Deuxième sujet cinéma. On reste en compagnie de l'ami Vlad.
Au début de la chaîne des adaptations du roman il y a Nosferatu.
A l'autre bout il y a la version Coppola qui a quelque peu lancé une mode du vampire, un peu flippant mais si possible pas trop, triste et dans le fond, un mort-vivant sympa.
Je ne sais pas s'il y a eu d'autres versions depuis 1992, probablement, mais qui n'ont pas eu autant d'audience ni de succès.
Repartons en 1992.
J'ai 15 ans, je suis au lycée, c'est 14H00, le prof est absent, il pleut à verse et j'ai un peu d'argent de poche et je dois attendre 17h00 pour retrouver ma mère et aller faire des courses, ou quelque chose de ce genre.
Je m'ennuie.. tiens si j'allais au cinéma, ça m'occupera l'après-midi,et ce film me tente bien.
Rétrospectivement, ça m'étonne même qu'on m'ait laissée rentrer, je ne sais plus s'il était interdit aux moins de XYZ ans, mais j'ai toujours fait plus jeune que mon âge et à 15 ans, je devais en paraître genre.. 12? Véridique, plus tard en fac, on m'a demander de prouver que j'avais plus de 16 ans pour un autre film, j'en avais 22...
A l'époque, je n'avais pas un grand bagage cinématographie en général et encore moins sur Coppola, et j'avais bien aimé le film. D'autant qu'il y a Anthony Hopkins et Wynona Ryder, deux acteurs que j'appréciais pas mal.
Et un petit nouveau dans le rôle tire, que je n'avais jamais vu ailleurs. Je l'ai trouvé bon, un acteur à suivre... qu'on a peu revu par la suite jusqu'à il y a une dizaine d'années.
Je n'avais pas revu le film depuis, c'est chose faite et...
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le film a eu un tel succès qu'il a lancé une sorte de mode qu'on voyait peu avant, et tout le temps depuis: ressortir le livre avec comme couverture l'affiche du film, je trouve ça un peu dommage, ça conditionne le lecteur à une vision en particulier. |
C'était une mauvaise idée. Ca me fait mal de l'avouer, mais c'est comme ça. 25 ans plus tard, outch!
Il était mieux dans mon souvenir, quand j'étais jeune et avec peu de références.
En fait surtout, il a visuellement très mal vieilli.
Et ni le charme de Gary Oldman, ni celui de Wynona Ryder selon vos goûts et vos préférences (
je vous laisse deviner quel est mon choix :D) ne peuvent le compenser. C'est dire.
Et depuis j'ai vu le Parrain et Apocalypse Now, et pour le coup, la redescente est assez violente.
L'esthétique est vraiment datée années 90, les effets de fondu enchaînés récurrents (une forme qui en devient une autre, genre un motif rond qui devient le soleil ou une tête coupée qui devient un gigot saignant, ou deux traces de crocs qui deviennent des yeux de loups, ou.. vous voyez l'idée) sont vraiment trop nombreux et systématiques à tel point que j'ai l'impression que ça cache peut-être un manque d'inspiration, pas vrai Francis?
Le côté porno chic est aussi vite lassant ( alors qu'à la base c'était pourtant une idée sympa que de forcer un peu la dose d'érotisme, mais là, avec le recul ça fait un peu gratuit par moments), les délires érotiques de Lucy la nymphomane sont assez relous.
Et d'ailleurs le personnage est assez pénible, mais ça déjà à l'époque, je me demandais comment 3 bonshommes pouvaient continuer à courtiser une nénette aussi garce qui se paye ouvertement leur fiole, et en plus en VO l'actrice a une voix difficile à supporter.
Du coup, là comme il y a 25 ans, je suis contente quand elle crève enfin!
Autre chose qui est très lourde: l'allégorie très, très appuyée sur les maladies vénériennes - la syphilis est directement mentionnée. La victime mordue devient vampire / le sexe c'est dangereux, on risque de choper la chtouille.
Début années 90 pour mémoire, on était en pleine pandémie de SIDA et
sans qu'une thérapie se profile, et donc le thème ressurgissait parfois à
peine déguisé. De nos jours, ça participe aussi de ce côté daté... avec
en plus un vilain fond moralisateur.
La nympho sera punie par la maladie, tandis que Jonathan se tape 3 sorcières mais comme c'est un homme, il a la tradition patriarcale pour lui qui veut que ce soit normal et ne chopera rien du tout, il a été forcé, c'est un coeur pur qui reste malgré tout fidèle à Mina, qui se considère comme une mauvaise femme car elle hésite entre deux hommes.
J'appuie le trait, mais je vous jure que c'est comme ça que je le ressent. Et non Francis, je ne te suis pas sur ce terrain là de père-la-morale alors qu'à côté tu nous proposes une Mina ambiguë qui fait plaisir à voir.
Si tu avais pu aussi nous épargner cette fin " alléluia, la rédemption" qui manque de subtilité...
Donc, sinon la nouveauté, enfin par rapport aux films précédents, c'est de donner une histoire au vampire, une histoire d'avant, en expliquant pourquoi et comment il en est arrivé là.
Donc, XV°siècle, Vlad, chevalier roumain se bat contre les ottomans au nom de la chrétienté, commet pas mal d'exactions au nom de son Dieu et en rentrant chez lui découvre que sa femme s'est suicidée en apprenant la fausse nouvelle de sa mort.
Donc fou de rage en apprenant qu'elle ne sera pas enterrée dignement car le suicide est interdit, il renie Dieu et se retrouve damné. Il devra dès lors se nourrir de sang.
Donc le statut de vampire cette fois n'est pas une caractéristique de base du personnage mais le résultat d'une malédiction. Qu'il regrette parfois quelque peu, malgré des compétences magiques acquises en même temps.
Et surtout 4 siècles plus tard il est toujours vivant, inconsolable de la mort d'Elizabetha, jusqu'à ce qu'il tombe sur le portrait de Mina, la fiancée de Monsieur Harker, le clerc de notaire venu traiter avec lui pour lui vendre des propriétés à Londres.
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parmi les choses que j'aime bien même maintenant, il y a ce genre de jeu d'ombres, et les trucages simples. Ca pour le coup, c'est toujours mieux pour moi qu'une image de synthèse qui serait le recours évident actuellement. |
Mina est le portrait craché de feue Elizabetha, Vlad n'a donc plus qu'une idée en tête: mettre Harker hors jeu (
en l'enfermant donc afin qu'il passe les prochaines heures à faire des parties carrées avec 3 sorcières, j'en connais qui voudraient être séquestrés dans ces conditions) et filer à Londres, avec les dégâts qui vont avec: arrivée de rats, tempête et tout le toutim, pour aller draguer Mina et se la récupérer pour lui tout seul.
Je sais dit comme ça.. mais c'est exactement ça. Les parties carrées et tout le tremblement, je vous jure que je n'invente pas.
Mais comme depuis le début (en tout cas à la période contemporaine) Vlad a l'apparence d'un vieux bonhomme effrayant, il lui faut se rendre présentable, en se repaissant du sang d'une fraîche victime, si possible plus ou moins consentante.
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messieurs dames, Gary Oldman |
Ce sera donc Lucy-feu-au-derche, qui passera à la casserole à tous les sens du terme.
Pas de chance pour Lucy, ce sera sous l'apparence d'un monstre qui tient autant du singe que du loup-garou.
Mina, elle, a gagné le gros lot, et c'est un séduisant dandy roumain en costume impeccable et haut-de-forme qui vient la courtiser.
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et hop tour de magie, Gary Young Man.
Je sais, j'ai déjà fait cette blague, elle est facile, mais elle m'éclate. |
Un peu "rustiquement", certes, le guerrier de la Renaissance n'a pas totalement disparu sous le vernis de la civilisation. Avant de se souvenir que coincer une femme dans un recoin sombre et tenter de la mordre n'est pas exactement la meilleure façon de se faire apprécier d'elle.
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Le film a gagné un oscar des meilleurs costumes. J'avoue, j'aime beaucoup la veste qu'elle porte.
D'autres costumes sont plus, enfin... |
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Ça par exemple, c'est bien le suaire le plus étrange du monde ( et probablement le plus cher aussi) |
Et malgré cette entrée en matière un peu rustique, Mina tombe sous le charme le l'exotique (et riche) touriste oubliant un peu vite son fiancé porté disparu au fin fond des Carpates.
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Autre réussite, la photographie et les cadrages sont très picturaux. Mais ça ne suffit pas à contrebalancer le méchant coup de vieux du film. |
L'idée était bonne de faire du monstre désigné une créature à la fois dangereuse et touchante, cruelle et sensible. Donc là, c'est ok, et on prend fait et cause pour celui qui est supposé être le méchant de l'histoire.
D'autant que Mina a fait son choix:
Entre une vie terne et ennuyeuse, qui se conclura par une mort aussi terne et ennuyeuse auprès d'un mari, sympathique, mignonnet mais également terne et ennuyeux.
Ou une euh... non-vie? En compagnie d'un homme mystérieux, sensuel et sentimental qui lui plaît beaucoup plus que son promis, avec qui elle a une connexion mentale par delà les siècles, et avec qui elle gagnera en plus l'immortalité, le don de parler aux loups et une compétence en magie noire.
Et en plus il est riche!
Et en plus d'en plus, elle lui pardonne la mort de sa copine Lucy.
Le plus dingue dans l'histoire est que l'insupportable Lucy avait quand même une bonne copine et que des gens la regrettent.
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là aussi, cadrage, éclairage, tout ça, c'est du bon, mais les tics d'esthétique années 90 cassent tout. |
Le choix est vite fait, clerc de notaire mortel vs châtelain immortel, donc j'ai juste envie de dire aux gens qui lui mettent des bâtons dans les roues, "bah, laissez-là partir, elle a décidé en son âme et conscience, foutez-lui la paix de toute façon elle va aller grignoter en Roumanie, Londres ne risque rien, Jojo en prend son parti, donc stop!"
Voilà, il y avait de bonnes idées, mais noyées sous une esthétique qui a vieilli bien plus vite que celle des films les plus anciens. Un comble lorsqu'on parle d'un immortel qui peut changer d'apparence et rajeunir à volonté.
Alors que les références picturales sont savoureuses.
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le détail fun: lorsque Jonathan voit ce portrait, il lui trouve un air de ressemblance avec le vieux comte, qui lui rétorque que c'est un de ses ancêtres. Il serait donc apparenté à Albrecht Dürer? |
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autoportrait d'Albrecht Dürer à 28 ans.
Oui je trouve ce clin d'oeil assez marrant. |
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et là..Gustav Klimt est passé par là. |
Le casting était alléchant, Anthony Hopkins en Van Helsing à l'humour noir en fait parfois trop mais reste un bon moment, Tom Waits en Renfield le dingo en fait tout le temps trop, mais pour le coup, ça marche impeccablement, puisque le personnage est possédé.
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là aussi, le film m'a fait connaître Tom Waits, donc je le compte à son crédit |
Keanu Reeves est ... décoratif, et c'est à peu près tout ce qu'on peut en dire, vu que Jonathan est un personnage incolore, difficile d'en faire quelque chose.
Wynona Ryder, je suis partiale, mais je l'aime beaucoup, rend Mina intéressante, en femme qui se débat dans des sentiments contradictoires, au lieu d'être une victime passive des circonstances.
Et donc Gary Oldman, qui réussi la prouesse d'être beaucoup plus flippant en vieux tordu qu'en chauve souris ou ... chose simiesque.
Et pourtant vu sa coiffure totalement improbable ça n'était pas tout cuit.
Mais je l'ai revu depuis ailleurs et ma première impression reste la même, ce type a du talent
et un charme un peu atypique qui ne me laisse pas insensible, j'en vois d'ici qui attendaient que je fasse ma fan-girl de base. Parce que je l'avais mentionné en coup de coeur de jeunesse.
(puis maintenant faudra que je regarde les films Harry Potter, parce rien que de savoir qu'il est là dedans et en plus dans le rôle d'un de mes personnages favoris, ça peut valoir le détour)