Juste avant la fin du mois " féminin", je viens de retrouver ce tout petit texte sur mes étagères.
Liban-> USA-> Grèce
et le voyage géographique se double d'un voyage dans le temps, puisqu'on part pour la Grèce antique, en - 600 et des poussières.
Ce petit recueil, extraits de poèmes, vers épars, aphorismes, pensées... publié par Arléa en 1996 porte la mention " oeuvres complètes". En effet, oeuvres complètes à cette époque ( et il fait moins de 90 pages). Mais en 2004 et 2014, d'autres papyrus ont été déchiffrés, ajoutant trois fragments de textes à ce que l'on connait déjà. Peut être d'autres seront-ils trouvés à l'avenir, mais ce sera quand même une infime partie d'un tout qu'on ne peut même pas estimer.
Je suis toujours un peu consternée en pensant à la littérature antique et à la disparition de la bibliothèque d'Alexandrie. Pour quelques oeuvres conservées en tout ou en partie, combien d'autres ont totalement disparu?
Sappho n'y fait pas execption, elle et sa célébrité sont attestées par d'autres auteurs de son époque, ce qui veut dire que sa production littéraire réelle est sans commune mesure avec ce qui a subsisté.
Donc qu'en reste-il, Des phrases ici et là mais qui sont précieuses, pour reconstituer la vie quotidienne à l'antiquité, en particulier sur l'île de Lesbos: les divinités qui y étaient célébrés et les rites qui leurs étaient consacrées ( Sappho s'adresse à Aphrodite, à Héra, aux muses comme à des copines), à la place des femmes dans la vie sociale: elle y évoque ses élèves et d'autres maîtresses d'"écoles" rivales -> les femmes pouvaient avoir un métier, être instruites, instruire d'autres femmes - de la haute société, il s'entend - et avoir une réputation suffisante pour qu'une rivalité existe entre elles. Certains textes évoquent la trahiston d'élèves parties s'instruire chez une rivale. Donc Sappho n'était pas une exception.
On trouve des textes personnels, mais également des oeuvres de commande, pour des banquets de mariage, ou des épitaphes : une femme de talent pouvait à cette époque, écrire et être rémunérée pour ça.
Un fragment " j'ai instruit Héro de Gyaros, la rapide coureuse", nous laisse comprendre que les femmes pouvaient aussi être célèbres pour leurs compétences sportive. D'autres évoquent sans détour des rivalités politiques : si elles ne prenaient pas part directement à la vie politique, elles pouvaient avoir des opinions et les exprimer, au risque comme Sappho, de se retrouver exilées pour avoir ouvertement soutenu le mauvais candidat...
Elle évoque aussi sa vie quotidienne, via sa famille: sa fille Cléis, ou son frère Charaxos, négociant en vin qui s'est ruiné pour une prostituée et est devenu la honte de la famille, victime de quolibets.
car contrairement à ce qu'on pourrait penser le scandale était là, et non dans les vers ouvertement homosexuels dédiés à d'autres femmes , et pas seulement, d'ailleurs, certains évoquent aussi de charmants messieurs, l'autrice semble avoir fait partie des gens qui ont deux fois plus de choix. Mais en tout cas, elle y évoque à la fois des ruptures douloureuses, des trahisons, des chagrins d'amour, mais aussi des joies partagées, et d'autant plus qu'il n'y avait pas à Lesbos, d'après la préface, de jugement négatifs sur l'homosexualité ou la bisexualité, la Grèce antique ne raisonnant pas en termes de "homo ou hétéro", on pouvait donc y fréquenter qui bon vous semblait, l'idée même de "péché" , issue d'une autre culture plus récente, n'existant pas ( même si elle nous dit qu'elle ne pourrait pas sortir avec un homme plus jeune qu'elle " si tu es mon ami, prends une maîtresse plus jeune que moi, car je ne supporterais pas d'être plus vieille que mon amant" ce sont des limites personnelles, et non dictées par une "morale" religieuse)
Et qu'est-ce que ça fait du bien de lire ça! - 600 et quelques, si on en revenait un peu à cette manière de penser, au lieu de juger qui sort avec qui?
et même 2022 en antiques pour le coup! Je vais essayer de mettre un peu plus en avant la littérature très ancienne cette année |
Liban-> USA-> Grèce |
Merci pour cette nouvelle participation. Oui, je suis bien d'accord, chacun a le droit d'aimer qui il veut... (entre adultes évidemment)
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