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Pourquoi le Cabinet de curiosités?

Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

Vous trouverez donc ici un peu de tout, de ce qui fait ma vie, mes loisirs: musique, lecture, voyages, etc...
Bonne lecture

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mardi 25 mars 2025

Fête nationale grecque: un peu de culture grecque

 C'est le 25 mars, et c'est la fête nationale grecque
Parce que fin février à la bibliothèque, nous avons animé avec une collègue une thématique "Grèce" pour un groupe en situation de handicap physique, j'ai eu envie de présenter un peu notre sélection.L'idée était de mettre un peu de tout, de musique, de culture générale, de voyage.. et de faire des lectures d'extraits courts, pour des gens qui n'ont pas la possibilité physique de prendre un livre et de la tenir à la main, afin de passer d'amorcer des discussions avec eux. Le sujet de la Grèce avait été proposé en amont par l'un des participants, nous avons pioché dans la liste.

Orphée et la morsure du serpent ( album jeunesse)

En 2009, un mariage bat son plein. Un des invités provoque involontairement un accident. Etant un peu éméché, il a entraîné la mariée à l'écart et.. celle ci a marché sur un serpent. Sans le savoir, ils viennent de rejouer l'histoire d'Aristée et Eurydice.
Car si on connait bien le passage où Orphée part chercher sa femme dans le monde des morts, on oublie souvent la raison de la mort d'Eurydice. Draguée par le dénommé Aristée le jour de son mariage, elle est morte d'une morsure de serpent le jour même de ses noces. C'est cette légende qu'une des invitées raconte à l'homme consterné par l'accident qu'il pense avoir provoqué.

La cuisine Crétoise Edisud ( parce que la cuisine fait partie de la culture, et surtout de la culture méditerrannéenne) .
j'ai repéré quelques recettes bien sympa!

Bon on ne peut pas lire un livre de cuisine à haute voix, mais l'introduction parle de la Crète en général et de l'importance des oliviers dans le monde méditerranéen, c'est déjà quelque chose d'utilisable.

L'Odyssée adaptée par Murielle Szac


Pas une super découverte, car c'est une version modernisée, pour enfants, dans un langage très familier lorsqu'elle donne directement la parole à Ulysse ( "Circé était quand même une chic fille". Même quand j'étais enfant, on ne me lisait pas des versions de ce type, et j'aurais eu l'impression qu'on me prenait pour plus bête que je n'étais. Je n'aimais pas les lectures de contes pour ça, j'avais toujours l'impression qu'avec les mimiques, le ton outré et la familiarité, on se payait ma fiole, alors que c'était probablement moi qui était en décalage avec les autres enfants de mon âge) Mais bon, j'ai sélectionné le passage sur les sirènes
Pour pouvoir le mettre en parallèle avec des extraits de "libre comme une déesse grecque", sur le même thème et sur Gaïa. Celui-là aura son sujet personnalisé!
et j'ai mis tout ça en parallèle avec le disque Nerantzia, particulièrement l'extrait de musique crétoise, et un autre "Comme un jardin la nuit" d'Angélique Ionatos, permettant de faire écouter la langue grecque aux auditeurs.

Ma collègue avait sélectionné plusieurs passage de l'Odyssée ( Les lotophages, circé et les Lestrygons) un extrait d'un roman intitulé " Après avoir fini mon café j'ai tout quitté pour une île grecque" ( quel titre original, je le note. En tout cas ça raconte exactement ça: une femme lassée de son quotidien, de son travail de sa famille se barre sur un coup de tête à Paros... et y rester pour de très très longues vacances), une BD intitulée " Rivière d'encre" qui narre l'invention  du premier dessin durant la préhistoire grecque, par une femme désespérée de voir son bien-aimé partir pour la guerre au risque de ne pas revenir. Elle veut, en cas du pire garder quelque chose de lui et trace sur un mur l'ombre de l'homme. Graphiquement c'est très original et je la lirai probablement prochainement aussi.
De son côté elle avait plutôt sélectionné des chanteurs de la diaspora grecque, Demis Roussos et Nana Mouskouri en tête, puisque l'auditoire avait disons " un certain âge".

En fin de compte, ça a duré une heure et demie, tout le monde a été très content de cette escale grecque, et on s'en est bien sorties pour ce qu'on a beaucoup improvisé. La lecture à haute voix n'est pas mon fort mais apparemment c'est moins pire que ce qu'on m'avait dit jusqu'à présent ( je suis une très très mauvaise actrice, je ne sais pas imiter les intentions, ni même deviner ce que je devrais imiter - en fait je ne sais pas exprimer mon ressenti visuellement, ni comprendre les expressions faciales au delà de colère/ joie/ neutre - donc je suis très peu expressive d'après la plupart des gens normaux. Ma tronche reste impassible , donc on croit que je fais la gueule, et inversement, si on ne me dit pas clairement ce qu'on pense, je n'arrive pas a déchiffrer le langage non verbal, probablement à cause d'une enfance passablement isolée où chaque expression spontanée était immédiatement sanctionnée d'un " va dans ta chambre")
Mais j'espère ne pas avoir trop souvent à lire à haute voix quand même, c'est loin d'être un plaisir 😅

lundi 24 mars 2025

Lundi soleil (mars) - bateaux

 Une des rares fois où j'ai voyagé en bateau c'était en 2018 pour aller au Groenland. MAis .. c'était mémorable. Car il s'avère que ce petit bateau a une histoire particulière. Il s'agit d'un navire mis en service  en 1948, avec un intérieur très beau, art déco.
Son nom en 2018: l'Astoria. Mais il a auparavant été connu sous un autre nom: le Stockholm

Moui, je sais, y'a pas trop de soleil!

Enfin, il a navigué sous beaucoup de noms différents après avoir fait les gros titres en tant que Stockholm en 1956, lorsqu'il a par accident , coulé un autre bateau , l'Andrea Doria, par temps de brouillard au large des côtes américaines. Il a été salement endommagé, mais a résisté malgré un gros trou sur l'avant. L'Andrea Doria a coulé.
Yep, j'étais sur un monument historique flottant. Deux pensées opposées m'ont traversé l'esprit
- Mmmm je suis un bateau qui a 70 ans, le plus ancien bateau de croisière encore en service*, j'espère qu'il est régulièrement inspecté...
- Je suis sur celui qui a résisté à un choc frontal, donc c'est du solide!
Il ne paye pas de mine tel quel, mais l'intérieur est magnifique, et sa cloche d'origine est exposée comme une relique, photos ici.
* A l'arrêt depuis 2020 à Rotterdam, quand le covid a eu raison des voyages. Apparemment il y a été endommagé en 2022 par une tempête et a peu de chances de reprendre un jour la mer, vu son âge avancé et la difficulté à revendre un bateau hors d'usage. Ce serait bien qu'il devienne un musée, ou un restaurant, ou un complexe hotelier, car il y a une salle de cinéma, des cabines, une piscine, etc.. en tout cas qu'il ne soit pas laissé à l'abandon ou démantelé.

Et lors d'un arrêt en Irlande nous avons vu ça, un de ces immeubles flottants

Je peux vous assurer que tout le monde dans notre groupe a dit " on préfère clairement notre petit bateau à taille humaine!"
Il y a une bonne raison pour que ce genre de "petits" ( tout est relatif) bateaux soient utilisés pour le Groenland, le Spitzberg, le Svalbard et autres: les Fjords sont étroits et profonds, et un tel monstre aquatique ne pourrait pas y manoeuvrer. C'est une chance pour le milieu naturel fragile, ça évitera les problèmes qu'il y a à Venise.

En tout cas c'était assez surréaliste de monter sur un bateau,  et au bout de quelques jours, au détour d'un couloir, de tomber sur la cloche et l'histoire du navire, et de se rendre compte qu'on est réellement dans un bâtiment ( à tous les sens du terme) historique, dont on avait entendu parler, mais sans savoir qu'il était toujours en service. J'avais toujours cru que le Stockholm avait pu rentrer à bon port, mais trop endommagé ( vu les photos!) pour être remis à flot. Ben non, et j'ai même navigué dessus, la classe!

dimanche 9 mars 2025

Cow-boy noir - Nat Love

 Quand ce titre-là est arrivé à la bibliothèque dans mes mains pour être couvert, ma première réaction a été " trop bien, je voulais justement le lire".

C'est chose faite.
J'ai un peu évoqué l'auteur via le documentaire sur le far-west, et le second volet du podcast sur l'histoire américaine pour ce qui est du contexte, je vous y renvoie donc, là on va se concentrer juste sur le livre.




Donc, on l'a dit, Nat Love est un cow-boy, un cow-boy noir. Il a passé les 15 premières années de sa vie dans une plantation, d'abord né esclave, puis devenu libre à la fin de la guerre de Sécession. Puis une vingtaine d'années Cow-boy entre le Texas l'Oklahoma et le Kansas, et au moment où il rédige ses mémoires, ça fait une vingtaine d'années qu'il a raccroché lasso et chapeau pour travailler dans les trains Pullman. Le gars a donc eu trois vies bien distinctes, qu'ils nous raconte, la plus grande partie de l'ouvrage est cependant consacrée au far-west et à ses aventures.

Le petit Nat, né esclave peu avant la guerre de Sécession s'est retrouvé libre, mais vivant dans la misère après la guerre. En effet, les anciens esclaves libérés ont pour la plupart continué à travailler comme auparavant, contre le gîte et le couvert pour les mêmes maîtres, sans même parfois savoir qu'ils étaient libres à présent. Et libres de quoi faire, sinon continuer à vivre comme avant? Pour la famille de Nat, les conditions n'étaient pas trop tragiques, leur maître était correct mais il se souvient avoir vu dans son enfance les esclaves des autres maîtres être martyrisés. Par contre la suite a été compliquée parce que ceux qui avaient conscience d'être libre, n'avaient pas d'argent, et devaient maintenant louer un lopin de terre à leurs anciens propriétaires, ce qui coûtait évidemment très cher, avant de pouvoir espérer une récolte permettant de vivre décemment. Comme son père est mort alors qu'il avait une douzaine d'années, il s'est retrouvé très vite a devoir travailler avec sa mère, ramasser des mûres et des plantes sauvages pour aller les vendre à la ville, s'occuper des tvaux de la ferme avec son frère et sa soeur, puis recueillir les filles de sa soeur à la mort de leurs parents. C'est principalement pour cette raison que dès qu'il a eu 16 ans, pour en plus être un poids pour sa famille, il a décidé d'utiliser les compétences développées dans son enfance ( ingéniosité, débrouillardise, résistance physique, aptitudes au travail manuel et au dressage de chevaux, ténacité) pour aller gagner sa propre vie dans l'ouest, en tant que cow-boy.
On ne sait pas s'il a par la suite envoyé de l'argent à sa famille, dont il était visiblement très proche, mais ça paraît logique, même s'il n'en parle pas.
Car oui , Nat était une double rareté: un ancien esclave qui savait lire et écrire, doublé d'un cow-boy instruit. Dans les deux cas ce n'était pas courant.
En revanche, être un cow-boys noir était assez courant, et il ne mentionne son apparence que lorsque ça a une importance dans l'histoire,  et s'il n'en parle pas la plupart du temps c'est que ça n'était pas une vision rarissime. Comme on l'a dit précédemment, un quart à peu près des cow-boys était des noirs ou des métis. On apprend donc que lorsqu'il postule chez un premier propriétaire de ranch, il y avait déjà plusieurs employés noirs, lorsqu'il participe à un concours de dressage de chevaux, ils étaient 6.
Le far-west était dans la réalité moins monochrome que les westerns pourtant en technicolor.

Et bien qu'il en rajoute ( l'émission radio le comparait à Tartarin de Tarascon, il y a du vrai là dedans, tant les événements sont narrés avec un humour picaresque) il n'empêche que ses souvenirs d'enfance agricole, des bêtises faites avec ses copains du village ( aller déclarer la guerre de sécession à tous les nids de guêpes du coin, ou la rejouer en se lançant des pierres, là c'est presque la guerre des boutons), de sa première gueule de bois avec sa soeur et son frère sont réjouissants. On a beau vivre dans la misère et en avoir conscience, on vit quand même en tentant de s'amuser.
Par la suite ce tempérament facétieux, qui ressort facilement après une soirée alcoolisée, continue a se manifester, et notre énergumène est le genre a s'imaginer pouvoir attraper au lasso un canon et le ramener au Texas, ou une locomotive lancée à pleine vitesse.
Spoiler alert: ça ne fonctionne pas. Et au mieux ça se solde par une explication qui fait marrer toute la ville, au pire par un bon KO dans le fossé. Car le gars a une bonne étoile, et s'en sort malgré ses idées contestables et la dangerosité du métier.
Car la vie d'un cow-boy est loin d'être aussi classe que nous l'ont vendue les westerns. Oui il y a les accrochages avec les indiens et les voleurs de chevaux, les rencontres avec certains bandits de grand-chemin plus ou moins connus, les rodéos et les soirées picole après un gros travail. Il n'empêche que pour l'essentiel, il s'agit de s'ennuyer tout l'hiver à la propriété, et de passer la belle saison à rassembler les troupeaux de chevaux ou de vaches qui vivaient en semi liberté sur d'immenses prairies et manifestaient une évidente mauvaise volonté à rejoindre des enclos. A marquer les veaux. A trier les bovins par marque, lorsqu'on en retrouve il est plus simple de les ramener au même endroit, puis de les trier avant de les escorter chez leur légitime propriétaire et récupérer en retour les vôtres, retrouvées par d'autres équipes. En bref un travail fastidieux et très souvent répétitif, où l'un des plus gros danger est en fait le climat et le risque de se perdre: se retrouver en plein milieu de rien, à 125 kilomètres de sa destination, sous un orage dantesque, qui a fait fuir le cheval, avec près de 20 kilos d'équipement à ramener, et en ayant épuisé ses vivres.. il faut être un expert de le survie en milieu hostile pour trouver le moyen de s'en sortir.
De ce point de vue aussi c'est passionnant: une plongée dans un métier qui nous a fait rêver par la manière dont les films le présentaient, la liberté, la vie au grand air, toussa toussa... et qui n'était finalement qu'une vie de gardiens de bestiaux doublé de comptables. Un simple employé à cheval.

Et pour sa troisième vie, car l'évolution rapide des technologies, l'urbanisation des espaces vides, le progrès, ont classé en mois de 30 ans le far-west et ses habitants au rang de légendes pittoresques ( ou de ringardises passéistes), Nat est resté dans la même logique. Le métier avait trop changé, il ne le reconnaissait plus, et bien qu'il ne le dise pas directement, à 35 ans, il était déjà un vétéran et mesurait sa chance d'être encore en vie.
Exit le cheval, vive le cheval vapeur. Après un premier ratage, il a fini par trouver son nouveau travail de porteur des wagons-lits a son goût de voyageur. Ce n'est pas un passéiste nostalgique et au contraire, il se régale de décrire en long en large la modernité et le confort des trains, le fait de pouvoir être à Chicago un jour et en Californie 4 jours plus tard. Et mine de rien avoir l'expérience de veiller sur un troupeau de vache est utile lorsqu'il faut satisfaire.. tout un cheptel de voyageurs 😄

en tout cas c'est une excellent lecture, souvent drôle. Nat est un peu le pote turbulent mais très sympathique à qui on pardonne ses extravagances parce qu'il nous fait rire. C'est un petit coup de coeur,  qui se lit comme on regarde un (bon) film d'action et d'humour.

Etonnamment, j'ai pensé à la chanson " nouveau Western", en me demandant s'il y a 30 ans, MC Solaar savait déjà que finalement pas mal de gens lui ressemblaient lorsqu'il chantait " Hollywood nous berne dans la vie de tous les jours comme dans les nouveaux westerns" ( et oui, j'aime pas trop le Rap SAUF MC Solaar, pour ses textes très recherchés. Les paroles e la chanson sont d'ailleurs très recherchés. Et  je suppose que s'il ne le savait pas à l'époque, il aura, depuis, lu cet ouvrage)