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jeudi 17 août 2023

Cannibale - Didier Daenickx

Et encore une lecture inattendue, qui s'est glissée dans mon emploi du temps de ministre, facilement puisque c'est un court roman ou une grosse nouvelle.
Prêté par une voisine qui l'avait en double, c'est une bonne surprise. Déjà, parce que c'est rare que je lise de la littérature contemporaine (publié en 1998), et que je n'avais pas encore eu l'occasion de lire cet auteur pourtant super connu.



Je n'ai pas eu un coup de coeur géant pour son écriture ou sa narration, ceci dit, mais ça se laisse lire, le sujet est intéressant et aborde une région finalement assez oubliée de la France des antipodes.
Sous un angle très inconfortable, puisqu'il s'agit des zoos humains dans les années 1930.
On y suis le parcours bien involontaire d'une trentaine de jeunes néo-calédoniens, 3 principalement nommés (Gocéné, le narrateur, Badimoin, son meilleur ami et Minoé sa fiancée), envoyés par le chef de leur village pour dignement représenter la Nouvelle Calédonie à l'exposition coloniale de 1931.

Dignement est loin d'être le cas, puisqu'au lieu de présenter la culture de leur îles, ils se retrouvent enfermés dans un village calédonien reconstitué, qui voisine avec d'autres " villages" d'autres régions, un marais au crocodiles, des animaux de toutes sortes.
En cage, dans un zoo, estampillés " anthropophages", dépouillé de la "civilisation" que leur a pourtant inculquée les missionnaires pendant des siècles, les voilà contraint de danser en pagne à heure fixe, avec interdiction de parler. Ils ne peuvent en public que s'exprimer par cris sauvages, afin de valider la narration qui est faite de leur sauvagerie et de leur statut de cannibales, absolument faux. Ils ne sont même pas recrutés en tant qu'acteurs qui auraient eu à parodier leur culture pour l'adapter au goût métropolitain, ils ne sont  pas payés pour ça, ils sont prisonniers.

Pire certains d'entre eux sont échangés, comme de simples animaux de zoo. Les crocodiles de l'exposition sont morts et un cirque allemand, qui a depuis longtemps un groupe de crocodiles qui n'attire plus les foules, accepte de les échanger contre un groupe de " sauvages kanaks" à présenter comme attraction.
Badimoin et Gocéné sont pourtant tout aussi civilisés que les parisiens de l'époque, puisqu'une fois vêtus d'habits européens , ils sont parfaitement capables de discuter en français avec les gens, de commander un repas dans un restaurant, où on les prend pour des guyanais, qui ont apparemment le droit de circuler librement dans l'exposition et en ville.

Cette histoire, narrée à des indépendantistes kanaks dans les années 1980 par Gocéné, alors septuagénaire et revenu vivre  en Nouvelle Calédonie, mérite d'être mise en avant., pour ne plus retomber dans les mêmes travers. Et je me souviens du scandale - et heureusement que ça a fait scandale- lorsqu'une tentative de relance a été faite dans les années 1990 pour la promotion d'une certaine marque de biscuits au nom très contestable.

On ne peut plus comme dans les années 1860 ( ici en 1862 au Québec) vanter entre deux publicités pour un restaurant ou une promenade en ballon, ou la vente d'un  lot de sel et d'un purgatif, l'exhibition de toute une famille dont certains membres sont albinos dans un jardin public de 9h00 du matin à 7h00 du soir tous les jours, en les qualifiant d' " addition à la grande collection". Oui, en 2023, exhiber des gens comme des pièces de collection, les exploiter pour gagner de l'argent est infiniment choquant et ce simple fait est une bonne nouvelle qui témoigne de l'évolution dans le bon sens des moeurs.
Mais les affaires récentes, y compris après 1994 sont la preuve que rien n'est acquis et qu'il faut rester vigilants. Sans sombre dans les délires exacerbés "d' appropriation culturelle", dès que quelqu'un s'intéresse à une autre culture que la sienne ( j'en ai même vus qui prétendaient qu'apprendre une langue étrangère est de l'appropriation culturelle. Non. Se faire des sous sur le dos de gens d'un autre pays en les privant de leur culture, je veux bien que ce soit moche et douteux. Mais apprendre une langue, vu le temps, la patience et l'humilité que ça demande, c'est exactement l'inverse d'une appropriation. On y gagne le plaisir de découvrir une autre vie et un autre mode de pensée, l'ouverture d'esprit. Tant qu'il ne s'agit pas du moins d'utiliser la langue pour imposer son propre point de vue aux autres.

L'auteur du roman est parisien, mais dans le sens où toute l'action se passe en Nouvelle- Calédonie dans les années 1980 ( puisque le récit de l'exploitation à Paris dont Gocéné et ses compatriotes on fait l'objet, est raconté alors qu'il est revenue en Nouvelle-Calédonie) voilà qui me permet d'ajouter un bonus au challenge des départements.
En effet, la Nouvelle-Calédonie fait partie non des départements mais des "COM" ( Collectivité d'Outre-Mer), anciennement un des TOM, de " DOM-TOM".

Donc ce serait dommage de ne pas les ajouter s'ils croisent mon chemin de lecture.

Trop récent cependant pour être intégré à la thématique " voyage" de ce mois d'août du challenge "lecture de classiques" , qui est limité à avant 1970.

idée n° 118: quelque chose de rond: le pendentif


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