Zakuro ( T2). La grenade en japonais, le fruit, qui est le motif central de ce récit. Nous somme en 1970 dans la famille Toda. Le père, Banzô Toda, était parti travailler en Mandchourie juste avant la seconde guerre mondiale. a cette époque, la Mandchourie était sous domination japonaise, et de nombreux travailleurs y avait été envoyés en mission d'affaires. En 1945, la Mandchourie a été envahie par la Russie, et les japonais restés sur place ont été déportés en Sibérie. Plus personne n'a eu de nouvelles de Banzô depuis cette année là, ses enfants sont persuadés qu'il a du y mourir depuis longtemps. Sa femme en revanche croit dur comme fer à son retour même 25 ans après. D'autant plus dur, que c'est à peu près la seule chose qui la maintien en vie, elle est atteinte d'une maladie d'Alzheimer qui progresse de façon fulgurante et son seul souvenir, son seul espoir est que son mari est en voyage d'affaire en Mandchourie et va revenir un jour.
Un jour pourtant, par un concours de circonstances inattendu et alors qu'il a complètement abandonné l'espoir de revoir son père, Tsuyoshi, le fils aîné, quinquagénaire, découvre que non seulement son père vit toujours, mais qu'il est revenu au Japon et habite la ville voisine depuis 25 ans, sans avoir jamais donné signe de vie. Les retrouvailles sont tendues , mais si Banzô n'est jamais revenu, c'est lié à un événement grave qui s'est passé en Sibérie.
Tsukushi (T4). Le tsukushi, c'est la plante représentée en couverture: la tige à spores de prêle. Cette fois, l'histoire se passe en 1994, chez Madame Yûko Sumida, une femme qui a épousé 13 ans plus tôt un homme très riche, adorable, gentil, le mari idéal en quelque sorte. On apprend pourtant vite que sa vie ne la satisfait pas: issue d'une famille très traditionnelle pour laquelle une femme ne doit pas travailler et surtout se contenter de faire un mariage le plus avantageux possible, elle a du rompre avec son fiancé d'alors, simple représentant, pour épouser le fils du directeur d'une banque qui finançait l'entreprise de son père. Pour éviter toutes représailles économiques envers sa famille en cas de refus, elle a donc choisi le banquier. Qui n'a fait aucune difficulté bien qu'elle ai été enceinte de son précédent fiancé, au contraire. Et comme il n'y a pas eu d'enfants, dans sa tête, c'est clair: son mari est stérile, c'est pour ça que tout s'est déroulé parfaitement.
Et pourtant, comme le héros du Tome 2, elle va avoir une grosse, une très grosse surprise qu'elle aurait peut être préféré ignorer, et c'est une boite d'allumettes décorée d'une aquarelle représentant des Tsukushi qui va la mettre sur la voie. D'ailleurs en ikebana, le tsukushi représente la surprise ( la grenade du tome 2 représentait la sottise et l'élégance)
J'ai totalement adoré ces deux courts récits, écrits directement en français par une romancière japonaise qui vit au Canada depuis longtemps ( le Canada, Montréal plus exactement revient comme fil directeur dans Tsukushi). J'ai adoré le fait que les titres soient liés aux plantes, et à leur symbolique (une grenade rouge tenue devant sa jupe blanche par la vieille dame dans Zakuro rappelle évidemment le drapeau japonais.)
De même, j'ai terriblement apprécié que les deux récits s'interpénètrent: un prénom qui revient comme leitmotiv - La vieille dame nommée Yoshiko dans Zakuro, la nouvelle amie de l'héroïne qui se nomme Yoshiko également. Les deux amies qui vont dîner à Yokohama dans le restaurant Zakuro, dont il est aussi question dans l'autre tome. Monsieur Toda fils qui fait une apparition, 24 ans plus tard, dans le second récit...
J'ai tellement adhéré à l'écriture, très délicate , jamais lourde, ni trop brumeuse, aux sujets " tranches de vie", au fait qu'on suive en quelque sorte les histoires de différentes personnes dans le même cadre qui devient à sont tour un personnage à part entière, de même que les plantes, que je suis allée dès lundi chercher les tomes manquants, qui malheureusement n'était pas disponibles. En tout cas je les lirai sans faute et très bientôt!
Je mentionne aussi, dans les 2 cas, la présence d'un glossaire qui reprend les mots japonais utilisés dans le récit - en italique -et en donne la traduction. C'est très appréciable!
romancière japonaise, mais romans écrits directement en français |
Zakuro parle d'abandon de famille, de maladie d'Alzheimer et de déportation en Sibérie, Tsukushi évoque les secrets de famille et la bisexualité |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire