Quelques notions de solfège
Attention cette fois, ça va devenir un peu plus technique, mais dans la mesure du possible je vais essayer de rester à un niveau de solfège pas plus difficile que celui du collège.
Bon, a priori, ceux qui sont là doivent savoir a minima qu'on écrit les notes sur une portée à 5 lignes et que le signe bizarre devant est une clef. De sol pour la plus courante, puisque c'est celle qui servait à lire les notes justement lorsqu'on devait jouer au collège sur l'atroce flûte à bec en plastique ( je crois que ça n'est plus obligatoire, d'ailleurs, ouf!!)
La ligne sur laquelle est écrite la clef désigne la note du même nom:
Mais si, sur nôtre flûte en plastique on utilisait seulement la clef de sol, il y en a d'autres. Parce que ce sol est à peu près au milieu de clavier d'un piano, qui sert de référence.
L'info inutile pour briller en soirée: en allemand la note sol se dit G. Regardez bien la forme de la clef de sol: c'est un G stylisé.
Le LA du diapason ( actuel) est situé dans l'interligne juste au dessus de ce sol entre les deux lignes. J'y reviendrai plus loin, gardez ça en mémoire.
Et donc si on veut jouer des notes plus graves ou plus aigues, ça donnerait vite une pagaille sans nom:
Oui là, les notes qui semblent flotter au dessus et au dessous des portées. avec des tas et des tas de lignes supplémentaires... Le temps de compter le nombre de lignes à chaque fois, on ne serait pas près d'arriver au bout du morceau.
Et donc le basson étant un instrument grave, on va plutôt lire en clef de Fa
Et donc très logiquement , on peut déduire que la ligne comprise entre les deux points et un... fa.
La aussi il parait que cet escargot (ou oreille, si vous préférez) et ses deux points dérivent du nom allemand du fa ( F) et représente un f stylisé. C'est moins évident que pour le G.
Le do qui flotte au dessus de la portée est exactement le même que celui qui flotte en dessous de la portée en clef de sol, c'est la note qui fait la liaison entre les deux portées:
piqué ici, merci à eux |
Et donc, sur mon instrument grave, j'ai surtout besoin de notes graves .. mais de quelques aigus aussi, sans aller toutefois jusqu'au bout de la portée en clef de sol. Et donc, pour éviter de se traîner des lignes inutiles, on utilise une autre clef, la clef d'ut 4, à mi chemin entre les deux.
Et vous savez quoi? Ut et do, c'est la même chose, d'une part, ceux qui font des mots croisés le savent bien, donc une clef d'ut, c'est une "clef de do" en fait. Et ce do est exactement, le même une fois de plus , toujours ce do " du milieu" ( parce qu'au milieu du clavier du piano, compris Homer?). Et ut 4, parce que le do est donc sur la 4° ligne en partant du bas ( il y en a d'autres qui ne concernent pas le basson donc... on va les court-circuiter)
Et donc si je bidouille un peu les schémas - de manière très moche sous paint - voilà le registre ( l'étendue entre la note la plus grave et la plus aigue) de l'instrument. 3 octaves et demi, c'est beaucoup pour un instrument à vent. En général les graves sonnent bien et assez facilement, il faut un peu plus forcer pour sortir les aigus. Attention, si vous devenez bleus sans sortir un son, c 'est que vous avez oublié de mettre l'anche double! D'oh encore une fois!
En général la note la plus haute est un mi bémol mais là encore ça diffère en fonction des modèles d'instruments: le mien est un modèle amateur qui s'arrête au ré suraigu ( en théorie, il y a toujours des manières de contourner pour sortir le mi bémol et le mi, mais.. je ne les ai jamais apprises, simplement parce que je n'en ai pas besoin. Pour les professionnels, des instruments (plus chers évidemment et " plus cher" est un euphémisme) sont fabriqués avec quelques trous de plus afin d'aller jusqu'au fa suraigu... qui n'est presque jamais utilisé concrètement, donc, à part d'être vraiment professionnelle, je n'ai pas personnellement intérêt à mettre le prix d'une voiture pour un mi ou un fa dont je n'aurais pas l'utilité en orchestre.
Par contre les instruments pro ont d'autres avantages sur les instruments d'études (un son plus agréable, des notes un peu compliquées à jouer rapidement qui sont facilitées par quelques subtilités mécaniques et là, oui.. même en orchestre à vent, ça pourrait me servir)
quelques notions d'acoustique.
Je parlais du la" actuel" un peu plus haut, c'est maintenant que je vais y revenir.
Les notes, c'est de l'air en vibration en tout premier lieu ( que ce soit une anche, ou une corde, ou une peau de tambour.. c'est pareil: une vibration qui se transmet à l'air et se propage jusqu'à l'oreille de l'auditeur). Chaque note a une hauteur particulière, en nombre de hertz. Je vous laisse allez fouiller le net pour plus d'explication sur les grandeurs physiques.
Techniquement l'instrument n'est en soi qu'une caisse de résonance munie de trous permettant de raccourcir le trajet de l'air dans le tuyau replié ( l'instrument est un long tuyau coudé de 1m30, qui ferait 2m 50 de longueur une fois déroulé.. et plus un tuyau est long, plus le son qui en sort au bout lorsqu'on souffle dedans est grave), ce qui fait le son, c'est la vibration qu'on y imprime en soufflant dans l'anche en roseau qui vibre sous la pression d'air.
Et donc la note qu'on nomme "la du diapason" est aussi une vibration spécifique, à 440 hertz en général, à 442 pour mon instrument ( et les instruments à vent). Deux hertz d'écart. Ce n'est pas grand chose. Mais ça suffit pour sonner terriblement faux, tendance "sonnerie du métro parisien" si deux instruments ne jouent pas exactement le même la.
Le truc, c'est qu'on ne peut pas vraiment accorder un basson, à cause justement de ces 2,5m de longueur . Pour accorder une flute traversière ( dans les 65 cms de long, corrige moi si je me trompe Sylvain), on tire d'un côté, on tire de l'autre, et 1 ou 2 cms de longueur en plus ou en moins sur une flûte changent énormément le son. 1 ou 2 cms de moins sur un tuyau de 250 cms, ça ne change pas grand chose, il faut s'arranger autrement pour changer le son.
Ce sont donc les instruments plus faciles à moduler qui doivent s'accorder sur les anches doubles, c'est qui les boss de l'orchestre?
Donc je disais que le la actuel est à 440 ou 442 hertz. Ca n'a pas toujours été le cas.
En musique, ce n'est qu'au XIX° siècle que des choses ont été standardisées, et qu'on a pu avoir un son à peu près régulier d'un instrument à un autre.
Et encore même au XIX° siècle la note nommée la correspondait à 435 hertz de vibration. Le la 440 comme standard, c'est quelque chose de récent ( milieu XX° siècle)
De tout ça il ressort que:
- un morceau joué en duo sur un instrument du XIX° siècle ou antérieur et un du XX° aura toutes les chances de sonner faux, parce que les instruments n'ont pas le même la de référence. Quand je disais que quelques hertz d'écarts suffisaient à être gênants. imaginez lorsque j'ai du travailler un morceau avec mon instrument calé sur 442 hertz et impossible à moduler accompagnée d'un clavecin accordé au la 415 hertz? tout juste, c'était impossible
- la musique baroque ( et Renaissance, voir sujet précédent) ne sonne absolument pas pareil lorsqu'elle est jouée sur instrument moderne ou sur instruments anciens. Pour retrouver la sonorité d'origine, il a fallut recréer des instruments accordés sur leur diapason d'origine
et
-les chanteurs souffrent de cette hausse du la: l'air de la reine de la nuit et ses suraigus étaient plus simples pour la chanteuse de l'époque de Mozart (la le plus souvent à 422 hertz au lieu de 442) que pour celle qui va le chanter en 2015, par ce décalage du diapason qui sonnait plus grave à l'époque. en yermes actuels c'est quasiment un demi ton d'écart.
Voilà, j'ai fait beaucoup de détours pour expliquer, mais il fallait en passer par là pour amener la suite progressivement mais une petite comparaison pour illustrer cette différence de hauteur de son ne sera pas de trop...
Allegro du Concerto "le phénix" de Michel Corrette
Version à 4 bassons modernes
Encore un?
concerto en mi mineur de Vivaldi RV 484, version moderne
et version d'origine
Pour ma part d'un point de vue musical, je préfèrerai toujours la musique baroque jouée à son diapason d'origine ( et bonus: le basson d'époque Vivaldi est plus facile à jouer au niveau de la position des mains. Ce qui a été gagné en brillance pour le son a été perdu en facilité d'exécution avec la complication de l'instrument et demande donc beaucoup plus de virtuosité au basson contemporain pour obtenir le même résultat. Vivaldi ou Corrette sur basson contemporain sont épuisants à jouer)
Ne serait-ce que pour la raison toute bête: j'ai choisi un instrument grave, parce que j'aime les sons graves. Donc s'il y a moyen que ça sonne encore plus grave, je vais forcément préférer!
merci beaucoup
RépondreSupprimer