L'opération masse critique du mois de mai/juin m'a envoyée en Iran. Et ça tombe bien, je n'avais encore pas eu l'occasion de lire quoi que ce soit venant de ce côté là du globe. En fait, c'est même un peu pour cette raison que j'ai sélectionné "une cerise".
Alors la bonne surprise, c'est qu'il s'agit d'un recueil de nouvelles et j'aime beaucoup les nouvelles.
Le point commun entre toutes serait des instantanés de la vie quotidienne, mais peu banale, dans une ville que l'on imagine perdue dans une région assez montagneuse de l'Iran, peut être à la frontière de la Turquie ou d'Azerbaidjan ( il est question dans le premier texte d'un personnage qui parle le turc azéri).
Impossible de savoir à quelle époque se passe l'histoire exactement ( probablement fin 20° siècle, mais il est difficile de le savoir, une des nouvelles met en scène un sniper , il est question d'une guerre, de tranchées...l'auteur étant né dans les années 70, je dirais que ça pourrait tout à fait correspondre a priori
avec la période de sa jeunesse)
Donc lieu indéfini, période indéfinie, l'unité est donnée par des personnages en marge du récit, mentionnés ici où la - m'sieur Amine le boulanger, ou Mehdiqoli, l'homme qui a un jardin près du cimetière et semble être le mort dont il est question dans la nouvelle suivante, la soeur du narrateur nommée Raana dans les trois premiers textes...).
Un flou, mais qui du coup garde une certaine unité.
L'autre point intéressant est qu'il y a une gradation: les 3 premiers textes, plus légers, mettent en scène un petit garçon, probablement le même, aux prises avec des sujets en lien avec la religion qui dirige la vie de tous sans que personne ne la remette en question, mais qu'il a du mal a comprendre: le Ramadan, qu'il veut accomplir alors qu'il n'a pas l'âge requis.. mais seulement pour impressionner sa cousine et lui prouver qu'il n'est plus un gamin; la fête religieuse où doit se jouer un mystère, qu'il aborde comme une pièce de théâtre sans bien comprendre ce qui se passe autour de lui; le serment sur l'olive, trouvé dans le Coran, qui le fait s'interroger sur ce que peut bien être une olive ( ce qui me fait penser qu'il s'agit d'une région montagneuse), et sa déception lorsqu'il en goûte pour la première fois.
Changement brusque de ton pour les deux suivantes: c'est cette fois un homme adulte qui est au centre de sujets beaucoup moins joyeux dans un climat de guerre civile: un sniper désabusé en premier lieu, puis un homme, enlevé et exécuté sans que l'on sache les raisons qui ont mené l'un a devenir une machine à tuer, l'autre une victime désignée.
Troisième point de vue pour les deux nouvelles suivantes, qui ont la vieillesse pour fil directeur. Via la vengeance posthume de deux hommes, abusés sexuellement dans leur enfance par un vieillard qui vient de mourir, et la déambulation sur le marché d'une ancienne prostituée au milieu de ses anciens clients, tout aussi âgés qu'elles.
Au final, j'ai trouvé tout cela très intéressant, parce que construit au niveau global, bien que les nouvelles n'aient a première vue pas grand chose en commun ( si ce n'est le récit autour des pensées parfois absurdes qui peuvent surgir dans la tête de quelqu'un dans un moment dramatique ou solennel); souvent c'est ce que je regrette dans les recueil de nouvelles, le manque d'organisation au sein du recueil, et là ce n'est pas le cas.
Esuite, je dois quand même dire que j'ai quand même failli me perdre, surtout dans la nouvelle qui parle de la fêe religieuse, par manque de connaissances sur la culture locale, mais l'éditeur a eu la bonne idée de mettre par -ci par là quelques discrètes notes de bas de page, et je m'y suis retrouvée.
Et donc, il me reste à remercier à nouveau Babelio et les éditions Serge Safran de m'avoir permis de participer au programme Masse Critique.. et d'ajouter un pays à ma carte de "voyages-lectures")
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