Et un autre film, vu dans le cadre du cours de littérature russe.
Et en VO et sans sous-titres, s'il vous plait! Etje suis ravie de vouis dire que , si je n'ai pas compris 100% des dialogues, j'ai quand même pu suivre l'intrigue sans problème ( j'ai d'ailleurs le livre aussi à lire, à l'occasion). La progression commence à se faire sentir, au niveau ou je suis ce n'est plus jour après jour, mais plutôt à l'échelle de 6 mois ou un an que je peux constater quelque chose.
Il s'agit d'une adaptation très fidèle du récit " coeur de chien" de Mikhaïl Boulgakov, écrit en 1925 et publié en 1987 en URSS, il a fallu attendre le dégel et la fin de la censure.
Le film date de 1988, et est en noir et blanc, pour coller au style du cinéma.. des années 1920, époque de l'intrigue.
C'est une variation sur le thème de la science et de la manipulation de la nature par l'homme, en même temps qu'une farce sociale qui brocarde la politique de son époque et le pouvoir soviétique ( d'où la censure, bien évidemment, Boulgakov était un "blanc". L'idée générale rappelle un peu Frankenstein ou L'île du docteur Moreau.
A Moscou , dans les années 1920, le professeur Preobrajenski, chirurgien renommé et homme de la haute société, vous son univers s'effriter. La belle demeure où il habite et exerce a été réquisitionnée en partie pour créer des apparetement communautaires et il a donc régulièrement maille à partir avec le nouveau comité qui s'occupe des logements, qui veut réquisitionner une partie de son logement pour y polacer un camarade. Pensez, il a 7 pièces à sa disposition, qui lui servent de logement et de cabinet médical, il pourrait au moins être un bon soviétique et en céder une! Par cahnce, son talent médical fait qu'il est également le médecin attitré des très hauts pontes du parti, donc s'il n'échappe pas aux tracasseries administratives, il a quand même la possibilité d'éviter la réquisition.
D'autre part, il voit se succéder dans son cabinet des patients vieillisants qui n'acceptent pas de prendre de l'âge et veulent absolument rajeunir ( un défilé digne de ceux du docteur Knock!). Preobrajenski a alors une idée: pour lui l'hypophyse est la clef du vieillissement et il y a peut être possibilité d'intervenir et de manipuler cette glande pour inverser le processus. Il décide donc de tenter la chose avec la bien involontaire collaboration de Charik ( "boule de poils"), chien errant à l'article de la mort qu'il recueil et à qui il décide de greffer l'hypophyse d'un homme récemment décédé, musicien de cabaret de son vivant.
Contre toute attente, la greffe fonctionne, Charik ne meurt pas, et de manière inattendue se transforme en humain. Un humain qui va combiner les défauts du chien ( opportuniste, faignant, voleur) et de l'humain dont il a hérité d'un bout de cerveau ( tendance à l'alcoolisme, à la drague, sans-gêne) mais aussi les qualités: il apprend à parler et à raisonner en un temps record, faisant remarquer avec pertinence que puisqu'il n'a pas demandé à être le sujet de l'expérience, le professeur a une responsabilité envers lui. Il développe une conscience politique.. socialiste au grand dam du professeur, et réclame à avoir une identité, avec prénom, patronyme et surnom. Il retrouve également ses compétences humaines, la joie de jouer de la balalaïka...
De fait Charik, ne peut plus être considéré comme un chien, c'est bel et bien un humain. On ne peut plus arrêter l'expérience et le sacrifier comme un animal de laboratoire, ça deviendrait un meurtre.
Et la situation est donc exactement celle qu'il voulait éviter: il se retrouve avec une graine de communiste qui squatte chez lui, se fait nourrir et réclame des droits ( auxquels il peut légitiment prétendre)
Il y a quelque chose d'intéressant: en russe comme en français le chien est ambivalent, traiter quelqu'un de chien, c'est mettre en avant la bassesse, la servilité . Mais c'est aussi le meilleur ami, fidèle. Le titre est aussi ambigu dans les deux langues : le coeur de chien, c'est à la fois le traitre, prêt à n'importe quelle bassesse pour un susucre, mais aussi la fidélité absolue, voire aveugle. Le chien qui revient vers son maître même quand celui-ci le maltraîte.. Replacez ça dans un contexte politique, et vous comprenez le pourquoi de la censure.
J'ai beaucoup aimé ce film, je pense que je vais aussi beaucoup aimer le roman d'ailleurs, un peu science-fiction, un peu farce grotesque, avec une vraie réflexion philosophique sur la politique, l'éthique scientifique... j'ai comme l'impression que l'idée générale est que comme le professeur qui mène une expérience scientifique, barbare, le propos est que tout le pouvoir communiste est une expérience sociologique ratée ( et en 1928, il faut penser que le pire était encore à venir)
Et impossible malgré tout de détester Charik, bien que ce soit un (lou)loubard, il a l'art pour témoigner d'une sensibilité humaine.
Impossible de détester non plus le professeur, bien qu'il joue à l'apprenti sorcier. Il a des défauts, est orgueulleux et aime l'argent, mais contrairement à Frankenstein ou Moreau, il a une éthique qui fait qu'il assume sa responsabilité envers sa créature, et refuse de l'assassiner.
L'infirmière et la cusinière sont impuissantes face à cette situation et ne peuvent rien changer. Il n'y a que l'assistant et les gens du comité qui soient plus négatifs que positifs, mais c'est la grande force du film ( et je suppose du texte de Boulgakov): dans cette ambiance en noir et blanc, personne n'est entièrement noir ou entièrement blanc, et c'est beaucoup plus crédible et intéressant. Evgueny Evsigneiev, qui tient le rôle du professeur est vraiment excellent, acteur de théâtre, et ça se sent.
Vous pouvez voir le film ici (en VO sans sous titres) je sais, ça n'aide pas. Mais il a été sous-titré en français et est disponible en DVD.
Tout le début est brillant, en voix off, filmé à hauteur de chien, c'est le monde vu et commenté par Charik, encore chien errant sur ses quatre pattes, qui se demande bien ce qu'il a fait pour mériter une telle chienne de vie. Où seules deux personnes vont lui manifester un peu de compassion, sous forme de nourriture: la dame qui va au cinéma, et le professeur Preobrajenski ( même s'il finit par l'utiliser comme cobaye, il ne le laisse pas mourir de faim dans la neige)
un acteur 100% dans son rôle, Karaï, policier de profession :) Comment de pas craquer face à cette bonne bouille! |
ah, et la question que vous vous posez, est ce-ce que le chien meurt?
Spoiler : non. Le professeur a pitié de lui et inverse le processus, le chein redevient ce qu'il n'aurait jamais du cesser d'être, un toutou sur 4 pattes, Et il ne retournera pas à la rue, mais restera vivre sa vie de chien chez le professeur / spoiler
catégorie film en noir et blanc ( même s'il est de 1988) |
Eh bien, je suis sûre que ce film me plairait mais peut-on le trouver ici ?
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