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mardi 23 novembre 2010

La maison qui glissait - Jean-Pierre Andrevon

 Dans le cadre de l'opération Masse Critique "littératures de l'imaginaire", j'ai reçu il y a quelques temps La maison qui glissait de Jean Pierre Andrevon. Comme je n'avais encore rien lu de cet auteur bien connu pourtant en SF francophone, et comme il y avait finalement peu de choix en SF dans les livres proposés par Babelio, l'immense majorité étant plutôt axé fantasy, je me suis donc décidée pour celui-ci.


Tout d'abord un grand merci aux éditions du Bélial, j'ai eu la surprise de recevoir avec le livre une petite carte promotionnelle pour un autre titre de l'auteur, ainsi qu'un marque page assorti au livre, portant également la très jolie illustration de couverture de Philippe Gady. Une attention très sympathique de leur part.

Pour ce qui est du contenu, par contre, aïe aïe aïe, je dois d'emblée annoncer que c'est un demi échec.
Déjà présenté comme un roman de SF, je l'ai trouvé plutôt fantastique/ horrifique pour une bonne moitié. Ce n'est pas très grave en soi, mais en tout cas, ce n'est pas tout à fait ce à quoi je m'attendais.
Le scénario était tentant: un immeuble tout ce qu'il y a de plus banal dans une banlieue tout ce qu'il y a de plus banale se retrouve isolée un beau matin du reste du monde, coupé de la réalité par un épais rideau de brume menaçant. Et ceux qui s'aventurent dans la brume, humains ou animaux, y disparaissent corps et biens, sans laisser de trace.Avec en plus le plaisir d'avoir droit, avant de s'effacer, à d'abominables hallucinations sorties de leurs pires cauchemars, ou souvenirs. D'autres locataires semblent, eux se volatiliser, sans bruit.
Sur ce début plutôt alléchant, Andrevon nous narre comment les habitants de l'immeuble, dont le nombre diminue inexorablement, vont s'organiser pour survivre au cataclysme. Alors qu'on pense être dans un roman post-apocalyptique dans les 2 longs premiers chapitres - qui occupent à eux seuls une bonne moité des 520 pages du volume quand même - on bifurque à partir du troisième sur une ambiance plutôt "monde parallèle", avec un décor qui change du jour au lendemain: la tour semble piégée sur une terre remontée à l'époque précambrienne, puis à l'ère primaire, les animaux de compagnie deviennent géants et s'en prennent à leur maîtres, les humains se retrouvent aux prises avec une nature plus qu'hostile grouillante de parasites et de bébêtes dégoulinantes qui semblent choisir les manières les plus écoeurantes possibles pour trucider les habitants, projetés sous un ciel curieusement doté d'un énorme soleil rouge, d'une autre petite étoile bleue, et de 3 satellites.
Autant dire que les deux premiers chapitres, qui présentent les habitants, et leurs petits travers traînent beaucoup en longueur, le livre a failli me tomber des mains plusieurs fois, tandis que l'action devient plus intéressante à partir de cette bifurcation du scénario. Mais il faut quand même attendre plus de 250 pages pour ça. Et c'est vraiment dommage.

Pourtant le principe des chapitres de plus en plus courts ne m'a pas déplu.seulement Andrevon s'attarde trop sur des petits détails dans ces deux premiers chapitres et c'est dommage. Ainsi les aventures de l'exaspérante Solange, l'obsédée sexuelle de service, adepte des activités manuelles en solitaire ou en groupe (ciel, il faut vraiment faire de la périphrase tirée par les cheveux pour éviter d'attirer ici tous les pères verts de la toile). activités contées à plusieurs reprises, par le menu, avec moults détails dont on se fiche éperdument - moi en tout cas, ce n'est pas ce que je recherche dans un livre de SF.
Et des personnages quand même assez peu sympathiques ( hormis peut être le gardien de l'immeuble, qu'on croit être un "Dupont-Lajoie" et qui se révèle un peu plus subtil qu'il ne le laissait croire, bien que ses initiatives tournent souvent au désastre. Ainsi que Bonaventure, le postier toujours prêt à rendre service, ou Laurent le vieux voisin). Mais le héros, Pierre manque quand même pas mal de caractère, toujours en retrait, un peu pique assiette, vaguement misanthrope. Bref, un type sans grand intérêt.

C'est d'autant plus regrettable qu'il y a des passages vraiment bien tournés qu'on aimerait voir illustré par Topor par exemple ( le monde minéral du dixième jour pour ne citer que ça).Et la fin, sans être franchement ratée, est quand même un peu facile.

Voila pour le scénario.

Maintenant, les choses qui m'ont vraiment agacées:
-les références à des personnages contemporains: Le fils Sarkozy, Olivier Besancenot, Martine Aubry, Wolinsky, Clive Baker, Yann Barthès. Ca me pose un petit problème, celui de l'avenir du livre. Car nul doute que, si tout ça parle au lecteur contemporain, pas sur que dans dix, vingts, trente ans, ces références là soient encore claires. Ancrer son récit dans la réalité de 2010 est une chose, mais là, c'est quand même un peu trop précis ( par exemple, Dylan que sa coupe de cheveux fait ressembler au fils Sarkozy, là, je doute fort que ça soit compréhensible dans peu de temps). Et sans aller jusque là, pas sûre que les lecteurs francophones, mettons québécois, sachent qui est Yann Barthès.

-les citations de marques: il y en a partout! 36 dans le seul premier chapitre ( oui, ça m'exaspérait tellement que je les ai relevé, et encore sans compter les mentions de modèles de voitures, et les marques qui apparaissent deux fois), 9 différentes entre la page 43 et la page 47. A tel point qu'à chaque fois qu'une nouvelle apparaissait, je soupirait un " non! pas encore!". Bien 70 différentes en tout sur le livre et encore j'en oublie surement. La encore je me fiche éperdument que la cafetière de Pierre soit de marque moulinex, ou qu'il ait un fond de sirop teisseire dans son placard, que la voisine s'habille en vêtements de chez X, se mettre de la crème Y, et du parfum de chez Z. Oui, je sais, les marques, statut social, tout ça. Sauf que l'argument tiendrait s'il s'agissait de démonter que c'est risible dans une ambiance de fin du monde. Sauf que, c'est très mal amené, il y en a beaucoup trop, et quasiment jusqu'à la dernière minute, ou on ne nous épargne même pas la marque des biscuits à la figue et du chocolat blanc. Insupportable, ça donne l'impression sûrement fausse, mais dont je n'ai pas pu me défaire, que l'auteur avait soit fait le pari d'en coller le plus possible, soit décidé de citer des sponsors.

- le défaut chronique de relecture:  des fautes d'orthographe ( " regarde, hurla-t-elle[..] regarde ce que je suis devenu", ".. et surtout une lourde ceinture d'arnachement dotée d'un étui a pistolet", "tous s'abreuvèrent du délicieux nectare"), des fautes de grammaire (" contrairement à Marylin Monroe dont elle avait cru ressembler au temps de sa folle jeunesse"), des personnages qui changent de nom, parfois dans un même paragraphe ( le mari d'Astrid s'appelle Yves, il a disparu... et elle le cherche en appelant " Paul! Paul!" qui est en fait le nom du voisin. Le fils handicapé de gardien s'appelle Sébastien, ce qui n'empêche qu'il devienne Loïc à un moment, avant de reprendre son nom originel. Un petit garçon ,Jonathan, va chercher chez lui le petit Jocelyn, qui prend également à son tour le nom de Jonathan pour un paragraphe. Un autre protagoniste, âgé de 13 ans dans le listing présenté au chapitre 2, se retrouvé âgé de 3 ans et demi au chapitre 4. Des noms changent d'orthographe en cours de route. Je veux bien croire qu'Andrevon ait écrit au fil de la plume, mais normalement une maison d'édition est censée passer ses publications au peigne fin. Hors, là, désolé les éditions du Bélial, mais je dois le dire: le travail de correction n'a visiblement  pas été fait, le livre est truffé d'erreurs et de fautes d'orthographe ce qui fait franchement désordre, surtout pour un ouvrage doté d'une couverture aussi belle et d'un beau papier bien solide. C'est vraiment dommage, car il y avait du potentiel, malgré des passages un peu longs.

7 commentaires:

  1. L'idée ne manquait pas d'originalité (quoique cela me rappelait un peu << Brume >> de Stephen King) et d'attrait, mais franchement ce que tu relates ne m'inspire pas confiance !
    Et si on le mettait simplement dans Anticipation, dans le flou je préfère y aller pour cette catégorie.

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  2. Je suis en train de lire ce livre et après une centaine de pages qui me semblaient prometteuses, mon intérêt à commencer à décliner.
    Les personnages ne me semblent pas crédibles, je ne vois pas l'intérêt de cet enchaÏnement de scènes scabreuses (si c'est pour masquer la stagnation des évènements, c'est une mauvaise idée)et je suis fort agacé par le nombre d'erreurs et de coquilles que je trouve au fil de ma lecture. Il ne commencerait pas à fatiguer M. Andrevon...où est donc passé l'auteur du Désert du Monde ou du Travail du Furet...? Disparu dans la brume ?

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  3. Je vois qu'on est à peu près d'accord sur les scènes cochonnes qui cachent mal le manque d'inspiration et les personnages caricaturaux ( le coup de la grande brune garçon manqué qui s'avère lesbienne était téléphoné comme pas possible).
    l'action décolle un peu vers la moitié, mais c'est trop tard...
    je n'ai pas osé rententer Andrevon, je note donc les deux titres que tu cites au cas ou ils croiseraient ma route, je ne demande qu'à changer d'avis au sujet de cet auteur

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  4. Merci pour ce commentaire.
    Je crois n'avoir rien lu ou à peu près de cet auteur et je crois que je vais continuer...
    La fréquentation des maîtres de la SF outre-atlantique rend exigeant.

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  5. ouaip, tu parles à une inconditionnelle de Bradbury là... concis, précis, avec la dose d'humour noir et cynique jamais vulgaire qui va bien...quelqu'un capable de trouver des titres comme "Je chante le corps électrique" ou "La Solitude est un cercueil de verre" (oui j'adore ce genre de titres!) d'ailleurs Bradbury à eu 91 ans le 22 août, pour fêter ça, je vais finir le mois en en lisant un petit hommage personnel!

    Il fut un temps où Andrevon se creusait le ciboulot avec des "Le Temps cyclothymique" et "Les Hommes-machines contre Gandahar" (non que "la maison qui glissait" ne soit pas un titre accrocheur, même il m'a tentée au premier abord.. mais à côté de ça, il paraît tristouille)

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  6. Bonjour,
    Je venais d'emprunter ce livre à la bibliothèque sur un coup de tête et j'ai lu votre critique avant d'attaquer la lecture du roman. J'ai failli ne pas l'entamer pour le coup, et puis finalement je me suis lancée et je ne regrette pas! Alors oui, les scènes à caractère pornographique sont trop souvent présentes, trop détaillées également. Mais en même temps ça rajoutait à l'atmosphère malsaine et dérangeante qui se dégage de l'histoire.
    Pour moi, les nombreux détails mais également citations de la marque des produits consommables ont eu pour effet de rendre les personnages et l'histoire plus réalistes.
    Par contre, la fin m'a déçue également. Me questionner pendant trois jours sur cette histoire, me creuser la tête sur les issues possibles et explicables, pour qu'au final le dénouement se réduise à ça.. Trop facile.
    Mais ça ne m'a pas empêchée d'adorer ce livre, j'ai tour à tour eu peur, été dégoûtée, curieuse, étonnée avec les personnages, sans aucune difficulté pour entrer dans le récit.

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    1. et je dirais heureusement pour les auteurs que nous n'avons pas tous la même opinion. Mais décidément, ce n'est pas un livre que je relirai, en y repensant mon agacement vient de cette somme de problèmes, le sujet long à se mettre en place et la fin bâclée, les scènes répétitives et inutiles, les erreurs de noms et les coquilles en sont aussi un gros pour moi. S'il n'y avait eu qu'un seul point bancal, peut être aurais-je été moins sévère, mais il ne m'a vraiment laissé que l'impression d'un gâchis sur un sujet qui avait du potentiel. Je vais le mettre dans le lot des livres à donner pour la collecte BSF de cette semaine, peut-être trouvera-t-il son public, que je ne suis définitivement pas.

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