Donc quelle peut être cette effrayant aventure? Cette fois, elle est plus Sf, ou plutôt commence un peu Sf et se termine plutôt dans le fantastique.
oui, il y a des monstres! Edition des moutons électriques, mais je l'ai trouvé libre de droit en e-book ici |
Tout commence à Paris dans les années 1910, par la découverte d'un cadavre qui est assez vite identifié comme étant celui de feu Mr Coxward, un anglais un peu boxeur, un peu arnaqueur et beaucoup voleur. Chose curieuse le cadavre semble avoir été jeté d'une importante hauteur.. au milieu d'une place, ce qui est impossible. Une canaille qui ne manquera à personne, sauf que, autre bizarrerie l'heure de sa mort est estimée à 3h00 du matin, alors que la veille au soir elle était à Londres, recherchée par la police pour un vol. Impossible d'avoir traversé la manche en si peu de temps. Or, Mr Bobby, policier anglais qui a identifié la victime n'en démord pas: il s'agit bien du même, qui a trouvé un moyen inconnu de filer .. à l'anglaise . Evidemment , Mr Bobby n'est pris au sérieux par personne et surtout pas les journaux, qui se font un plaisir de moquer son patronyme si adapté. Mr Bobby va donc devoir laver son honneur terni par la presse française, et prouver ses dires. Son enquête va le mener par bien des détours chez Sir Athel Random, gentleman à l'apparence aussi banale que son nom le laisse supposer ( Lermina s'est bien amusé..), mais qui cache un savant farfelu, inventeur d'une machine volant,ressemblant à une cabane à outils dotée d'hélices: le vriliogire, propulsée au vrilium, l'invention de Sir Random. Alors qu'il escomptait mettre la dernière main à sa machine avant de l'essayer, elle lui a été dérobée justement par le dénommé Coxward qui pour échapper à ses poursuivants est entré dans le jardin pour se cacher dans la cabane à outil... mal lui en a pris, puisqu'il a mis en marche la machine qu'il ne savait pas manoeuvrer qui l'a donc propulséplein est jusqu'àce qu'il en tombe. Le bête accident, mais Mr Bobby avait raison.
Problème: il faut retrouver la machine, quelque part du côté de Paris, encore chargée d'une bonne dose de vrilium dont les effets peuvent être dévastateurs ( le Radium a été découvert en 1898, nombre de personnages réels sont mentionnés: le président Poincaré et le savant Poincaré, le savant Arago, le préfet Lépine, les écrits de Darwin ou les études de Richard Owen.. l'histoire fait donc appel aux connaissances et au cadre de son époque).
Random et Bobby partent donc à la recherche de la précieuse machine, flanqué du journaliste français Labergère, particulièrement gaffeur. Leur quête va involontairement les mener dans les sous-sols Parisiens, pas encore transformés en fromage à trous par les couloirs du métro, mais déjà bien instables et recélant d'étranges choses. Et je paierai cher pour voir la scène finale de mes yeux, en dépit de l'énorme erreur de .. quelques centaines de millions d'années qu'elle implique, ce qui m'a bien faite rire. Erreur involontaire de l'auteur ou assumée pour renforcer le côté cocasse, en tout cas ça marche.
Et j'ai bien aimé cette histoire complètement absurde, qui joue sur le choc des cultures: un policier au nom prédestiné, raide comme la justice, qui se retrouve confronté à un journaleux parisien qui ne prend rien au sérieux et ramène tout, absolument tout à une seule notion: les apéros. Cafés , bars et brasseries sont son obsession. A côté d'eux, le digne sir Random, très flegmatique comme tout anglais de roman qui se respecte... mais devient absolument impossible à maîtriser lorsqu'il s'embarque sur la science, capable alors qu'il est coincé dans un souterrain de s'embarquer sur l'analyse des roches qui l'entourent au lieu de se concentrer à chercher la sortie.
Le tout avec une bonne dose d'humour absurde et décalé, qui trouve toujours le moyen de se frayer un chemin même dans les situations épineuses.
Le livre est sorti en 1914, à la toute fin de la carrière de Lermina, déjà âgé lors de sa publication. Avec une étonnante prémonition: 2 ans plus tard , français et anglais allaient aussi se retrouver à vivre d'effrayantes , bien plus effrayantes aventures, coincés dans des souterrains, dans une situation catastrophique, avec des matières dangereuses susceptibles d'exploser à tout moment. Et cette fois ce ne serait plus pour rire.
Ce qui explique peut-être que cette histoire légère d'un auteur probablement classé vieillot déjà à l'époque ait été oubliée, les années qui ont suivi immédiatement n'étaient plus à la rigolade. Mais, au delà de la fantaisie, il brosse surtout un savoureux portrait de la presse qui n'hésite pas à inventer des scoops pour faire un plus gros tirage que le journal du voisin, à attirer le chaland avec des manchettes racoleuses du genre " demain à 10h00 nous vous révèlerons toute l'affaire", à diffamer, à broder .. Labergère est un bon exemple du journaliste sans scrupule qui n'hésite pas à aller du jour au lendemain travailler pour la concurrence et démonter ce que lui-même écrivait la veille, ne vérifie jamais ses sources, pour peut que ça soit lucratif.
C'est d'actualité, n'est-ce pas?
Donc je le classe SF pour l'emploi de la science, et l'invention avant l'heure d'un monoplace à propulsion atomique - ça n'est jamais clairement dit, mais, on comprend vite qu'une puissance colossale concentrée dans ce qui à la taille d'une pointe de crayon est forcément radioactive.
Mais on est tout autant dans le policer et le roman d'aventure. A lire pour rire, sans chercher non plus une énorme profondeur, mais c'est une lecture rafraîchissante et divertissante, avec en plus quelques vannes cyniques sur la police, les autorités et les journaleux.
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