Evidemment ici, ça n'a pas lieu d'être, vu que j'aurais plutôt des lecteurs chevronnés que des amateurs de blues!
oui, un manga sur le blues.. comme il y en a sur a peu près tout ce qu'on peut imaginer... |
janvier: un seinen sur la musique |
Donc « Me and
the Devil Blues ».. Le titre vous parle peut-être. C’est l’histoire d’un
type pas vraiment doué pour le travail de la terre, pas vraiment doué pour la
vie de famille, pas vraiment doué en musique non plus mais qui ne rêve que de
ça. Un brave gars qui croit au vaudou, au mauvais œil, et qui suite à une
plaisanterie d’ivrogne dans un bar ira se promener sur un carrefour désert
espérant rencontrer celui qui exaucera son souhait de devenir un vrai bon
musicien. Un type surnommé RJ. Robert Johnson. Juste la première " star du blues", dont on prétendit qu'il avait passé un contrat avec le diable, pour jouer avec une telle perfection
La où le titre réussit un bon coup, c’est qu’il ne prend pas
de parti. Ce n’est pas une biographie, le héros et son parcours
sont plutôt le prétexte à un « road movie en BD ». D’ailleurs la
narration et les cadrages sont très cinématographiques, évoquant énormément les
frères Coen .L’ambiance est proche de
celle de O Brother, la narration rappelle celle, pas évidente a priori de No
Country for Old Men. Le duel de Guitare entre RJ et Son House du premier volume
est proche du duel de western, la violence du shérif envers ses adjoints dans
le deuxième volume évoque aussi un film
de gangsters des années 40. S’adressant a des gens pas forcément calés en
blues, la BD convoque donc l’autre art visuel qu’est le cinéma.
Ce n’est pas non plus une histoire fantastique, qui poserait
pour acquise une intervention démoniaque. De manière plus maline, l’auteur ne
reste sur le fil : au lecteur de l’interpréter à sa façon : pacte
avec le diable ou cas de schizophrénie, d’hallucinations collectives…
son house,dont il est aussi question.. avec un guitare a résonateur , comme j'adore! |
On est donc à mi-chemin entre la biographie (non du bluesman
au parcours finalement mal connu Robert Johnson, mais du mythe Robert Johnson)
et le Mythe tout court ( celui de Faust en l’occurrence)
Et de fait RJ va quand même rencontrer le démon :dans le premier tome, sous la forme d’un autre personnage ayant
réellement existé.. leur rencontre potentielle aurait donc pu avoir lieu.. ou
peut être pas !
L’autre point à souligner, c’est que, contrairement à ce qui
manquait singulièrement dans « Meteor slim », une Bd que je chroniquerai ici une de ces jours, le contexte n’est pas
oublié.. celui de la pauvreté, du labeur aux champs, mais aussi et surtout, la
ségrégation raciale et la peur qui en découle, la violence au quotidien dans un
pays ou tout un chacun à la gâchette facile et la prohibition.
Lorsque j'avais chroniqué pur la première fois cette série, 2 tomes étaient parus en France, et 4 au Japon. Malheureusement.. elle en est restée à 4 tomes, car la série a été stoppée dans son pays d'origine, faute de parler au plus grand nombre. Dommage, car c'était un seinen très prometteur, sur un sujet qui me tenait à coeur, et il n'y a pas pour le moment de nouvelles à son sujet Sera-t-il repris un jour, aucune idée... c'est d'ailleurs frustrant de parler d'un manga dont on sait qu'il y a peu de chance de voir un jour l'intégralité. Mais il a tout à fait sa place dans le challenge " des notes et des mots": Car Sweet home Chicago ( le standard ultime de blues, qui clôt presque tous les concerts) I'll dust my broom, kind hearted woman, terraplane blues, et me and the devil blues qui donne son titre au manga, tous devenus des tubes mille fois repris, c'est lui!
du blues, du bon vieux blues du delta! |
Il n'y a pas d'enregistrement vidéo de Robert Johnson, mort trop jeune, mais je ne résiste pas à partager le standard de son house, " death letter blues" .. punaise j'adore, je suis sur un petit nuage, là.. et en plus vous pourrez entendre le son si spécial de la guitare a résonateur). Y'a pas, j'en reviens toujours au Delta blues..
Les + : Un graphisme assez somptueux, utilisant des
techniques de dessin variées, des couvertures et des pages de chapitres
splendides, des cadrages très recherchés..
Les - : une
narration un peu confuse, des flashbacks, c’est une lecture qui demande pas mal
d’attention, de revenir en arrière.
Très intéressant !
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