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samedi 30 avril 2011

La Tombe des Lucioles - Akiyuki Nosaka

et pour conclure le défi "in the mood for Japan" de cette année, tout en prenant part au club de lecture Babelio d'avril 2011, le livre qui a donc été proposé en lecture commune via le forum.
editions Picquier Poche

Pour moi, comme pour pas mal d'autres participants, le récit n'est pas tout a fait inconnu, car nous sommes assez nombreux a avoir vu le Dessin animé qui en a été tiré sous le titre très proche " le tombeau des lucioles", d'Isao Takahata. Je l'ai vu il y a quelques années, et je jure, coeur sur la main, que c'est le seul et unique film au monde qui m'ait arraché une larmichette à la fin (autant dire un véritable exploit, car je ne suis vraiment pas le genre à pleurer au cinéma), tant l'histoire est triste. Oui, le seul film qui m'aie fichu à ce point le cafard est un dessin animé, que je vous conseille, mais si possible un jour où vous êtes remontés à fond, moral en acier.

Donc, l'édition Picquier propose deux nouvelles ou courts romans :la tombe des lucioles et Les alguesd'amérique, donc le dénominateur commun est la seconde guerre mondiale, vue du côté japonais.
Le premier narre les dernières semaines de la vie de Seita, un jeune garçon, et sa soeur Setsuko, orphelins de guerre, qui tentent de survivre après la dévastation de leur ville par les bombardements. Entre combines pour se procurer de la nourriture, spoliation des quelques biens qui leur restent par une tante malhonnête ( mais qu'on arrive pas vraiment à détester, en temps de guerre et de rationnements, les notions de famille et de solidarité laissent la place à la loi de la jungle), recherche d'abri de fortune, maladie et famine qui sévissent...l'histoire finira mal, ça on le sait dès la première page, Seita meurt, tout le récit n'est qu'un flash back de leur rapide déchéance.
Et pourtant malgré la noirceur du sujet, qui n'épargne rien des horreurs de la guerre, des blessés qui agonisent dans une école, des morts qu'on brûle par dizaines sans y mettre les formes, l'ensemble est assez apaisé, il n'y a pas d'accusation directe de l'ennemi, tout ce qui se passe est en quelque chose la faute d'un concours de mauvaises circonstances. Un point de vue très bouddhique dans le fond, avec comme leitmotiv les lucioles qu'attrapent Seita et sa soeur par jeu avant la guerre, pour s'éclairer dans leur cachette un peu plus tard. Animaux dont la  fragilité représente métaphoriquement celle des humains face aux autres "lucioles" que sont les  bombes incendiaires par qui la catastrophe arrive. J'ai bien aimé cette double métaphore. Le langage quand à lui est un peu dur à suivre, et a du être un cauchemar à traduire quand on connait un peu l'emploi des pronoms personnels en japonais: langue parlée, certes, mais aussi changement incessant de point de vue, entre narrateur extérieur et fil des pensées de Seita. Mais on s'y fait.

Les algues d'Amérique, quand à elle, désignent clairement les coupables: les américains, collectivement. c'est en tout cas le point de vue du héros Toshio, qui était adolescent en 1945 et n'arrive pas à pardonner aux américains en général, tout en étant fascinés par eux. De son point de vue, si le Japon a perdu, c'est uniquement parce que les américains étaient au choix: plus grand, plus costauds, mieux habillés que le soldat japonais lambda. Or voilà que sa femme vient d'inviter un couple de retraités américains "bien sous tout rapports", et que Toshio va devoir jouer les guides, ce qui ne l'enchante guère et lui rappelle de mauvais souvenirs de rationnements, d'une époque ou avec 3 mots et demi d'anglais, il servait d'entremetteur pour les soldats auprès de prostituées. Le message est clair l'américain, c'est l'envahisseur, celui qui arrive en pays conquis pour faire du tourisme sexuel. Et c'est exactement ce qui arrive: le vieux monsieur bien est en fait un vieux cochon qu'il va falloir emmener visiter les quartiers chauds, Toshio retrouve sa vieille occupation honnie d'entremetteur. Dans sa logique, c'est simple: il faut trouver un moyen que l'américain soit dépassé, l'obliger à avouer qu'au Japon, c'est mieux que chez lui. autant dire que Toshio va se vautrer lamentablement dans cette entreprise, englué qu'il est dans ses certitudes ( il faut dire aussi que l'auteur n'y va pas de main morte avec ses deux spécimens d'américains bien colonialistes). Et ce qui cristallise cette incompréhension, ce mur qui sépare les deux pays, ce sont " les algues d'Amérique", en fait, du thé noir trouvé dans un colis de l'armée américaine, que les japonais ne connaissent pas sous cette forme et prennent pour des algues à assaisonner la soupe ( on boit plutôt du thé vert par là bas ).

Les deux textes sont très différents, bien que sur un même thème. Dans les deux cas, la narration est très libre, et donc la lecture demande un peu d'attention pour ne pas perdre le fil. Mais si on adhère à ce genre de langue déconstruite, l'ensemble est assez plaisant à lire, et la deuxième nouvelle un peu humoristique et égrillarde, détend un peu l'atmosphère après les Lucioles.

Tiens, je vais probablement me revoir l'animé un de ces jours, et faire un ajout à ce moment là.
Et, ce n'est pas tout, mais
catégorie animal: les lucioles

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