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dimanche 1 novembre 2015

Frankenstein - Mary Shelley

Une lecture commune " roman classique" du mois Halloween. Une relecture pour moi, je l'avais déjà lu il y a quelques année, et j'avais totalement oublié à quel point la traduction de Germain d'Hangest est lourde et indigeste par moment  ( 3 fois, Germain. 3 fois tu nous colle la tournure " persuader à ": "on a persuadé à sa mère.."  Non, Germain,  "persuader à " est ringard depuis environ 1830, donc même en 1922 ça sonnait très très lourd)

Après, un autre truc que j'ai remarqué, mais là, c'est l'auteur qui est à blamer et non le traducteur: comme le livre a été écrit en 1817, puis retravaillé pour être republié en 1832, il y a des décalages temporels qu'elle a oublié de corriger entres ses deux manuscrits et ça me pose un problème: dans la première version Victor arrivait en Angleterre Fin Décembre (chapitre XVIII) parce qu'il partait de chez lui fin septembre. Dans la seconde version , il part de chez lui fin août.... Et chapitre XIX, il nous est dit " arrivés en Angleterre au commencement d'Octobre".
Il s'est passé quoi entre la fin du chapitre XVIII et le début du XIX? il a rencontré HG Wells et sa machine à remonter le temps?
Oui je sais, mais c'est idiot, parce que du coup, le chapitre XIX semble se passer 2 mois avant le XVIII et ce genre de boulettes me pose un problème ( il y en a d'autres plus discrètes, mais que les notes de lectures font ressortir.. l'histoire se passe en 17..... sans plus de précisions. Ca cadre encore lorsqu'elle cite un texte de Wordsworth paru en 1798, ou les ruines de Volney paru en 1791. L'histoire devrait donc se situer en 1798 ou 1799. Sauf qu'à un moment Victor Frankenstein cite un poème de Shelley paru en 1815.. hé oui, vouloir rendre hommage à son mari, c'est mignon, mais... elle a du oublier momentanément qu'elle situait son histoire dans le passé ...)

Ceci étnt dit, la lourdeur de la traduction les failles spatiotemporelles.. Que dire de plus

Ha oui, j'avais oublié à quel point je DETESTE Victor. C'est ballot, c'est le héros. Car oui, au passage Frankenstein n'est pas le nom de la créature comme on peut le croire en voyant les adaptations cinéma, mais bien le nom de son créateur.
Victor donc, après une enfance heureuse dans les montagnes de Suisse, si jolies, à la neige si pure... par étudier les sciences naturelles, la physique et la chime à Ingolstadt. Et comme il s'est plongé dans les vieilles théories médiévales sur l'alchimie, il a l'idée de mélanger sa formation scientifique avec ces vieilles théories et de créer un être humain à partir de bouts de cadavres qu'il va ressusciter. Dans le plus grand secret car bien sûr c'est impie.
et lorsqu'il y arrive, il va bien sûr révolutionner le monde scientifique , la greffe d'organes et apporter des innovations majeures dans le domaine médical, tout en prenant conscience de sa responsabilité envers l'humanité en général et sa créature  en particulier. NOOOOOON, évidemment, il illustre parfaitement l'adage selon lequel "science sans conscience n'est que ruine de l'âme", il bidouille avec la vie, crée un être humain, se rend compte que ce qu'il a fait est affreux parce que le résultat est moche et gigantesque ( Victor a l'égo de la taille du Mont blanc et par caprice a créé un géant, dont il se voyait déjà être le dieu), s'en détache totalement en faisant une crise de nerfs de plusieurs mois sans se soucier plus que ça de ce qu'est devenu sa créature, qui étant moche et artificielle, est forcément une brute sans intérêt à ses yeux. Sans intérêt jusqu'à ce que des morts suspectes se produisent dans sa famille, qui sont forcément dues à une brute épaisse sans foi ni loi.. Sauf que..
Cette première moitié est très longue, avec les descriptions de la jeunesse de Victor, de ses études , ses profs, ses crises de nerfs et ses perpétuelles lamentations sur ce qu'il a fait bouhouhou, j'ai été inconscient, mais bah, pas grave, ma dépression va mieux, ho snif,  des morts dans la famille, c'est forcément la faute de mon monstre, donc la mienne bouhouhou. TA GUEULE!
 Plusieurs fois, j'ai engueulé le personnage " boucle-la Victor, arrête de te lamenter sur ton sort en te regardant le nombril, bouge tes fesses que je botterais volontiers et assume tes actions, crétin!".

La suite devient beaucoup plus intéressante, lorsque le créateur et la créature se rencontrent enfin. La créature certes moche, est dotée d'une sensibilité et d'une intelligence que son créateur tellement imbu de lui même n'aurais jamais soupçonné, n'a même jamais cherché à connaître.
Il va donc raconter l'histoire de son point de vue, depuis son départ du laboratoire où il a été créé, comment il a été systématiquement chassé par les humains, sa découverte du feu, de la nourriture, son apprentissage de la parole, en épiant des villageois, de la lecture tout seul ( oui, là Mary, tu en fais un peu trop), et sa découverte du nom de son créateur sur les papiers qu'il avait emporté en fuyant et qu'il a pu lire.

ET là, passage magnifique où "le monstre" demande des comptes au créateur qui l'a lâchement abandonné, lui reprochant exactement ce que je lui reproche depuis le début: tu as agis avec légèreté, tu avais envers moi des devoirs, et je vais t'obliger à les respecter. Tu ne cesses de te plaindre, mais tu as des amis, je n'en ai pas. alors si tu veux garder tes amis vivants, il va falloir assumer tes actes et te soucier de moi. sauf que ce con de Victor va effectivement lui promettre d'assumer et s'empresser de ne pas tenir sa promesse.
Le "monstre " n'a d'ailleurs pas non plus d'identité, loin de se laisser impressionner par cette démonstration de bon sens et d'intelligence Victor continue de s'entêter.. causant un peu plus à chaque fois sa parte et celle de ses proches. La créature avait un bon fond à la base mais est devenue criminelle, seule méthode pour que son créateur obtus daigne enfin reconnaître son existence, jusqu'à finalement contraindre Victor à le poursuivre jusque dans le grand nord ( devenir l'ennemi juré de quelqu'un et le forcer à le poursuivre , pour enfin, au moins exister à ses yeux).

Toute cette seconde partie est passionnante et éclairée par la préface qui met en luimière la vie inhabituelle de l'auteur: élevée dans une famille agnostique, où le suicide était presque uen tradition familiale, avec un père et une mère humanistes, progressistes, militants pour l'égalité.
Le monstre, c'est l'humanité imparfaite qui demande enfin des comptes au dieu qui s'est amusé à la créer comme une simple expérience de laboratoire qu'on abandonne parce qu'elle n'a pas donné le résultat escopté, qu'on ne respecte pas, mais dont on attend malgré tout le respect.
Deux phrases très importantes, qui sous des apparences anodines contiennent tout le roman: chapitre 1: Victor parle de ses parents en ces termes: "leur profonde conscience de ce qu'ils devaient à l'être auquel ils avaient donné la vie"
Chapitre4: Victor parle de sa (ses) future(s) créature(s) en ces termes: " une espèce nouvelle bénirait en moi son créateur et sa source (...) nul père ne pourrait mériter la reconnaissance de son enfant comme je mériterais la leur"
Donc si on résume, ses parents avaient des devoirs à son égard, sa création aura des devoirs envers lui.. et lui n'en a envers personne. Jusqu'à la dernière minute il continue à s'entêter. Victor est un connard, orgueilleux et un sale type, malgré tous les efforts de l'auteur pour nous le faire plaindre - ou alors elle lui fait cumuler ces jérémiades insupportable pour mieux créer la différence avec la dignité de la créature sans nom qui reste beaucoup plus sobre.

C'est clairement le monstre qui est le plus humain des deux, ses mauvaises actions étant dictées seulement par l'attitude inconsciente et hautaine de son "père". Moderne, comme sujet n'est-ce pas?

Le sous-titre "le Prométhée moderne "est bizarre, en fait Prométhée ( dieu  utile qui a créé des humains - dans une variante de sa légende- et leur a donné le feu pour qu'ils ne meurent pas de froid a été puni pour avoir courroucé Zeus, mais a au moins pris en compte la destinée de ses créations), n'a pas grand chose à voir dans cette histoire. Prométhée agit avec de bonnes intentions Victor juste par orgueil. Et a pour le coup, un hybris véritablement digne de la myhtologie Grecque.
C'est plutôt une allusion à " Prométhée délivré" pièce de Percy Shelley, qu'il va donc falloir que je lise car la mythologie me passionne et Prométhée en particulier ( Légende qu'on retrouve d'ailleurs dans beaucoup de civilisation.. Ca  vous étonne si je vous dis que j'ai un énorme faible pour Loki dans la mythologie nordique bien que ça soit un emmerdeur patenté, ou plutôt, justement pour cette raison? Et j'en avais d'ailleurs touché aussi deux mots un peu plus tôt dans le mois au sujet des statues de Lucifer des frères Geefs.. Les 3 personnages ont en commun la révolte contre l'injustice ou du moins ce qu'eux considèrent comme injuste et ça, c'est très intéressant.




5 commentaires:

  1. Il fait partie des classiques que je n'ai pas encore lu, qui me font envie mais que j'hésite un peu à aborder de peur de les trouver un peu passés. (Jules Verne par exemple, j'ai été très déçue de découvrir que je trouvais ça très très lourd).
    Enfin, grâce à toi je sais maintenant que je dois m'accrocher même si le début est laborieux :D

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    1. Pour Verne ça va dépendre, j'ai bien apprécié de relire " de la terre à la lune" qui égratigne au passage le "le Gun club" des USA ( tellement d'actualité avec la NRA), mais j'ai mis en pause 20 000 lieues sous les mers, de bonnes idées, mais trop de descriptions de poissons avec leurs noms scientifiques.
      Après faut apprécier la prose très lyrique:à l'époque on a reproché à Mary Shelley son côté fantastique si peu féminin pour lui reconnaître un talent poétique et lyrique dans la description des montagnes. C'est l'inverse qui a le mieux vécu le passage du temps. En tout cas je te conseille peut être une autre traduction que celle que j'ai eu en main.

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  2. En lisant ton billet, je me souviens aussi que j'avais du m'accrocher sur le départ et une fois la créature existante, le livre était beaucoup mieux passé. Je penses que ma traduction était moins lourde mais pas facile d'accès non plus. Le texte a assez mal vieilli, contrairement au message ...

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  3. OMG! j'adore ton billet! tu me fais commencer la semaine avec un grand éclat de rire! merci! Je n'ai jamais lu ce roman, même si j'ai vu l'adaptation avec Kenneth Brannagh et Robert DeNiro. tu l'as vue?

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    1. ha oui en effet, j'aimerais bien la revoir, même si de Niro, tout Monstre sacré qu'ile st n'était pas assez monstrueux pour le rôle:D Mais 'est vrai que quand j'y repense, je l'ai vue AVANT mes 2 lectures du roman, et le Victor de Kenneth Branagh était beaucoup plus intéressant, enfin, je crois me souvenir, moins irresponsable que celui du roman.

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