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Pourquoi le Cabinet de curiosités?

Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

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jeudi 30 septembre 2010

Harlequinade de dernière minute


Oui, j'avais dit " je f'rais pas ça tous les jours", oui, mais voilà que dans la salle de pause, au boulot, je suis tombée sur une pile de nouvelles de style harlequinesque. J'ai senti que ça allait être du lourd, du très lourd. Il faut dire que certaines de mes collègues on des lectures de m... euh, comment dire... Je ne sais pas comment elles font, mais elles lisent "nous deux", même pas en cachette, au vu et au su de tous les visiteurs du musée. J'oserai jamais. Bref, j'ai donc trouvé une pile de petits ouvrages offerts avec ce monument de la presse française, et, ni une, ni deux, j'ai pensé à mes camarades qui ont besoin de rire.

L'heureux élu, le premier de la pile par ordre de pagaille, s'intitule "Le chardon et la rose", d'une obscure Emily Relingher. Ca semble annoncer un beau match Ecosse - Angleterre aux VI nations.. perdu.

En dépit du patronyme de l'auteur, l'Oeuvre a dû être francisée, puisqu'elle nous narre les aventures de la fleuriste Annabelle, qui travaille chez Nathalie et son mari Michel, il y  a aussi Georgette Ramponneau la secrétaire psychorigide, et Ginette Moreau la mémère à son chien-chien dont le mari s’appelle parfois René, parfois Albert,( voilà ce que ça donne d'écrire un roman sentimental en lisant l'intégrale d'Astérix), la radio diffuse du Léo Ferré... ça sent bon la Gaule tout ça! Et jusque dans les comparaisons : « tenter de lui faire entendre raison eût été au moins aussi insensé que de traverser l’autoroute du soleil en pleine saison de congés estivaux ». Made in France – ou au moins imitation de Made in France ! Enfin, in France giscardienne si pas pompidolienne.

Beau comme une couverture de Burda " spécial Noël 1991"

Or donc Annabelle, apprentie fleuriste, voit un jour arriver dans sa boutique George.. George ? Non ? Si !! ZE George qui vend des cafetières... ils n’ont pas osé tout de même ?
Là- dessus, « George » commande une composition florale. Il est irascible, prétentieux, casse-bonbons, bref, un saaaale type.
Mais ouf !! « L’homme avait beau avoir le physique de George, il n’avait pas son affabilité. Ou alors elle s’était trompée de film. […] elle dévisagea l’homme avec attention et se livra au jeu des sept erreurs. […] à bien y regarder, ce type n’avait rien à voir avec le véritable George Clooney » ( ouf ! nous voilà rassurés, on le voyait pas du tout venir).
Donc, le pseudo George  râle, Annabelle se venge en lui composant un bouquet et nous donne au passage un cours de langage floral: «  une ou deux amaryllis pour  la fierté et la vanité, quelques chardons pour l’agressivité, un lys jaune pour l’orgueil, quelques feuilles de nénuphar  pour la froideur, agrémentées d’orties et de ronces pour la cruauté. […]Le résultat était étrange » (noooooooooon ? évidemment que ça ne ressemble à rien. Je propose d’ailleurs de tenter quelque chose: aller chez le fleuriste le plus proche lui demander de faire un bouquet d’orties et de ronces, on verra s’il a ça en magasin !). Elle lui facture la chose 75€ (ha, non en fait, c'est la France contemporaine, pas celle des années 60-70!) et le trouve méchant car il l’envoie bouler ( encore heureux!). Après quoi elle se remet de ses émotions, et avec du brutal : « Nathalie la prît par les épaules et l’entraîna boire une tisane aux fleurs pour lui remonter le moral ». La pente fatale.


Donc, notre caractériel est en fait un directeur d’hôtel richissime (ben voyons), qui fréquente la famille royale de Suède (re-ben voyons), et a l’habitude de péter dans la soie dans des rallyes mondains. Ajoutons qu’il s’appelle Nicolas Gisquières ( Who else !), époux de la non moins richissime et caractérielle Elise Von Linttell Gisquières ( à tes souhaits) laquelle souhaite divorcer sur les conseils semble-t-il de son psy, qu'elle se tape. Fin du chapitre 1! Vous tenez le coup ?

Chapitre 2 : Nico, bien décidé à casser la gueule au psy, se rend chez ce dernier et sonne à la mauvaise porte. Et là ?!!! Noooooooon ?! Si !
Il sonne chez Annabelle, qu’il ne reconnaît pas car elle s’est coupé les cheveux la veille au soir. Et décidant que, puisque la psy est une femme, il ne peut pas lui casser la gueule, trop pas de bol. Surtout que bon : «  gracile et gracieuse, un visage ovale et doux des cheveux blonds foncés coupés à la garçonne, deux grands yeux de chat soulignés par un maquillage léger ».. ça aide à changer d'avis et lui remet les idées en place. Au fond du slip donc.

Enfin, pas tout à fait, puisqu’il continue à la prendre pour un psy (tiens, à quel moment il ne se dit pas " attend ma femme couche avec son psy. Et si son psy est une femme...Mais alors, elle serait bisexuelle?" non, même pas d'étonnement, de doute, rien...)

Et Annabelle décide donc de se venger en jouant le jeu, et l’embobine pour qu’il vienne deux fois par semaine en « consultation » pour 100€ la séance. Oui car Annabelle n’est fleuriste que depuis deux mois, avant elle était assistante juridique, boulot qu’elle a quitté à cause de son ex Robin (ou Romain, ça change de temps en temps), pour se reconvertir. Mais même si son nouveau taf lui plaît, elle l’a grave mauvaise de passer d’un confortable salaire à une paye de fleuriste apprentie, et décide donc d’emplâtrer Nico de 800€/ mois pour arrondir son pécule. Bizarrement, elle a dû tout à fait oublier son ancien métier , car elle ne pense pas un instant à ce qu’elle risque pour fraude, détournement d’argent, escroquerie et exercice illégal d’un métier pour lequel elle n’est pas diplômée.


Chapitre 3 : Nico râle, mais se sent mieux à l’idée de suivre un thérapie avec une jolie fille. Même qu’il dit bonjour à la femme de ménage de son bureau le matin ! Même qu’il sifflotte ! Même qu’il plaisante, ce qui choque son austère secrétaire. Mais le comble : il trempe des pépitos (ou équivalent) dans une tasse de café et là, c’est too-much, parce que « à l’hôtel Valmonti, à moins d’être un de ces infâmes touristes nouveaux riches, personne digne de ce nom ne trempait quoi que ce soit où que ce soit.[…]Mais là, tremper un gâteau au chocolat dans une tasse d’expresso italien en public, Georgette en était baba. »
Oui Georgette, je te comprends, voir son patron tremper son biscuit au vu et au su de tout le monde, c'est choquant!

Oui, car une autre raison qui fait que Nico revient voir Annabelle, c’est qu’elle mange des petits biscuits au chocolat, exactement les mêmes que sa môman lui donnait trempés dans le café quand il était petit. Et toute ressemblance avec une madeleine célèbre est bien évidemment fortuite. Totalement. Bref : chapitre 3 et 4, il ne se rend pas encore compte qu’il se fait pigeonner, et continue à venir voir sa « psy » aux méthodes étranges (car ça se met à danser le rock dans le bureau, hein !)

Chapître 5 : hooooooo enfin, il se rend compte qu’il est mené en bateau, rencontre le vrai psy et amant de sa femme, mais n’a plus du tout envie de lui casser la gueule car il est devenu GENTIL ! Et, à cause d’un retard inopiné, Annabelle se rend compte que ce petit jeu va devoir cesser, car c’est pas vraiment honnête, et surtout, ça devient difficile à gérer, d'autant plus que l’ex-râleur lui plaît maintenant, tout guimauve qu’il devient en sa compagnie ( voir un crétin orgueilleux se transformer en petit garçon nouille, apparemment, ça a son charme, faut croire). 
Mais ciel que va-t-il se passer (c’est vraiment un suspense de oufs !). Et bien, au lieu de se mettre en pétard d’avoir été roulé, il se rend compte que l’argent et le pouvoir ne sont pas tout... et à propos de « rouler » et « pétard », la phrase qui suit laisse à penser que l’auteur a abusé de certaines substances :
« jamais il n’avait imaginé qu’on puisse autant apprécier de s’ennuyer avec quelqu’un et ce paradoxe le laissait rêveur. Etait-ce cela tomber amoureux ? ». Quand tu es amoureux/se et que tu te fais iéch' avec la fille/ le gars, c'est que l'histoire touche à sa fin, en général.

Donc, il est content, il est léger, c’est le printemps, youhou, il va même faire un tour en vélib’ c’est dire! Pour aller dire à Madame, que dans le fond, il ne l’aime pas et se contrefiche qu’elle couche avec son psy. Et il arrive en bras de chemise vers sa femme, qui s’inquiète de le voir de bonne humeur. Faut dire que la femme en question a le QI d’une moule . A la question «  ça fait combien de temps qu’on est mariés ? », sa réponse est grandiose : « Ca fera dix ans en Juillet, je venais d’avoir vingt deux ans. Papa m’avait offert une golf alors que je lui avait demandé une mini. Je le déteste » (On apprend alors que le Pater, mort quelques mois plus tôt, était vraiment troooop inflexible avec la pauvre Elise, sa fifille soumise bien comme il faut. Elle donne plutôt l’impression d’une riche héritière pourrie gâtée, mais bon). Donc, comme ils ne sont plus en phase, divorce par consentement mutuel, et tant pis pour les convenances et la presse à potins! ( parce que visiblement le divorce du directeur de l'hôtel Machichose ferait les gros titres dans l'Europe entière). Avec le risque de se retrouver au chômedu, puisque c'est Elise la proprio de l'hôtel , dont il n'est que directeur. Mais elle est bonne joueuse et le laisse malgré tout gérer tout ça.

Et là, idée de génie de Nico : et si j’engageais ma fleuriste – fausse psy que j’adore, pour refaire toute la déco florale de l’hôtel que ma chère future ex-femme me laisse en gérance ? (vous suivez toujours ?)
Et là encore un phrase qui fera date : « Tout partait à vau-l’eau, Il y avait quelque chose de pourri dans l’empire Von Lintell »(là je dis bravo, un roman de gare qui pille  détourne Proust, Edmond Rostand ET Shakespeare en moins de 6 chapitres, chapeau !)
Chapitre 6 à 10 : Annabelle commence à se dire que ça sent le roussi., car son « patient » ne donne plus signe de vie. Diantre, va-t-il porter plainte?  « D’ailleurs il se pouvait bien que ce genre de mauvaise blague tombe sous le coup de la loi, comme l’abus de confiance, l’escroquerie, ou n’importe quel autre méfait du même acabit » (rappelons qu’elle fut un temps assistante juridique, et franchement, elle ne devait pas casser des briques, si elle se rend compte que demander 800€/ mois à quelqu'un pour une fausse consultation est « peut-être » illégal). 
Donc, on a droit d’un côté à ses « séances » où elle se désole sans rien comprendre, lorsque l’autre abruti lui dit qu’il a rencontré une femme, et à son louvoiement pour refaire la déco de l’hôtel sans le croiser dans les couloirs (car elle a appris qu’il est dirlo, mais ne voit toujours pas le rapport avec son nouveau contrat), ni lui, ni la Ramponneau, qui ne peut supporter une fille du peuple dans SON hôtel, et lui fait la vie dure.
Mais bon rassurez vous, tout va rentrer dans l’ordre : la vieille bique décidera que les choses vont trop vite pour elle, et prendra une retraite confortable grâce à un legs providentiel de feu l’ancien proprio assorti d’une lettre « ma Georgette chérie, je t’ai toujours aimée, gnagna », adressée au dragon, qui devient du coup toute gentille et conseille même au Nico de ne pas s’enferrer plus longtemps dans les convenances, on croit rêver.
Et du coup, tout est bien qui finit bien, Nico va chercher un bouquet directement chez la fleuriste, invite Annabelle à dîner, lui offre le bouquet,  lui roule un patin, et au final, tout le monde, oui, tout le monde, finit par se retrouver à dîner tous ensemble, Nico, Annabelle, Nathalie, Michel, l’ex femme de Nico, le vrai psy, la vieille bique… tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.
L'argent c'est bien, mais rien ne vaut l'amour et l'amitié... m' enfin c'est quand même mieux d'habiter un hôtel particulier et se rouler les pouces que bosser dur pour payer une chambre sous les combles. Révolutionnaire comme morale!


Des phrases que j’aime particulièrement sans savoir ou les classer :

  • « la thérapeute s’était-il absentée en urgence ? » (sans contrefaçon je suis un garçon !)
  • « alors que son voisin lui remettait l’ouvrage, l’ascenseur atterrissait » (mammamia, c’est un ascenseur pour la lune , un oiseau, un avion, ou superman ? and she’s buying a Lift –way to heaven)
  • « vous réfléchissez trop. Un homme, c’est simple. Blanc ou noir. Oui ou non. Le reste c’est du baratin de bonne femme » (subtil, et pas du tout manichéen ni sexiste)
  • « Annabelle contemplait pensivement l’obélisque, pendant que Michel fumait sa pipe en silence » (du subliminal ? Petite gourgandine, va...)
  • « elle sentit son élan de courage se dégonfler comme une vieille baudruche crevée » (PO-E-SIE, Poésie !)

En conclusion : Le précédent était bien mou, je ne pensais pas pouvoir trouver pire, hé bien si ! TOUT est mou ici : les personnages, les situations, les comparaisons,  et ne parlons pas de la vraisemblance psychologique. L’auteur se fout d’ailleurs royalement de son histoire, puisque des noms de personnages changent (au moins 2 fois) Jamais 120 pages ne m’ont paru aussi longues, j’ai bien du perdre quelques neurones dans la bataille d’ailleurs. Les seuls trucs rigolos y sont vraiment les bourdes. Ah, oui, et ne cherchez pas de scène Olé-olé, c'est destiné aux lectrices de "Nous deux", pas à celles du Marquis de Sade.

Cette fois, c’est vraiment fini au moins jusqu’à l’an prochain, promis !

1 commentaire:

  1. Héhé j'adore ta sélection d'extraits ! Comme quoi, on a beau savoir à quel niveau on se frotte, on arrive encore à en être surpris ^^

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