Et ce qu'il m'en restait correspond encore à ce qui m'a le plus marqué à la relecture. La première partie, qui relate la rencontre du Major, fêtard notoire et Zizanie de la Houspignolle ( quel nom, on devine la fauteuse de trouble de haute volée.. et pourtant, Zizanie est plutôt passive et sème la zizanie bien involontairement), est marrante, mais sans plus. La description des soirées zazoues est enlevée, mais manque un peu de mordant à mon goût.. parce qu'à part picoler , danser, draguer et se livrer au détour d'un couloir à des activités en duo que la morale de 1945 réprouvait, il ne se passe pas grand chose.
Par contre, j'aime énormément les parodies de titres de jazz, totalement absurdes. Et les noms des personnages complètement délirants. Il y a Antioche Tambretambre, meilleur ami du Major et organisateur hors-pair de surprises partie décoiffantes, et Fromental de Vercoquin, le malchanceux chronique. Mais comme le fait remarquer Antioche, le Major est un abruti.. j'ajouterais que Zizanie est incolore, à tel point qu'on se demande bien ce que tout le monde lui trouve. C'est à peu près ce que j'avais dit de l'une des nouvelles dans les fourmis, d'ailleurs. Elle est jolie et a la cuisse très légère, mais à part ça... Je ne suis pas sure qu'on arrive à remplir une page entière en mettant bout-à-bout tous ses dialogues, mais bon.
Les parties suivantes sont un grand moment de délire: parti demander la main de Zizanie à son oncle et tuteur, le Major intègre un peu par hasard, le CNU, organisme de normalisation qui produit à tire-larigot des petits opuscules qui n'intéressent personne. De réunions stupides en coups de téléphones interminables, c'est son travail à l'Afnor que Vian tourne en dérision, avec talent et humour. Le petit chef tatillon et bas de plafond qui tyrannise ses secrétaire, les employés tire-au-flanc qui ont élaboré un système complexe de surveillance pour s'esbigner au café du coin dès que le chef est occupé.
Là c'est un vrai régal de délire inventif. On se débarrasse un peu des personnages falots que sont le Major, Zizanie et Fromental, pour se concentrer sur ceux, beaucoup plus étoffés, des employés du CNU. Et les nothons: les publications sans intérêt sur des sujets aussi importants que la taille standard des boites à roudoudous métalliques, la normalisation des rondelettes à camembert, les cotations des boites en bois de coco du Soudan, et surtout surtout la réunion à organiser sur les essentielles passoires à nougat ( je VEUX une passoire à nougat, j'en ai un besoin irrépressible!)
La conclusion est moins intéressante, on revient un peu au début, avec une surprise partie à tout casser, littéralement. Mais les clins d'oeil de Vian à ses copains sont assez sympas: le Jazzman Claude Abadie, le clarinettiste Claude Luter ( enfin Luttaire, ici), qui font une apparition. Et L'employé de bureau Vidal qui s'ennuie profondément au travail et tue le temps en jouant de la "trompinette" dans l'orchestre d'Abadie, ressemble étonnamment à un certain Boris Vian...
En résumé, une bonne lecture (relecture), pas impérissablen, mais assez drôle, et que j'ai d'ailleurs plus appréciée qu'il y a 15 ans, en ayant lu le Manuel de Saint-Germain récemment, j'ai pu détecter les références qui m'avaient échappé à l'époque.
petit bac spécial vian, catégorie Végétal Le plancton ( on dira que c'est du phytoplancton, et voilà) |
Vercoquin comme le verre des goulots de bouteille de l'AFNOR, comme les Zazous, ces "vers coquins" fantaisistes qui, résistants à leur manière, n'ont jamais été maquisards dans le Vercors !!!
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