The House with a Clock in its Walls ( film 2018)

Une fois n'est pas coutume, un film récent, et même, à peine sorti en salles. Mais qui tombe a pic en cette période Halloweenesque.

Alors, pour un petit moment, je délaisse  les fantômes pour la sorcellerie.

l'affiche pas super réussie fait un peu " spectacle d'illusionnistes", mais pour une fois c'est légitime

C'est donc l'histoire du petit Lewis,, 10 ans et orphelin. Ses parents viennent de mourir dans un accident de la route, et il va donc aller vivre chez son plus proche parent, son oncle Jonathan, qu'il n'a jamais rencontré.
L'oncle Jonathan est .. disons le gentiment: excentrique. Il se promène en kimono brodé de dragons ( en pleine amérique profonde en 1955), joue du freejazz au saxophone à 3h00 du matin au grand dam de sa vieille voisine, "cohabite" avec Madame Zimmerman, tout aussi excentrique que lui, qui bien qu'habitant la maison d'à côté semble squatter quotidiennement les lieux, juste pour le plaisir d'échanger des vacheries avec Jonathan. Ces deux là passent leur vie à se chamailler tout en cherchant... quelque chose.

Des gens sympathiques mais louches. Et la maison elle même est louche.

ceux ci sont la fine fleur de la sorcellerie des années 50. enfin, c'est toujours mieux que ma sorcière bien aimée-femme au foyer

Lewis ne tarde pas a découvrir quel est le problème: son oncle est un sorcier, Madame Zimmerman est une sorcière ( quoique ses sorts aient parfois des résultats imprévisible: totalement fanatique de la couleur violette, sa tentative de sort pour teindre" William Snakespeare" son serpent domestique a abouti a un résultat plus  proche d'un Cthulhu mauve que d'autre chose).

Et la maison déborde de magie, jusqu'aux fauteuils qui agissent comme des chiens, car elle appartenait auparavant à Isaac, un autre sorcier. Tous trois on fait carrière en Europe avant la guerre, dans un spectacle de prestidigitation, mais Isaac, engagé dans l'armée, en est revenu traumatisé et est devenu maléfique. En particulier, avant de mourir il a planqué quelque part dans la maison une horloge qu'on entend tictaquer, comme une grosse bombe à retardement, et que Jonathan autant que Madame Zimmermann semblent considérer comme une menace, cherchant en vain à la localiser.

Mais Lewis n'a alors plus qu'une obsession: devenir lui aussi un sorcier, histoire de clouer le bec à ceux qui se moquent de lui et de sa famille de farfelus. Il se débrouille bien d'ailleurs.
Il n'y a pas de règle à respecter chez l'oncle Jonathan, sauf une: ne pas ouvrir l'armoire du salon et ne pas toucher à ce qu'elle contient. Et surtout ne pas planquer la clef du gros cadenas qui sert à la maintenir fermée dans le tiroir de la même armoire.

Et tout le monde sait ce qui finit par se passer lorsqu'on dit à quelqu'un " tu ne dois pas toucher à ça parce que c'est comme ça", sans donner de vraie explication ( au lieu de " ne touche pas à ça, elle contient quelque chose de super dangereux qui causerait limite la fin du monde si on s'en servait, alors tu ne touches pas, c'est clair?")

Donc, bon, un film fantastique et plutôt drôle ( l'oncle Jonathan, c'est Jack black, et j'aime bien cet acteur que j'ai découvert il y a... longtemps dans High Fidelity. Madame Zimmerman, c'est Cate Blanchett, qui continue dans la magie, après avoir marquée les mémoire en Galadriel la magicienne)

Il y a aussi Kyle Mc Lachlan, sorti de chez Lynch..

Mais, et c'est là un peu le problème: le film est adapté d'un roman que je ne connais pas du tout personnellement. Sauf qu'il est joli, léché, propret. Et que je n'ai pas pu m'empêcher de penser à ce qu'en auraient tiré des gens comme Burton évidemment. Il manque là un peu de noirceur, et a du mal à trouver son équilibre entre le côté  "famille Addams", et des passages un peu plus étranges et malsains ( les marionnettes et poupées enchantées par Isaac, l'oncle Jonathan victime d'un sort raté qui se retrouve avec sa tête d'adulte sur le corps d'un enfant de quelques mois.. imaginez un nourrisson barbu avec la tronche de Jack Black? Ca, ça m'a rappelé Mars Attacks, avec la journaliste dont la tête se retrouve sur le corps de son chihuahua et inversement). Je regrette aussi les gags récurrents un peu faciles ( le buisson en forme de lion qui "s'oublie" régulièrement sur la pelouse, les citrouilles baveuses...)

J'ai passé un bon moment, mais je n'ai pas pu m'empêcher de me demander qui est réellement le public cible: un peu raide par moment pour les vrais enfants, un peu trop sage pour les "grands" enfants. D'autant que le réalisateur Eli Roth est apparemment plutôt habitué de séries gore, merci le net. Donc mon impression de rester "en dessous" de ce qu'il aurait pu faire n'était pas qu'une impression.

Après il y a un sous-texte que ne peuvent pas comprendre les plus jeunes, mais qui me semble intéressant: on a Jonathan, Isaac, Madame Zimmerman.. des noms donc très connotés. Tous ont fui la seconde guerre mondiale, Isaac n'a pas toujours été un mauvais sorcier et ses motivations maléfiques sont le résultat d'un traumatisme et de l'horreur de la guerre. On voit à quoi tout ça fait référence, et par contrecoup, l'humour facile casse un peu l'ambiance...

Mais dans l'absolu, ne serait-ce que pour ce trio que je n'aurais jamais pensé un jour voir réuni à l'écran, je le conseille quand même. Il ne marquera probablement pas l'histoire du film fantastique mais reste sympa à voir.

Je suis curieuse de savoir si le livre d'origine va être traduit en français, dans la foulée de la sortie du film...

c'est vendredi, c'est séance ciné!