Et on continue avec un monument de la science fiction et de la littérature tout court, j’ai nommé 1984 d’Orwell, qui trouve donc sa place à la fois dans le challenge ABC et le défi SF.
D’ailleurs, je pourrais également envisager de le faire rendre dans une catégorie « seconde chance », j’avais déjà essayé de le lire il y a quelques années sans arriver à le finir. Et, je dois avouer que j’ai cette fois encore calé à peu près au même endroit, je n’arrivais plus a avancer, à peu près au début de la seconde partie à partir du moment ou Winston le héros entame sa liaison à hauts risques avec Julia. Les deux fois, j’ai eu du mal à avancer, mais cette fois, je me suis obligée à continuer et grand bien m’en a pris.
En effet, je comprends mieux pourquoi je coince à cet endroit :la première partie, qui présente le héros, sa société, l’impasse dans laquelle il se trouve est un peu lente, mais intéressante, puisqu’il s’agit de mettre en place le cadre. La seconde partie me parait longue justement parce que le lecteur se retrouve exactement dans la situation du héros : dans l’expectative d’une chose ( en l’occurrence l’arrestation), qui doit venir, dont on sait pertinemment qu’elle doit venir , mais qui tarde, qui tarde. Et on se prend en pleine figure cet univers poisseux où aucune échappatoire n’est possible. D’où rejet, et tentation d’échapper en reposant le livre. En tout cas, c’est l’impression que j’ai eu. D’autre part, je lui reproche un côté un peu daté, on voit très très clairement à quoi il est fait allusion, Big Brother et sa grosse moustache, la délation les camps de petits espions, le marché noir – tout ça est trop précis, pas assez général à mon goût pour être toujours vraiment d’actualité, enfin, en Europe du moins. Là, j’ai quand même envie d’ajouter « et c’est tant mieux ! ». Mais sur ce point là, je trouve que, de mémoire, « Le meilleur des mondes », son éternel rival en matière de dystopie, a beaucoup mieux passé le cap des ans, avec sa société consumériste, ses loisirs calibrés et ses pilules euphorisantes, on en est pas loin actuellement.
Arrivée là, à mi chemin, je me demandais encore pourquoi un livre somme toute assez daté, lent et où il ne se passe pas grand-chose avait acquis ce statut de culte, en me disant que sans doute la fin devait être énorme.
ET LA, CEUX QUI VEULENT LE LIRE SONT PRIES DE REGARDER AILLEURS OU ALORS A VOS RISQUES ET PÉRILS, VOUS AVEZ ÉTÉS PRÉVENUS !
Impossible d’éviter le spoil, même en tournant autour du pot et en essayent d’en dire le moins possible.
Et bon dieu, quelle fin ! Mais quelle fin ! Il y a longtemps que je n’avais pas lu une fin aussi terrible. Bien amenée, logique, mais, sans trop parler de l’intrigue, la plus épouvantable et désespérante possible. Et pourtant, en effet, une telle fin justifie amplement le statut de culte du livre. L’action décolle vraiment dans cette 3° partie – sans bouger pourtant- on ne peut plus lâcher le livre avant de savoir comment les choses vont tourner, entre Winston et son euh.. bourreau ? instructeur ? en tout cas les répliques de ce dernier sont glaçantes au possible, à tel point que les passages de violence réelle sont presque un soulagement (ça m’a un peu rappelé, bien que je ne l’ai pas vu depuis longtemps, Orange Mécanique, pour le côté humiliations érigées en moyen de pression et violence encadrée par l’état pour maintenir les déviants à l’état de moutons bien dociles)
C’EST FINI, VOUS POUVEZ REVENIR !
Après, il y a une chose en particulier que je trouve très très très intéressante, en tant que passionnée de linguistique, c’est la réflexion sur l’utilisation du langage comme instrument de la pensée politique ( avec l’addendum sur le Novlangue)
Donc, bref, au final, un avis positif, bien que je rame toujours au même endroit, je mets un 10/10 à la fin, malgré le côté daté qui me gêne un peu aux entournures ( maintenant, après être tombée par hasard sur le website francophone du syndicat d’initiatives de Corée du nord* –jamais je n’aurais cru possible qu’il y en ait un , et en français en plus -, j’en suis restée baba : c’est vraiment le même blabla que celui des télécrans d’Orwell, quasiment à la virgule près ! Daté, donc, sauf dans certaines parties du monde)
* Le site de la Corée du nord, édifiant, et qu’on ne peut pas voir :
sans frémir après avoir lu 1984 ( et sûrement avant de l’avoir lu aussi, remarquez !)
- pour les curieux on y trouve de charmants gifs animés, un poing qui écrase la maison blanche, un drapeau US que l’on fait brûler, des petits chars et lance roquette à mettre sur son téléphone portable,
- Des Phrases que ne je ne peux m’empêcher de citer pour exemple :« Sous la sage direction de Kim Jong Il l’art Juche de Corée est en plein épanouissement suscitant ainsi une grande répercussion chez les peuples du monde. »
- Ou encore :« Notre bonheur d’aujourd’hui, nous le devons au Président Kim Il Sung qui a libéré le pays et a mené une politique tout à fait populaire, et au Dirigeant Kim Jong Il,continuateur de l’œuvre de Kim Il Sung,qui pratique à son tour une politique pour le peuple. Nous vivons sous un régime authentiquement bienfaisant. »
Je vous jure que je n’invente rien, c’est du pur copié-collé, pour les curieux qui voudraient vérifier, c’est par là : http://www.kcckp.net/fr/index.php
donc finalement quand même encore un peu d'actualité.
Tout ça me donne une furieuse envie de relire Le meilleur des mondes, pour faire une petite analyse comparée, comme au bon vieux temps de la fac
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