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samedi 14 mars 2015

Une averse - Kim Yu-Jong

Encore un livre pris un peu au hasard juste basé sur le critère " moins de 250 pages" pour le challenge " petits plaisirs" ( tiens je crois que je n'en ai pas encore parlé ici) de Babelio.
 Après plusieurs volumes d'auteurs japonais, à voir sur mon autre blog, j'ai décidé de continuer un peu mon périple en Asie, avec un détour cette fois, en Corée. Je ne connaissais absolument pas cet auteur mort à 29 ans de la tuberculose, et Une averse est semble-t-il le seul ouvrage traduit en français.


Un  recueil de 9 nouvelles , dont le dénominateur commun est la vie très difficile des paysans, dans la campagne coréenne, dans les années 1920-1930 ( l'auteur est mort en 1937). Et hormis la mention a un moment très bref d'une voiture, les récits pourraient vraiment se passer à n'importe quelle époque, tant la campagne reculée est déshéritée.
Les hommes y vivent dans une misère noire, qu'ils tentent d'oublier en se saoulant et en battant leurs femmes. Les femmes ont la vie encore plus dure, vivant dans la même misère que leurs maris qui les houspillent, mais travaillant double, car évidemment, les époux voyant leur force de travail en profitent pour se faire entretenir sans se bouger, dilapider les maigres sous du ménage et se plaindre sans cesse. La débrouille y est érigée en art de vivre même s'il faut pour celà faire une entorse à la loi, ou a des principes qu'on a de toute façon pas assez d'argent pour avoir.

Dans la première nouvelle, "une averse", la femme de Chunho se voit contrainte, en pleine canicule, d'aller emprunter de l'argent à sa riche voisine, afin que son mari paye ses dettes. La solution du mari étant évidemment d'aller miser l'argent emprunté. Sa riche voisine, qui d'après la femme, roule sur l'or, c'est à dire qu'elle s'est vantée un jour d'avoir 4 paires de chaussettes et 3 jupes. Oui, c'est toute l'ironie de la chose: on est dans un monde tellement pauvre que la richesse, c'est d'avoir des chaussettes.
Dans " la marmite", un pitoyable antihéros s'est mis en tête de quitter sa femme pour une marchande d'alcool ( apparemment le métier qui fait le plus fantasmer les pauvres hères du coin: elle travaillera et le nourrira et il n'aura plus rien à faire), à qui, pour la séduire, il offre tout ce que possède le ménage, y compris la marmite chèrement acquise lors de son mariage, et des sous-vêtements de sa femme.
"Canicule " est vraiment la plus sombre: une femme malade est amenée à l'hôpital par son mari, dans l'espoir que la maladie soit suffisamment rare pour être non seulement prise en charge gratuitement par la médecine, mais surtout, qu'on la paye pour l'étudier. Tout le long du trajet, il échafaude des plans avec l'argent qu'on va lui donner pour soigner sa femme, il en est sûr. Or non seulement elle n'a aucune maladie rare, mais besoin d'une opération immédiate et vitale. Qui coûte de l'argent.
"c'est l'printemps" est plus légère: un ouvrier agricole attend désespérément que son employeur, et futur beau-père règle les choses au sujet de son mariage, mais à chaque fois que le problème revient sur le tapis, même réponse " ma fille est trop petite", excuse pipeau, car la fille semble avoir fini sa croissance depuis longtemps et issue d'une mère minuscule, n'a pas beaucoup de chance de grandir plus. Mais le futur beau-père sert à chaque fois la même raison. Et ce que découvre au final le prétendant, c'est qu'il est en fait le 3° futur fiancé: le beau père fait marner son " beau-fils" gratuitement, jusqu'à ce qu'il finisse par partir en désespoir de cause,  et en reprend un autre, toujours étranger au village, sous le même prétexte. Et comme il plusieurs filles, la même combine dure depuis des années, jusqu'à ce que la fille ait atteint l'âge "limite" de fraîcheur où elle est négociable avec une futur époux.

On y trouve régulièrement ce genre de notation d'un humour acerbe, voire noir, mais tellement désespéré. L'auteur porte un regard lucide sur ces paysans, pas foncièrement méchants à la base, mais rendus sauvages par la difficulté de leurs conditions de vie, qui ne leur laisse pas la possibilité d'envisager des relations harmonieuses, en famille ou avec les voisins: on se querelle pour un rien, on se jalouse pour une poule ou une paire de chaussette, on devient mesquin et aigri lorsqu'on a perpétuellement le ventre et le porte-monnaie vides.
Toutes les nouvelles ne sont pas passionnantes, l'ambiance y est sinistre malgré les quelques touches d'humour, donc ce n'est certainement pas le titre que je conseillerai à quelqu'un qui trouve disons,  Zola, trop pessimiste par contre. Mais j'ai bien aimé dans l'ensemble, même si les notations d'humour grinçant, au lieu d'alléger l'ensemble, le rendent encore plus sombre.

Tiens, je me souviens, il y a quelques années, j'avais participé à un challenge " je lis des auteurs morts" dont l'un des critère était " un auteur mort avant 35 ans". Je pense que son état de santé a bien dû jouer sur son pessimisme, quand même.
Apparemment je ne suis pas la seule à ne lire (presque) que des auteurs morts
misère, alcoolisme, violence..

2 commentaires:

  1. Donc, un livre rempli de cynisme mais qui nous fait prendre conscience d'une triste réalité si j'ai bien saisi la critique.

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