les enders ( les vieux donc) exploitent les jeunes. Soit en louant leurs corps, soit en leur faisant effectuer les travaux les plus pénibles, le terrassement, les forages, etc... Et que cependant, les mineurs n'ont pas le droit de travailler. Les pauvres n'ont donc le choix que de survivre en squattant les immeubles en ruine, se louer, ou être attrapés et conduits en "institut" (en prison, en fait). comment peuvent-ils donc pour certains au vu et au su de tous, effectuer des travaux publics? Que fait le gouvernement? Pourquoi personne n'a eu l'idée d'abaisser la majorité pour leur permettre de travailler, se loger et se nourrir? A cas exceptionnel, mesure exceptionnelles. Mais non.
Deuxième gros souci: On apprend très fortuitement que vu les tarifs pratiqués par l'entreprise "Prime destination", qui loue les corps des jeunes, seuls les gens très très très riches peuvent s'offrir une deuxième jeunesse. Et que les autres, bien que centenaires ( un centenaire ce cette époque, doit approximativement ressembler à un quinquagénaire de notre monde, en fait), continuent à travailler, sans soupçonner l'existence de ce petit commerce. Vu que les jeunes sont relookés et retouchés chirurgicalement avant d'être loués pour ressembler à des gravures de modes, comment se fait-il que personne, mais alors personne ne se pose de question en croisant des nuées d'ados physiquement parfaits claquer un argent fou dans des boutiques de luxe. et bien non, une multiplication d'adolescent parfaits et richissimes deux ans après une guerre qui a ravagé la contrée, c'est parfaitement normal.
En fait le problème vient de là. L'auteur se focalise uniquement sur Callie son héroïne, le récit est la première personne (j'aime pas!), on voit tout par ses yeux, et rien, mais alors rien sur la société où elle évolue. Nada! Autre exmple: on apprend que les liaisons aériennes entre la Californie et le Mexique sont coupées, que les immigrants mexicains sont retournés chez eux, la Californie est devenue le paria des USA et du monde. Ha oui, tiens;;; la guerre était centrée sur la Californie? Au fait une guerre contre qui? Pourquoi?
Il me semble qu'il y avait matière à réflexion, des pistes intéressante à exploiter. Mais non, on en reste à Callie, son frère, sa fuite et son histoire d'amour pur conte de fée.

Bah, oui, quand même, c'est de la littérature jeunesse, donc il FAUT une histoire d'amour à faire rêver. Exit donc toute piste un peu profonde. Genre, que devient la notion d'identité quand on se glisse dans la peau de quelqu'un d'autre? Où est "stockée" la personnalité des "donneurs' pendant l'échange de cosncience.
Car oui, Callie, l'héroïne, même intrépide et tout, semble n'avoir jamais lu un roman de SF et fait preuve d'une naïveté ahurissante au moment de signer son contrat de location.
Voyons un peu: la société Prime destination est ultra secrète, mais garantit au "donneur" que le" locataire" ne fera pas de choses dangereuses ou illégales avec son corps. Mais Callie ne se  demande pas  ce que vaut un contrat signée avec un société qui n'a pas d'existence officielle. Ni ce que cache le terme "donneur" ( on parleraît plutôt de prêteur, non?). Et pourquoi elle intéresse spécialement ladite société . Poulette, tu es douée en tir, pas en broderie! Ca pue l'illégalité et tes petits neurones ne s'agitent même pas? Ben nous la seule question qui lui pose souci c'est " et le sexe? non parce que je préfèrerais que pour ma remière fois, ça ne siot pas quelqu'un d'autre!"
Du coup, les implications qui sautent aux yeux dès le premier chapitre ne sont pas évoquées avant la page 300 et quelques: parce que s'il est possible d'emprunter un corps pour une durée déterminées, il devient évident que l'amende formidable prévue pour tout non-respect de contrat par un locataire devient dérisoire, rappelons qu'il s'agit de vieux, riches qui ont la possibilité de revivre leur jeunesse, ou de commettre des crimes sans être soupçonnés. La question qui se pose dès les premières pages, c'est " location? Ca m'étonne qu'ils ne proposent pas l'achat d'un jeune, puisqu'il est virtuellement possible par ce biais de devenir immortel et que les vieux n'ont apparemment aucune conscience du vol d'identité qu'ils commettent.

Ben non, au lieu de ça, on part sur une intrigue à cheval sur le conte de fée, l'enquête policière, le roman d'espionnage.
Donc je vais le faire rentrer dans mon défi "contes de fées" hé oui!
CAR
 Une héroïne pauvre, en haillons qui récupère sa conscience par erreur en boîte de nuit, où tout le monde la prend pour ce qu'elle n'est pas, à savoir une riche héritière, rencontre un jeune homme de bonne famille, beau, riche et (pas trop) intelligent qui s'éprend d'elle  la première seconde. Ca ne vous rappelle rien? Trop flou, Ok je  sors la grosse artillerie!
chapitre 7: invitée par un riche fils de famille , Callie se demande si Cendrillon " a craché le morceau au prince en plein bal pendant qu'elle virevoltait dans sa magnifique robe"
Chapitre 14: Callie , invitée par son riche gandin à la soirée de son grand-père Sénateur, se voit proposer de choisir une tenue dans la garde robe de la soeur du garçon. Garde robe ultra moderne, il suffit d'agiter la main devant les boites de chaussures pour qu'elles e rangent seules. Limite, c'est de la magie. Une fois habillée, le gars rentre dans le dressing, prend une baguette en métal dans le placard et l'agite tout autour de la fille.
Chapitre 15, alias " chapitre gros sabots":  Notre pauvresse habillée en princesse arrive à la soirée du sénateur. Mais son usurpation d'identité ( on la prend pour une centenaire habitant le corps d'une jeune, alors qu'elle est elle même, suite a un faux contact de puce. de toute façon, il y a tromperie, c'est une pauvresse dans des habits de riche) est sur le point d'être découverte, elle s'enfuit donc par le grand escalier en perdant une de ses chaussures. Sauvée in extremis par des amis en grosse voiture, il ne reste plus qu'au petit fils crétin à courir après la voiture, un chaussure à la main.
Chapitre 16: de retour chez sa locataire, Callie découvre un  cadeau à son intention: un joli collier de pierre bleues qui brouille les émissions de sa puce pour que  Prime Destination ne puisse pas la géolocaliser. Un vrai cadeau de marraine la fée, en quelque sorte... faut vraiment que je continue?

L'emprunt est tellement visible, tellement cliché que ça n'en est même plus drôle.

Bon au final, je pointe  ce qui me gêne, mais malgré tout, ça se laisse lire sans  trop de lassitude, ça n'est ni un grand, ni un bon roman de Sf, mais ça reste un livre potable. Faut dire qu'après avoir tenté le désolant Twillight,( faudra un jour que je décide à le finir pour le descendre en flamme) tout me paraît à peu près lisible. Une suite "Enders" est prévue d'ici la fin de l'année, je la lirai peu être par acquit de conscience pour voir si l'auteur change de point de vue pour mieux cadrer son récit (ou pille un autre conte) car il y a malgré tout de bonnes idées noyées dans la masse!

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