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mardi 4 septembre 2012

Marie- Antoinette - Stefan Zweig

un billet lecture, il y avait longtemps.

Il faut dire que l'été a été tout sauf reposant, et de plus une collègue m'a prêté ce pavé ( je ne m'attendais pas à un livre de quasi 500 pages) auquel j'ai quand même eu du mal a accrocher je l'avoue. Mais je l'ai terminé!

Déjà, je sais que Zweig est adulé par pas mal de monde, ce qui en fait un auteur presque intouchable, et pourtant, à la lecture de Marie-Antoinette, j'ai un peu de mal à comprendre pourquoi il a autant d'admirateurs. Mais bon, étant donné que la biographie est loin d'être un de mes genres favoris, je lui laisserai une autre chance de me convaincre, via un texte de fiction.

Alors oui, je reconnais qu'il s'est documenté, le livre est complet, très complet, trop complet j'ai envie de dire. Et en même temps, il passe à côté de choses essentielles, à se concentrer uniquement sur son personnage central. Marie Antoinette est partout, je suis même étonnée qu'il consacre un chapitre à Mirabeau. En plus, lorsque Zweig l'a écrit, la psychanalyse était une discipline nouvelle, et il se jette dedans à pieds joints, de manière un peu exagérée. Ce qui donne des passages assez étranges, lorsqu'il nous dit que la cause principale de la Révolution française est la frustration sexuelle de la reine... oubliant totalement de regarder ce qui se passait autour ( à part ça la révolution était en germe depuis pas mal d'années dans les écrits des philosophes des lumières, mais comme il ne prend pas en compte le cadre social, il passe le fait totalement sous silence). Pour nous dire quelques pages plus loin qu'une fois le mariage consommé, une fois mère de famille, elle s'est calmée, sauf que les fêtes , les dépenses ont continué. Il y a là un manque de logique dans son raisonnement.
De même son insistance dans les premiers chapitre à souligner à quel point Marie Antoinette est vive, jolie, gaie - oui, d'autre part il peut difficilement souligner son bon sens quand même Marie-Thérèse parle de sa fille comme d'une " tête à vent"- et Louis XVI timide, lourdaud et ennuyeux.. ben sur moi ça a l'effet inverse: la ficelle est tellement grosse que je suis obligée de prendre Louis XVI en sympathie ( car oui, souligner " regardez la pauvre fille d'à peine 14 ans, mariée contre son gré à un étranger, un homme qu'elle n'a jamais vu et qui a un caractère tellement différent du sien", ben il suffit de réfléchir 5 minutes pour se dire que c'était le lot d'à peu près tout le monde à l'époque, du moment qu'il y avait quelques sous ou un titre, voire un simple champ. Et que le sort des garçons n'était pas finalement plus enviable: "regardez le pauvre garçon de 14 ans, marié sans qu'on lui demande son avis par son grand-père à une étrangère au caractère si différent du sien" , ça marche aussi dans les deux sens...)

Autant le dire de suite, Marie- Antoinette m'énerve dans le sens où elle aurait eu vingt fois l'occasion de redresser la barre et de s'éviter une fin sinistre. C'était à peu près le même énervement qu'en lisant L'assommoir d'ailleurs, vis à vis de Gervaise qui laisse passer toutes les occasions de s'en sortir par orgueil mal placé. sauf que Zola faisait un oeuvre de fiction, et bizarrement avec des personnages ayant existé, ça passe beaucoup moins bien.  Je trouve ce livre très daté, car il se veut précis et manque d'objectivité. Il romance trop. dans une bigraphie, des phrases comme
"Dans la salle surchauffée où viennent se dérouler les débats, la flamme des chandelles  vacille en même temps que frémit de curiosité et d'anxiété le coeur des hommes" ou
"légère et dégagée la machine se détache sur le ciel gris, oublié par un dieu cruel, et le oiseaux, ignorant la signification de ce sinistre instrument, le survolent avec insouciance."
Ben c'est tellement trop pathétique, que finalement, ça casse complètement l'effet d'une scène de procès ou d' Execution ( alors qu'il vient de reprocher le ton trop lyrique du comptee rendu du procès par l'accusateur public Fouquier-Tinville, au passage).

Alors, même si le livre devient plus intéressant à partir de l'affaire du collier, définitivement, non, je ne suis toujours pas convaincue par le bien fondé des biographies, surtout lorsqu'elles prétendent définir que ce que untel pensait à ce moment là, et ce qui se passait dans sa tête.

Alors que j'avais beaucoup aimé le manga la rose de Versailles ( qui s'est inspiré largement de ce livre), car il introduisait des personnages de fiction au final bien plus intéressant que les personnages historiques., je trouve que Zweig reste trop à mi chemin: pas assez objectif pour une étude historique, pas assez romancé pour être vraiment intéressant.

Par contre il y a une chose qui est intéressante: c'est de voir comment un écrivain étranger à travers ses choix lexicaux, trie les informations qui vont dans son sens: il ne parle au final quasiment pas des personnages qui sont considéré comme importants d'un point de vue français ( Robespierre est à peine évoqué, juste pour reconnaitre son intégrité et le fait qu'il détestait cordialement Hébert, lequel devient un personnage de premier plan. Si on se souvient de nos cours d'histoire, c'était quand même plutôt l'inverse). Ou la part active, passée le plus souvent sous silence qu'on pris les frères de Louis XVI à sa chute ( il faut croire que la restauration a fait du bon travail pour faire oublier à quel point a rendu service aux ambitions personnelles des futurs Louis XVIII et Charles X, et que lutter contre elle et sauver leur frère aurait été totalement contre leurs projets)

Et d'autres partis pris en disent beaucoup plus long sur l'histoire contemporaine de Zweig en Autriche dans les années 30 que sur la France de la fin du XVIII° siècle... lorsqu'il insiste sur le déracinement de la jeune reine, ou le racisme dont elle a été victime ( le mot n'est pas dit, mais lorsqu'on se réfère à quelqu'un en rappelant son origine étrangère, c'est l'idée) je viens de vérifier, mais comme par hasard, le livre a été écrit juste avant qu'il ne parte lui-même en exil.
En avait-il conscience? ça, ce serait intéressant à savoir!

3 commentaires:

  1. Ton billet est très intéressant, moi-même j'ai capitulé à lire cette biographie en entier et pourtant j'aime énormément le personnage de Marie-Antoinette et cette période de l'Histoire.

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  2. J'aime beaucoup les biographies et Marie-Antoinette. Tu soulèves de nombreux problèmes inhérents à l'écriture de Zweig : trop de psychologie ( = justement je ne lis plus ses romans à cause de ça) et pour une biographie, je trouve ça dommage qu'il ne donne pas les références précises, ça donne un air romanesque à son travail...

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  3. J'aime beaucoup ton billet. Personnellement, j'adore les biographies de Zweig (sa Marie Stuart est magnifique et son Fouché est digne de Dumas) et je déteste Marie-Antoinette pour les mêmes raisons que toi.
    C'est la raison pour laquelle je n'ai jamais lu ce Marie-Antoinette !
    Ce que tu reproches à Zweig, la richesse de ses recherches couplées à son talent d'écrivain, c'est justement ce qui me séduit dans ses biographies. Mais je trouve les critiques que tu lui fais très pertinentes et très justes.

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