Bienvenue amis curieux!

Pourquoi le Cabinet de curiosités?

Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

Vous trouverez donc ici un peu de tout, de ce qui fait ma vie, mes loisirs: musique, lecture, voyages, etc...
Bonne lecture

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lundi 31 mars 2025

défi "100 disques dans l'année" volume 2, piste 3: mars

 Qui dit mars dit saison des pluies ( chez moi du moins, et ça commence exactement comme ça en ce 1° mars)

Donc la description devait suivre la continuité de février, je suis encore au café, et la pluie se met à tomber. Visiblement pour l'IA, la pluie c'est fascinant ( et ça lui évite de devoir montrer un visage)

le passant semble ne pas savoir s'il va en avant ou en arrière, et je ne sais pas pourquoi il y a un clavier de piano chelou au sol et un disque dans l'étagère du haut, mais cette fois, c'est la seule qui ait un minimum retenu l'idée de "musique". Et ce genre de fringues est à peu près raccord avec mon style hippie/ confortable. La météo a aussi été raccord en ce mois de mars 2025 d'ailleurs


Ecoutes (10)
The Who - My generation (1965, rock) 2 cds, je ne l'avais pas écouté depuis un bail, et pas en version deluxe. C'est "gentil" dans l'ensemble hormis le morceau qui donne son titre à l'album et The Ox qui me fait pleinement comprendre pourquoi Keith Moon est une légende de la batterie. rien que ce morceau vaut l'écoute!
Extremoduro - ¿Dónde están mis amigos? (1993, rock)
Jimi Hendrix - Axis bold as love (1967 rock psychédélique)
Davis Bowie - The man who sold the world (1970, rock psychédelique)★ Je ne l'avais pas encore écouté en entier, et j'ai vraiment kiffé au delà du son titre phare
Queen - I (1970, rock) Pas mon favori, c'est pour ça que je ne l'avais pas écouté depuis bien trop longtemps mais Great king Rat et My fairy king sont énormes, et pour un premier album, c'est mieux que bien!
Queen - II (1974 rock)★ là je ne peux pas être impartiale, c'est une claque à chaque fois que je le réécoute. et on ne parle pas assez du talent de Queen sur un point précis: les enchaînement des titres, ils on parfait, les morceaux se fondent l'un dans l'autre sans que les raccords ne paraissent artificiels (passer d'un titre délirant comme the Fairy Feller Master stroke directement à Nevermore, puis à March of the black Queen à Funny how love is.. c'est brillantissime)
James Brown - Out of sight ( 1964, soul)★ Ben, c'est James Brown,que dire de plus...
Queen - Sheer heart attack (1974, rock)★ la même année que II, et là encore les enchaînements sont impressionnants, enchaîner Tenement Funster, Flick of the Wrist et Lily of the valley sans accroc, c'est stupéfiant. Et la guitare sur Brighton Rock ou Stone Cold crazy... mamma mia ( mamma mia, let me go.. oups je prends de l'avance)
Bruce Springsteen - The Ghost of Tom Joad ( 1995 folk)★ Je reprends là où j'en étais restée, et j'ai kiffé: Voix, guitare acoustique et c'est tout. Et j'aime toujours autant sa voix.

Ajoutés aux 24 précédents, ça fait donc 34 /100, c'est pas mal du tout!

Podcasts, livres audios: rien de plus que le mois dernier, je suis surtout allée écouter des podcats d'anglais ce mois ci.

Pratique

Piano 22H40 ( ben y'a plus de jours en mars qu'en février, en même temps!)
Basson 14h00
( mais moins de répétions d'orchestre)

Images non choisies

il pleut vraiment trop et il n'y a rien de lié à la musique Visiblement je suis coiffée par Leiji Matsumoto, ce n'est pas le cas en réalité et j'en suis fort marrie!

café: ok, pluie ok, frinques ok
pigeon qui se trempe, allez, yolo 😂
musique: ?

café ok. Clope ( ou cuillère qui fume comme une clope) pas ok Fringues dénudées en mars, pas ok
Musique?


mardi 25 mars 2025

Fête nationale grecque: un peu de culture grecque

 C'est le 25 mars, et c'est la fête nationale grecque
Parce que fin février à la bibliothèque, nous avons animé avec une collègue une thématique "Grèce" pour un groupe en situation de handicap physique, j'ai eu envie de présenter un peu notre sélection.L'idée était de mettre un peu de tout, de musique, de culture générale, de voyage.. et de faire des lectures d'extraits courts, pour des gens qui n'ont pas la possibilité physique de prendre un livre et de la tenir à la main, afin de passer d'amorcer des discussions avec eux. Le sujet de la Grèce avait été proposé en amont par l'un des participants, nous avons pioché dans la liste.

Orphée et la morsure du serpent ( album jeunesse)

En 2009, un mariage bat son plein. Un des invités provoque involontairement un accident. Etant un peu éméché, il a entraîné la mariée à l'écart et.. celle ci a marché sur un serpent. Sans le savoir, ils viennent de rejouer l'histoire d'Aristée et Eurydice.
Car si on connait bien le passage où Orphée part chercher sa femme dans le monde des morts, on oublie souvent la raison de la mort d'Eurydice. Draguée par le dénommé Aristée le jour de son mariage, elle est morte d'une morsure de serpent le jour même de ses noces. C'est cette légende qu'une des invitées raconte à l'homme consterné par l'accident qu'il pense avoir provoqué.

La cuisine Crétoise Edisud ( parce que la cuisine fait partie de la culture, et surtout de la culture méditerrannéenne) .
j'ai repéré quelques recettes bien sympa!

Bon on ne peut pas lire un livre de cuisine à haute voix, mais l'introduction parle de la Crète en général et de l'importance des oliviers dans le monde méditerranéen, c'est déjà quelque chose d'utilisable.

L'Odyssée adaptée par Murielle Szac


Pas une super découverte, car c'est une version modernisée, pour enfants, dans un langage très familier lorsqu'elle donne directement la parole à Ulysse ( "Circé était quand même une chic fille". Même quand j'étais enfant, on ne me lisait pas des versions de ce type, et j'aurais eu l'impression qu'on me prenait pour plus bête que je n'étais. Je n'aimais pas les lectures de contes pour ça, j'avais toujours l'impression qu'avec les mimiques, le ton outré et la familiarité, on se payait ma fiole, alors que c'était probablement moi qui était en décalage avec les autres enfants de mon âge) Mais bon, j'ai sélectionné le passage sur les sirènes
Pour pouvoir le mettre en parallèle avec des extraits de "libre comme une déesse grecque", sur le même thème et sur Gaïa. Celui-là aura son sujet personnalisé!
et j'ai mis tout ça en parallèle avec le disque Nerantzia, particulièrement l'extrait de musique crétoise, et un autre "Comme un jardin la nuit" d'Angélique Ionatos, permettant de faire écouter la langue grecque aux auditeurs.

Ma collègue avait sélectionné plusieurs passage de l'Odyssée ( Les lotophages, circé et les Lestrygons) un extrait d'un roman intitulé " Après avoir fini mon café j'ai tout quitté pour une île grecque" ( quel titre original, je le note. En tout cas ça raconte exactement ça: une femme lassée de son quotidien, de son travail de sa famille se barre sur un coup de tête à Paros... et y rester pour de très très longues vacances), une BD intitulée " Rivière d'encre" qui narre l'invention  du premier dessin durant la préhistoire grecque, par une femme désespérée de voir son bien-aimé partir pour la guerre au risque de ne pas revenir. Elle veut, en cas du pire garder quelque chose de lui et trace sur un mur l'ombre de l'homme. Graphiquement c'est très original et je la lirai probablement prochainement aussi.
De son côté elle avait plutôt sélectionné des chanteurs de la diaspora grecque, Demis Roussos et Nana Mouskouri en tête, puisque l'auditoire avait disons " un certain âge".

En fin de compte, ça a duré une heure et demie, tout le monde a été très content de cette escale grecque, et on s'en est bien sorties pour ce qu'on a beaucoup improvisé. La lecture à haute voix n'est pas mon fort mais apparemment c'est moins pire que ce qu'on m'avait dit jusqu'à présent ( je suis une très très mauvaise actrice, je ne sais pas imiter les intentions, ni même deviner ce que je devrais imiter - en fait je ne sais pas exprimer mon ressenti visuellement, ni comprendre les expressions faciales au delà de colère/ joie/ neutre - donc je suis très peu expressive d'après la plupart des gens normaux. Ma tronche reste impassible , donc on croit que je fais la gueule, et inversement, si on ne me dit pas clairement ce qu'on pense, je n'arrive pas a déchiffrer le langage non verbal, probablement à cause d'une enfance passablement isolée où chaque expression spontanée était immédiatement sanctionnée d'un " va dans ta chambre")
Mais j'espère ne pas avoir trop souvent à lire à haute voix quand même, c'est loin d'être un plaisir 😅

lundi 24 mars 2025

Lundi soleil (mars) - bateaux

 Une des rares fois où j'ai voyagé en bateau c'était en 2018 pour aller au Groenland. MAis .. c'était mémorable. Car il s'avère que ce petit bateau a une histoire particulière. Il s'agit d'un navire mis en service  en 1948, avec un intérieur très beau, art déco.
Son nom en 2018: l'Astoria. Mais il a auparavant été connu sous un autre nom: le Stockholm

Moui, je sais, y'a pas trop de soleil!

Enfin, il a navigué sous beaucoup de noms différents après avoir fait les gros titres en tant que Stockholm en 1956, lorsqu'il a par accident , coulé un autre bateau , l'Andrea Doria, par temps de brouillard au large des côtes américaines. Il a été salement endommagé, mais a résisté malgré un gros trou sur l'avant. L'Andrea Doria a coulé.
Yep, j'étais sur un monument historique flottant. Deux pensées opposées m'ont traversé l'esprit
- Mmmm je suis un bateau qui a 70 ans, le plus ancien bateau de croisière encore en service*, j'espère qu'il est régulièrement inspecté...
- Je suis sur celui qui a résisté à un choc frontal, donc c'est du solide!
Il ne paye pas de mine tel quel, mais l'intérieur est magnifique, et sa cloche d'origine est exposée comme une relique, photos ici.
* A l'arrêt depuis 2020 à Rotterdam, quand le covid a eu raison des voyages. Apparemment il y a été endommagé en 2022 par une tempête et a peu de chances de reprendre un jour la mer, vu son âge avancé et la difficulté à revendre un bateau hors d'usage. Ce serait bien qu'il devienne un musée, ou un restaurant, ou un complexe hotelier, car il y a une salle de cinéma, des cabines, une piscine, etc.. en tout cas qu'il ne soit pas laissé à l'abandon ou démantelé.

Et lors d'un arrêt en Irlande nous avons vu ça, un de ces immeubles flottants

Je peux vous assurer que tout le monde dans notre groupe a dit " on préfère clairement notre petit bateau à taille humaine!"
Il y a une bonne raison pour que ce genre de "petits" ( tout est relatif) bateaux soient utilisés pour le Groenland, le Spitzberg, le Svalbard et autres: les Fjords sont étroits et profonds, et un tel monstre aquatique ne pourrait pas y manoeuvrer. C'est une chance pour le milieu naturel fragile, ça évitera les problèmes qu'il y a à Venise.

En tout cas c'était assez surréaliste de monter sur un bateau,  et au bout de quelques jours, au détour d'un couloir, de tomber sur la cloche et l'histoire du navire, et de se rendre compte qu'on est réellement dans un bâtiment ( à tous les sens du terme) historique, dont on avait entendu parler, mais sans savoir qu'il était toujours en service. J'avais toujours cru que le Stockholm avait pu rentrer à bon port, mais trop endommagé ( vu les photos!) pour être remis à flot. Ben non, et j'ai même navigué dessus, la classe!

vendredi 21 mars 2025

Mean Girls club - Ryan Heshka ( BD)

Depuis quelques temps je me tourne beaucoup plus vers la BD indé que j'avais jusqu'à présent laissée de côté vu que je ne la connaissait que peu et que par définition, elle n'est pas grand public ( des tomes souvent chers, dont on ne sait pas s'ils vont plaire, ça freine). ais comme la bibliothèque en a pas mal, je fonce, et je découvre des trucs originaux, moins attendus et très sympas.

Après Kiss thee Sky et son format carré violet, voici Mean girlsClub, dont la couverture toute de noir et Rose fluo m'a attiré l'oeil.
Et ces pin-ups prêtes à en découdre me semblent un bon choix pour le mois de mars.

Ce ne sont pas simplement des Bad Girls, mais des Mean Girls, des filles méchantes.
Dans un patelin de bouseux du fin fond de l'Amérique bien pensentes des années 50, ce club de femmes fatales au sens le plus littéral du terme est la bête noire, enfin, la bête rose, des autorités. Délinquantes en robes moulantes et talons aiguilles, elles fument (et pas que du tabac), picolent, carburent aux amphétamines et s'opposent à l'hypocrisie des moeurs locales.
Toutes ont un passé difficile d'exploitation par les hommes, leurs familles ou les instances politiques et religieuses, et.. elles ne causent plus, elles flinguent!

Sous la direction de leur chef Pinky, elles ont bien décidé de mettre à bas la domination masculine , symbolisée par le très corrompu maire Hamilton (dit "Ham") Hocks ( En gros " Jambon Jarret", un nom qui va comme un gant à cet éleveur de cochons, obsédé par la charcutaille, voyeur, pervers.. un cochon à tous les sens du terme) et un duo de prêcheurs libidineux, qui voient le péché partout mais espèrent surtout se garder les pures jeunes filles de la ville pour eux sous prétexte de les protéger de  ces "démons" qui prônent le libre choix et l'indépendance féminine de manière très musclée.

C'est violent, c'est grossier, on picole, on se dope, on se dispute entre membre du gang, mais ces pin-up à l'esprit punk ne sèment pas le chaos pour le plaisir. Leur objectif est effectivement de sauvegarder leur liberté et de convaincre un maximum de leurs "soeurs" de rejoindre ce combat.
Vouloir les détruire, c'est , ce que ne comprend pas ce goret de maire, leur donner encore plus de pouvoir et de puissance ( le tout symbolisé dans la plus pure veine des comics des années 50 par une transformation dans le plus pur style "Hulk": Pinky, blessée et amputée de son petit doigt (pinky finger en anglais), se transforme en géante ultra-vénère et invincible, elle qui était déjà particulièrement baraquée. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fortes. Le rose "girly" est ici transformé en rose fluo agressif jusqu'à la nausée

J'ai beaucoup aimé ce détournement des clichés des pin-ups: de femmes de rêves pour mâles libidineux, elles deviennent femmes de cauchemar. En clair: vous vouliez les tirer? Elle vous tirent... mais comme des lapins. J'ai kiffé le running gag du mec qui oublie tous les jour de nourrir les cochons de son patron... et qui trouve une conclusion absolument réjouissante. Ou les flics aux patronymes-synonymes " Wiener, Johnson, Dickson, Dick ": tout ça signifiant à peu près en argot "Tête de noeud"

C'est jubilatoire, défoulatoire... et elles révèlent mine de rien la pulsion de révolte, sauvage, que nous cachons toutes. elles ne sont "méchantes" que parce que la société , la corruption, l'hypcrosie, la manipulation les révoltent. Cachées derrières leur pseudos, ces femmes anonymes ( et anonymisées, à l'instar de Roxy la mécanicienne,  parodie de Rosie la Riveteuse, dont le maire est infoutu de mémoriser le nom, et qu'il appelle Rosie, Roselyne, Rosa etc...) sont nous toutes, au delà des lieux et du temps. La vague rose déferle et c'est un tsunami.

Et pour mon grand plaisir, un cosplay trouvé ici, qui reprend la page de présentation des filles. sur un site dédié au style "pin-up en grandes tailles"

dimanche 9 mars 2025

Cow-boy noir - Nat Love

 Quand ce titre-là est arrivé à la bibliothèque dans mes mains pour être couvert, ma première réaction a été " trop bien, je voulais justement le lire".

C'est chose faite.
J'ai un peu évoqué l'auteur via le documentaire sur le far-west, et le second volet du podcast sur l'histoire américaine pour ce qui est du contexte, je vous y renvoie donc, là on va se concentrer juste sur le livre.




Donc, on l'a dit, Nat Love est un cow-boy, un cow-boy noir. Il a passé les 15 premières années de sa vie dans une plantation, d'abord né esclave, puis devenu libre à la fin de la guerre de Sécession. Puis une vingtaine d'années Cow-boy entre le Texas l'Oklahoma et le Kansas, et au moment où il rédige ses mémoires, ça fait une vingtaine d'années qu'il a raccroché lasso et chapeau pour travailler dans les trains Pullman. Le gars a donc eu trois vies bien distinctes, qu'ils nous raconte, la plus grande partie de l'ouvrage est cependant consacrée au far-west et à ses aventures.

Le petit Nat, né esclave peu avant la guerre de Sécession s'est retrouvé libre, mais vivant dans la misère après la guerre. En effet, les anciens esclaves libérés ont pour la plupart continué à travailler comme auparavant, contre le gîte et le couvert pour les mêmes maîtres, sans même parfois savoir qu'ils étaient libres à présent. Et libres de quoi faire, sinon continuer à vivre comme avant? Pour la famille de Nat, les conditions n'étaient pas trop tragiques, leur maître était correct mais il se souvient avoir vu dans son enfance les esclaves des autres maîtres être martyrisés. Par contre la suite a été compliquée parce que ceux qui avaient conscience d'être libre, n'avaient pas d'argent, et devaient maintenant louer un lopin de terre à leurs anciens propriétaires, ce qui coûtait évidemment très cher, avant de pouvoir espérer une récolte permettant de vivre décemment. Comme son père est mort alors qu'il avait une douzaine d'années, il s'est retrouvé très vite a devoir travailler avec sa mère, ramasser des mûres et des plantes sauvages pour aller les vendre à la ville, s'occuper des tvaux de la ferme avec son frère et sa soeur, puis recueillir les filles de sa soeur à la mort de leurs parents. C'est principalement pour cette raison que dès qu'il a eu 16 ans, pour en plus être un poids pour sa famille, il a décidé d'utiliser les compétences développées dans son enfance ( ingéniosité, débrouillardise, résistance physique, aptitudes au travail manuel et au dressage de chevaux, ténacité) pour aller gagner sa propre vie dans l'ouest, en tant que cow-boy.
On ne sait pas s'il a par la suite envoyé de l'argent à sa famille, dont il était visiblement très proche, mais ça paraît logique, même s'il n'en parle pas.
Car oui , Nat était une double rareté: un ancien esclave qui savait lire et écrire, doublé d'un cow-boy instruit. Dans les deux cas ce n'était pas courant.
En revanche, être un cow-boys noir était assez courant, et il ne mentionne son apparence que lorsque ça a une importance dans l'histoire,  et s'il n'en parle pas la plupart du temps c'est que ça n'était pas une vision rarissime. Comme on l'a dit précédemment, un quart à peu près des cow-boys était des noirs ou des métis. On apprend donc que lorsqu'il postule chez un premier propriétaire de ranch, il y avait déjà plusieurs employés noirs, lorsqu'il participe à un concours de dressage de chevaux, ils étaient 6.
Le far-west était dans la réalité moins monochrome que les westerns pourtant en technicolor.

Et bien qu'il en rajoute ( l'émission radio le comparait à Tartarin de Tarascon, il y a du vrai là dedans, tant les événements sont narrés avec un humour picaresque) il n'empêche que ses souvenirs d'enfance agricole, des bêtises faites avec ses copains du village ( aller déclarer la guerre de sécession à tous les nids de guêpes du coin, ou la rejouer en se lançant des pierres, là c'est presque la guerre des boutons), de sa première gueule de bois avec sa soeur et son frère sont réjouissants. On a beau vivre dans la misère et en avoir conscience, on vit quand même en tentant de s'amuser.
Par la suite ce tempérament facétieux, qui ressort facilement après une soirée alcoolisée, continue a se manifester, et notre énergumène est le genre a s'imaginer pouvoir attraper au lasso un canon et le ramener au Texas, ou une locomotive lancée à pleine vitesse.
Spoiler alert: ça ne fonctionne pas. Et au mieux ça se solde par une explication qui fait marrer toute la ville, au pire par un bon KO dans le fossé. Car le gars a une bonne étoile, et s'en sort malgré ses idées contestables et la dangerosité du métier.
Car la vie d'un cow-boy est loin d'être aussi classe que nous l'ont vendue les westerns. Oui il y a les accrochages avec les indiens et les voleurs de chevaux, les rencontres avec certains bandits de grand-chemin plus ou moins connus, les rodéos et les soirées picole après un gros travail. Il n'empêche que pour l'essentiel, il s'agit de s'ennuyer tout l'hiver à la propriété, et de passer la belle saison à rassembler les troupeaux de chevaux ou de vaches qui vivaient en semi liberté sur d'immenses prairies et manifestaient une évidente mauvaise volonté à rejoindre des enclos. A marquer les veaux. A trier les bovins par marque, lorsqu'on en retrouve il est plus simple de les ramener au même endroit, puis de les trier avant de les escorter chez leur légitime propriétaire et récupérer en retour les vôtres, retrouvées par d'autres équipes. En bref un travail fastidieux et très souvent répétitif, où l'un des plus gros danger est en fait le climat et le risque de se perdre: se retrouver en plein milieu de rien, à 125 kilomètres de sa destination, sous un orage dantesque, qui a fait fuir le cheval, avec près de 20 kilos d'équipement à ramener, et en ayant épuisé ses vivres.. il faut être un expert de le survie en milieu hostile pour trouver le moyen de s'en sortir.
De ce point de vue aussi c'est passionnant: une plongée dans un métier qui nous a fait rêver par la manière dont les films le présentaient, la liberté, la vie au grand air, toussa toussa... et qui n'était finalement qu'une vie de gardiens de bestiaux doublé de comptables. Un simple employé à cheval.

Et pour sa troisième vie, car l'évolution rapide des technologies, l'urbanisation des espaces vides, le progrès, ont classé en mois de 30 ans le far-west et ses habitants au rang de légendes pittoresques ( ou de ringardises passéistes), Nat est resté dans la même logique. Le métier avait trop changé, il ne le reconnaissait plus, et bien qu'il ne le dise pas directement, à 35 ans, il était déjà un vétéran et mesurait sa chance d'être encore en vie.
Exit le cheval, vive le cheval vapeur. Après un premier ratage, il a fini par trouver son nouveau travail de porteur des wagons-lits a son goût de voyageur. Ce n'est pas un passéiste nostalgique et au contraire, il se régale de décrire en long en large la modernité et le confort des trains, le fait de pouvoir être à Chicago un jour et en Californie 4 jours plus tard. Et mine de rien avoir l'expérience de veiller sur un troupeau de vache est utile lorsqu'il faut satisfaire.. tout un cheptel de voyageurs 😄

en tout cas c'est une excellent lecture, souvent drôle. Nat est un peu le pote turbulent mais très sympathique à qui on pardonne ses extravagances parce qu'il nous fait rire. C'est un petit coup de coeur,  qui se lit comme on regarde un (bon) film d'action et d'humour.

Etonnamment, j'ai pensé à la chanson " nouveau Western", en me demandant s'il y a 30 ans, MC Solaar savait déjà que finalement pas mal de gens lui ressemblaient lorsqu'il chantait " Hollywood nous berne dans la vie de tous les jours comme dans les nouveaux westerns" ( et oui, j'aime pas trop le Rap SAUF MC Solaar, pour ses textes très recherchés. Les paroles e la chanson sont d'ailleurs très recherchés. Et  je suppose que s'il ne le savait pas à l'époque, il aura, depuis, lu cet ouvrage)

samedi 8 mars 2025

Damoiselle (Série TV)

 Parce qu'avoir mentionné "Libres!" dans le précédent sujet m'a rappelé que je n'avais jamais parlé de cette mini série de TV5 qui parle de la condition féminine à diverses époques ( Renaissance, Egypte antique, Gaule, Résistance, Révolution française, Saint Barthélémy, etc..) via l'humour anachronique ( et la livraison en felouquissimo partout en Egypte me fait toujours marrer)

Et si les femmes de ces époques avaient été des influenceuses, quelles modes auraient elles lancées? et chaque épisode est suivi d'un débriefing par un historien et une historienne ( laquelle n'est plus en seconde saison, sans que j'en sache la raison ) qui explicitent le cadre historique, les événements indirectement mentionnés:
https://www.tv5mondeplus.com/fr/series-et-films-tv/histoire/damoiselle


Evidemment, on ne fait pas qu'y parler de modes, ou de médecine antique, c'est aussi une manière détournée de voir que
- les femmes ont de tout temps usé de produits plus ou moins nocifs pour leur santé, le " il faut souffrir pour être belle" a fait des dégâts depuis que le monde est monde ( la crème dépilatoire à base de coques de noix et pisse d'âne est .. c'est spécial hein...)
- Les modes absurdes ne datent pas d'aujourd'hui, et ce qui nous semble ridicule de nos jours était la classe ultime au XV° siècle ( le front épilé) mais rappelons nous qu'il y a 20 ans, la mode était de s'épiler entièrement les sourcils pour les refaire d'un trait de crayon.. et oui c'est maintenant totalement ringard. La mode est un éternel recommencement.
-Selon les époques, la condition féminine n'était pas si mauvaise que ça, les gauloises avaient la possibilité de divorcer, les égyptiennes antiques pouvaient être médecins... C'est beaucoup parti en sucette avec le monothéisme. Et encore, entre catholiques et protestants même si ce sont différentes branches d'une même religion, les femmes n'étaient pas logées à la même enseigne.

Il y a 2 saisons pour le moment, et j'en espère une troisième, l'actrice est très drôle, l'idée est sympa et ça fait toujours du bien de rappeler que l'histoire n'a pas été faite uniquement de grands noms ( masculins, les gars ont pris soin de se donner le beau rôle) et de dates de glorieuses bataille, mais des micros inventions quotidiennes souvent faits par des gens qui voulaient se simplifier la vie... même si le résultat était parfois contestable.

Tu n'es pas obligée - Ovidie et Diglee

 
Que voilà une lecture rapide parfaite pour le 8 mars et pour rappeler les droits des femmes, et plus particulièrement et matière de relations et sexualité, mais aussi d'injonctions sociales.


On ne parle pas ici des problèmes liés au monde du travail, au plafond de verre ou aux inégalités salariales, puisque le lectorat visé est celui des adolescentes et jeunes adultes. Mais j'aurais beaucoup aimé à cet âge là lire ce genre d'ouvrage. Moi, la " fille grosse et  moche", " habillée comme un sac","la ringarde", "même pas maquillée", et harcelée pendant les 4 ans du collège. Je n'étais pas populaire au lycée, mais j'avais au moins quelques copines, en général, les mal vues: lesbiennes, bisexuelles, punkettes, d'origine étrangère. Les autres victimes de -ismes ou -phobie: sexisme et racisme, grossophobie et homophobie.
Donc autant dire que lorsque l'autrice parle du harcèlement je l'ai vécu. Heureusement à une époque où il n'y avait pas de réseaux sociaux.
Mais oui, j'aurais aimé qu'on me dise qu'être différente, ce n'étais pas être anormale.

Et non, les filles ne sont pas obligées, en vrac, de s'épiler, de se maquiller, de s'habiller sexy, d'avoir des relations sexuelles ou sentimentales si elles n'en ont pas envie, de se forcer pour faire plaisir, d'être hétéro, de se plier à des pratiques tout droit issues du porno ( et l'autrice sait ce dont elle parle, ayant été actrice porno professionnelle: beaucoup de choses y sont outrées, jouées et surjouées- comme dans tout film- effectuées dans des conditions particulières avec de la préparation qui est coupée au montage.. et le tout renvoie une image forcément faussée de la réalité du sexe).
Plus important, l'ouvrage rappelle aussi que forcer quelqu'un à faire ce qu'il ne veut pas est légalement passible de prison; diffuser des photos sans son consentement est un délit, et que dans ce cas, ce n'est pas la victime qui est à blâmer, au contraire, l'autrice insiste sur la nécessité de ne pas rester seule dans son coin, sinon les criminels restent impunis. C'est même sur ça qu'ils comptent.

Inversement, l'accent est mis sur le fait de ne pas participer au harcèlement, et au contraire d'être solidaire avec la victime.. parce que dans le fond , ça peut arriver à tout le monde.

Et de fait, ça arrive à toutes. D'un point de vue social. Quoi qu'on fasse, on est jugées.
L'ouvrage est court et ne part pas forcément dans ces considérations, mais il faut quand même préciser que socialement, comme le dit un proverbe japonais " le clou qui dépasse appelle le marteau", et lorsqu'on s'écarte tant soi peu de la norme, ça a un coût psychologique. Il faut s'apprêter à faire face à tout ce qui va se dire. Et pour être armées et y faire face, ça commence par ne pas culpabiliser de sortir du rang. Qu'on ne se leurre pas ça m'a pris plus de 20 APRES l'adolescence.
Je suis passée par la case: ils ont raison, je devrais être plus féminine. Je devrais me mettre en jupe. Je devrais mettre des talons. Je devrais me maquiller.
Et la vérité, c'est que je ne me suis jamais reconnue dans les clichés de féminité qui me sont proposés, comme s'il y avait un modèle unique, et que tout écart soit une anormalité. La vérité, c'est que je n'aime pas porter des jupes hormis quand je le décide. Que je déteste porter des chaussures à talons, vu que j'ai un sens de l'équilibre hasardeux. Que je n'éprouve ni l'envie ni le besoin de me maquiller tous les jours ou de porter tout un tas de bijoux. que ma peaux fragile se porte infiniment mieux depuis que j'ai cessé de camoufler mes imperfections sous des produits qui ne faisaient qu'en causer plus. Que je n'ai jamais eu aucune envie de me marier et d'avoir des enfants, malgré les " tu verras quand tu seras grande". Que je suis bien toute seule et que je n'ai pas vraiment envie que ça change.
Il faut dire qu'ayant grandi sans recevoir la moindre validation masculine, ce n'est pas à plus de 45 ans que je vais la rechercher, je m'en passe bien.

MAIS, il faut être prête, quasiment au quotidien, à avoir droit à des questions, des demandes de justifications par des gens qui parfois ne vous connaissent même pas. et ça demande d'atteindre un niveau de je-m'en-foutisme suffisant pour ne plus se laisser atteindre et une maitrise du clouage de bec
Le débat peut vite évoluer comme ça: " t'es trop grosse", " oui et?"" ben t'es moche" " alors ne me regarde pas / te plaire n'est pas mon objectif de vie" "non mais si tu continue comme ça, tu finiras vieille fille" " c'est bien mon objectif" " oui mais tu mourras seule!" " on meurt toujours seul, même sans une catastrophe ferroviaire où il n'y a pas un survivant, toi seul/e peut faire l'expérience de ta propre mort" " ça te fait pas peur?" "non" ( et avec un truc comme ça, je vous garantis que l'autre ne reviendra pas à la charge, puisque "tu mourras seule" est un fait, pas une menace, mais par contre la personne qui le dit vous donne exactement son point faible: elle est mal à l'aise avec le thème de la mort, et ne sait plus réagir face à ceux qui en parlent librement.

Mais, c'est bien de commencer la prévention contre les stéréotype sexistes ( et franchement j'aimerais bien en voir une déclinaison pour lutter aussi contre les stéréotypes sexistes et injonction à un idéal de masculinité tout aussi ridicule que les pressions faites sur les femmes. Parce quand on voit ceux qui se proclament "mâles alpha", c'est mal parti pour que les garçons puissent comprendre qu'on peut être un homme sans être un blaireau)
Habituellement je ne suis pas fan des dessins de Diglee ( surtout pour une question de colorisation numérique, j'ai vraiment du mal avec ça, et c'est pareil pour Pénélope Bagieu, c'est juste pas mon truc graphiquement) mais là, ils vont bien avec le texte, apportent une touche humoristique et pertinente, avec le détail qui fait mouche ( l'affiche de la fille qui médite, ou le sac de celle qui va chez le gynécologue), et surtout il y a des grandes des petites, des rondes des maigres, de toutes ethnicités et ça c'est franchement cool.



Pour les plus grandes, je vous rajoute la courte série Libres! des mêmes autrices qui est très sarcastique
J'aime beaucoup le conte de fée du premier épisode ou l'idée de s'inscrire à un cours de sport pour péter les clichés sexistes ( l'ironie de l'histoire étant que se muscler le dos est en fait une bien meilleure idée que de se faire gonfler les nichons et les fesses, où de faire des squats pour gonfler du Q, puisqu'avoir un dos musclé permet de lutter contre les effets secondaires de... euh.. la bipédie). Sinon je valide l'idée d'un homme de ménage Q nu en pull mohair, rien que parce qu'elle est drôle.
dommage, il n'y a que 10 épisodes accessibles sur les 20 existants.
https://www.arte.tv/fr/videos/103450-004-A/libres/