C’est un monument bien mystérieux que j’ai choisi pour représenter la littérature chinoise dans mon challenge. Monument s’impose ici, le Tao Te king ( Tao Tö king sur ma version, mais je vais garder la version la plus connue, on trouve aussi Dao De Jing par ci par là) étant le texte fondateur du taoisme. De l’auteur, Lao Tseu ( ou Laoxi, Laozi, et tant d’autres transcriptions possibles) , on ne sais rien, en tout cas rien de tangible. Les suppositions en font un sage qui aurait vécu au VI° siècle avant notre ère, mais le Tao Te King semble plus « récent » d’environ deux siècles, donc on pourrait avoir affaire à une transcription a posteriori d’un enseignement de tradition orale. Une autre possibilité donne le tao te King comme une compilation d’aphorismes de divers auteurs regroupés sous un nom générique ( Lao Tseu signifiant « vieux maître », cela peut désigner plusieurs sages). En fait le personnage, peut être réel à la base, perdu dans les limbes de l’histoire rappelle un peu Socrate, tel que décrit par Platon, dont on se fiche finalement de savoir s’il a réellement existé ou pas, ou s’il ne s’agit que d’un prête-nom.
Donc, le Tao Te King, « livre de la voie et de la vertu », est quand même un texte bien obscur, composé de petits fragments poétiques. Le tao lui-même , principe de base de toute la philosophie abordée ici, n’est pas facile à définir : un principe naturel d’ordre et d’harmonie, d’où procède chaque chose, d’où la nécessité de vivre en accord avec la nature pour rester au plus près du tao. Un principe un peu effrayant tout de même, car le découvrir, c’est risquer de se perdre. Le Tao Te King prétend donc mener le disciple sur la voie de la sagesse. Vous n’avez rien compris en le lisant ? c’est normal, pas de quoi s’inquiéter, car même s’il sous-tend la pensée chinoise depuis plus de deux millénaires, c’est aussi le texte le plus commenté en Chinois, le plus sujet à interprétations ( apparemment les caractères qui le composent sont très souvent polysémiques, donc, il est assez facile de lui faire dire ce qu’on veut).
Ce qui m’a frappée à la lecture de ce court recueil, c’est outre l’obscurité de certains passages, le côté très politique de la chose. En effet, je ne m’y attendait pas du tout, mais beaucoup de fragments semblent destinés à l’enseignement d’un dirigeant politique. Il y est souvent question de la manière la plus « naturelle » de diriger un peuple.
Exemple :
LXXII
Si le peuple ne craint plus le pouvoir
C'est qu'un pouvoir plus grand approche.
Ne pas limiter son espace vital
Ne pas l'empêcher de subsister
Ne pas le pressurer
Et le peuple ne se lassera pas.
Ainsi le sage se connaît lui-même
Mais ne se montre pas.
Il se respecte lui-même
Mais ne s'enorgueillit pas.
Il refuse ceci et accepte cela
Ce qui laisse à réfléchir, surtout lorsqu’on pense que ce texte a du être rédigé il y a au bas mot, 26 siècles, ça donne le tournis ! voila pourquoi je parlais de Socrate plus haut, on retrouve très régulièrement la notation que le sage ne peut connaître le monde, et a fortiori le Tao, tant qu’il n’apprend pas à se connaître lui-même ( ce qui rappelle le principe « gnôthi seauton » de la philosophie grecque). Sans compter le principe de Non- action, qui rappelle beaucoup la résistance passive, et la non-violence prônée beaucoup plus récemment par Gandhi.
Un texte poétique, mystérieux, dont il doit falloir lire plusieurs version pour espérer saisir un peu de la subtilité en dépit de la traduction. Mais qui ne m’a pas énormément surprise, dans le sens ou j’ai trouvé pas mal de ressemblances avec la philosophie du siècle de Périclès
Une lecture du Challenge ABC
edit: le Tao Te King rejoint également le challenge 2€!
Une lecture du Challenge ABC
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