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dimanche 28 juillet 2013

Cyrano de Bergerac - Edmond Rostand

et hop, 2° lecture théâtrale de ce festival.
en l'occurrence une relecture puisque j'avais déjà lu Cyrano il y a pas mal d'années. Lue et appréciée. Et la relecture confirme ce que j'en avais pensé à l'époque.
Détail drôle, cette édition est illustrée d'une photo de Jacques Weber dans le rôle-titre au théâtre, qui jouait le comte de Guiche dans le film de Rappeneau

C'est brillant, plus que brillant même, une réputation amplement méritée. Tant au niveau de l'action, menée tambour battant, des personnages hauts en couleur, de l'écritue.
On est  dans le pastiche de théâtre classique, en alexandrins, tout en le dynamitant: unité de lieu? on s'en fiche. unité de temps? puis quoi encore, l'action s'étale sur 15 ans. unité d'action: ça part dans tous les sens. Et j'adore ça.
Les alexandrins sont littéralement pulvérisés, émiettés entre plusieurs personnages; le théâtre classique tourné gentiment dérision dès le début du premier acte, foisonnant de personnages,qui nous montre une représentation telle qu'au XVII° siècle: on rit, on se bat à l'épée, on joue aux dés, on picole, on vient se faire admirer, mais on s'intéresse finalement peu à la pièce quand un spectacle bien plus intéressant se passe dans la salle.

Et les morceaux de bravoure qui s'enchaînent sans qu'on puisse vraiment en choisir un.
L'évolution des personnages du début à la fin de la pièce est une bonne surprise qui donne de la crédibilité à l'ensemble: Cyrano d'abord, qui n'est pas monolithique. Parfois agaçant dans ses fanfaronnades ( il y a des moments où je le claquerais volontiers, à cause de sa fixette: j'ai un grand nez, donc je suis moche, donc tout le monde me déteste alors que ses amis lui soulignent que "non, tiens , regarde, tu as impressionné l'ouvreuse du théâtre, profite de l'occasion"-sisi, ça n'est pas dit comme ça, mais c'est l'idée-  n'importe, il s'enferre dans son complexe). Mais souvent drôle, et de plus, il révèle une vraie profondeur, certes lorsqu'il passe son curieux marché avec Christian pour séduire Roxane à eux deux, mais aussi lorsqu'il démontre son sens de l'amitié envers Le Bret, envers Ragueneau, envers la "communauté" des cadets de Gascogne. Ou, dans le passage que j'adore, lorsqu'il refuse une offre en or de Richelieu afin de garder son indépendance:

 Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,
Si c'est dans ton jardin à toi que tu les cueilles!
Puis, s'il advient d'un peu triompher, par hasard,
Ne pas être obligé d'en rien rendre à César,
Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite,
Bref, dédaignant d'être le lierre parasite,
Lors même qu'on n'est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul ! 

 Pour moi, toute la pièce et tout Cyrano est là, dans ce passage. En tout cas, c'est un personnage riche et je conçoit qu'il puise être un véritable défi pour un acteur: arriver à la fois à rendre cette volonté de lutter contre les masques imposés par les mondanités, tout en se cachant derrière quelqu'un d'autre, et ce sans que l'une ou l'autre de ces facettes ne sonne faux.

En face il y a Roxane, j'avais presque oublié à quel point son évolution fait plaisir: on croit au début avoir affaire à une mondaine évaporée qui ne s'intéresse qu'à l'esthétique et au beau langage, une de celle qui s'évanouirait pour un rien , mais qui mise au pied du mur sait se montrer pragmatique et prendre dans l'urgence des décisions extrêmes: se débarrasser avec un art consommé de la manipulation de l'envahissant comte de Guiche,se marier, comme ça, en un quart d'heure, pour sauver la mise à Christian - même si la manoeuvre échoue. Et arriver en plein champ de bataille, amenant du ravitaillement à l'armée qui meurt littéralement de faim, en ayant fait preuve de sang-froid et d'un talent d'infiltration sans pareil, ce qui lui vaut l'admiration de tous les hommes présents. Et rien que pour ça, pour cette héroïne tout sauf gentiment douce mièvre ou soumise, chapeau bas à Edmond Rostand! 

Evidemment, avec deux personnages aussi flamboyant, le pauvre Christian paraît terne ( et en a conscience, ce qui le rend aussi sympathique dans le fond).

J'avais vu il y a très longtemps le film de JP Rappeneau, qui m'avait assez agréablement surprise ( bien que je sois loin d'être fan de Depardieu, j'avoue que ce n'était pas la catastrophe que je craignais et qu'il s'en tirait honorablement) notamment le passage du siège d'Arras, en décors naturels, la brume du petit matin ( de mémoire) tout ça, ça mettait en valeur ce IV° acte, un peu parent pauvre entre l'acte du Balcon et l'acte V, plein de panache ( oui, j'ose!)
non je n'allais quand même pas illustrer ce sujet avec Jean Vilar, quand même...
Je n'ai pas encore vu la version mythique que Claude Barma, mais comme je viens de voir que l'INA la propose en VOD ça ne saurait tarder, surtout avec une des figures mythiques du festival d'Avignon, je ne peux pas passer à côté.

De guiche est Comte, puis Duc,  Valvert est Vicomte, Christian est Baron.. en fait presque toute l'aristocratie est là
Le siège d'Arras de 1640 est un épisode tout à fait réel de la Guerre de trente ans, auquel ont participé le vériatble Cyrano et son véritable cousin par alliance, le Baron de Neuvilette. 
a e propos, j'ai vérifié les surnoms des précieuses proposés par Rostand que je trouvais à pleurer de rire:Urimédonte, Félixérie, Cassandace, Barthénoïde ( d'ailleurs je n'arrive pas à croire celui qui dans la pièce les trouve exquis, j'entends dans ma tête cette réplique avec une bonne dose de sarcasme). et si, ce sont d'authentiques surnoms de précieuses de l'époque
Non, je ne l'ai pas oublié!!
idée n°66: un nez ( bah oui!!)


4 commentaires:

  1. J'ai redécouvert le texte en allant voir la dernière version qui à été montée (si tu as l'occasion, n'hésite pas à la voir, c'est une merveille (mon avis détaillé ci->http://ioionette.blogspot.fr/2013/04/cyrano-de-bergerac.html)) et depuis je me dis qu'il faut que je le lise. Merci de me re-re-donner envie.

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  2. Cette pièce est une pure merveille ! Drôle et satirique à souhait, un régal !

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  3. Oui, c'est magnifique ! Les derniers éclats du romantisme ! Moi aussi j'avais trouvé très bien fait le film de rappeneau

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  4. Et c'est bien plus beau parce que c'est inutile....
    Pour moi toute la beauté du personnage et de l'action est dans cette phrase.
    De toute manière un must et, en effet, le dernier feu du Romantisme mais sûrement le plus émouvant et le meilleur!

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