Bienvenue amis curieux!

Pourquoi le Cabinet de curiosités?

Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

Vous trouverez donc ici un peu de tout, de ce qui fait ma vie, mes loisirs: musique, lecture, voyages, etc...
Bonne lecture

Qui passe par ici?

Flag Counter

dimanche 6 mars 2022

retour forcé

Ce n'est vraiment pas de gaîté de coeur que je l'annonce.
Mais les circonstances étant ce qu'elles sont, et malgré le calme à Saint Petersbourg, j'ai dû rentrer précipitamment, l'université m'ayant rappellée. Je n'ai donc pas eu le choix, contrairement à ce que pense mon assurance qui estime que je suis rentrée de mon propre gré.

Evidemment, le monde en guerre a des problèmes autrement plus graves que moi, mais c'est quand même avec amertume que je vois mes 10 mois d'immersion réduits à 3 mois, d'abord par le covid au début, puis par la situation politique. Et sur ces 3 mois, 1 et demi ont été consacrés à faire la vaccination et obtenir le QR code local...c'est extrêment frustrant.

"paix", 28/02/2022. quelqu'un a accroché des dizaines de ces colombes de papier le long de la cathédrale notre dame de Kazan et des ponts de la perspective Nevksi.

Les circonstances:

Nous sommes dimanche 6, j'ai eu l'information lundi 28 février dans la nuit, me demandant de rentrer immédiatement. Et en 4 jours, j'ai donc dû, moyennant quelques nuits blanches et jours de stress, comparer les prix des compagnies aériennes, trouver une solution pour rentrer, aller acheter une valise, réserver, payer, faire les valises, tout en continuant les cours sur place mardi et mercredi,  faire le test pcr, dire au revoir à tous les amis que je me suis fait sur place, et repartir jeudi 3.

J'ai pu lundi soir heureusement en revoir un, Konstantin, un jeune gars formidable, rencontré fin janvier et avec qui j'échange beaucoup par écrit. Et  qui, malgré ses occupations, apprenant que je devais partir précipitamment, a débloqué une soirée pour me voir, me changer les idées, me dire qu'il avait commandé auprès de sa famille à Tchita ( région du lac Baïkal) un cadeau local pour moi, qu'il était désolé de ne pas pouvoir m'offir puisqu'il ne l'avait pas encore reçu. Il avait travaillé 30 jours sans week end et se réjouissait à l'idée de me proposer de passer la journée ensemble le 8 mars pour mieux faire connaissance, aller voir une expo peut être...Puis a fini par m'offrir un exemplaire de Morphine, un de ses livres préférés. Pour le souvenir et la journée ensemble c'est râpé, mais rien que son intention m'a fait un plaisir immense. Sans le savoir il m'a fait un très joli cadeau, puisque je voulais justement lire ce livre. Et surtout un autre cadeau encore plus important: me remonter le moral quand j'en avais le plus besoin.

Je reviens donc avec en fait, la chose la plus précieuse au monde: l'amitié de quelqu'un qui est bien parti pour devenir un de mes meilleurs copains. Ce jeune homme est une perle. Un peu trop jeune, hélas, pour l'envisager autrement que comme ami car je pourrais être sa mère (et c'est bien la première fois que je regrette mon âge!) mais s'il avait eu 10 ans de plus ou moi 10 ans de moins, j'aurais probablement tenté quelque chose, il est adorable.
Mais il compte dans l'avenir voyager et apprendre le français, il va donc sans dire que je lui ai proposé de prévoir son premier grand voyage en France ( c'était avant que la guerre ne se déclare, actuellement  ce n'est donc pas possible) et, bien sûr, mon aide inconditionnelle le jour où il décidera de passer à l'action et d'apprendre le français, il a d'abord besoin de parfaire son anglais pour ses études en biologie, beaucoup de documents de référence sont en anglais.

Je reviens aussi avec une copine plus agée que moi, Ioulia, à Moscou, prof de russe pour étrangers avec laquelle j'avais fait un stage en ligne à l'été 2020, et qui est une dame formidable. J'ai eu la chance de pouvoir aller la voir juste avant que la situation ne dégénère, je suis revenue de Moscou le mercredi soir, et le jeudi matin la guerre était déclarée.

Il ya a aussi Denis, le premier contact que je me suis fait à Saint Pétersbourg qui m'a aidée plusieurs fois, Elena, Marianna et Rita rencontrées en ligne et avec qui j'ai fait quelques sorties... Manque de chance, je n'ai pas eu la possibilité de les revoir, étant partie trop précipitamment pour qu'il ne puissent se libérer.
Avec d'autres, on a joué de malchance, nous avons échangé par écrit, mais sans trouver une possibilité de se rencontrer...En fait le vrai crève-coeur dans l'histoire a été de devoir leur dire au revoir par SMS ou par téléphone. Si j'avais eu ne serait-ce qu'une semaine de battement, ça aurait été plus simple.

Et maintenant je vois avec tristesse sur les réseaux sociaux une xénophobie anti-russe qui se déclare. elle était déjà latente, mais il y a des messages haineux à l'égard de médias axés sur la culture russe, par des gens qui ne font pas la différence entre la culture et la politique ou entre les populations et leurs dirigeants. Certains se censurent, s'excusent de leur nationalité ou de parler d'un pays maintenant largement et ouvertement décrié.

Mais apprendre le russe ou s'intéresser à a culture du pays ne fait pas de moi une pro-guerre, je ne cautionne pas l'attaque de l'Ukraine, je vois mes amis d'origine ukrainienne très perturbés dans leur vie quotidienne.
Mais je vois aussi les difficultés qui s'annoncent, pour Denis qui vend entre autre des souvenirs et travaille dans une société qui participe tous les ans à foires expositions en France et en Italie, et n'a pas pu travailler normalement depuis 2 ans, son activité étant lié au tourisme. Il espérait grandement le retour des touristes au printemps .
Marianna travaille dans les douanes routières, les transporteurs arrêtent de commercer avec la Russie. Pas de camions = chômage technique.
Dmitri, représentant russo-lithuanien peut encore voyager en Europe avec sa double nationalité, mais voit quand même ses déplacements professionnels très compromis (quand on doit en 3 jours faire l'aller retour Saint Pétersbourg - Italie et qu'il faut en plus passer par l'Estonie par exemple, ça devient très compliqué, et son déplacement de ce début de semaine a été annulé le jour même)
Les profs, le service international de l'université, les employés de la cité U, la femme de ménage.. tous ont des emplois liés à la présence des étudiants étrangers.
Avec le rouble qui s'effrondre, les prix qui montent, le chômage qui s'annonce.. l'avenir s'annonce difficile pour eux tous.

Avant de partir j'ai donné ma vaisselle et des provisions à Konstantin, sachant qu'il est étudiant. Il travaille aussi dans un centre médical et son actitivé n'est pas directement dépendante du tourisme, mais je sais d'expérience que les étudiants ont du mal à joindre les deux bouts, donc s'il peut économiser quelques repas, ça me fait plaisir. Une bouteille presque neuve d'huile d'olive, des boites de conserve, du riz, des pâtes et un pot de confiture entre autres .. et on aurait dit que je lui offrais la lune.
J'ai laissé aussi des choses entamées (sel, poivre, pot de café lyophilisé...) un pot de moutarde, des produits d'entretien, du dentifrice, du shampooing, démélant et autres du même genre à la femme de ménage super sympa, et dont je sais qu'elle n'a pas un salaire mirobolant non plus. J'espère que d'autres étudiants auront fait la même chose.

Le retour concret:
Le retour a été compliqué: non seulement ça m'a coûté plus de 1200 euros pour le transport et les bagages, en dernière minutes, mais il a fallu trouver un parcours. Et jusqu'à la dernière minute, je n'ai pas eu la certitude de pouvoir revenir.
Mon premier avion devait partir de saint Pétersbourg le 3 à 15h, pour l'aéroport Sabiha à Istanbul. Le vol devait durer 4h environ.
L'avion est parti à 18h30 pour "problème administratif" sans que personne ne nous informe plus tôt, a été dérouté par le Kazakhstan et la Géorgie pour revenir vers Istanbul, le vol ayant duré presque 7h. Il est arrivé à l'aéroport New, toujours à Istanbul, mais à 40 kms de Sabiha, où mon second vol devait décoller à 11.
Je me suis donc trouvé totalement perdue à 1h00 du matin, dans un aéroport loin de celui dont je devais partir, en ayant mal dormi les 4 nuits précédentes. J'ai failli y perdre mon bagage à main dans la panique et le manque de sommeil, j'ai tourné pendant 1 heure posant des questions à tout le monde.. qui ne parlait pas anglais , avant d'arriver à le retrouver.
Or le temps de le retrouver et de sortir, les navettes étant rares la nuit, il m'a fallu trouver un taxi et rejoindre l'autre aéroport, encore 1h00 de perdue ( heureusement, le conducteur parlait bien anglais et était très sympa) où j'ai aussi tourné 1h00 pour trouver mon hôtel. Autant dire que la nuit a été très courte, puisqu'il me fallait être d'attaque pour pouvoir prendre le second vol. J'ai pu enregistrer les valises à 8h 15, manger très vite et...faire la queue. Longtemps.
Car les aéroports turcs tournent à plein régime, puisque c'est encore une des rares plaques tournantes du transport entre la Russie, l'Asie et l'Europe.
Le problème est que l'Europe a commencé par les sanctions bancaires et aériennes AVANT de dire aux gens de revenir. Donc de revenir par nos propres moyens, sans pouvoir payer - et pour le coup heureusement que j'ai une carte russe, mes camarades qui se sont contentés de la carte Révolut ont été bien plus gênés que moi, ne pouvant plus rien payer. Et aussi, donc, sans avoir d'avion.

La plupart sont partis en bus à Helsinki pour pouvoir prendre l'avion vers Paris ou Bruxelles  ou leurs villes respectives). Pour moi qui habite le sud de la France, la Turquie était un meilleur choix, puisque j'avais la possibilité d'arriver à Marseille, où on a pu venir me chercher. Arriver à Paris m'aurait contrainte à prendre soit un avion de plus pour Marseille, soit un TGV.

Mais donc je suis arrivée chez ma mère hier après midi, j'ai passé la majeure partie de mon temps depuis mon retour à prévenir tout le monde de mon arrivée ( université, famille, amis ici ou en Russie..) à faire le ménage, pour pouvoir ranger mes affaires.

Le bilan de ces 3 mois

Je suis très déçue évidemment de la manière dont les choses ont tourné.

Mais j'ai de bons souvenirs, voilà en gros ce que j'ai pu faire:
- l'Ermitage 2 fois pour voir la section archéologie et l'exposition temporaire sur Dürer ( magnifique)
- La Kunstkamera, le musée russe section ancienne et section moderne, plus l'exposition temporaire sur le cosmisme.
- Les musées Dostoievski et Akhmatova, avec le cours de littérature. Je suis arrivée trop tard dans la saison pour voir la maison de Pouchkine avec le groupe, et je n'ai pas eu la possibilité d'y aller ensuite.
- Le cimetière Tikhvine et la cathédrale Alexandre Nevski, toute proche.
- 2 opéras au théâtre Mariinski.
- 2 concerts à la philarmonie ( heureusement que je nen avais pas réservé en mars)
- 1 concert à la cathédrale saint Isaac
- 1 ballet au théâtre Mikhaïlovski où j'ai pu voir ma vedette préférée l'inimitable Nikolaï Tsiskaridze, dont je ne pensais pas qu'il se produisait encore sur scène. comme je n'avais pas uen très bonen place, je voulais y retourner le 7 mars car il y était à nouveau. il n'y avait plus de place dans mes prix, entretemps pour cause de covid, les places disponibles ont été réduites à 75%, et les mons chères étaient déjà vendues. Si je n'avais pas pu y aller en février, et j'avais réservé pour le 7 mars et que je ne puisse pas y aller, ratant peut être la seule fois de ma vie où j'aurais pu le voir sur scène, j'en aurais probablement pleuré.
- un concert de rock dans une salle indé
-  Moscou pendant 4 jours où j'ai pu voir une exposition sur l'avant garde en peinture, deux pièces de théâtre, discuter jusqu'à pas d'heure avec Ioulia dans sa cuisine, aller au cimetière Vagankovo pour voir les tombes de Sergei Essenine et Boulat Okoudjava. Je n'ai pas trouvé Vladimir Vissotski , je n'avais pas assez de temps ce jour là, et je n'ai pas pu y retourner. Je n'ai pas pu non plus aller au musée d'histoire ou faire Geocaching autant que je le voulais, ça ne passait pas dans mon planning serrré. Mais J'ai pu faire une bonne promenade littéraire en allant du côté des étangs du Patriarche ( Boulgakov et Krylov)  et sur l'Arbat ( Okoudjava et Viktor Tsoï)
- j'ai pu trouver de quoi apprendre un peu plus le géorgien dans mon temps libre, il y a beaucoup plus de sources en passant par le russe qu'en passant par le français.

Et surtout, je le disais plus haut, je me suis fait des amis et penser à eux , et, espérer les revoir un jour, si possible proche, soit en retournant en Russie, soit parce qu'eux pourront venir me voir ici, rend mon retour un peu moins pénible.

Les deux gros regrets sont de ne pas avoir pu aller voir mon pote d'internet Albert, au Tatarstan: c'était prévu en avril pour fêter mon anniversaire avec lui. Et mon autre copain d'internet Aksel, à Ufa. je comptais y aller en mai, sur son conseil, quand la neige aurait totalement fondu.
Le Baïkal est resté un rêve inaccessible ( pour cause de budget en hiver,  et en été.. ben, il faudrait pouvoir déjà y retourner)
Vyborg est aussi resté à l'état de projet, j'attendais que la glace encore présente ne fonde, c'était bien amorcé et en fait, je prévoyais d'aller y passer la journée aujourd'hui ou demain :/
En théorie, mon visa à entrées multiple est valable jusqu'à fin juin, mais j'ai honnêtement peu d'espoir de pouvoir y retourner avant la date butoir.

Il me reste donc à me remettre de mes émotions, J'ai un week end de 4 jours pour le faire et ce n'est pas de trop; les cours reprennent en ligne mercredi, ce qui est déjà mieux que rien, au moins mon année n'est pas perdue.
Je vais aussi selon mes moyens ( j'ai 1000 euros perdus dans la nature, que j'avais essayé de me virer su mon compte russe avant la fermeture de Swift, ils sont partis de France , mais n'ont pas été crédités là-bas, donc.. un gros trouvé économique aussi!) de rependre les cours de danse, le chant. J'ai mon clavier et mon basson ici qui ne me coûtent rien.

Je n'ai pas pu aller comme je le souhaitais faire de recherches en bibliothèque pour mon mémoire, j'ai quelques documents en PDF que j'ai commencé à trier, mais le temps m'a manqué. Donc là aussi j'ai du pain sur la planche, pour ne pas trop gamberger. il va aussi falloir que je commence la formatiuon en traduction, dès que mon budget me le permettra. 

Heuresement que j'ai toujours de plans B, C, D...

Une photo du coucher de soleil dans le premier avion, toute spécialement prise pour Konstantin ( il aime la couleur orange) et Ioulia (le côté abstrait et les couleurs saturées m'ont fait penser à l'expo sur l'avant garde)
L'idée que je leur ai développée est que même dans les situations compliquées, je m'efforce de voir la beauté lorsqu'elle se présente à mes yeux. Ce ciel était magnifique.

Je n'en ai pas fini malgré tout, je continue les études à distance, tout comme je les avais commencées,  donc l'année d'immersion n'est pas terminée.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire