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vendredi 11 janvier 2013

Maria - Kazuo Kamimura

Japon, années 70. Maria, jolie fille issue d'une famille de nouveaux riches d'après-guerre, intègre le lycée Airan. Et plus exactement la classe 2 C, celle des "mauvaises filles", celle que la société préfère cantonner dans un lycée de seconde zone pour mieux les ignorer: ici, on rassemble celles qui sont sexuellement précoces, les lesbiennes, les violentes rassemblées en gangs adeptes de la bagarre au couteau... autant dire que dans cette ambiance délétère, Maria détonne... à première vue.

Car, disons le de suite, il ne s'agit pas d'une énième histoire de lycéens, ce n'est pas un shôjo fleur bleu, loin de là. On est plutôt dans le gekiga ( oeuvre destinée à un lectorat adulte, dessins inspirés des estampes traditionnelles, sujet sérieux...) que dans le manga. Bien que par facilité, je l'appellerai quand même manga.

Donc Maria, malgré son nom de Madonne chrétienne, est une mauvaise fille, dans une famille dirigée d'une main de fer par un grand-père tyrannique qui entend bien régenter toute le monde, dotée d'une mère silencieuse et effacée qui n'a pas le courage de réagir contre son père, et d'un beau-père gentil mais complètement sous la coupe du grand-père, incapable de se rebeller sous peine de voir son homosexualité révélée au grand jour. Car le noeud du problème est là: les apparences, toujours les apparences à sauver coûte que coûte. Qu'importe la vérité des gens, du moment que la famille donne pour l'extérieur une image bien sous tout rapports. Je ne dirais pas ici la raison exacte qui a causé son transfert chez les mauvaises filles, pour ne pas spoiler les fuurs lecteurs, mais Maria, l'électron libre, ne donne pas dans la dentelle lorsqu'il s'agit de casser l'image de sainte qu'on attend d'elle, et qu'elle traîne comme un boulet avec ce nom si peu japonais. Ouvertement bisexuelle, elle est du genre à affronter au couteau un chef de gang et à la ridiculiser ou à payer une bande de loubard pour casser la gueule à un camarade, afin de voir " le charme d'une bonne bagarre".

Et surtout, elle semble attirer à elle tout ce que la ville compte comme dépressifs ou paumés. Ou plutôt, elle agit involontairement comme un déclencheur qui révèle la perversité des gens "bien sous tous rapports". Car finalement la violence physique des bagarres entre gangs lycéens n'est rien par rapport à la violence psychologique exercée par le grand père de Maria, ou la domination abusive jusqu'à l'inceste de la mère de Kirihito, éphémère petit ami de Maria.
Oui, je le souligne, car même s'il n'y a pas de scènes vraiment trop cochonnes, il y est quand même ouvertement question d'homosexualité, de bisexualité, d'inceste, de violence et de suicide.
En fait, pour ceux qui l'auraient vu, le personnage de Maria me fait énormément penser au héros sans nom de Théorème de Pasolini ( car l'un comme l'autre bouleversent totalement la vie des gens qu'il croisent et avec qui ils couchent, jusqu'à la folie et au suicide, ou jusqu'à ce qu'ils réagissent enfin).

Au final, j'ai bien aimé ce titre. En fait, au sujet des gangs de lycées,  je craignais quelque chose d'assez racoleur, mais non, on reste dans la subtilité, malgré quelques passages kitsch. Je lirais donc probablement le tome 2 qui doit paraître ce mois-ci. Je ne connaissais pas le mangaka, mais la couverture sobre me rappelait une autre vue en rayon: bingo!  Kamimura est également l'auteur de Lady Snowblood et du Fleuve Shinano, parus depuis 2 ou 3 ans.  Allez, tout de même un petit reproche: il est dommage, vraiment dommage que les personnages secondaires ne soit qu'ébauchés, en particulier la copine lesbienne de Maria, plus attachante qu'il n'y parait au premier abord. C'est d'ailleurs le seul personnage qui soit vraiment proche de l'héroïne, sa seule vraie amie, c'est d'autant plus dommage qu'elle n'ai même pas de nom. Pas plus que les autres élèves d'ailleurs.
Moi qui voulais justement découvrir plus de mangas " vintage", je suis ravie de voir que les publications commencent à se faire plus nombreuses en France.

Un album reçu dans le cadre du Masse Critique BD, un grand merci à Babelio et aux éditions Kana.
Et une première lecture pour le challenge "Cartable et tableau noir " sur le thème de l'école. et au challenge Dragon, sur l'Asie. Je ne suis pas sur mon ordi, je rajouterai donc les logos et images à mon retour de vacances.


idée 119: des cheveux

3 commentaires:

  1. Lien noté pour le challenge, merci !
    Assez surprenant, ce manga (le gekiga est un genre de manga, comme le sont le shônen, le shôjo ou le seinen), je vais me le noter pour le lire.
    Bonne continuation et à bientôt.

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    1. Je fais la distinction, car certains auteurs de gekiga( Hirata Hiroshi en tête) font clairement la différence en refusant d'être étiquetés mangaka.
      c'est un peu le même principe dans ma tête que le graphic novel. J'aurais du mal à classer quelque chose comme Maus ou Petits miracles en comics au même titre que Les Peanuts, Dilbert ou n'importe quel super héros. Ca reste du support dessiné venus du même pays, mais la ligne directrice n'est pas la même. De mon point de vue en tout cas. Même en franco-belge, j'aurais tendance à appeler roman graphique les oeuvres plus scénarisées ( parce que mettre dans le même vocable "BD" Boule et Bill et ses gags en une page, et le récent Le bleu est une couleur chaude, par exemple, ça me gène un peu.) d'autant que dans l'idée du lecteur -ou plutôt non-lecteur lambda- BD = trucs pour jeunes. Les choses commencent heureusement à changer un peu, mais lorsqu'on est une femme de 35 ans qui dit lire de la BD, les remarques restent souvent du niveau " et tu n'as rien de plus sérieux à faire?" Car les gens pensent en priorité aux gags en quelques cases plutôt qu'au Cri du peuple de Tardi ou a n'importe quelle oeuvre de Gibrat.

      Bonne lecture en tout cas, je chroniquerai aussi le tome 2 quand il sera paru. Et probablement chercher d'autres titres du même auteur.

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  2. un réel coup de coeur pour moi ! je te conseille "lorsque nous vivions ensemble" qui fut pour moi encore plus bouleversant

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