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Pourquoi le Cabinet de curiosités?

Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

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dimanche 20 avril 2014

La jeune vampire & la silencieuse - JH Rosny aîné

En février dernier, j'avais tenté "la guerre du feu", le texte le plus connu du Bruxellois JH Rosny aîné. Un échec, pour plusieurs raisons: les longues descriptions pas toujours intéressantes, l'absence totale de dialogues, les coups de théâtre assez prévisibles. Mais j'avais quand même trouvé une qualité d'écriture qui me donnait envie de tenter d'autres textes de l'auteur. J'ai donc opté cette fois pour 2 nouvelles rassemblées, au sujet fantastique ( enfin, la première évoque le vampirisme, la deuxième est un peu mystérieuse mais sans surnaturel)

Encore une fois, une lecture électronique, que l'on peut trouver ici

- La jeune vampire (1920): Deux médecins devisent du vampirisme, l'un prétendant avoir connu quelques années plus tôt une femme vampire. A la remarque gogenarde du second qui note " la science reconnait l'existence du vampirisme.; mais chez les chauves-sours", le premier va donc tenter de convaincre son collègue que non seulement le vampirisme existe chez les humains, mais qu'il s'agit d'une pathologie d'origine inexplicable en lui racontant l'histoire d'Evelyn, une rousse anglaise morte quelques années plus tôt, pendant quelques jours et revenue subitement à la vie, avec des séquelles étranges. Non seulement elle avait perdu son teint frais pour une carnation blafard, mais surtout, elle parlait de sa vie avant son coma à la troisième personne, n'utilisant le "je" que pour les souvenirs postérieurs à sa résurrections. Comem si quelqu'un d'autre avait vécu dans son corps des événements auxquels elle n'avait assisté qu'en spectateur. Mais hormis celà, sa santé est de nouveau excellente, contrairement à celle des membres  de sa familles. Et lorsqu'elle se marie quelques mois plus tard avec une homme rencontré après son coma, c'est lui qui voit son état de santé se dégrader: aucun doute, Evelyn est devenue un vampire. Elle finit par expliquer qu'elle n'a pris possession de ce corps qu'à son réveil qu'auparavant elle était "quelque part dans un endroit effrayant", qu'elle n'est pas la vraie Evelyn, mais que puisque l'occasion lui est donnée de vivre une vie humaine, elle compte en profiter. Jusqu'à ce qu'elle meure à nouveau, et que la vraie Evelyn reprenne enfin possession de son identité, furieuse et vexée qu'une "autre" en ait profité pour faire n'importe quoi avec son corps, pour se marier sans le consentement de la légitime propriétaire! Elle se sent emprisonnée, mariée de force.. et obligée de cohabiter avec un homme qu'elle n'a pas choisi.
Le vampirisme comme possession, pourquoi pas, en tout cas, le réveil de la vraie Evelyn est assez cocasse, même si sa situation est plutôt dramatique. J'ai bien aimé cette nouvelle, je lui reproche cependant sa conclusion: j'espérais un retour des deux scientifiques, pour savoir si le sceptique avait été convaincu ou non, Hé bien non, ils ont été oubliés en cours de route et c'est un peu dommage, ça donne l'impression que la fin est bâclée. Mais en tout cas, dans ce texte -ci, il y a du dialogue, et c'est tant mieux, car JH rosny aîné a un joli talent de dialoguiste.

- la silencieuse (1903): En 1857 à la Serraz en Savoie, plusieurs personnes sont retenues prisonnières, dans une captivité peu stricte: des français, des italiens.. Et justement un captif français va se prendre de passion pour Francesca une jolie italienne qui accompagne son père. lorsqu'il lui déclare sa flamme, Francesca n'est ni vexée, ni opposée à l'idée: elle est épouvantée, littéralement. Au grand dam du soupirant qui ne comprend rien.. et nous non plus.. l'explication viendra plus tard... et s'effondrera aussitôt comme un soufflé. En fait lorsque Francesca s'explique enfin, expose les raisons de ses craintes, on attend un minimum que son amoureux rebondisse sur ce qu'elle vient de dire.; et non, même pas, il conclut par un truc du genre " ha ben tout de même!". Oui,c 'est léger ,quand une femme vient de vous dire ses secrets les plus personnels...
Dans cette nouvelle, en fait j'ai retrouvé ce qui m'avait gênée dans "la guerre": longues descriptions (même si cette fois, dans un monde moderne" le lyrisme n'est pas gênant comme dans une cadre paléolithique) , très peu de dialogues, une fin un peu bâclée, j'ai l'impression, aux trois textes que j'ai donc lu, que c'est la principale faiblesse de cet auteur
MAIS: comme je n'aime pas passer à côté de quelque chose, et que je maintiens ce que je disais sur la qualité globale d'écriture ( même si narrativement, les fins sont faibles à mon goût), je lui donnerai sa chance, je pense, plutôt sur les textes les plus récents

auteur classique

dimanche 13 avril 2014

Crescendo - Collectif

Vous vous en souvenez peut-être, il y a quelques mois, j'avais découvert les éditions numériques " Onlit", et leurs recueils de nouvelles belges francophones, d'abord "Entre chien et loup" (sujet imposé de l'édition 2012/2013 du concours de nouvelles de la fédération de Wallonie, et "Bruxelles -Midi" (non liés à un concours, mais articulées autour d'un seul thème: la gare).Et tiens, si j'allais voir s'il y en a d'autres, pour agrémenter le mois belge d'un recueil de nouvelles? Et donc, oui, j'ai trouvé " Crescendo", le thème imposé de l'édition 2011-2012, toujours en édition numérique, et toujours gratuit. Et toujours des auteurs wallons.

Crescendo, évidemment, en priorité, on pense à la musique, mais ça serait trop simple. en fait, des 9 nouvelles rassemblées ici, aucune de fait franchement référence à la musique, et deux seulement au bruit. LA plupart des auteurs ont préféré une thématique générale d'augmentation, de montée en puissance, voire de montée physique...
- Tous les garçons s'appellent Alexandre ( Siham Najmi) - nouvelle récompensée du premier prix de cette édition 2012. Le crescendo ici, c'est l'obsession destructrice d'une femme, qu'on devine probablement quadragénaire, pour un garçon nommé Alexandre, fêtard invétéré et plus jeune qu'elle. Un garçon avec lequel elle a eu une brève liaison un soir de beuverie ( ou peut-être pas, allez savoir, on a du mal à démêler ce qui est du domaine du récit et du domaine du simple fantasme chez cette femme) et qu'elle file depuis: sur le net, dans la rue.. obsession destructrice d'une femme qui contrôle tout, sauf son propre mental.
Presque toute la nouvelle est construite sur des phrases infinitives, avec beaucoup d'anaphores. Habituellement j'ai du mal avec ce genre de style que je trouve lourd et artificiel, mais pour une fois, ça passe finalement bien, en ajoutant une petite musique lancinante au sujet. L'héroïne est "en boucle" sur l'objet de ses fantasmes et le style colle bien à cette idée.
Le titre est une référence explicite à un court métrage de Godard " Tous les garçons s'appellent Patrick"( que je n'ai pas vu, mais que la narratrice et ses amis vont voir au cinéma), un court métrage où il est question d'un homme qui courtise deux femmes en même temps.

-Rue Mauzin ( Julie Luong): le crescendo , cette fois, c'est l' ascension d'une rue et d'un immeuble " qui manquent de logique", une rue à la Escher qui semble n'exister que dans une dimension parallèle. Une rue ou le narrateur allait régulièrement retrouver un ami, sans jamais rencontrer personne et qui semble du jour au lendemain être issue d'un autre univers...Cette nouvelle a d'ailleurs été adaptée pour une diffusion radio, je viens de le voir, en compagnie de "la barrière" , issue de "entre chien et loup".

-L'envie ( Laurence Baud'huin): Deux hommes, "le roux" et "le brun" s'en vont traîner un soir de boîtes de nuit en bars à hôtesses. Le roux va se marier le lendemain et s'offre une dernière virée chez les filles, sous le regard plus ou moins désapprobateur de son ami. Pas par respect pour la future épouse, non. Plutôt parce qu'il cache une pensée inavouée ( que le lecteur devine dès les premières lignes). L'idée de crescendo n'est  évidente ici, elle est liée à l'envie qui le ronge, mais aussi l'envie, la petite blessure au doigt que le brun ne peut s'empêcher de gratter.
J'ai moins aimé ce texte que les deux premiers, le thème y est moins visible, le secret par contre est trop clairement visible, il manquait un peu de pêche à mon goût.

-Si j'aime la musique? ( Laurence Carpena): le quotidien très bruyant d'une femme qui vit dans un immeuble populaire. Comme elle est malade d'un cancer, elle sort très peu de chez elle, et subit de plein fouet les diverses agressions sonores des voisins, des travaux, d'autant que ses nerfs malmenés la rendent hyper sensible au moindre son.
Et voila dont l'une des 2 nouvelles qui font explicitement référence au bruit, au son ( et un peu à la musique, via un voisin qui répète la Neuvième symphonie de Beethoven.. de manière à vous souhaiter d'être sourd vous même). Une nouvelle qui colle plutôt bien à la thématique, sur le bruit qui rend dingue.

- une fulgurante carrière (Patrick de le Court): une étrange nouvelle, qui a part son titre n'a pas vraiment non plus de rapport avec l'idée de crescendo: on y suit Martine, une femme militaire, sans fantaisie aucune. Mais alors pas un brin. Une femme qui ne laisse rien au hasard.. mais que le hasard rattrape quand même , sous la forme de la guerre, à laquelle elle doit prendre part, et qui bouleverse son plan(plan) de vie. Une nouvelle sympathique, mais un peu trop éloignée du sujet pour moi.

- se perdre, trouver ( Jean de Munck): là aussi, il est question d'une carrière fulgurante, mais l'idée de crescendo est plus nette. Deux politiciens s'affrontent, d'années en années: Paul,  l'honnête, et Santander le malhonnête. Leur opposition politique se double d'une antipathie personnelle. Mais voilà, l'heure est décisive: Paul est entré en possession de preuves de la corruption de son adversaire, et s'apprête à les rendre publiques lors d'un débat télévisé. Le point d'orgue de son ascension politique en quelque sorte. Encore une nouvelle allégorique, mais j'y ai bien accroché.

- La politesse des rois ( Anne Verhaeren): Le quotidien de Francis, d'abord écolier, puis lycéen, puis normalien, prof, directeur.. rythmé par les incessantes récriminations de sa casse-pieds de mère qui lui pourrit littéralement la vie à force de lui seriner " dépêche toi, l'exactitude gnagnagna, presse-toi, pas le temps, vite vite vite..". Francis n'a jamais une minute à lui pour seulement faire ses propres choix. En fait plutôt qu'un crescendo, cette nouvelle serait plutôt l'incarnation de l'idée du continuo, voir de l'ostinato ( pour avoir une idée, essayez de fredonner la rythmique du boléro de Ravel).

- chronologie non exhaustive (Constantin Sunnenberg): le 25 novembre, un inconnu, individu totalement banal répondant au nom de Rudy Vandenpeperzeele, devient du jour au lendemain le héros de la toile: il a posté un tweet ( dont on ne connaîtra jamais la teneur!), qui fait "le buzz" et lui vaut une soudaine notoriété parmi les grands de ce monde. Il devient célèbre, hollywood prépare même un film sur lui, c'est dire! Un texte bien dingue, qui m'a faite sourire, sur le "quart d'heure de notoriété" qui guette tout un chacun.

- Le fruit pourri ( Corrine Detandt): l'autre nouvelle qui fait explicitement référence au bruit. Un récit aux allures de fable, qui nous raconte les mésaventures d'un petit garçon, né en 1860, et à qui le premier cri, strident et retentissant a valu le surnom de crescendo. Sa voix ultra-sonore va lui causer bien des soucis, car il brise involontairement toutes les vitres du quartier à chaque fois qu'il veut s'exprimer. Sa mère, devenue sourde lors de ce premier cri, le déteste depuis, et se comporte en véritable marâtre de contes, mesquine et sadique. On finit par trouver une solution pour lui donner une éducation convenable: le placer dans un institut pour sourds, là où ses hertz délirants ne gêneront personnes. Sauf que les sourds, s'ils n'entendnent pas, peuvent sentir les vibrations provoquées par la voix de Crescendo. Il y gagne vite la notoriété de " celui qui peut faire entendre les sourds", au grand dam de son horrible mère qui enrage de jalousie.
J'ai beaucoup aimé cette histoire complètement farfelue, ce faux conte de fées, avec tous les clin d'oeils au genre: parents indignes, enfant mal-aimé qui tourne son handicap en avantage... un texte drôle, un peu dingue, avec une vraie référence au sujet imposé, via l'idée d'un son insupportablement fort et aigu, et le surnom du héros.

En fait, comme dans les deux précédents recueils, il est intéressant de voir comment un simple mot peut évoquer des idées très différentes chez les auteurs. Plus quand dans les deux autres cas, en fait. et comme à chaque fois, il y a des nouvelles que j'ai bien aimées, d'autres qui m'ont laissée plus perplexe, mais aucune que j'ai détestée. Mais j'ai toujours une préférences pour celles dont la thématique, qu'elle soit littérale ou plus symbolique, est assez facile à percevoir ( dans ces cas là, "le fruit pourri " est celle que j'ai préférée, suivie de " si j'aime la musique" et  " l'envie", avec laquelle j'ai le moins d'affinité. " Alexandre", la grande gagnante est aussi dans mon trio de tête, pour son écriture originale qu'en temps normal que n'aurais pas aimée.
Donc maintenant, j'attends les résultats du concours 2013-2014, sur le thème: Parades ( les nouvelles devaient être rendues avant le 16 décembre, la publication des résultats est prévue le 23 avril, la publication numérique devrait suivre assez vite)
wallonie